Pages

Subscribe:

santé nature innovation

Vivre et travailler quand tout s’écroule

Êtes-vous frappé de la coïncidence entre la fin de l’épidémie de Covid, et le début de la guerre en Ukraine ?

Moi, oui.

Je croyais pouvoir enfin retrouver ma tranquillité et ma concentration sur mes grands projets de vie. Et patatras : me voici de nouveau happé par l’actualité brûlante, les titres de presse qui changent d’heure en heure.

C’est pourquoi mon œil a été attiré par un titre du “Courrier International” : “Comment vivre et travailler quand tout semble s’écrouler ?” [1].

Cela me paraissait un sujet important, qui concernait certainement beaucoup de monde. Malheureusement, les réponses données par la journaliste ne m’ont pas paru à la hauteur :

Les conseils des psychologues sont généralement les mêmes de part et d’autre de l’Atlantique : accepter son stress, chercher de l’aide auprès d’un professionnel, se faire du bien avec des moments réconfortants, s’entourer d’amis, tenir un journal, déconnecter de l’information en continu, être dans l’action en aidant les réfugiés, par exemple.

Cette réponse ne mange pas de pain. Mais elle est à côté de la plaque.

Face à une possible guerre nucléaire, ou même à une “simple” invasion des chars russes, ce n’est bien sûr pas le moment de chercher à se faire du bien, d’accepter son stress, ou de tenter de se déconnecter de l’information.

Il est plus important que jamais, au contraire, de rester en hypervigilance.

Quand tout risque de péter, ce n’est pas le moment de déconnecter. Vous n’avez pas envie d’être parmi les derniers à être informé qu’il faut se précipiter à la pompe pour chercher de l’essence, ou au supermarché pour faire des stocks de nourriture, ou à la pharmacie pour acheter des comprimés d’iode (qui permettent d’éviter que votre thyroïde se gorge de radioactivité en cas d’accident nucléaire).

Bien sûr, c’est fatiguant. Mais l’être humain est une machine à survivre.

Nous sommes programmés pour gérer les situations de crise. Rien ne nous déprime plus que la sensation qu’il ne se passe rien. L’ennui est le pire poison pour notre âme. D’ailleurs, notre tendance naturelle à nous inquiéter de l’avenir est un mécanisme biologique indispensable, sans lequel notre espèce aurait disparu depuis longtemps.

La liste du Courrier International contient toutefois un excellent conseil : le dernier : “être dans l’action en aidant les réfugiés”.

Quand grondent les canons, ce n’est plus le moment de faire de la sophrologie. C’est le moment d’agir. On arrête de se regarder le nombril, on se retrousse les manches et on se prépare.

Le stress nous sert de moteur pour, enfin, bouger, prendre les décisions qui s’imposent, réduire le risque d’être emporté par la vague. C’est la raison pour laquelle nous adorons les histoires, et les films, où le héros fait face à des menaces imminentes, avec un compte à rebours. Il court, saute, escalade, prend les commandes d’un bolide, d’un avion, d’un hélicoptère, pour “sauver la situation”, au dernier moment.

Il n’a juste pas le temps de faire un burn-out, et c’est ça qui est bon.

Car en effet, il est certain que la pire des choses quand le monde s’écroule est d’assister passivement au drame, ne rien faire ni pour soi-même ni pour les autres.

C’est là que vous fabriquez le plus de liquides toxiques dans vos veines et dans votre estomac. C’est là que vous vous sentez le plus accablé, déprimé, cynique, honteux, misérable.

Face aux plus grands drames, la solution est toujours de réunir toutes nos forces physiques, psychiques et morales, pour tenir et résister.

Prendre sur nos épaules le maximum de responsabilité. S’activer nuit et jour. Déplacer des montagnes.

Je vous ai déjà souvent parlé du mythe d’Atlas, ce titan qui porte le monde sur ses épaules.

C’est un rappel d’une vérité biologique fondamentale, qui est que notre organisme se renforce quand il est mis à l’épreuve, et qu’il déploient tout son potentiel et sa puissance lorsque l’épreuve est maximale. Nos muscles, nos os, nos articulations, notre cerveau, ne s’usent que quand on ne s’en sert pas.Atlas est une représentation de l’homme idéal. Il semble ployer sous le poids écrasant, il a déjà un genou à terre, mais par un acte ultime de volonté et de soumission à l’ordre naturel, symbolisé par sa nuque courbée, il parvient à bander ses muscles au maximum et à tenir le coup.

C’est pourquoi Atlas est si musclé. Et il n’est pas le seul à profiter de l’effort surhumain qu’il fournit. Grâce à lui, le monde entier tient en place, droit, dans le bon sens. Il n’est pas précipité dans l’abîme, le chaos, le néant.

C’est une invitation, dans nos vies, à prendre nous aussi sur nos épaules les plus lourdes responsabilités possibles.

Je ne sais pas si vous avez été frappé, comme moi, par ces photos qui circulent actuellement sur les jeunes qui partent en Ukraine soutenir les populations, et aider les combattants. Tandis que, dans nos rues, on voit tant de personnes qui dépriment, traînent leur vie et leur misère, ces jeunes qui vont peut-être sacrifier leur vie sont rayonnants. En voici quelques exemples pris au hasard :

Voici Wali, un sniper (tireur d’élite) canadien, marié et père d’un enfant de douze mois, qui a annoncé hier être parti pour l’Ukraine :

Wali, un des meilleurs snipers du monde, a répondu à l’appel de Volodymyr Zelensky, et rejoint l’Ukraine.
Voici Leon Dawson, un jeune anglais sans expérience militaire, parti lui aussi soutenir les Ukrainiens :

Voici Tim Maxymenko, un jeune Ukrainien vivant à Londres, qui a déclaré qu’il n’avait pas d’autre choix que de retourner en Ukraine défendre son pays et ses amis :

Voici John Stirling, un soldat écossais expérimenté, qui lui aussi a décidé de partir :

Voici Ohla, une jeune femme de 23 ans, prise en photo à Paris, aujourd’hui retournée à Kiev pour aider les volontaires qui sont venus combattre :

Je ne savais pas quoi faire pour me rendre utile. J’ai décidé d’aider les gens qui veulent venir ici pour combattre”, a-t-elle déclaré.

Aucun de ces jeunes ne semble avoir besoin de Prozac, ni songer à s’écouter et se couper du monde pour “prendre soin de lui-même”.

Leur joie provient du fait au contraire que tout leur être, leurs pensées, leur regard, sont tournés vers l’extérieur, vers une cause qui les dépasse et qui est plus importante que leur propre vie.

Dans les camps de réfugiés, ce sont les personnes engagées qui aident les autres qui éprouvent de la joie, née du sentiment d’être utiles :

Camp de réfugiés ukrainiens en Crimée.

De même, nos journalistes qui couvrent les zones de conflit nous parlent-ils toujours sur ce ton haletant si particulier, avec ce regard intense des personnes qui vivent des choses si importantes qu’elles en oublient toutes leurs misères – et les risques qu’elles courent !

Attention, je ne suis pas en train de glorifier l’engagement auprès d’un camp particulier, et je ne suis pas dupe évidemment de la propagande médiatique qui met en scène de beaux jeunes gens partis mourrir “en chantant”.

Il faut mettre à côté de ces photos les combattants épuisés, blessés, des destructions et des cadavres qui ne tarderont pas à suivre ces images romantiques.

Mais cela ne fait pas disparaître cette vérité éternelle, que les Hommes trouvent leur joie la plus profonde et la plus solide dans le sacrifice de leur propre vie pour un idéal supérieur qui les dépasse.

Et que sans cette perspective, sans effort, sans engagement, sans prise de risque, aucune technique antistress, aucune psychothérapie, aucune huile essentielle, aucun médicament n’apportera le bonheur, ni même un quelconque soulagement face au fardeau de l’existence.

A votre santé,

Jean-Marc Dupuis

The post Vivre et travailler quand tout s’écroule appeared first on Santé Nature Innovation.



from Santé Nature Innovation https://ift.tt/2LSO6Nc

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire