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C’est le 15 août, fête de l’Assomption de la Vierge Marie, et beaucoup de malades seront à Lourdes aujourd’hui pour l’occasion.

J’entends souvent des médecins se moquer de Notre-Dame de Lourdes.

Ils trouvent ridicules que des personnes prétendent aller mieux, ou espèrent aller mieux en se rendant en pèlerinage.

Est-ce normal ?

Refuser d’être enfermé dans la fatalité, pour guérir

Aller à Lourdes, pour les personnes qui ont la foi, c’est se donner une chance que les règles cessent de s’appliquer. Que l’évolution « normale » de leur maladie puisse être suspendue.

C’est donc s’ouvrir la possibilité d’échapper à la fatalité.

Et je dis qu’elles ont raison !!

Non seulement il n’y a aucun mal à cela. Mais c’est au contraire une excellente chose :

Car la conviction que vous pouvez guérir est la première condition pour guérir effectivement.

Maintenir ouverte la porte de l’espérance

Ce sont les personnes qui se moquent et se gaussent des malades qui sont dans le déni.

Elles oublient que les malades ne sont pas des machines.

Que les êtres humains sont trop complexes pour que quiconque puisse prévoir de façon certaine ce qui va leur arriver. Que, par conséquent, il est logique et normal de toujours maintenir ouverte la porte de l’espérance.

Et je ne parle pas des autres bienfaits, parfaitement objectifs ceux-là, dont bénéficient les pèlerins de Lourdes (ou d’ailleurs) :

  • Ils voient des personnes encore plus malades qu’eux-mêmes, et apprennent ainsi à relativiser leurs souffrances.
  • Ils voient des foules de personnes handicapées, souffrantes, et se souviennent ainsi que la maladie, la détresse, la souffrance font partie de nos vies. Ce sont des choses qui nous arrivent à tous, et c’est au contraire notre société du divertissement et de la publicité qui ment en ne nous présentant que des personnes en pleine santé, toujours « au top de leur forme » et l’éternel sourire aux lèvres ; qui nous ment en cachant les malades dans des instituts, les vieux dans des maisons de retraite, et qui cherche à évacuer la maladie et la mort parce que cela dérange le confort des vivants.
  • Ils entendent parler de cas de guérisons miraculeuses et se souviennent alors qu’il n’y a jamais aucune fatalité dans l’existence ; c’est ainsi qu’ils peuvent reprendre espoir, retrouver une nouvelle énergie.
  • Ils découvrent, ou redécouvrent, des moments intenses de joie, de communion, d’amitié avec les autres malades mais aussi avec toutes les personnes bénévoles qui viennent à Lourdes pour donner de leur temps et de leur attention aux autres.

Mon expérience à Lourdes

Je vous avoue que je n’écris pas tout cela innocemment.

J’ai moi-même un souvenir ému et très intense du jour où je suis allé à Lourdes avec une personne très proche, très malade, dont j’espérais fortement la guérison.

Cette personne est malheureusement décédée quelques temps après.

On peut se moquer de moi, de ma « superstition », de mon « obscurantisme » : « Ha ha, tu vois, ça n’a pas marché ! tu as perdu ton temps !! »

Mais ce ne serait pas juste de dire ça.

Ce voyage à Lourdes, avec cette personne que j’aimais tant, fut un grand moment pour nous. C’était en été, il faisait beau, les montagnes étaient magnifiques. Tout le monde souriait, semblait heureux, plein d’espoir malgré tout.

Nous avons fait ensemble tous les rites traditionnels (la grotte, les chants, le passage dans la « piscine » d’eau glacée, jusqu’au cou, la veillée avec des bougies…) et il est certain qu’en revenant nous étions fortement apaisés, elle comme moi. Nous avons tous deux gardé de grands souvenirs de ces forts moments passés ensemble. C’est un trésor que nous avons partagé et qui nous a unis, jusqu’au bout, et même d’ailleurs jusqu’aujourd’hui.

L’épreuve de la maladie nous a paru moins inhumaine ensuite, plus normale.

Nous avons vu tant de visages souriants, éclairés, qui pourtant n’avaient pas été épargnés par la vie. Cela nous a rappelé que toute vie, même courte, même difficile, vaut la peine d’être vécue.

Et même que plus elle est courte, plus chaque jour, chaque moment est précieux et qu’il est donc d’autant plus important de ne pas les perdre à se morfondre.

Quid des « miracles » de Lourdes ?

Quand la télévision fait une émission sur Lourdes, elle veut qu’on parle des miracles. Y a-t-il eu, ou non, guérison miraculeuse ? Que disent les médecins, les scientifiques ?

Chaque fois, c’est le même scénario.

On interroge des médecins. On enquête sur le cas de cette personne arrivée pleine de métastases cancéreuses à Lourdes, qui n’en avait plus que « pour quinze jours à vivre » et qui est retournée chez elle entièrement guérie. De cet aveugle de naissance qui a soudain trouvé la vue après avoir bu à la source. De cet handicapé qui a retrouvé l’usage de ses jambes.

Et l’on prend soin de rappeler que, malgré tout, sur les millions de visiteurs de Lourdes, le nombre de miracles reste dérisoire, et pas supérieur à ce qu’on observe dans les hôpitaux.

Le Vatican a créé, dès les années 1920, une commission de médecins dont l’objectif est, après enquête, de distinguer les cas de miracles authentiques. La reconnaissance est difficile à obtenir. Il faut pouvoir prouver son état de maladie avant d’être venu à Lourdes, prouver que l’on n’a pas suivi d’autre « traitement » qui pourrait expliquer la guérison, prouver que la guérison est effective. La procédure d’authentification peut durer des décennies.

Ainsi le cas d’Anna Santaniello, soixante-septième et dernière miraculée de Lourdes reconnue à ce jour, a pris près d’un demi-siècle. Le caractère miraculeux de sa rémission fut officiellement déclaré le 21 septembre 2005.

Cette dame était sur son lit de mort en 1952, gravement atteinte par une maladie de Bouillaud officiellement diagnostiquée : elle était « grande cardiaque », incapable de se déplacer ou de parler, atteinte d’une cyanose de la face (bleuissement) et d’un œdème descendant sur les jambes. Le pronostic vital était plus qu’engagé, d’ailleurs elle reçut le 27 juillet l’extrême-onction. Elle arrive à Lourdes sur une civière le 16 août 1952, et après son immersion dans l’eau « miraculeuse », elle guérit presque instantanément.

Elle se remet alors sur ses pieds et participe à des processions le soir même. Plusieurs médecins s’enquièrent de son état et l’auscultent, les symptômes pathologiques ont disparu : le cœur d’Anna Santaniello bat de façon stable et normale alors qu’il avoisinait les 120 pulsations par minute avant sa guérison ; elle ne souffre plus de cyanose ni de dyspnée (difficulté à respirer), seul l’œdème aux membres inférieurs n’a pas tout à fait disparu. Mais il ne restera bientôt plus aucune trace de ses ennuis de santé [1].

Ces histoires sont importantes. Elles ont le mérite, encore une fois, de rappeler qu’en médecine il ne faut jamais trop croire dans la fatalité.

Toutefois, dans mon expérience, les bienfaits de Lourdes ont été à la fois moins extraordinaires, moins « magiques », on l’aura compris.

Il n’en reste pas moins qu’ils me paraissent importants car il me semble que la plupart des malades qui se rendraient à Lourdes les connaîtraient eux aussi.

Je peux comprendre évidemment que l’on soit « allergique » à Lourdes, à ses boutiques, sa foule, son architecture. Mais il y a tant d’autres lieux où l’on peut se rendre avec une personne chère et qui souffre. Lieux de beauté, de calme, de solitude, lieux désertiques, lieux où la nature, dans toute sa force et sa sauvagerie, s’exprime.

C’est un très beau cadeau à faire, et à vous faire.

À votre santé !

Jean Marc Dupuis



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