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Chère amie, cher ami,

Si je vous demandais ce que vous espérez de votre médecin, vous me répondriez certainement : « qu’il me soigne. »

Et cette réponse serait tout à fait légitime. Il convient cependant d’analyser un peu ce qu’il y a vraiment dans cette relation entre le médecin et son patient.

Des dossiers médicaux personnels qui pèsent plusieurs kilos

Comme dans toute relation, qu’elle soit amoureuse, commerciale ou médicale, il faut que chacun ait la volonté de la faire avancer pour la rendre positive et ne pas risquer de la rompre.

Ici, il faut un juste équilibre entre le savoir et l’ouverture à l’autre.

Certes l’attitude du médecin, sa qualité et son objectivité d’écoute sont en soi autant de pansements et de médicaments. Aussi important que cela puisse être, cela ne s’apprend pourtant pas sur les bancs de la faculté.

Quand il est question d’accompagnement psychologique, la neutralité bienveillante du psychothérapeute est un préalable fondamental. D’ailleurs, tout médecin apprend et tend, avec le temps, à s’en rapprocher, du moins dans un certain idéal.

Cela dit, lorsque l’on souffre d’une maladie grave, que l’on est victime d’un accident cardiaque ou d’un cancer, on est d’abord très content de rencontrer un médecin ou une équipe hyper compétents.

Pourtant, même ces médecins spécialisés font souvent l’objet d’un même reproche: celui de ne pas être à l’écoute de leurs patients. Beaucoup de patients ont l’impression que le médecin qui s’occupe d’eux ne les écoute pas, ou tout au moins, qu’il ne les entend pas. Non, les médecins ne sont pas sourds je vous l’assure.

Même s’ils voulaient écouter les patients en auraient-ils le temps ?

Je me souviens très bien d’un chef de service, à l’hôpital Avicenne (Seine-Saint-Denis), en cancérologie (on dit maintenant plus chic : oncologie) qui se demandait comment il allait traiter dans sa matinée la vingtaine de dossiers qu’on lui apportait et dont certains pesaient plusieurs kilos. J’ai bien dit « plusieurs kilos »…

Depuis, je recommande toujours aux patients qui doivent consulter un « hyper spécialiste » de bien préparer leur dossier personnel afin de ne pas le noyer sous les informations, et de laisser un maximum de place à la relation.

Un couple qui s’est dit « oui »

Vous l’aurez compris, la réflexion et le travail, la volonté de communiquer et l’acceptation ne peuvent être à sens unique.

Le médecin a toujours (hors urgence) la possibilité de refuser de soigner telle ou telle personne. Cela, nous l’oublions souvent.

De même, le patient a toujours la liberté de changer à tout moment de praticien.

Chacun est donc libre. Un médecin et un patient, c’est un couple qui s’est choisi.

Allons plus loin, il nous faut aussi alors accepter que le médecin ne se sente pas toujours compétent devant tel ou tel problème ou avec tel ou tel patient.

Cela m’est même arrivé d’entendre une fois : « Je ne mets pas en doute vos compétences, mais qu’est-ce que vous étiez désagréable ce jour-là ! »

Et oui, il arrive aussi que votre médecin ne soit pas dans un « bon jour ». Mais, qui peut se vanter d’être en permanence sympathique et d’humeur égale ?

La relation médicale, comme toute relation, ne peut faire abstraction des événements douloureux que peut vivre l’un ou l’autre des protagonistes de ce couple…

Plus facile à dire qu’à faire, ce qui n’empêche pas d’essayer.

Cher ami, j’aimerai à nouveau vous poser une question.

Quel médecin voulez-vous ?

Un médecin compétent, bien sûr, mais comment en juger ?

Un médecin qui a le temps d’écouter, de regarder, de réfléchir, mais aussi de sourire et de savoir se faire comprendre ?

Encore une fois, en a-t-il toujours la possibilité et le pouvoir ? A-t-il le temps de s’échapper du dossier médical pour vraiment s’intéresser à la personne humaine ou bien a-t-il des excuses de ne pas savoir faire ce qu’on ne lui a jamais appris ?

On souhaite bien évidemment que tout le monde soit pris en charge de la meilleure façon, mais les énergies des soignants sont-elles inépuisables ? Les horaires et les murs des hôpitaux sont-ils extensibles à l’infini même avec la meilleure volonté de chacun ?

La notion de rentabilité, que certains admettent et que d’autres refusent, est-elle compatible avec le besoin, le souhait du patient et la qualité du soin ?

Ce sont, il me semble, des questions que l’on se pose tous. Et pour lesquelles il n’y a pas de réponses simples.

N’hésitez pas à me faire part de votre opinion sur cette question centrale à mes yeux, et d’ici là surveillez bien votre messagerie.

Docteur Dominique Rueff



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