Les 7 questions que je pose à une personne dépressive
Chère lectrice, cher lecteur,
Lorsqu’une personne me dit qu’elle se sent dépressive, je commence toujours par lui demander :
- Avez-vous une bonne relation d’intimité avec une personne que vous aimez et qui vous aime ?
- Avez-vous des amis qui vous soutiennent et que vous voyez régulièrement ?
- Avez-vous un travail qui vous plaît et qui a du sens pour vous ?
- Avez-vous un diplôme qui correspond à vos capacités et à vos aptitudes intellectuelles ?
- Êtes-vous en accord avec vous-même dans vos activités en dehors du travail ? (En d’autres termes, évitez-vous de faire pendant votre temps libre des choses qui vous font honte ou qui vous perturbent ?)
- Évitez-vous de boire de l’alcool de façon excessive et de prendre de la drogue ?
- Et enfin, surtout, y a-t-il longtemps que vous n’avez plus eu de gros malheur ?
Si la personne me répond oui à toutes ces questions et qu’elle se sent malgré tout dépressive, alors je considère qu’elle a, en effet, une maladie.
La maladie dépressive
Personne ne peut dire que « tout va bien » dans sa vie. Toutes les vies sont tragiques à leur façon.
Mais il y a malgré tout des personnes dont la vie est aussi agréable que possible et qui répondront oui à toutes ces questions.
Si elles se sentent malgré tout dépressives, je leur recommande vivement d’aller voir un médecin qui leur prescrira une thérapie cognitive ou comportementale (TCC), ou des antidépresseurs.
Je déteste les antidépresseurs, et je ne crois pas beaucoup à la TCC. Mais mieux vaut cela que de rester sans rien faire avec la furieuse envie de se suicider. Car, une fois que la personne est passée sous un train ou s’est jetée d’un pont, il est trop tard pour faire quoi que ce soit (et, bien entendu, les personnes dépressives ont un risque démultiplié de se suicider).
Et même sans aller jusque-là, la dépression est une catastrophe : elle fait peser un poids énorme sur l’entourage, et elle a de graves conséquences physiologiques sur la personne qui arrête de se nourrir, de se lever, de vivre normalement.
La maladie dépressive peut alors être considérée comme une maladie comme le diabète, la grippe ou l’eczéma. La médecine la soigne mal, très mal même, mais c’est mieux que rien, comme pour tant d’autres maladies. En un mois d’antidépresseurs, vous saurez si cela marche pour vous. Sinon, il faut arrêter le traitement progressivement.
Dans 90 % des cas, la personne a des raisons objectives d’être malheureuse
Toutefois, la vérité est qu’il est très rare qu’on me réponde oui à ces sept questions.
En général, les gens ont au moins un ou deux de ces sept points qui ne vont pas dans leur vie, ce qui reste supportable.
Mais attention : le tableau change si vous avez trois points ou plus qui vous manquent. Vous êtes alors en zone dangereuse.
Il est probable que vous ressentiez une angoisse ou l’impression d’être malheureux, voire très malheureux. Mais ce n’est pas la « maladie dépressive ». C’est la vie qui est difficile avec vous.
Que faire si c’est la vie qui est difficile avec vous
Il faut regarder en face le fait que nous avons des besoins essentiels en tant qu’êtres humains.
Il est normal de se sentir malheureux quand on manque d’amour, quand on ne se sent pas valorisé, quand on souffre au travail, quand des malheurs s’abattent sur notre tête, ou quand nous faisons des choses dont nous ne nous sentons pas fiers.
On se trompe si on essaye alors d’apporter une solution médicale au problème. Et c’est certainement la raison pour laquelle des études scientifiques montrent que, sur le long terme, la plupart des traitements médicaux contre la dépression échouent, TCC ou antidépresseurs [1].
Si, donc, vous répondez non à trois questions ou plus dans la liste, il est important de faire la liste des choses qui ne vont pas dans votre vie et de travailler à les améliorer.
Apprendre à « négocier avec soi-même »
L’important alors est d’être réaliste, car la vie est compliquée et on atteint facilement le point où tout paraît tellement embrouillé qu’on ne sait pas par où commencer.
Le « truc » pour vous en sortir, c’est d’apprendre à négocier avec vous-même.
Vous négociez sur la chose minimale à faire, qui vous permettra de considérer que vous avez progressé. Par exemple :
- « Quel est le strict minimum que je puisse faire pour avoir une chance de rencontrer quelqu’un avec qui je pourrais partager ma vie agréablement ? »
- « Quel est le strict minimum que je puisse faire pour me former et obtenir un métier correspondant plus à mes capacités et à mes aspirations ? »
- « Quel est le strict minimum que je puisse faire pour me détourner de cette mauvaise habitude qui ruine mon existence ? »
- « Quel est le strict minimum que je puisse faire pour manger et dormir plus régulièrement ? » (Mal manger et mal dormir sont des causes majeures et très répandues d’instabilité de l’humeur.)
Puis essayez d’avancer à petits pas sur ce point précis, dont vous avez clairement « négocié avec vous-même » qu’il était possible et réaliste.
Ne pas ouvrir grand la porte aux « serpents »
N’ouvrez pas grand la porte à toutes les choses négatives de votre vie.
Cela risquerait de vous donner l’impression d’être submergé.
Imaginez que vous êtes entouré de boîtes remplies de serpents. Si vous les ouvrez toutes à la fois, tous les serpents vous sortir d’un coup, vous piquer, et vous n’arriverez pas à les rattraper.
Ouvrez une boîte à la fois, très précautionneusement. Laissez sortir un petit serpent et écrasez-lui la tête. (C’est une image, bien sûr ; dans la nature, il faut laisser les serpents vivre tranquilles !)
Écraser un petit serpent vous donnera un premier sentiment de satisfaction, qui vous donnera l’énergie d’en faire sortir un deuxième de la boîte, puis un troisième…
Progressivement, vous allez vous aguerrir. Vous tuerez des serpents de plus en plus gros, de plus en plus vite.
Le bonheur est dans l’action
Et il y a de bonnes chances que déjà, dans ce processus, votre sentiment de malheur commence à s’envoler.
Car il faut se souvenir que ce qui fait notre joie n’est pas d’atteindre un objectif, mais de faire des pas qui nous rapprochent de notre objectif.
Ainsi, souvent vous constatez qu’une personne qui a travaillé des années pour obtenir un diplôme, se sent toute « bizarre » une fois passé l’examen. Je viens d’en faire encore l’expérience avec ma fille et son bac français.
Ce qui est bon dans la vie, c’est de se mettre en route. Faire un pas, puis un autre, dans la bonne direction.
Commencez par faire le bilan, et partagez avec moi si vous le souhaitez les points sur lesquels vous ressentez le besoin de progresser. Je serais ravi de pouvoir vous aider et vous soutenir dans votre cheminement.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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