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À la vue d’une femme aux formes généreuses, ma mère avait une expression : « Elle est appétissante ! »

Je vous parle bien sûr d’un temps ancien, révolu, dépassé. C’était il y a des décennies !

Car aujourd’hui, pour être « bien », pour se sentir « comme il faut », une femme doit avoir la peau sur les os.

J’ai tapé « belle femme » sur mon moteur de recherche Google. Et voici les premières photos qui tombent :

femmefemmefemme

Hormis trois courbes bien placées, ce sont des corps d’adolescentes pré-pubères.

On nous explique que non seulement c’est ça qui est beau, mais c’est aussi ça qui est sain, tout kilo en trop étant signe de mauvaise santé.

Et pourtant, les dernières études scientifiques montrent qu’un poids considéré comme sain selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) entraîne plus de risques de décès et de démence sénile !

C’est à n’y rien comprendre !

Pas assez gros = plus de risques de mourir

L’OMS utilise l’Indice de masse corporelle (IMC) pour estimer la corpulence d’une personne.

Il s’agit d’une équation compliquée. Vous devez diviser le poids de la personne, en kilos, par le carré de sa hauteur, en mètres. Par exemple, une personne pesant 95 kg et mesurant 1,81 m a un IMC de 29 (95 divisé par 1,81 x 1,81).

L’OMS considère que vous êtes normal si votre IMC se situe entre 18,5 et 25.

À vue de nez, les femmes sur les images ci-dessus ont un IMC inférieur à 20.

Dès que vous dépassez 25, vous êtes considéré comme en surpoids. Le problème est que, à ce petit jeu, la moitié de la population française est en surpoids ou plus.

Cela veut il dire que toutes ces personnes ont un problème ?

Oui, elles ont certainement un problème d’image, et d’acceptation de soi puisque tout le monde leur dit, y compris la médecine, qu’elles sont trop grosses.

Mais ont-elles un problème de santé ?

Pas forcément, au contraire.

En 2013, une méta-analyse de 97 études couvrant 3 millions d’individus dans le monde et 270 000 décès, montre que le taux de mortalité des individus en surpoids (IMC de 25 à 30) est de 6 % inférieur à ceux pesant un poids normal [1].

Une énorme étude qui vient de paraître dans The Lancet montre que les personnes considérées comme « en surpoids » ont moins de risques de démence en vieillissant. Cette étude a porté sur 2 millions d’hommes et de femmes, suivis pendant 20 ans [2].

Le cerveau en famine

Il semble donc que les personnes trop minces ont le cerveau qui souffre de famine.

Plus les personnes sont obèses, mieux elles gardent leurs facultés intellectuelles.

Ainsi les personnes ayant un IMC supérieur à 40 ont 29 % moins de risques de démence sénile que les personnes ayant un poids « normal », considéré comme sain [3].

Loin de moi l’idée de vous encourager à devenir obèses … mais ces études questionnent les idées reçues médicales autour des problèmes de silhouette, qui sont devenus l’obsession de notre société.

Nos critères de beauté sont fous

Les critères de beauté sont un sujet incroyablement compliqué et intéressant.

En effet, nous n’y pouvons rien : nous sommes forcément dominés par les effets de mode de notre époque.

Qui que nous soyons, nous ne pouvons pas nous empêcher de trouver sexy les mannequins qui jaillissent partout sur nos écrans, nos panneaux de publicité, nos magazines. Par exemple :

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N’importe qui trouvera cette femme magnifique.

Mais bien sûr, elle n’existe pas dans la réalité.

Ces images de mannequins irréels que nous voyons partout sont toujours retouchées sur Photoshop pour égaliser le bronzage, effacer les imperfections, affiner les lignes.

La photo ci-dessus est un bon exemple : on voit bien que la peau, le visage, la poitrine, le ventre, les bras, les jambes, les cheveux, tout a été retouché, tout est faux.

Nous trouvons la photo attirante malgré tout. Mais avons-nous conscience de l’univers qui sépare ces photos des représentations de la beauté féminine à travers les âges ??

Vénus, la déesse de l’Amour, a pris les apparences les plus variées à travers le temps.

La Vénus de Willendorf est une statuette de calcaire retrouvée en Autriche. On estime qu’elle date de 23 000 ans avant l’ère chrétienne. Elle n’est pas un cas à part car les Vénus préhistoriques sont toujours très corpulentes.

Voici à quoi elle ressemble :

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Certes, me direz-vous, mais ce sont des hommes préhistoriques. Des sauvages quoi, presque des singes !! Pas étonnant qu’ils n’aient pas eu les mêmes critères que nous.

Peut-être.

Mais alors prenons les Grecs de l’Antiquité, universellement reconnus comme une des civilisations les plus raffinées. L’idéal de la beauté féminine n’était plus pour eux aussi « mastoque » que celui des hommes préhistoriques.

Mais la célébrissime Vénus de Milo n’en était pas moins une redoutable matrone.

Dotée de joues rebondies et de larges épaules, sa silhouette et surtout son ventre seraient aujourd’hui un obstacle définitif à toute velléité de carrière au cinéma ou même dans la chanson !!!

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Et nous pouvons continuer notre voyage à travers les âges…

Voici la Vénus au miroir de Titien (XVIe siècle) :

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Un diététicien la mettrait immédiatement au régime sans graisse, et son médecin sous médicaments anticholestérol : « Mais enfin ma p’tite Dame, avec un ventre pareil, vous allez droit à l’infarctus ! »

Et je ne parle pas de l’autre Vénus au miroir, celle de Pierre-Paul Rubens (XVIIe siècle) :

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Cette fois, nous parlons d’un Indice de masse corporelle qui avoisine largement les 40 !!!

Nul doute que cette femme se ferait fusiller par son cardiologue. Il lui imposerait dans l’urgence un régime de statines (médicaments anticholestérol) et de brocolis à la vapeur, et sans huile d’olive !!

Peut-être même appellerait-il l’ambulance, les pompiers, pour lui faire d’urgence un triple pontage préventif !

Mais cela me fait bien rire de penser que nous sommes devenus si fous.

J’ai signalé plus haut les études scientifiques qui montrent que les personnes prétendument en « surpoids » ont en fait moins de risques de mortalité et de démence. Cela prouve à quel point nos critères de maigreur sont absurdes.

Mais il y a un autre sujet, tout aussi sérieux…

Où est le plaisir vrai ??

Quel homme ne connaît (ou ne désire !) la volupté intense et la douce chaleur d’une femme aux chairs généreuses ? Les jeunes, oui, qui n’ont pas l’expérience, qui se laissent abuser par les images de mannequins taillés comme des porte-manteaux qu’on leur vend sur papier glacé.

Mais lorsque vous partagez pendant vingt ans, trente ans, cinquante ans, le lit d’une femme aimante… Que pendant toutes ces années, vous trouvez dans ses bras le réconfort, la tendresse, le repos, malgré toutes les vicissitudes de la vie…

Que vous réalisez que ce réconfort était en fait une nécessité. Que sans doute, vous n’auriez pas eu la force d’affronter les épreuves si vous n’aviez pas connu avec elle le « repos du guerrier », tant de fois généreusement accordé… Que l’homme est faible, donc, sans l’affection vraie d’une femme.

Et quant aux femmes, je ne peux parler de ce que je ne connais pas. Mais les hommes en surpoids léger ne sont-ils pas plus rassurants, sympathiques ? Une petite bedaine n’inspire-t-elle pas plus de confiance ? N’a-t-on pas plus envie de s’amuser avec un homme « bien bâti » et de rire avec un homme un peu enrobé ??

Aujourd’hui, on en demande toujours plus aux femmes : s’occuper du foyer, des enfants, assumer des responsabilités professionnelles et, par dessus tout, être belle tout le temps en toutes circonstances. La pression sociale liée aux critères esthétiques de notre époque me semble trop lourde à porter et incompatible avec les rythmes de vie de chacune. Quel soulagement pour les femmes de pouvoir assumer librement, sans complexe, leurs quelques kilos en trop, leur cellulite naissante, leurs bourrelets apparents. Aimez-vous comme vous êtes, chères lectrices.

Je ne dis évidemment pas de se laisser aller, de se goinfrer. J’insiste constamment dans cette lettre sur l’importance d’une vie saine, ce qui implique souvent certaines restrictions.

Pour autant, rien de bon ne peut se construire sur le mensonge, il me semble, le mensonge publicitaire des femmes « truquées par ordinateur », uniformément minces.

C’est au fond un peu comme la nourriture industrielle : dès que c’est standardisé, uniformisé, c’est aussi stérilisé, appauvri et en général pas bon pour la santé.

Alors sur les formes, les rondeurs… je préconise de revenir aux vraies valeurs.

Celles qui durent, qui sont intemporelles. Celles qu’avaient bien comprises nos peintres, nos sculpteurs antiques… et nos ancêtres préhistoriques !

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis



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