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Chère amie, cher ami,

Cela commence comme ça : « Docteur, j’ai mal au ventre ». S’ensuivent des descriptions parfois un peu confuses de symptômes multiples : alternance de constipations et de diarrhées, selles nauséabondes, parfois pâteuses, claires, mais aussi des crampes d’estomac, des spasmes intestinaux, jusqu’aux démangeaisons anales, et aux nausées bien sûr.

Il y a aussi bien entendu des effets sur le moral. « Je suis énervé(e), colérique, je maigris sans raisons, je dors mal, je suis fatigué(e), déprimé(e) et j’ai même parfois, lorsqu’on me contrarie un peu trop, des envies de meurtre ou de suicide… »

Voilà ce qu’il m’est arrivé d’entendre régulièrement entre les murs de mon cabinet ces dernières années. On se dit d’abord qu’il pourrait y avoir là les symptômes d’une dépression ou d’un « burn out » [2]. C’est d’ailleurs tout à fait possible. Mais cela peut être tout autre chose, et même une maladie à laquelle vous n’auriez jamais pensé.

Un simple geste suffit pour en avoir le cœur net et trouver une solution thérapeutique simple et radicale. Il s’agit de faire une analyse de selles très complète, avec recherche de parasites.

Le problème, c’est que si vous réalisez cet examen dans un laboratoire classique, vous risquez de ne pas trouver la solution. Ils ne sauront pas déceler les parasites en cause et vous resterez avec vos inquiétudes et vos problèmes sans fin.

Des parasites dont vous ne connaissez même pas le nom

Demandez plutôt à votre médecin de vous adresser vers un laboratoire spécialisé en parasitologie ou en maladies tropicales. Et cela même si vous n’avez pas passé trois semaines en pleine forêt subtropicale ou un an au milieu d’une mégapole indienne.

Il existe en France plusieurs laboratoires capables de réaliser ces analyses, mais il vous faudra bien chercher ou demander à un thérapeute de confiance.

Si vous frappez à la bonne porte, vous aurez la surprise de trouver dans le compte-rendu d’analyse des parasites dont vous n’avez jamais entendu parler. C’est normal.

Vous vous rendrez alors peut-être compte que vous abritez :

« Dientamoeba fragilis [3] », « Endolimax nana [4] », « Pseudolimax butschlii » [5], « Pseudolimax nana », « Entamoeba gingivalis » ou « Entamoeba coli » et parfois même des giardas [6].

« Mais Dr Rueff, de quoi parlez-vous ? », avez-vous envie de me dire.

Patience, je vais vous expliquer !

Les cinq premiers noms que je viens de vous citer sont des parasites intestinaux apparentés à la classe des amibes.

Les derniers – les giardas – sont des parasites un peu différents. Ils sont relativement fréquents au Canada et dans les pays où les conditions d’hygiène sont mauvaises.

Il ne faut pas confondre ces parasites avec l’amibiase que l’on contracte dans certains pays chauds et humides, et qui peut provoquer des diarrhées aigües et sanglantes parfois très grave. Il s’agit là d’un redoutable parasite intestinal qui peut envahir tout l’organisme et notamment le foie. On le nomme « Entamoeba histolytica » et il représente la troisième maladie parasitaire la plus meurtrière au monde.

Revenons à nos parasites à nous… Ils peuvent être présents dans les selles ou enkystés, ce qui témoigne de leur présence ancienne.

Quel que soit le type d’amibiase, il est indispensable de se poser immédiatement la question : où suis-je né(e), ai-je voyagé souvent dans des pays chauds, des membres de ma famille ou des amis proches avec qui j’ai pu partager un repas l’ont-ils fait ? Enfin quelle est ma profession, suis-je souvent en relation avec des personnes ayant voyagé dans ces pays exotiques ou ayant pu boire une eau douteuse ? Ai-je des animaux malades, est ce que j’ai fait du cheval ou vécu en milieu rural… ?

Personnellement, j’ai remarqué qu’un grand nombre d’individus d’origine caucasienne étant nés ou ayant vécu longtemps dans les pays du Maghreb sont porteurs (et transporteurs) sans le savoir de ces parasites.

C’est pour cette raison qu’il est important de connaître le lieu de naissance et de vie, au moins jusqu’à la puberté, de ces patients.

Mais la réponse n’est pas forcément facile à interpréter, car dans le monde cosmopolite d’aujourd’hui le brassage des populations peut vous conduire à être contaminé alors que vous ne voyagez pas. Qui vous dit que l’hygiène de la cuisine du restaurant où vous avez vos habitudes est parfaitement respectée ?

Classiquement la contamination se fait par l’eau souillée, les animaux domestiques ou sauvages, mais certains pensent qu’une simple poignée de main peut suffire… Car, comme disait mon ami Jean Bonzel dont nous allons parler plus bas : « les amibes de mes amibes sont mes amibes ! ».

Alors risque-t-on d’être tous atteints par ces vilains petits parasites ?

Tout dépendra de notre terrain, de notre résistance et de nos symptômes, mais la coproculture en laboratoire spécialisé permettra de les identifier, et d’essayer de s’en débarrasser.

Si vous avez un doute, allez chez le dentiste !

Certains dentistes sont équipés d’un microscope avec une sortie sur un écran de télévision qui permet de visionner en direct leurs observations.

C’est assez spectaculaire !

Il suffit de recueillir un peu de salive entre deux lamelles, et grâce au microscope, vous pourrez observer en direct ces parasites évoluer tranquillement au milieu de la flore buccale.

Oui, ces parasites ont aussi colonisé votre bouche…

Les dentistes ont bien compris qu’ils étaient la principale cause des gingivites et parodontites qui provoquent des saignements et déchaussements dentaires prématurés.

Et la preuve se fait par le traitement (nous y reviendrons), mais pas seulement : l’hygiène buccale doit alors consister à se brosser régulièrement les dents, matin et soir, en imprégnant une brosse souple (pour ne pas abîmer l’émail) avec du bicarbonate et de l’eau oxygénée.

Personnellement j’ai l’habitude de conseiller d’ajouter au bicarbonate de la poudre de curcuma afin de diminuer l’inflammation des gencives. Il ne faut surtout pas se rincer après (ce serait comme se laver une lésion après l’avoir désinfectée), mais juste recracher le liquide présent dans la bouche.

Inutile de préciser que cette hygiène, quel que soit le traitement, doit être poursuivie… à vie. C’est à ce prix que vous conserverez des gencives (et des dents) en bon état. L’usage de la brossette ou du fil dentaire est vivement conseillé si vous avez des espaces interdentaires trop larges qui risquent de conserver des débris alimentaires.

Nous devons être conscients qu’à l’origine de nos différentes maladies de la gencive et des dents il y a une multitude de germes aux noms aussi barbares que « Porphyromonas gingivalis », « Actinobacillus actinomycetemco mitans », « Fuseum nucleatum » « Klebsielles pneumoniae », « Stretococcus pneumoniae et viridans », « Neisseria menigitis », « Saphylococcus aureus » et d’autres…

Ils appartiennent à la classe des tréponèmes qui activent en permanence la synthèse des cytokines de l’inflammation et de la nécrose, et peuvent être à l’origine de maladies inflammatoires et auto-immunes, quels que soient leurs sites : arthrites, pancréatites, thyroïdites, etc…

Une maladie inconnue des médecins et des dentistes !!!

Quand ils sont là, inutile de vous plaindre d’avoir mauvaise haleine et de céder aux sirènes de la publicité qui vantent des dentifrices « miracle ». Cela ne changera rien.

Les conséquences de ces infections peuvent être locales, esthétiques ou minimes, mais elles peuvent avoir aussi des retentissements beaucoup plus graves : comme les borrélioses de la maladie de lyme, elles créent et entretiennent des vascularites et des foyers infectieux. Ces maladies peuvent toucher le cœur, mais aussi le cerveau, les méninges, les muscles ou les articulations.

Vous l’avez compris : armez-vous de vos brosses bicarbonatées et imprégnées d’eau oxygénée !

Cela va peut être vous étonner, mais la plupart des médecins ne connaissent pas cette maladie.

En réalité, c’est normal, puisque la majorité des laboratoires d’analyses ne leur donnent pas les résultats permettant de l’identifier. Ce qui est pire, c’est que souvent ils sont tentés d’envoyer leurs patients en psychiatrie, ils les traitent de paranoïaques et certains accusent leurs confrères de charlatanisme.

J’aurais pu faire ainsi si je n’avais pas rencontré au tout début de ma carrière un biologiste un peu particulier.

Jean Bonzel : le « merdothérapeute »

Il y a des rencontres qui sont marquantes dans la vie d’un médecin. Le jour où j’ai rencontré Jean Bonzel, un parasitologue qui se définissait lui-même comme « merdothérapeute », j’ai tout de suite su que j’avais affaire à un personnage hors du commun.

Il avait, en région parisienne, un laboratoire spécialisé en parasitologie et examinait des centaines de prélèvements. Je vous laisse imaginer l’odeur. Ce personnage haut en couleur venait dans la salle d’attente, sortait une petite loupe et examinait l’iris [7]  [8] de ses patients.

Parfois il leur disait : « Vous, je suis certain que vous en avez ! ». Ce qui lui donnait un air de sorcier, car l’iridologie n’est pas une pratique très considérée par l’ensemble du corps médical.

En plus de ses fonctions de biologiste, on entendait Jean, en tant qu’expert auprès des tribunaux, dire à un président de Tribunal de grande instance qui jugeait un sujet violent : « Monsieur le Président, demandez une coproculture, vous comprendrez… »

Il ne m’est pas possible d’affirmer qu’il avait raison, mais les signes cliniques que je j’ai évoqués plus haut constituent un début de réponse.

Une maladie difficile à traiter

Depuis de nombreuses années, vous imaginez qu’un bon nombre de praticiens ont cherché des traitements naturels et bien tolérés. Selon les dentistes qui sont en première ligne, rien n’y fait, ni les plantes, ni l’homéopathie, ni les huiles essentielles, ni l’argent colloïdal, ni les extraits de pépins de pamplemousse, et personnellement je serais preneur de tout traitement naturel efficace.

Jean Bonzel proposait aux patients des « auto-isothérapies », c’est-à-dire des dilutions homéopathiques des selles ou de leur concentration. Ces médicaments aujourd’hui difficiles à faire fabriquer de façon efficace traitaient le terrain, certains symptômes physiques ou psychiques mais ne permettaient pas, à eux seuls, d’éradiquer le parasite.

Le problème est complexe car les antibiotiques antiparasitaires proposés sont peu nombreux et pas toujours bien tolérés. Certaines personnes sont allergiques à la molécule ou aux excipients (gluten), d’autres les tolèrent mal au plan digestif, hépatique et rénal. Dans tous les cas, ils sont mieux tolérés lorsqu’on les associe à un probiotique ou de la levure, à condition de ne pas être intolérant à cette dernière.

Il est important de préciser qu’aucune goutte d’alcool ne doit être prise pendant la durée du traitement, sous peine d’hallucinations ou d’aggravation des réactions hépatiques.

Combien d’appels téléphoniques désespérés ai-je reçus ?

Je l’étais aussi moi-même car je n’avais pas d’alternatives efficaces à proposer. Je me contentais d’expliquer qu’il fallait essayer de supporter le traitement plutôt que de garder son infection chronique, destructrice et ses conséquences à court et long terme : pas toujours facile !

Les dernières données scientifiques indiquent, par ailleurs, que les traitements sont souvent trop courts, ce qui favorise les récidives.

Mais comment dire à un patient qui a des nausées, des aggravations de ses symptômes ou de profonds états de fatigue, qu’il faut essayer de persévérer quatorze jours alors qu’il est déjà malade au deuxième jour.

Jean Bonzel essayait de leur expliquer que ce n’est pas forcément le médicament qui rend malade (en dehors d’allergies qui sont toujours possibles) mais « l’agonie des parasites » qui libéraient dans l’organisme leurs toxines, ou une stimulation brutale du système immunitaire, conséquente du traitement, et que la réaction était d’autant plus vive que le traitement était efficace et justifié.

On peut comparer cette réaction avec la réaction de Jarisch Herxheimer [9] que l’on observe, parfois, avec les traitements antibiotiques de certaines infections dont les borrelioses (maladie de Lyme), les leptospiroses, la typhoïde, la brucellose…

Dans tous les cas, la solution ne consiste pas à arrêter le traitement mais à essayer de l’adapter aux spécificités réactionnelles du patient, car en diminuant au début les doses, les effets secondaires s’atténuent.

On peut aussi essayer de faire que ces traitements soient mieux supportés par l’intestin, le foie et les reins : des plantes ou des extraits standardisés de boldo, pissenlit, chardon-Marie ou artichaut peuvent être très utiles.

Certains recommandent pendant le traitement une tisane « détox » composée de citron, de curcuma et de gingembre avec, si besoin, un peu de miel pour adoucir le goût. D’autres proposeront des cataplasmes chauds sur le foie ou des applications d’argile.

Une maladie dormante et récidivante

Par expérience personnelle, je peux vous affirmer que si l’on a été atteint une fois, même si le traitement a été correct et efficace, les risques de récidive sont importants dès que l’on revient dans un pays chaud avec des fruits ou des eaux contaminables.

Quelles précautions prendre :

Il faut appliquer des précautions élémentaires qui consistent à se laver les mains fréquemment, après un repas ou un passage aux toilettes, à ne pas partager couverts ou vaisselle, à stériliser l’eau dans certains pays, à se méfier des bouteilles vendues dans la rue soi-disant encapsulées, des jus de fruits frais, à ne consommer aucun fruit ou aucun légume qui n’ait pas été correctement pelé et épluché.

Même avec toutes ces précautions qui ne facilitent pas les voyages ni les échanges, on risque de récidiver un jour ou l’autre.

Alors que faire ?

Comme vous aurez appris à vous brosser correctement les dents, le test de la salive n’a plus grand intérêt. La seule solution consiste à être à l’écoute de votre propre corps et de faire une coproculture dès que vous avez un doute et au moins une fois par an.

Une maladie difficile à prévenir

Les mesures décrites ci-dessus ne suffisent pas:

  • l’usage régulier de probiotiques en recherchant les souches que vous ressentez comme bénéfiques
  • la consommation d’extraits d’ail (préconisée par beaucoup, mais que, personnellement je ne supporte pas)
  • les cures régulières d’extraits de pépin de pamplemousse, et surtout une nutrition bien équilibrée, avec le moins possible d’intolérances, et si besoin supplémentée en vitamine C, en zinc et en glutamine, afin de diminuer la perméabilité intestinale

Mais la prévention est rarement infaillible quels que soient les efforts. Lorsqu’on a été infecté on doit rester vigilant car, dans l’absolu, l’absence totale de contacts avec ces parasites est difficilement imaginable.

Même s’il est rare de guérir définitivement de ce type d’infections (comme de quelques autres), il est important, sans excès ni craintes excessives, d’être bien informé de leur existence. Il faut bien avoir en tête que bien des symptômes apparemment sans rapports directs avec elles peuvent être amendés ou diminués à condition de se surveiller, de se faire surveiller, de trouver et de refaire, si besoin et régulièrement les traitements que l’on supporte le mieux.

J’espère ne pas vous avoir dégoûté avec ces histoires de parasites. Surveillez bien votre messagerie car j’ai beaucoup d’autres conseils à partager avec vous !

Docteur Dominique Rueff



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