Quand l’âge, la maladie nous guettent, nous renonçons trop souvent et trop vite à nos rêves d’enfance.
C’est dommage.
Les études scientifiques montrent au contraire qu’il y a un cercle vertueux entre :
- Maintenir une bonne santé pour accomplir nos projets ;
- Maintenir l’espoir d’accomplir nos projets pour rester en bonne santé.
Si vous me le permettez, je voudrais partager avec vous une expérience que j’ai faite dans ce domaine, tout récemment.
J’ai profité du beau soleil des 2 et 3 août pour réaliser un de mes plus vieux rêves : escalader le « Doigt de Dieu », le plus beau pic des Alpes.
Le Doigt de Dieu se trouve en France, près de Grenoble. Il culmine à 3973 mètres.
Il faut deux jours d’escalade pour l’atteindre. Vous franchissez des glaciers effrayants, marchez en équilibre sur des crêtes vertigineuses, en suspens sur des gouffres de plus de 1000 mètres de profondeur.
Vous dormez dans un refuge minuscule, accroché à la paroi.
L’ascension est si longue que vous devez vous lever à 3 heures du matin. Il faudra marcher 15 heures de suite pour espérer revenir dans la vallée avant la tombée de la nuit.
Crampons, casque, piolet…
Vous êtes équipé de crampons, piolet, cordes et casque… mais ça ne suffit pas toujours.
Beaucoup sont morts foudroyés sur ce sommet connu pour attirer la colère du ciel. Tant d’autres ont disparu, emportés dans des crevasses ou engloutis dans l’abîme.
Mais ça vaut la peine !
Bienvenue dans un autre monde :
Quand vous êtes en haute montagne, vous entrez dans un autre monde. Tout est plus grand, plus puissant, plus violent, à commencer par la beauté et les sensations.
Votre horizon s’élargit. La semaine dernière, au sommet du Doigt de Dieu, nous pouvions voir à plus de 200 km, dans toutes les directions.
L’horizon est clair, le ciel au-dessus de vous est d’un bleu profond, presque noir. Vous êtes comme en avion – sauf que vous êtes dehors, dans la nature la plus sauvage, la plus indomptée par l’homme.
Le soleil brûle les yeux et la peau. Des bruits d’explosion éclatent chaque fois que des rochers se détachent des parois ou que des séracs (d’énormes morceaux de glace) s’effondrent sur les glaciers qui vous entourent.
La montagne vit !
Mais c’est ce qui se passe en vous-même qui est le plus étonnant…
Ce qui se passe en vous-même est étonnant :
Vous réalisez que votre corps, si petit, est capable d’incroyables prouesses.
Qui eut cru que, fourmi au fond de cette vallée des Alpes, vous parviendriez à atteindre cette altitude fabuleuse, un petit pas après l’autre ??
C’est une leçon de vie incroyable : avec du temps, de la persévérance, en acceptant aussi de fermer les yeux sur nos petits bobos (ampoules, égratignures, fatigue), nous pouvons aller au delà de nos rêves.
Oui, votre sac à dos est trop lourd, il scie les épaules, vos genoux souffrent à la descente, vous avez soif, faim.
Mais vous êtes là ! Vous respirez. Et sans avoir besoin d’être un surhomme, un athlète, ni même d’être en parfaite santé, vous pouvez, peu à peu, vous élever.
Vos ressources incroyables :
Vous découvrez que votre corps possède des ressources insoupçonnées.
Il y a trois heures déjà, vous pensiez être « à bout de force ». Eh bien non ! Vous êtes toujours là, et vous continuez à marcher, simplement parce qu’il le faut. Votre corps est plus fidèle que vous ne le pensiez. Il ne vous lâchera pas !
C’est aussi, surtout, une grande leçon de confiance face à la vie :
Vous découvrez qu’il ne faut jamais vous écrier au pied de la falaise : « je n’y arriverai pas ! »
Car en vérité vous n’en savez rien. Vous ne le voyez peut-être pas, mais dans cette falaise il y a un passage, minuscule, que vous pourrez emprunter.
Il faut y croire quand vous vous élancez, et parfois c’est dur !!
Une montagne réputée « impossible » à escalader
C’est le cas en particulier de l’escalade jusqu’au Doigt de Dieu. Elle passe par un autre sommet appelé la Meije, qui fut le dernier sommet des Alpes à être vaincu (en 1877, soit un siècle après le Mont-Blanc).
Jusque là, tout le monde avait pensé que c’était impossible.
Le passage fut découvert par un jeune garçon qui, contrairement aux autres, a cru un jour que c’était possible.
Dans un pur acte de foi, c’est-à-dire de confiance, il a essayé, réessayé, jusqu’à trouver. Et c’est en suivant son chemin à travers les parois que j’ai eu le bonheur, moi aussi, d’atteindre ce sommet.
Bref, vous imaginez, bien chère lectrice et cher lecteur, combien j’ai pensé à vous pendant ces deux jours passés entre ciel et terre.
Ces dernières années, on voit moins de personnes dans les hautes montagnes.
Beaucoup se sont tournées vers le rafting, le VTT, la course à pied dans les alpages (trail).
C’est mieux pour les grandes montagnes, redevenues plus calmes, plus sauvages.
Et c’est bien mieux pour les personnes qui réalisent combien il est important de se ressourcer, loin du fracas et de la folie du monde !
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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