Ce qu’il faut mettre dans votre assiette…
Chère amie, cher ami,
En matière d’alimentation, ce qui est bon est beau : c’est l’assiette colorée, forcément variée et goûteuse !
En quelques dizaines d’années de pratique médicale, j’en ai vu passer, des « régimes », et j’ai appris à bannir ce mot qui sent la privation et la tristesse, la ceinture que l’on veut raccourcir d’un cran, au péril de sa santé.
Certains se privaient à tel point que leurs forces et leur énergie les avaient quittés sans même qu’ils ne s’en rendissent compte !
Mais comment convaincre ces « pratiquants », souvent plus idéologiques que rationnels, qu’ils se trompaient ?
J’en suis venu à élaborer les grandes lignes d’une assiette qui serait acceptable pour tous, en insistant pour que chacun l’adapte à ses goûts, ses envies, et pourquoi pas ses croyances.
Volontairement, je propose les grandes lignes d’une alimentation théoriquement capable de maintenir la santé, la force et l’énergie, en avertissant que les exemples doivent être adaptés par chacun à ses choix, ses goûts et motivations personnelles.
Donnez-moi un « régime détaillé » ! me disent parfois les patients… Je m’y refuse en précisant que les indications que je propose ne se veulent en aucun cas contraignantes et doivent être adaptées en fonction de leurs besoins, coûts et possibilités d’emploi du temps.
De même, je leur explique que des déficiences nutritionnelles prolongées peuvent conduire à toutes formes de symptômes et que toute plainte doit au préalable faire l’objet d’un bilan nutritionnel. D’ailleurs, les effets positifs d’une modification diététique ou d’une supplémentation se font, très souvent, sentir en quelques jours.
Mieux manger pour la forme, la santé et pour les garder
Gardons à l’esprit ce dicton : « Repas de roi le matin, de prince le midi et de mendiant le soir ! » Cette règle ne vaut pas pour tout le monde, bien sûr (certaines personnes se passent très bien de petit-déjeuner et peuvent avoir intérêt à le faire, en évitant un repas du soir trop copieux), mais elle est un bon guide pour beaucoup d’entre nous.
Malheureusement, notre mode de vie ne nous y encourage pas. La tendance est même inverse : fatigués, y compris nos enfants, nous ne prenons pas le temps de prendre un petit-déjeuner, et si c’est le cas, nous avalons « à la va vite » une tartine ou un bol de céréales trop sucrées, ces « granulés appétissants », avec un bol de lait ou un café.
Le midi, au bureau, nous n’avons le temps que de manger (trop vite) un sandwich – le « jambon beurre » est le préféré des Français–, ou une part trop grasse ou trop salée de quiche ou de pizza.
Comme il n’est pas question de goûter, ni même d’une petite collation, on meurt de faim quand on rentre chez soi pour partager un bon repas avec sa famille, devant la télé ou les tablettes des enfants, quand on ne sort pas chez les amis ou au restaurant.
Souvenons-nous également de notre vieux slogan de mai 1968 : « Il est interdit d’interdire ! » Les écarts exceptionnels sont rarement nuisibles. Rappelons que les vignerons de Bourgogne préfèrent une « bonne cuite » mensuelle plutôt qu’une consommation quotidienne excessive et souvent inconsciente.
Enfin, n’oubliez pas de consommer régulièrement des aliments considérés comme « detox » comme les avocats, avec de l’huile d’olive et du curcuma, des pommes, des asperges, du céleri en saison, des kiwis, jus de grenade, de l’ail et de l’oignon, des choux et brocolis, des artichauts, de l’ananas frais [2]…
Les grandes lignes que je propose, en première intention, sont volontairement très généralistes. De plus n’oubliez pas, si vous voulez mieux digérer, de mâcher chaque bouchée, même liquide (sans tomber dans les excès de certaines sectes asiatiques) et de commencer chaque repas par un grand verre d’eau, surtout si vous désirez perdre du poids.
Le petit-déjeuner de roi
Personnellement, je commence ma journée avec une cuillère à café d’huile d’olive à jeun pour apporter de l’acide oléique et favoriser le transit, puis je prends un jus de citron chaud avec une cuillère à café de vinaigre de cidre, un des meilleurs détoxiquants hépatiques. Les références ne manquent pas [3].
Le petit-déjeuner plutôt protéique et peu sucré pour limiter les prises de poids, et les « coups de pompe » hypoglycémiques de la matinée (avec perte d’attention pour les écoliers) avec laitages (de préférence de chèvre ou de brebis), toujours mieux assimilés et/ou fromages en petites proportions. Si l’on tient à consommer des céréales, ne choisissons que des mueslis bio avec céréales complètes et fruits secs, pain complet de qualité, avec une faible couche de beurre, en évitant les margarines [4], et au moins deux fois par semaine des œufs…
On évite les jus de fruits frais systématiques (et surtout les jus industriels qui ne sont, le plus souvent, que de l’eau colorée enrichie en vitamines) mal digérés avec les produits laitiers et favorisant certains troubles intestinaux ou allergiques.
Il faudra, bien entendu, adapter ce qui précède à ses conditions de travail et de séjour (voyages, hôtels…), mais de plus en plus d’hôtels proposent des petit-déjeuners continentaux où l’on trouve des protéines animales, parfois du saumon et des légumes, des multitudes de fruits frais et secs.
Le déjeuner de prince
À midi, essayez un repas mieux équilibré : viande OU poisson OU œufs avec des légumes verts variés cuits ou crus, des céréales (pain, riz ou pâtes, toujours complètes ou semi-complètes…) si un régime dissocié n’est pas nécessaire.
Afin de limiter la quantité globale de lipides consommés (dans l’ensemble le régime moyen des Français comporte un excédent de 10 % de « mauvais » lipides), on essaiera de ne pas associer au même repas viande et/ou œufs avec fromage. Par contre, l’association poisson avec fromage ne comporte pas d’inconvénients. On peut manger un peu de fromage maigre, ou de fromage de chèvre ou de brebis, un peu de pain complet (si l’on n’est pas « intolérant » au blé ou au gluten) et tous les fruits de saison, que certains préfèrent prendre en début de repas.
Un dîner de mendiant
Le soir: on évitera de remanger de la viande, des œufs ou du fromage gras. Les fromages et laitages maigres sont autorisés raisonnablement. Les associations de céréales et légumineuses apportent les mêmes avantages nutritifs que la viande, mais avec moins de (mauvais) lipides. Le poisson et les légumes verts sont mieux digérés le soir. On peut manger des yaourts (de préférence de soja, de chèvre ou de brebis) et des fruits en évitant les agrumes en fin de repas.
Il est inutile et dangereux de se culpabiliser. Les excès et les plaisirs de la convivialité n’ont pas d’incidence mesurable sur la santé. Ce sont les erreurs (carences et/ou excès) répétées innocemment, jour après jour, qui nous vieillissent et altèrent insidieusement et silencieusement la durée et plus encore la qualité de notre existence.
Maintenant nous allons proposer quelques exemples d’une journée forme et santé.
Le petit-déjeuner de roi devrait être le repas le plus important de la journée.
- Yaourt au soja ou au lait de chèvre ou de brebis accompagné de fruits rouges en saison, ou pomme, fruits secs (raisins, abricots, amandes, noix, noisettes…), pour l’apport de fibres, magnésium, vitamines et minéraux.
- Œuf coque 2 fois par semaine (apports en protéines, lécithine, acides aminés soufrés antioxydants).
- Muesli bio d’avoine, de riz complet, avec un peu de germes de blé, au lait de soja. Rappelons-nous la « crème Budwig » [5] de Catherine KOUSMINE qui n’est pas forcément bien digérée par tous et que l’on peut adapter à ses goûts et à sa digestion.
- Tisane de thym l’hiver, de romarin, ou café léger ou thé gris ou vert (apports d’antioxydants) et de vitamines, sauf en cas de déficience en fer.
Le déjeuner de prince
- Crudités : carottes râpées, choux rouge râpé, salades diverses, etc…
- Assaisonnement avec moitié huile olive, moitié huile de colza , un filet d’huile de noix, citron ou vinaigre de pomme.
- Sel marin non raffiné (apport en iode) – ail ou oignon quand ils sont digérés, aromates de toute sorte : thym, herbes, curcuma, gingembre frais et râpé.
- Pastèque ou melon en saison.
- Poissons gras (thon, saumon, sardine, maquereau, anchois) 3 fois/semaine (pour les apports en oméga-3). Il faut toujours préférer les petits poissons, au bout de la chaîne alimentaire, qui ont moins de risques d’être chargés en métaux lourds.
- Viande rouge minimum 2 fois par semaine (mais pas forcément plus), viande blanche ou volaille, foie de veau biologique pour les amateurs, grand pourvoyeur de vitamines (B2, B6, B9, B12, zinc, sélénium…).
- Légumes verts : épinards, brocolis, choux, haricots verts, courgettes, céleri, concombre, asperges en saison, accompagnés de riz (semi-complet ou basmati) avec une sauce tomate (lycopène) faite en faisant revenir dans un peu d’huile d’olive les tomates fraîches avec de l’ail.
- Un peu de fromage, de préférence de chèvre ou de brebis (sauf en cas d’intolérance alimentaire).
- Dessert : fruits de saison bio et frais et fraîchement épluchés.
On peut préparer certains de ces aliments à l’avance et les apporter sur son lieu de travail en mélangeant au dernier moment avec les assaisonnements. C’est également vrai pour tous ceux, y compris les enfants, qui doivent manger dans des cantines où, malheureusement, le rendement l’emporte sur de vraies considérations de santé et de qualité.
La collation de 17 h ou le goûter doivent rentrer dans nos mœurs !
C’est le meilleur moyen d’arriver à ce dîner de mendiant qui ne surchargera pas notre digestion et nos métabolismes pendant la nuit.
- Yaourt ou crème au soja, lait de soja que l’on peut mixer avec une préparation de protéines végétales que j’affectionne particulièrement, le « Plant Fusion » de VITALL+, une poudre végétale contenant des acides aminés essentiels que l’on peut mixer avec de l’eau ou mieux du lait de soja.
- Quelques carrés de chocolat (noir de préférence) sans gluten (et sans vanille si vous y êtes intolérant, ce qui est fréquent) avec un peu de pain, ou gâteaux faits maison avec une farine au moins semi-complète et de préférence d’origine biologique.
- Jus de pamplemousse, de pomme bio ou d’orange ou d’un autre fruit avec un peu de germes de blé (en l’absence d’intolérance aux céréales et au gluten) ou une pomme, une poire pas trop mûres pour qu’elles soient moins sucrées ou fruits rouges en saison.
- Thé vert ou thym, plus simplement de l’eau.
Le dîner de mendiant
- En hiver : soupe de légumes faite maison (éviter la pomme de terre, la betterave et la carotte en cas de surpoids) avec des apports en épices (poivre, curcuma, gingembre frais râpé), parfois une bonne cuillère à soupe de levures alimentaires pour augmenter les apports en vitamine B.
- En été : gaspacho (soupe de tomates froide) ou salade assaisonnée comme ci-dessus, pastèque ou melon.
- Légumineuses (qui apportent sélénium et fibres) : lentilles, fèves, pois chiche, haricots secs, accompagnés de riz de préférence complet ou semi-complet.
- Dessert : fruits de saison, éviter les agrumes, quelques amandes, noix ou noisettes.
- Si vous en avez vraiment envie, ne vous culpabilisez pas à consommer un peu de vin rouge de bonne qualité (deux verres pour les femmes, trois pour les hommes) à condition que la dose ne soit pas quotidienne et que vous n’en deveniez pas dépendant.
Afin d’illustrer ce qui précède, je vous propose le résumé d’une récente étude, publiée dans le célèbre journal « Jama » et relatée le 15 mai 2015, sur le site « Allo docteur » [6] :
D’après une étude espagnole de Petros Giannakouris, les antioxydants présents dans les aliments composant le régime méditerranéen ralentiraient le vieillissement cérébral.
Des fruits, des légumes, du poisson, des céréales et de l’huile d’olive… Les avantages d’un régime méditerranéen sont connus depuis longtemps, notamment en ce qui concerne la baisse de la tension artérielle, l’élimination de la graisse abdominale et la lutte contre la dépression. Ce régime était également excellent pour lutter contre le déclin cognitif, et donc, par extension, la maladie d’Alzheimer.
Les effets de ce régime ont pu être démontrés à la suite d’un essai clinique réalisé sur 447 volontaires âgés de 55 à 80 ans. Ces derniers étaient en bonne santé mais pouvaient être considérés comme à risque de développer une maladie cardiovasculaire. Pendant près de 4 ans, ils ont été soumis de manière aléatoire à un régime méditerranéen (comportant un apport supplémentaire de 30 g de noix et un litre d’huile d’olive par semaine) ou à un régime faible en graisses.
Lors de tests neuropsychologiques passés au bout de ces quatre années, les scientifiques ont pu se rendre compte que les personnes soumises au régime méditerranéen obtenaient de meilleurs résultats sur la mémoire que le groupe soumis aux autres aliments. De plus, une baisse des performances cognitives a même pu être observée chez les membres du second groupe.
Certaines propriétés des antioxydants « présents dans ces aliments pourraient retarder le vieillissement cérébral, le déclin cognitif ainsi que le processus de neurodégénérescence », affirme le Dr Emilio Ros, un des responsables de l’étude.
Une autre équipe de scientifiques espagnols a également découvert que manger « à la crétoise » était un très bon moyen pour perdre du poids et se nourrir sainement pour les personnes atteintes de cholestérol. D’après de nombreux autres travaux réalisés, ce régime est aussi efficace pour inverser le syndrome métabolique.
L’explication des bienfaits du régime méditerranéen a longtemps été un mystère, jusqu’à ce que des chercheurs anglais arrivent à prouver la parfaite combinaison entre lipides et nitrates dans les aliments qui le composent.
La bonne nouvelle, pour finir, c’est qu’« il n’est jamais trop tard pour changer son régime alimentaire afin d’améliorer votre santé », ainsi que le rappelle l’un des responsables de l’étude. À chacun de nous de jouer !
A très vite et d’ici là, surveillez bien votre messagerie !
Docteur Dominique Rueff
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