Présence et silence : vos meilleures armes pour réconforter
Chère lectrice, cher lecteur,
Suite à mes lettres sur le Tao et sur Saint-Georges, qui évoquaient le combat contre la maladie, et ce qu’on peut essayer d’en tirer de positif, une fidèle lectrice a réagi vivement :
« Vous écrivez qu’on progresse grâce aux épreuves ; mais que faire face à une maladie dégénérative qui finit forcément mal ?? Où est le « progrès » quand on perd chaque jour un peu plus de ses moyens ?? »
C’est en effet l’ultime défi.
Face à la tragédie absolue, qui est la certitude de la souffrance et de la mort, il vaut souvent mieux ne rien dire du tout.
Savoir se taire
Le silence face à la douleur, c’est ce qu’enseigne l’histoire de Job, dans l’Ancien Testament.
Job est un homme riche, en bonne santé et heureux. Mais soudain, il perd tout et tombe gravement malade. « Job se grattait ses ulcères avec des tessons de bouteille, et les chiens venaient lécher ses plaies… », est-il écrit.
À l’annonce de ses malheurs accourent ses trois amis.
Quand ils le voient, ils déchirent leurs vêtements, se couvrent la tête de cendres, s’assoient à côté de lui, et se mettent à pleurer. Ils ne diront rien, pendant trois jours et trois nuits, ce qui est la façon la plus profonde d’exprimer leur compassion.
Danger des « bons conseils »
Les choses se gâtent cependant quand ils prennent la parole pour « conseiller » Job.
- L’un d’eux lui explique qu’il a dû faire quelque chose de mal, pour mériter une telle punition.
- L’autre essaye de le réconforter en minimisant les problèmes.
- Le troisième lui promet, contre toute évidence, que bientôt cela ira mieux…
Job, à juste titre, s’énerve. Il sait qu’il n’a rien fait pour mériter ça. Il sait que ses malheurs sont terribles, qu’il est cruel de les sous-estimer, et aberrant de lui promettre qu’il va s’en sortir alors que tout indique le contraire !
Donner de bons conseils aux personnes qui sont dans le malheur est rarement une bonne idée.
On fait cela pour aider. Mais cela peut facilement donner l’impression qu’on se croit supérieur. « À ta place, voici ce que je ferais… »
On s’efforce de trouver la solution que l’autre n’a pas trouvée. Mais la personne qui nous écoute peut facilement comprendre : « Si j’étais à ta place, je m’en sortirais mieux que toi… » et se sentir encore plus seule et désespérée.
« Comme cela doit être dur pour toi… »
S’il faut dire quelque chose, les meilleurs mots à prononcer sont sans doute « Comme cela doit être dur pour toi », « Comme tu dois souffrir », « Quel terrible malheur tu rencontres », « Comme je suis triste de cette situation et comme j’aimerais, moi aussi, que cela aille mieux… ».
On peut aussi faire des gestes comme tenir la main, regarder avec bienveillance, sourire, serrer dans ses bras, appliquer des compresses, humecter les lèvres, offrir quelque chose ou même, quand les conditions le permettent, prodiguer un bon massage. Tout ce qui montre qu’on est là, et que ce que vit l’autre personne est important pour nous. Tout ce qui est un don gratuit qui montre à la personne qu’elle n’est pas seule.
Mais reste la question de l’espoir, si nécessaire pour vivre. Qu’est-il permis d’espérer, quand la maladie ne laisse aucun espoir de guérison ?
Osons dire, même si c’est dur, qu’il nous reste malgré tout la possibilité de continuer à chercher la paix là où elle se trouve, à savoir dans la pureté de notre cœur, qui est le seul domaine où nous puissions décider, indépendamment des contraintes physiques qui nous entourent, de choisir notre chemin.
Bien à vous,
Jean-Marc Dupuis
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