Le protocole de traitement naturel complet
Nous avons dans notre tête des trous vides, remplis d’air, qui ont des usages étonnants :
- Alléger notre tête qui est déjà, par rapport à notre corps, énorme comparée aux autres animaux, ce qui nous handicape pour la course ;
- Amortir les coups que l’on reçoit sur le visage : c’est moins utile aujourd’hui, mais à une époque, nos ancêtres ne cessaient de se battre physiquement. Ces cavités vides permettent aux os du visage de se déplacer et d’amortir les coups, comme des coussins d’air ;
- Amplifier notre voix : eh oui, c’est le principe de la caisse de résonance, bien connue pour le violon, la contrebasse et tant d’autres instruments de musique ;
- Réchauffer et humidifier l’air que l’on respire.
Ces trous, ou cavités, s’appellent les sinus.
Nous en avons environ vingt, mais nous ne faisons attention à eux que quand ils nous font mal. Quand ils s’infectent, nous souffrons de sinusite, ce qui veut dire inflammation des sinus (sinus-ite).
La sinusite, inflammation d’un ou plusieurs sinus
La sinusite est provoquée par un virus qui vient s’installer dans nos sinus. Une fois l’infection lancée, viennent en général s’ajouter des bactéries qui aggravent l’inflammation et la douleur.
Toutefois, la question est de savoir pourquoi un virus viendrait s’installer de prime abord.
Nos sinus, après tout, sont bien protégés, disposent de défenses immunitaires, et beaucoup de personnes n’y ont jamais d’infection.
Pourquoi certains d’entre nous ont-ils des problèmes, alors ?
Les causes sont bien connues : les sinus sont fragiles et vulnérables à la pollution, c’est pourquoi il y a de plus en plus de personnes victimes de sinusites dans les grandes villes polluées.
Ils détestent aussi la fumée du tabac. Les allergies (en forte augmentation elles aussi dans la population) démultiplient les risques d’infection des sinus.
Enfin, les contrastes d’air froid et chaud provoquent de brutales contractions qui causent l’inflammation des sinus : la climatisation des voitures, qui vous envoient de l’air glacé sur le visage, tandis que l’atmosphère autour de vous est à 30 ou 40°, est particulièrement dévastatrice.
Tout cela pour expliquer la forte augmentation des sinusites actuellement. (Il y a peut-être d’autres causes, non encore élucidées par la médecine).
Sinusite chronique
Une fois les sinus en état d’inflammation, ils font des sécrétions de mucus qui les bouchent. C’est le moment idéal pour qu’un virus viennent s’installer, souvent suivi de bactéries.
Il suffit alors de laisser traîner un peu, et d’une baisse de vos défenses immunitaires liée par exemple à une fatigue, un stress ou une déprime passagère, pour que votre sinusite se transforme en sinusite chronique. « Chronique » veut dire que le mal revient régulièrement ou constamment.
Votre vie est gâchée par le nez bouché, les écoulements de pus, les maux de tête et des douleurs au-dessus des yeux et dans la mâchoire. Les médecins vous prescriront des médicaments tout en sachant qu’ils ne marcheront pas en général.
Après quelques mois de douleurs, on vous proposera la chirurgie, consistant ni plus ni moins qu’à vous enfoncer des crochets tranchants dans le nez pour perforer les cavités et racler l’intérieur. Je vous laisse deviner les effets. L’opération entraîne un risque d’hémorragie, mais aussi de plaie dans les voies lacrymales. Surtout, l’efficacité n’est pas garantie. On vous installe aussi parfois un drain (tuyau pour vider le liquide dans les sinus). Mais après un soulagement passager, il est courant que l’infection reprenne de plus belle.
En effet, vos sinus ainsi agressés sont désormais la porte ouverte à toutes les infections de passage. Les patients apprennent, trop tard, qu’aucune étude n’a jamais évalué la place ni l’efficacité de la chirurgie contre les sinusites aigues non compliquées.
C’est alors, en général, qu’on se tourne vers la phytothérapie (médecine par les plantes) et les médecines douces, en désespoir de cause.
Le traitement n’en sera que plus long, coûteux et compliqué.
Néanmoins, retroussons-nous les manches et allons-y.
Le programme de traitement naturel
Le traitement comporte cinq étapes, selon le manuel de « Phytothérapie anti-infectieuse » de référence, par le Dr Paul Goetz (enseignant en phytothérapie à la Faculté de Bobigny) et le Pr Kamel Ghedira, professeur de pharmacognosie à l’Université de Monastir et spécialistes des plantes.
Il va falloir :
- Drainer et désinfecter les fosses nasales
- Éliminer la surinfection bactérienne, avec des huiles essentielles
- Éteindre l’inflammation, cause des douleurs
- Dissoudre les mucus, pour vider les sinus
- Stimuler l’immunité car, n’oublions pas, rien de ceci ne se serait produit si vos défenses naturelles avaient fait leur travail.
1) Drainer et désinfecter les fosses nasales
Pour drainer les fosses nasales, il existe plusieurs possibilités d’efficacité équivalente :
- Étaler au bord des narines de la vaseline imbibée d’huile essentielle de niaouli à 1 %. On inhale alors de façon continue des vapeurs de niaouli qui vont drainer, désinfecter et décongestionner le nez.
- On peut aussi mettre dans le nez des gouttes d’un mélange d’eau marine et de Granions (ampoules d’oligoéléments) d’argent et de cuivre.
- Pulvériser dans le nez de l’Actisoufre, vendu en pharmacie sous forme de flacon pressurisé.
À noter que ce drainage du nez gagne fortement à s’accompagner d’un drainage général des émonctoires (les filtres de l’organisme, comme le foie, les reins, les poumons, la peau…). Selon vos préférences, et la disponibilité des produits chez votre herboriste, plusieurs mélanges de plantes sont conseillés pour cela :
- La violette et la bardane
- Le radis noir et la piloselle
- L’artichaut et le sureau
Ces plantes, sous forme de tisanes ou d’extrait sec, stimulent le drainage de la peau ainsi que du foie et de la vésicule biliaire (drainage hépatobiliaire).
2) Traitement antibactérien aux huiles essentielles
Le traitement antibactérien aux huiles essentielles recourt :
- À des huiles essentielles à effet antibactérien majeur
- Sous la forme de gouttes (à avaler), de gélule et de suppositoire
Les gélules sont à prendre au rythme de 4 par jour, pendant dix jours au minimum. Ce sont des gélules de 300 mg (incluant l’excipient) contenant des huiles essentielles de Syzygium aromaticum, Pinus sylvestris et Melaleuca alternifolia à 6 mg.
Les suppositoires sont à prendre 3 fois par jour pendant au moins 10 jours. La formule diffère pour l’enfant et l’adulte :
- Chez un enfant, huiles essentielles (HE) de Myrtus communis et Pinus sylvestris aa à 0,25 g sur excipient suppocire.
- Chez un adulte, HE Origanum vulgare et Melaleuca quinquenervia à 0,35 g.
On prendra également 40 gouttes le matin, le midi, le soir et au coucher d’HE Pelargonium x asperum 1 g, Melaleuca alternifolia 1,5 g, HE Pinus sylvestris 2,5 g sur 125 mL d’alcool à 90°. Une forme améliorée est de diluer les huiles essentielles dans de l’élixir de papaïne (125 mL).
3) Traitement anti-inflammatoire
La phytothérapie offre de nombreux traitements anti-inflammatoires efficaces, dont les plus connus sont l’extrait liquide d’harpagophytum, de saule, et de réglisse. On en prend alors 40 gouttes par jour dans un verre d’eau.
Un traitement très connu également est l’extrait sec de Reine des prés, à raison de 6 à 10 comprimés de 400 mg par jour.
Toutefois, dans le cas spécifique de la sinusite, le traitement le plus commun est l’extrait de tige d’ananas, en gélules de 300 mg, 4 à 6 fois par jour. L’extrait de tige d’ananas est riche en bromélaïne, un enzyme aux effets proches de la papaïne.
Pour les amateurs de tisanes fortes, mélanger 35 g de cannelle écorce concassée, la même quantité de badiane, 15 g de rhizome de gingembre et de racine de réglisse, des fleurs de matricaire ou de menthe. Faire cuire 5 minutes dans l’eau bouillante puis laisser infuser 15 minutes.
J’aime aussi le macérat glycériné de Ribes nigrum (150 gouttes par jour). Les lecteurs latinistes de SNI savent qu’il s’agit du cassis (ribes nigrum veut dire baie noire), et c’est mon fruit préféré : pauvre en sucre, plein d’antioxydants et de vitamine C, j’en salive rien que d’y penser.
Ces traitements peuvent bien sûr être utilisés de façon alternée.
4) Dissoudre les mucus, pour libérer les sinus
L’effet fluidifiant s’obtient par les infusions de plantain lancéolé (Plantago lanceolata) : mettre 1,5 g de feuilles et fleurs séchées dans 150 mL d’eau bouillante, pendant 10 à 15 minutes.
Boire deux à quatre tasses par jour.
À noter que les maux de tête (céphalées) peuvent être atténués par la prise d’Andrographis paniculata [1].
5) Stimuler le système immunitaire
Le traitement immunostimulant se fait sur plusieurs mois et revêt plusieurs dimensions complémentaires.
D’abord les plantes classiques fortifiantes et adaptogènes : ginseng, échinacée, eupatoire perfoliée.
L’ail, bien sûr, en grande quantité : c’est un excellent apport de soufre et de substances immunostimulantes. Pour les personnes qui n’aiment pas l’ail cru écrasé, prendre 3 gélules par jour de 200 mg d’ail en poudre.
La boisson à boire chaque matin : un verre de jus d’argousier avec de la propolis fraîche (sous forme liquide).
On peut aller plus loin avec la préparation chinoise Bi Yuan Shu. Dans une étude sur la sinusite, Guo et al. ont montré que cette préparation avait un effet adjuvant satisfaisant.
Un long voyage thérapeutique
À la lecture de cette longue lettre, mes lecteurs éprouveront sans doute un sentiment de découragement devant un si long voyage thérapeutique à entreprendre.
Je comprends.
Néanmoins il ne serait pas sérieux de promettre une pilule magique pour un problème si profond et de long terme que la sinusite chronique.
Mes lecteurs qui en souffrent savent de quoi je parle… Et je suppose que, vu les désagréments de la sinusite, ils seront nombreux à se lancer dans le voyage malgré tout.
Il me reste donc à leur envoyer mes bonnes pensées, et mes souhaits de réussite. Donnez-moi de vos nouvelles et,
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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