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Chère lectrice, cher lecteur,

Il nous est presque impossible de nous imaginer la vie de nos arrière-grands-parents il y a 100 ans. A cette époque encore, la plupart n’avaient pas d’électricité.

Comment circulaient-ils la nuit sans éclairage public ni torche électrique ? Que faisaient-ils quand l’obscurité s’abattait ?

Nous avons perdu presque tout souvenir.

Mais une équipe anglaise de neuroscientifiques (spécialistes du cerveau) et d’anthropologues (spécialistes de l’être humain) ont cherché à comprendre au moins comment ils dormaient.

Et ils ont trouvé ! Ils viennent de publier une fascinante étude à ce sujet dans la revue scientifique Current Biology [1].

Jusqu’au fin fond de l’Amazonie

Pour ce faire, ils sont partis étudier les rares tribus qui, de nos jours, n’ont toujours pas l’électricité : les Hadza en Tanzanie, les San en Namibie et les Tsimane’ de la forêt amazonienne.

Ils ne se couchent pas avec le soleil.

Au contraire, ils se réunissent autour du feu et au clair de lune (quand il y en a). Ils mangent, racontent des histoires, chantent, dansent.

Ce n’est qu’au bout de trois heures et quart en moyenne qu’ils finissent par s’endormir, quand la nuit est bien avancée.

Ils se lèvent par contre au lever du soleil, en moyenne 7h45 plus tard. Mais entre temps, ils passent à peu près 1h20 éveillés, pour accomplir diverses tâches, comme des tours de garde, éloigner les bêtes sauvages, entretenir le feu.

En tout, ils n’ont donc que 6h25 de sommeil réel.

Ils dorment donc moins que les habitants des pays industrialisés qui ont en moyenne entre 7h et 7h30 de sommeil.

La température du corps fluctue avec le cycle du soleil

Une autre découverte de ces chercheurs au cours de cette étude est que le rythme naturel du sommeil est dicté par la température du corps. Car les hommes de ces tribus s’endorment au moment où la température de leur corps baisse.

En effet, la température au centre du corps humain fluctue selon un cycle de 24 heures.

Comme nous sommes une espèce diurne, c’est-à-dire une espèce qui vit naturellement le jour et dort la nuit, ce cycle de température a tendance à se synchroniser avec le cycle du soleil.

Ce mécanisme est utile sur le plan biologique. Il nous fait économiser de l’énergie.

Comme le jour est plus chaud que la nuit, le fait que notre température de référence soit plus élevée le jour que la nuit nous permet d’économiser de l’énergie. L’effort de régulation est moindre. Comme le thermostat d’une maison, que l’on baisse la nuit pour éviter de faire gonfler la note d’électricité.

Il est vrai que le prix des calories alimentaires est aujourd’hui si bas que nous n’avons plus à nous soucier de faire des économies de ce côté.

Nous en avons souvent trop. Nous voudrions en brûler plus. Il n’en fut pas de même pendant des millions d’années. N’ayez aucun doute à ce sujet, c’est grâce à ces extrêmes subtilités de notre corps, que nous ignorons le plus souvent, que nous devons la survie de nos ancêtres, grâce à laquelle nous vivons aujourd’hui.

Qu’avons-nous fait de notre rythme de sommeil naturel ?

De notre côté, le moins qu’on puisse dire est que l’heure du lever et du coucher du soleil n’a plus d’importance dans nos vies.

Nous n’avons plus la moindre idée de ce que serait notre cycle « naturel » de sommeil.

Certes, la plupart d’entre nous continuons à aller nous coucher le soir, lorsque notre montre indique 11 heures ou minuit.

Mais selon toute probabilité, nos petits-enfants qui vivront en 2100 trouveront curieux, invraisemblable, que l’humanité ait continué jusqu’à nous à se mettre au lit le soir, alors qu’aucune contrainte ne l’y obligeait plus.

Eux pourront certainement décider de créer leur propre rythme veille-sommeil, chacun à sa façon.

En effet, grâce au e-learning et au télétravail, ils n’auront sans doute même plus la contrainte de horaires de bureau et d’école !

Ils vivront au rythme de la Bourse et d’Internet qui, on le sait, ne s’arrêtent jamais. Les uns feront leurs courses à 3 heures du matin, les autres petit déjeuneront à six heures du soir.

Beaucoup d’habitants de New York, Las Vegas ou de Hong Kong vivent déjà comme ça.

Notre mode de vie leur paraîtra dépassé, anachronique. Ils s’en étonneront en lisant des livres d’histoire. Ou peut-être même pas, car les livres d’histoire seront passés de mode.

Mais ce n’est pas sûr.

Se souvenir de notre nature

« Chassez le naturel, il revient au galop », dit le proverbe.

Oublier que nous sommes des êtres humains, que notre corps est un écosystème si incroyablement subtil et compliqué, c’est un danger.

Déjà aujourd’hui, on soupçonne un lien entre les dépressions, les maladies mentales, l’Alzheimer précoce, et les troubles de sommeil trop souvent combattus à coups de somnifères.

Ma conviction est que l’homme ne pourra pas continuer éternellement à oublier qu’il est une « espèce animale diurne », ce qui lui impose certaines contraintes, comme par exemple de dormir la nuit.

Si vous avez du mal à dormir la nuit, n’hésitez pas à relire une des nombreuses lettres que j’ai écrites à ce sujet. Je me suis donné beaucoup de mal, j’y ai passé du temps.

Réciproquement, beaucoup de personnes m’ont écrit pour me dire que mes conseils les avaient aidées. Parfois même transformées. Alors ne vous privez pas, c’est gratuit, et sans publicité.

Cliquez ici pour accéder aux 9 lettres sur le sommeil.

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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