Suède et Covid : bilan
Vous vous souvenez il y a deux ans. Les Suédois se faisaient traiter de fous, d’irresponsables, d’assassins, pour n’avoir pas voulu imposer de confinement.
Cloîtrés dans nos appartements, nous recevions des images des cafés bondés de Stockholm, la jeunesse souriante qui se promenait dans les rues des centres villes comme si de rien n’était.
Deux ans plus tard, les chiffres définitifs ont pu être établis : la Suède a eu un des taux de mortalité due au Covid les plus bas d’Europe, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). [1]
Au cours des années 2020 et 2021, le pays a connu une hausse globale des décès, par rapport à la moyenne, de 56 pour 100 000 habitants, contre 109 en Grande-Bretagne, 11 en Espagne, 116 en Allemagne, 133 en Italie.
Cocorico : la France se trouve, elle-aussi en dessous de la moyenne mondiale :
En fait, 68 % des morts durant la pandémie proviennent de seulement dix pays, dont les Etats-Unis, la Russie et l’Inde.
Le Brésil, qui lui aussi a résisté au confinement, et a été dénoncé comme un foyer de contamination menaçant la sécurité du monde entier, finit finalement au coude à coude avec les Etats-Unis, avec 3086 morts du Covid pour 100 000 habitants, contre 3066 pour les Etats-Unis.
La Suède est à 1847, nettement derrière la France qui est à 2244. [2]
Le secret des Suédois
La presse anglaise, qui, contrairement à la nôtre, débat ouvertement de cette bizarrerie, suggère que c’est le taux plus faible d’obésité, et un système de santé mieux organisé, qui explique la différence. [3]
Les Suédois sont aussi attachés à un mot, qui est difficile à expliquer, et impossible à traduire : lagom.
Il signifie : “parfait-simple”.
Ni trop, ni trop peu.
Les personnes qui sont “lagom” ne se font pas remarquer, ne s’excitent pas. Elles agissent comme il faut, et puis c’est tout.
Il est mal vu, dans la mentalité suédoise, de sortir du rang, de se considérer comme supérieur ou exceptionnel. D’où l’étonnement quand la Suède, pays du conformisme et du consensus par excellence, a décidé de ne pas suivre la voie tracée par les grands pays et l’Organisation Mondiale de la Santé.
Les Suédois ont considéré le confinement comme une réaction excessive, hystérique, et surtout une expérience grandeur nature, menée sans aucune preuve d’efficacité ni même de test préalable. Confiner tout le monde, fermer les écoles, instaurer l’état de guerre, la suppression des libertés civiles, envoyer la police arrêter les personnes sorties promener leur chien, les hélicoptères de la gendarmerie à la poursuite des alpinistes sur les cimes…
Pour eux, ce n’était ni prudent, ni raisonnable.
Anders Tegnell, l’épidémiologiste officiel de Suède, n’a jamais parlé “d’expérience” suédoise. Tout au long de l’affaire, il a répété qu’il ne pouvait recommander aucune mesure sanitaire qui n’était fondée sur aucune expérience.
Il a aussi répété qu’il ne prétendait pas avoir raison. Et qu’on allait avoir besoin d’attendre des années pour savoir qui avait fait le bon choix. Ils n’ont donc pas cherché à intervenir dans les autres pays, ni pour critiquer, ni même pour commenter leurs choix.
Son calcul était que, l’un dans l’autre, les dégâts collatéraux des confinements et des blocages liés au Covid allaient dépasser les bienfaits.
Pour l’instant, les chiffres sont plutôt en leur faveur. Mais il suffirait qu’un nouveau variant apparaisse pour que tout soit bouleversé une nouvelle fois.
La Suède ne déclarera donc pas victoire. Car tout ceci n’est pas une compétition entre pays. Les comparaisons ne sont là que pour aider chacun à tirer les meilleures conclusions, pour l’avenir.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Sources:
[1] https://www.who.int/data/sets/global-excess-deaths-associated-with-covid-19-modelled-estimates
[2] https://www.worldometers.info/coronavirus/#countries
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