Itinéraire d’un cadre supérieur qui va à la catastrophe
Voici l’itinéraire typique du cadre supérieur qui va à la catastrophe.
Vous tenez à votre travail, parce que vous l’aimez. Vous donnez le meilleur de vous-même. Vous êtes même prêt à vous « défoncer pour votre boîte ».
Mais des collègues vous mettent des bâtons dans les roues.
Ils vous reprochent des fautes que vous n’avez pas commises. Ils s’attribuent vos succès. Ils vous font payer leurs propres frustrations et manquements !
Et comme ils sont habiles et rusés, ils ne se font jamais sanctionner par la hiérarchie, qui n’y voit que du feu.
La fausse solution
– « Tu n’as qu’à démissionner ! », vous disent vos amis bien intentionnés.
Mais c’est injuste !! Vous n’avez aucune envie, ni aucun intérêt à démissionner. Surtout sans avoir reçu la juste reconnaissance de votre travail et de vos compétences !!
Ce serait trop fort !
Et pourtant, le fait est que vous êtes en grave danger.
Vous êtes menacé par le burn-out.
Le burn-out, ou épuisement professionnel
Le burn-out est un épuisement professionnel. Cela ressemble à la dépression, avec des différences notables.
Dans les deux cas, on est émotionnellement épuisé.
Mais dans la dépression, plus rien ne vous intéresse. Vous ne profitez plus de la vie.
S’il s’agit d’un burn-out, vous vous intéressez encore aux choses en dehors de votre travail.
Votre confiance en a pris un coup mais vous n’avez pas perdu toute estime de vous-même.
Vous n’avez plus beaucoup d’énergie mais vous en avez encore assez malgré tout pour essayer de remonter la pente.
Comment Philippe Labro, PDG de RTL, a fait un « burn-out »
Face à des difficultés relationnelles, il y a celui qui redouble d’énergie dans le travail, pour ignorer, oublier.
Et puis un jour… il s’écroule.
Un matin, il ne peut plus sortir de son lit. Il sanglote comme un petit enfant. Il a perdu le désir, l’énergie, la passion, l’estime de soi. Il ne veut, ne peut plus entendre parler de son travail qui, pourtant, lui plaisait.
Il ressent cette terrible « tristesse sans larmes », ce « novembre de l’âme » qu’a si bien décrit Philippe Labro dans son livre « Tomber sept fois, se relever huit ».
Philippe Labro était patron de RTL en 1999 quand, soudain, il a « craqué », en plein jury du festival de Cannes.
Dans ce livre bouleversant, il évoque les effets de » la broyeuse » qui vous ronge le ventre, la tentation du suicide, la dégradation de son image, les dialogues avec le psychiatre, les antidépresseurs et leurs séquelles, un court et terrible séjour en hôpital.
C’était pourtant un homme à qui tout réussissait, en apparence. Un « hercule », pour ses amis.
Et pourtant un jour « quelque chose a changé ». Sa famille ne le reconnait plus, ni lui-même d’ailleurs lorsqu’il est à terre.
– « Lui qui était si énergique !! Comment est-ce possible ? »
Le burn-out n’est pas causé par le seul excès de travail
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le burn-out n’est pas causé par le seul excès de travail.
Nous sommes capables de fournir des efforts énormes, sans aucun danger pour notre santé, si nous sommes bien nourris, bien entourés.
« Le travail, c’est la santé ! », disaient les Anciens.
Et que dire de la vie des Inuits et des chasseurs traditionnels en Arctique ? C’était fou. Ces gens travaillaient comme des forcenés. Seize à dix-sept heures par jour, sans week-end, sans vacances. Pas une seconde de leur temps n’était perdue. Sans cela de toute façon c’était la mort.
Pareil pour les hommes qui ont défriché les forêts, asséché les marécages dans les zones hostiles du globe. Leur vie n’était que travail, travail, travail, et pourtant pas d’épidémie de « burn-out ».
En plus du surmenage, des « conflits de territoire » dans l’entreprise
C’est que le burn-out ne vient pas seulement de l’excès de travail.
Il est toujours accompagné de conflits de territoire, autrement dit des problèmes avec les collègues ou les supérieurs.
Or, avec la déshumanisation du travail, les problèmes de « territoire » sont de plus en plus nombreux, ce qui explique l’épidémie de burn-out.
Yves Rasir, éditeur de Néosanté, aime nous comparer aux grands animaux comme les cerfs qui se battent pour défendre leur territoire : bien souvent, le vieux mâle vaincu partira la tête basse et mourra d’un infarctus, chose fréquente chez les cadres supérieurs mis autoritairement à la retraite !
Dans sa lettre hebdomadaire, il explique :
« Les personnes atteintes par cette épidémie (de burn-out) ne sont pas seulement victimes de surmenage : elles vous racontent systématiquement qu’elles sont en conflit avec des collègues ou avec un supérieur hiérarchique. » [1]
Faire un pas en arrière
Il est normal qu’une telle injustice vous réveille la nuit, avec des angoisses qui finissent par vous pénaliser lourdement la journée car vos nerfs sont à vif.
L’idéal aurait été d’agir en amont. Il aurait fallu parler, défendre vos droits, crier si nécessaire, dès que vous avez senti les premiers signes que votre territoire n’allait pas être respecté.
Car rien n’est pire qu’une colère non-exprimée. C’est un poison qui vous ronge et vous rend malade, psychologiquement mais aussi physiquement.
Comme le dit encore Yves Rasir :
« Les hôpitaux sont remplis de malades qui se fabriquent des maux par incapacité à exprimer leurs émotions. »
Il cite un médecin, Julien Drouin, selon lequel :
« Les pathologies les plus sérieuses affectent particulièrement les « super-diplomates » qui s’accommodent de tout, ne s’offusquent de rien et ne font jamais de vagues. »
Développez votre capacité à vous mettre en colère !
La colère, contrairement à ce qu’on pense souvent, n’est ni un défaut, ni même une émotion négative.
Fondamentalement, c’est une réaction utile : elle supprime la peur et permet d’écarter un danger ou une injustice qui doivent cesser.
« Une sainte colère », disait-on autrefois d’une personne se mettant en colère pour défendre énergiquement une juste cause.
Un bon indicateur pour savoir si vous avez « le droit » de vous mettre en colère est de vous poser la question : « Serais-je en colère si la victime était une autre personne que moi ? ».
Mais d’une façon générale, faites-vous confiance.
Si vous sentez la colère monter, vous avez probablement une bonne raison.
Quelqu’un, quelque part, est en train d’abuser.
La qualité d’affirmation de soi (ou « assertivité »)
Après, il ne suffit pas de se mettre en colère pour défendre son territoire.
Il faut d’abord le connaitre, en délimiter les frontières. Il faut savoir ce que vous voulez protéger, ce qui n’est pas négociable pour vous ou au contraire ce que vous pouvez tolérer dans le comportement de l’autre.
Il existe une qualité de caractère souvent négligée qui est l’affirmation de soi. On dit aussi, en langage psy, « l’assertivité ».
Il s’agit de la capacité à faire valoir notre point de vue, notre intérêt, quand nous sentons que c’est légitime. On pourrait dire, la capacité à « ne pas se laisser marcher sur les pieds ».
Cela commence par votre posture : tenez-vous droit, les épaules en arrière, dans une position indiquant aux autres à la fois que :
- Vous êtes ouvert, prêt à collaborer ;
- Vous n’avez pas peur, et vous vous défendrez si quelqu’un cherche à abuser de vous.
Ce n’est (malheureusement !) qu’une fois que vous aurez développé votre bon niveau « d’assertivité » que vous pourrez suivre les conseils des très nombreux sites Internet sur le burn-out : lever le pied, prendre soin de soi, faire du sport, manger sain, se détendre, dormir la nuit, éviter de broyer du noir, etc [2].
Pour cela, il faut se faire aider : au moins par des livres, par exemple « 12 règles pour la vie » du psychologue canadien Jordan Peterson, qui vient de paraître en librairie, sur les questions de confiance en soi. Ensuite, si vous le pouvez, par l’écoute bienveillante d’un ami ou d’un psychothérapeute formé aux TCC (thérapies cognitives et comportementales).
C’est ainsi que le travail pourra redevenir pour vous une source de satisfaction… et de santé.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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