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J’ai bien observé le Pr Didier Raoult dans ses vidéos et il semble malgré tout un peu embêté par les diverses études défavorables à la chloroquine et l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, sorties dans la littérature scientifique.

Dans sa dernière interview (voir ici https://www.youtube.com/watch?v=DZFN3DryH68), il me paraît un peu mal-à-l’aise, notamment quand il détourne le regard en disant “On n’est pas très inquiets” (3’50’’), indiquant par son langage non-verbal qu’il l’est quand même un peu…

Il s’est fait attaquer cruellement par beaucoup de journalistes, de politiques, et de ses collègues chercheurs. Le pire d’entre eux a sans doute été le Pr David Gorski, du site “Science-Based Medicine” qui a rédigé un long article où il détruit violemment sa réputation scientifique [1].

Je trouve cela très injuste et inutilement violent.

Oui, Didier Raoult qui est un homme passionné est certainement allé très fort sur certaines déclarations, mais il a eu raison dans l’ensemble, et il n’a absolument pas à rougir aujourd’hui :

  • Il a eu raison de dire que l’épidémie de covid-19 n’allait pas ravager l’humanité, qu’elle n’allait pas entraîner un trou dans la pyramide des âges. Dans les pays qui publient des chiffres clairs sur l’âge moyen des personnes qui décèdent du Covid-19, on s’aperçoit que ce sont des personnes très âgées et souvent très malades qui meurent (âge moyen des décès : 84 ans en Suisse).
  • Il a eu raison de dire que les enfants n’étaient pas touchés.
  • Il a eu raison de dire que les personnes qui manquent de zinc ont des symptômes plus sévères quand ils contractent la maladie.
  • Il a réalisé 130 000 tests PCR, sur 50 000 personnes présentant des symptômes, puis diagnostiqué et soigné 5000 patients, avec le taux de mortalité le plus bas du monde (0,5 %). Il a réalisé 10 000 électro-cardiogrammes sur des patients prenant de l’hydroxychloroquine pour observer d’éventuels problèmes cardiaques, ce qui prouve son extrême conscience professionnelle, et qu’il fait partie des meilleurs spécialistes du Covid-19, avec une expérience clinique indéniable;
  • Il a eu raison de dire qu’il n’y avait aucune mesure particulière à prendre puisque l’épidémie allait passer naturellement, et qu’elle n’allait pas avoir de gravité exceptionnelle.
  • Il a eu raison de dire qu’il n’y avait pas de risque de seconde vague. L’Allemagne, qui a déconfiné depuis déjà quatre semaines, n’a pas vu son taux de transmission du virus remonter au plafond, comme on a pu le craindre dans les premiers jours. Aujourd’hui, ce taux est à 0,65 (un Allemand contaminé contamine moins d’une personne) ce qui indique que l’épidémie disparaît d’elle-même, ce qu’on observe en effet dans tous les pays européens.

Et je ne suis pas le seul à le dire :

Il a eu raison de dire qu’une épidémie est en cloche », a rappelé le professeur de médecine d’urgence à la Pitié Salpêtrière Yonathan Freund, rédacteur en chef de l’European Journal of Emergency Medicine.

C’est également l’opinion du professeur d’épidémiologie Laurent Toubiana, qui admet : « C’est iconoclaste, mais pas plus que l’OMS qui dit que le coronavirus peut ne jamais disparaître (…) Ma thèse, c’est qu’il n’y a pas de deuxième vague », relève-t-il [2].

Ce que j’aimerais dire au Pr Raoult si je prenais un verre avec lui…

Le problème du Pr Raoult, est que nous avons tous de la sympathie pour lui mais que nous sommes tous un peu gênés par les déclarations excessives qu’il a faites ici ou là.

On aimerait qu’il puisse sortir par le haut de cette histoire, et même accéder au statut de “héros national”, qu’il mérite.

L’erreur est humaine, surtout en médecine qui est un art, une science humaine, où les lignes sont toujours floues. Chacun a le droit de se tromper, l’essentiel étant de le reconnaître le moment venu, pour pouvoir continuer son travail sereinement. Cela ne remet pas en cause la compétence ni les réussites de la personne.

Pour sortir élégamment de la situation, et faire taire enfin la meute enragée de ses détracteurs, voici ce que je dirais, à sa place :

“Chers collègues, amis journalistes et responsables politiques qui vous intéressez, comme moi aux solutions contre le Covid-19,

A l’issue de cette épidémie qui, fort heureusement est en train de se terminer, l’important est de rassembler nos énergies pour continuer à travailler pour le bien de nos patients.

Oui, je reconnais que j’ai été trop vite en affirmant sur Youtube dès le mois de février que, grâce à la chloroquine, c’était déjà la “fin de partie” pour le Covid-19 ; oui, j’ai quelque peu exagéré en disant que cela ne ferait pas plus de morts que les accidents de trottinettes.

Je présente mes excuses à toutes les personnes que j’ai heurtées par mes propos, et je suis désolé d’avoir choqué mes collègues très attachés à la rigueur scientifique qui me reprochent d’avoir parlé trop vite au grand public.

Je ne suis qu’un médecin, chercheur, pas un spécialiste des réseaux sociaux, dont j’ai appris à mes dépens combien ils peuvent rapidement s’emballer et vous embarquer dans des aventures qui vous dépassent.

J’ai réagi avec mes tripes, cela a été très éprouvant pour moi de devoir tenir du jour au lendemain un rôle de “star” de Youtube qui n’a jamais été le mien.

Maintenant, je voudrais inviter toutes les personnes qui, comme moi, consacrent leur vie aux maladies infectieuses, à reprendre le dialogue, la coopération pacifique, les échanges constructifs.

Nous avons tous accumulé des données sur cette maladie. Le temps est venu de nous parler.

Nous avons la chance de constater que l’épidémie est en train de se terminer et, même si je ne crois pas à une seconde vague, il semble assez clair que nous allons continuer à avoir des cas ça et là qu’il va falloir traiter.

C’est cela qui est important pour les malades. Cessons les querelles d’ego, les débats stériles, dans l’espace médiatique et politique qui n’est pas le nôtre. Unissons nos forces, nos expériences, pour le bien des malades. Nous avons tous beaucoup appris pendant cette crise. Cela peut et doit aujourd’hui être mis au service du progrès médical et du bien commun.”

Voilà, c’est à peu près ce que j’essayerais de faire passer comme message, si j’était le Pr Didier Raoult. Car la vérité est que, face à tous ses collègues qui annonçaient la fin du monde, il a été d’un courage, d’une lucidité, d’une clairvoyance qui me rendent certain à 100 % que nous avons affaire à un très très grand médecin.

Rien ne serait pire pour la médecine, et les patients, qu’un tel talent soit écarté de la communauté des chercheurs pour un pur problème de communication médiatique mal maîtrisée.

Chloroquine : ni miracle ni poison

En effet toute la presse a annoncé la semaine dernière que la chloroquine est dangereuse pour les malades, selon une “immense étude” portant sur 96 000 personnes, parue dans The Lancet.

La chloroquine et l’hydroxychloroquine ne sont pas efficaces et augmentent même le risque de décès et d’arythmie cardiaque”, pouvait-on lire un peu partout, comme s’il s’agissait d’une victoire.

Le ministre de la Santé a donc convoqué en urgence le Haut Conseil de la Santé publique pour restreindre l’usage de la chloroquine.

De mon côté, j’ai été surpris qu’une si grande étude tombe, ainsi, de nulle part. Personne n’était au courant de son existence.

Renseignement pris, il s’agit d’une étude “observationnelle”, c’est-à-dire une étude faite, non par des médecins qui ont suivi des patients, mais par des statisticiens qui ont réuni par ordinateur des données issues des hôpitaux, pour essayer d’établir des liens statistiques (corrélations) entre différents phénomènes. Ce type d’études ne permet jamais de démontrer ni l’efficacité d’un traitement, ni même l’existence d’un lien de causalité.

Ce qu’on sait sur la chloroquine

On sait aujourd’hui que la chloroquine n’est ni un miracle, ni un poison en cas de Covid-19.

Il semblerait qu’elle soit utile dans la phase 2 de la maladie, c’est-à-dire au moment où le système immunitaire s’emballe et peut conduire la personne en salle de réanimation :

Oui l’hydroxychloroquine (HCQ) est utile dans le traitement du Covid19 selon la phase de la maladie : mais uniquement à titre curatif dans la phase 2 de la maladie lors de l’orage cytokinique”, explique le Dr Claude Escarguel, microbiologiste, ancien président du Syndicat des praticiens des hôpitaux généraux, dans le Quotidien du Médecin, où il relate les résultats de deux premières grandes études rigoureuses sur le sujet [3].

En revanche, le Dr Claude Escarguel indique que, selon ces études, il ne faut pas donner d’hydroxychloroquine en début de traitement à titre préventif :

“Par contre l’HCQ est partiellement contreproductive et même délicate à manipuler (cf. effets secondaires lorsqu’elle est donnée en bi-thérapie) à titre préventif en début de traitement.”

En début de traitement, ce n’est pas la chloroquine mais l’antibiotique azithromycine (AZI), également donnée par le Pr Didier Raoult à ses patients, qui serait efficace, allant jusqu’à éviter 90 % des décès !

“Oui, l’AZI joue un rôle capital dans l’action préventive des complications liées à l’infection par le coronavirus (elle évite la majorité des hospitalisations et 90 % des décès !)”

Si cela est vrai, aller embêter le Pr Raoult sur des déclarations annexes qu’il a faites ici ou là me paraît être le signe d’esprits chagrins, et peut-être même jaloux…

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

P.-S : pour ceux qui ne l’auraient pas vu, je recommande cette formidable parodie de Cyrano de Bergerac, adaptée  au Pr Didier Raoult par un internaute très littéraire et plein d’humour : https://www.youtube.com/watch?v=mo0LIzdXFkk&vl=fr

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