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Une bataille acharnée se déroule en ce moment autour de la maladie de Lyme, une maladie transmise par les tiques.

D’un côté, des personnes atteintes de la maladie chronique de Lyme ont lancé une action judiciaire contre l’Etat français. Elles l’accusent de masquer l’ampleur de l’épidémie et de refuser les traitements aux malades. Elles sont largement relayées par la grande presse. Leur leader est le Pr Christian Perronne, chef du Service d’infectiologie à l’hôpital de Garches, membre du Haut comité de santé publique [1].

De l’autre, des experts qui dénoncent un coup monté pour faire vendre du papier et, plus grave, augmenter artificiellement la consommation d’antibiotiques [2].

Le Pr Perronne a été rémunéré par l’industrie des antibiotiques

En effet, le principal traitement réclamé contre la maladie chronique de Lyme est un « traitement prolongé d’antibiotiques ».

Or, le leader du mouvement, le Pr Christian Perronne, a déclaré avoir eu des « conflits d’intérêts sur les antibiotiques [3] ». Autrement dit, l’industrie pharmaceutique fabricant des antibiotiques lui a donné de l’argent et/ou des avantages matériels.

Un récent rapport (28 mars 2014) du Haut conseil de la santé publique, auquel il a lui-même participé, indique que :

« l’industrie pharmaceutique sponsorise des études sur le traitement antibiotique de la maladie [de Lyme] [4]. »

Il semble qu’on ait retrouvé un revolver fumant sur les lieux du crime, un revolver marqué aux initiales de Big Pharma.

Danger des traitements antibiotiques au long cours

Le traitement aux antibiotiques est parfaitement reconnu en cas de maladie de Lyme « classique ».

Les recommandations officielles sont un traitement aux antibiotiques pendant quinze jours en cas d’« érythème migrant », c’est-à-dire une zone rouge, chaude, irritée, en forme de cercle autour de la piqûre de tique ou en cas de syndromes grippaux, d’arthrite de Lyme, et de divers symptômes neurologiques suite à une piqûre de tique.

Mais ce que veulent les malades et certains médecins, dont le Pr Perronne, c’est autoriser et rembourser les traitements aux antibiotiques pendant plusieurs mois, en cas de maladie chronique de Lyme.

La maladie chronique de Lyme est un autre stade de la maladie, qui peut apparaître et durer des années ou des décennies après la piqûre et qui se manifeste par des symptômes extrêmement variés mais parfois extrêmement graves, allant jusqu’au handicap ou même à la folie [5].

Or, les études cliniques sur le sujet, et en particulier la dernière étude de grande ampleur sur le sujet, publiée le 31 mars 2016 dans le New England Journal of Medicine [6] concluent que :

  • Le traitement aux antibiotiques, dans ce cas, est inefficace
  • Les effets indésirables des antibiotiques sont fréquents.

De notre côté, nous avons maintes fois dénoncé les effets indésirables des traitements d’antibiotiques au long cours. Nous avons même expliqué qu’ils augmentent le risque de cancer [7].

Rester calme et raisonnable

Je ne vais pas jouer les arbitres ni distribuer les bons points. Pour être franc avec vous, je n’ai aucune idée de qui a raison dans ce débat. La maladie de Lyme est une maladie parasitaire compliquée. La forme « chronique » dont il est question ici l’est plus encore.

Les malades se plaignent d’une grande diversité de symptômes : douleurs, fatigue, dépression, infections. Les tests en laboratoire (Elisa, Western-Blot) ne semblent pas fiables et il faudra certainement des années de recherches pour trancher ce débat.

Pour autant, aucune paranoïa, aucune psychose ne doit être déclenchée au sujet de la maladie de Lyme.

En particulier, des voix s’élèvent pour mettre en garde les populations contre les promenades dans les bois, dans les campagnes, pour éviter les tiques. Des reportages alarmistes sont diffusés par la télévision sur des personnes dont la vie a été ruinée par une piqûre de tique.

Rien ne saurait justifier une telle psychose.

Il faut garder la tête froide. La maladie de Lyme n’est pas la peste.

Même si vous habitez l’Alsace, la région qui compte le plus fort taux de tiques infectées par la maladie de Lyme (18 %), il reste plus dangereux pour votre santé de rester l’après-midi dans votre canapé plutôt que d’aller vous promener en forêt.

Ne renoncez jamais à une sortie qui vous ferait du bien sous le (mauvais) prétexte que vous cherchez à vous prémunir contre la maladie de Lyme.

Il existe des mesures simples, efficaces, peu coûteuses, pour se protéger contre la maladie !

Evitez de vous faire piquer

Je vais sans doute vous paraître idiot mais la mesure la plus efficace contre la maladie de Lyme est d’éviter de se faire piquer par une tique.

Lorsque vous partez en promenade dans la nature, et autant que la météo le permet, portez des vêtements longs, clairs, des chaussures fermées et mettez votre pantalon dans vos chaussettes.

Appliquez-vous un spray anti-tique, contenant du DEET (diéthyltoluamide), en évitant les yeux et la bouche.

En général, les tiques ne piquent pas immédiatement comme le feraient une vipère ou un moustique : elles recherchent les zones humides et chaudes du corps, là où la peau est la plus fine : aine, aisselle, nuque, gorge, région près du nombril. Elles vont donc en général se déplacer un certain temps sur votre corps.

Inspectez-vous régulièrement et vous aurez probablement la chance d’attraper la tique et de vous en débarrasser avant qu’elle ne vous pique.

En prenant votre douche le soir de la promenade, inspectez-vous pour vérifier qu’aucune tique ne vous a piqué.

Pour qu’une tique vous transmette la maladie, encore faut-il qu’elle soit porteuse de la bactérie responsable, appelée « borrelia ».

Ce n’est pas toujours le cas : en Europe, selon les régions, 80 à 90 % des tiques ne sont pas porteuses de la maladie et vous ne risquez donc rien si elles vous piquent. Les forêts les plus infectées sont en Alsace, où 18 % des tiques sont porteuses de la maladie de Lyme.

Si vous en découvrez, ne paniquez pas : la transmission de la borrelia n’est pas immédiate.

La bactérie se situe dans le tube intestinal de la tique. Une fois piqué, il faut du temps pour que la bactérie remonte le tube intestinal et passe dans votre sang : au moins 24 heures.

Il est en revanche important d’enlever la tique avec une pince à tique sans l’écraser, et sans lui mettre de produit pour la tuer comme de l’alcool ou de l’éther. Sinon, elle risque au cours de l’opération de « vomir » tout ce qu’elle contient dans votre plaie, et augmenter les risques de contamination.

Une fois la tique retirée, par contre, désinfecter la plaie soigneusement. Faites votre possible pour ne pas laisser la tête (en fait, le crochet) de la tique dans votre peau. Si c’est le cas malgré tout, il sera très difficile de le retirer. Laissez-le en place et attendez la cicatrisation.

Dans le cas où vous auriez eu la malchance d’être contaminé par la bactérie, sachez toutefois que votre système immunitaire, dans la plupart des cas, l’éliminera sans que vous ayez besoin de faire quoi que ce soit.

Que faire en cas de morsure ?

Si vous allez chez le médecin, il vous prescrira « par mesure de sécurité » deux semaines d’antibiotiques. Est-ce utile, raisonnable ? Les effets bénéfiques sont-ils supérieurs aux effets indésirables ?

Mon avis est qu’il faut agir avec prudence et raison. En dehors de tout symptôme, et si vous avez retiré la tique avant 24 heures, votre médecin devrait vous recommander de ne rien faire. Au pire, s’il décide quand même de vous donner des antibiotiques, veillez bien à prendre des probiotiques (type Lactobacillus acidophilus, Lactobacillus bulgaricus, Bifidobacterium bifidum, Streptococcus thermophilus) pour réensemencer votre tube digestif avec les bonnes souches bactériennes.

Si vous avez attrapé une grosse tique dans une région très infectée et que vous avez tardé à l’enlever (plus de 24 heures), il est probablement nécessaire de traiter (prenez alors également les probiotiques).

Que faire si vous souffrez des symptômes de la maladie chronique de Lyme

Maintenant, si vous êtes victime d’un enchaînement malencontreux de circonstances, que vous attrapez malgré tout la maladie chronique de Lyme, et que la cure de 15 jours d’antibiotiques a été inefficace pour vous, vous n’aurez pas le choix.

Le traitement prolongé aux antibiotiques sera probablement inefficace lui aussi.

Votre seul moyen de lutter contre les bactéries qui vous infecteront sera de renforcer votre système immunitaire et de traiter vos symptômes avec les moyens suivants. Il s’agit d’une complémentation complexe, c’est vrai, mais la maladie de Lyme peut être redoutable, invalidante. Ces produits sont présentés en détail dans le numéro de Plantes & Bien-Être consacré à la maladie de Lyme [8] :

  • Magnésium sous forme chélatée : glycinate, bisglycinate ou taurinate de magnésium, à des doses de 300 à 600 mg par jour. C’est un incontournable de la maladie de Lyme, qui aide à réduire l’anxiété et l’excitation neuromusculaire.
  • Un bon complément de vitamines et minéraux, pour parer les déficits fréquents au cours de la maladie. Optez pour un complexe contenant de la vitamine E et du bêta-carotène naturels, du potassium, de la choline, de l’acétyl-L-carnitine, de l’acide alpha-lipoïque et de la coenzyme Q10 antioxydante.
  • L’extrait de griffe du chat (Uncaria tomentosa) stimule l’immunité à la dose de 200 à 600 mg par jour : elle augmente le nombre de macrophages et lymphocytes (globules blancs), réduit l’inflammation et soulage les douleurs articulaires.
  • L’effet de cette plante est renforcé par d’autres qui stimulent l’immunité : 400 mg d’andrographis, 2 à 3 fois par jour (extrait normalisé contenant de 4 % à 6 % d’andrographolide) ; 750 à 100 mg d’extrait sec d’astragale par jour, en deux ou trois prises ; 200 à 600 mg d’éleuthérocoque en extrait sec par jour.
  • En cas de problème digestif (type dyspepsie), le chardon-Marie est réputé. On prescrit souvent un extrait normalisé à 70 % ou 80 % de silymarine, 150 à 200 mg une à trois fois par jour.
  • La fatigue chronique et les éventuels problèmes cardiovasculaires sont soulagés par la coenzyme Q10 (s’il n’y en a pas dans votre multivitamines) à 120 mg par jour ; l’effet est renforcé avec un champignon qui diminue la fatigue et possède des propriétés anti-inflammatoires et immunostimulantes : le reishi (Ganoderma lucidum), 500 mg par jour.
  • Notre substance anti-inflammatoire préférée, les oméga-3 (dans les huiles de poisson, les graines de lin, de chia et le pourpier) favorisent aussi la bonne santé cardiovasculaire et la régénération nerveuse. Ils sont à consommer quotidiennement, si possible en quantité égale aux oméga-6 présents dans l’huile de maïs, de tournesol.
  • Pour aider les cellules à se détoxifier et lutter contre l’inflammation, la N-acétyl-cystéine est prescrite en général à la dose de 200 à 600 mg par jour.
  • En cas d’arthrite de Lyme (inflammation des articulations), les produits recommandés sont les mêmes que pour les arthrites ayant une autre cause (voir la lettre récente sur les rhumatismes).
  • Idem pour les autres symptômes possibles de la maladie chronique de Lyme : dépression, fièvre, maux de tête, nuque raide, fatigue chronique, douleurs, paralysie faciale, radiculite, myélites, inflammation des nerfs crâniens, chorée, encéphalite, palpitations, vertiges, douleurs thoraciques, problèmes de peau (acrodermatite atrophiante chronique) : il faudra alors traiter les symptômes de ces maladies indépendamment de la cause (maladie de Lyme).

Une quête que chaque malade devra entreprendre

Pour conclure, la maladie de Lyme doit être prise très au sérieux, mais il ne faut pas non plus se faire d’illusions : personne ne semble aujourd’hui avoir à coup sûr la clé de l’explication de la maladie.

La maladie étant mal comprise, mal identifiée, les traitements le sont tout autant. Ils s’apparentent à une quête que chaque malade devra entreprendre, avec d’autant plus de détermination que ses symptômes seront graves et forte sa détermination à s’en sortir.

Inutile d’attendre que les pouvoirs publics et les grands experts qui « lancent des alertes » dans les journaux se soient mis d’accord.

La solution aujourd’hui ne peut être qu’à l’échelle de chaque patient, qui n’a pas d’autre choix que de se prendre en main, si possible avec l’aide d’un médecin ouvert, attentif, et conscient des limites de la médecine dans son domaine.

Sans me faire d’illusions, j’espère avoir malgré tout apporté une petite aide aux personnes qui se trouvent aujourd’hui dans cette douloureuse situation. N’hésitez pas à me tenir au courant des suites.

Bien à vous,

Jean-Marc Dupuis



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