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Famille, diplôme, exploits sportifs…il lui manquait pourtant quelque chose de vital

Le vendredi 8 mars, on pleurait la mort de Kelly Catlin.

Cette Américaine de 23 ans s’est suicidée alors qu’elle était :

  • trois fois championne du monde de cyclisme, médaillée olympique à Rio en 2016 ;
  • diplômée de génie biomédical à la prestigieuse université de Stanford ;
  • virtuose en violon (elle jouait le fameux Concerto pour violon de Tchaïkovski).

Elle était, de plus, entourée d’une famille aimante, et notamment d’un frère et d’une sœur triplés, et apprenait le chinois.

Que s’est-il produit, alors, pour qu’elle décide de mettre fin à ses jours, à un âge si jeune, avec une vie si riche et tous ses talents ?

« Une vie trop parfaite » ?

Dans les journaux, on explique que Kelly avait « une vie trop parfaite », mais aussi trop remplie de défis qu’elle n’arrivait plus à gérer [1].

Sa famille précise que Kelly était devenue dépressive après une commotion cérébrale l’an passé [2].

Ces explications sont crédibles, mais peut-être incomplètes.

Il est vrai que les commotions cérébrales (chocs violents à la tête) peuvent abîmer la « matière blanche » du cerveau, dans une zone associée aux « circuits de récompense », et ainsi provoquer anxiété et dépression.

Les footballeurs professionnels et les boxeurs, qui subissent des coups répétés à la tête, en souffrent souvent. Une étude de l’université de Pittsburgh, parue en 2015, a montré que l’on pouvait observer ces lésions à l’IRM [3].

Mais aucune étude n’indique que cela suffise à pousser quelqu’un au suicide, surtout à un âge jeune.

Concernant l’argument de la « vie trop parfaite » et les difficultés à gérer des obligations trop nombreuses, cela pose la question de savoir pourquoi cette jeune femme avait besoin d’en faire autant.

Sans doute ne connaîtrons-nous jamais son mystère. Mais manifestement ces médaillesces diplômes, ces triomphes, ne lui ont pas suffi.

C’est qu’il lui manquait autre chose, de plus important que tout cela.

Pourquoi Kelly en faisait-elle trop ?

Nous avons tous connu des personnes autour de nous qui cherchaient à se dépasser.

Ce n’est pas mauvais en soi, mais toute quête de performance extrême demande de se poser la question : « Dans quel but faisons-nous cela ? Se pourrait-il que ce dépassement de soi soit une nécessité, par exemple pour combler un manque, un vide, une angoisse ? »

J’ai eu la puce à l’oreille en regardant des photos de Kelly sur Internet. Chaque fois, j’ai ressenti une douleur, une tristesse indicible.

Elle était sur des podiums, mais, au lieu de triompher, elle paraissait ailleurs. Pas de sourire franc, mais un regard interrogateur, rempli de doute et d’un douloureux « pourquoi ? ».

Avec un peu d’imagination, on pouvait la croire au bord des larmes.

La voici, par exemple, lors d’un de ses plus grands triomphes sportifs :

 

Peut-être que son accident à la tête a été la conséquence, et non la cause, de son mal-être. Si elle tirait si fort sur la corde, c’était peut-être… pour la rompre.

Ainsi, il en va de beaucoup de sportifs de l’extrême qui trouvent dans les exploits une échappatoire, malheureusement provisoire.

Mais nous, les gens « normaux » (si l’on peut dire), nous n’échappons pas forcément à ce mal.

En remplissant nos agendas à ras bord… en consultant nos smartphones dix fois, cinquante fois, cent fois par jour… en travaillant comme des forcenés… en éprouvant le besoin de partir en week-end, sur la route, dans les embouteillages, à tout bout de champ… en perdant peu à peu la capacité à nous arrêter, à rester seul, à lire tranquillement ou à écouter une musique assis dans un fauteuil, sans rien faire d’autre…

En tombant dans la frénésie consommatrice des supermarchés, du shopping, des sites de vente sur Internet, qui peuvent nous absorber pendant des heures…

En oubliant peu à peu de faire silence en nous, longuement, et régulièrement…

N’est-ce pas, au fond, la même fuite, la même tentative désespérée de combler un vide, une angoisse, d’échapper à une peur qui nous poursuit ?

Oser regarder l’ennemi en face

C’est l’occasion de relire ce petit poème que l’on m’a envoyé l’autre jour :

Ce que lon réprime, simprime
Ce à quoi on résiste, persiste
Ce que lon fuit, nous poursuit
Mais ce à quoi on fait face… sefface.

Tant il est vrai que la solution n’est pas la fuite en avant, d’essayer de faire toujours plus, toujours mieux.

C’est au contraire de s’arrêter, de faire face à cette angoisse, de l’examiner, de lui parler.

En parler aussi, avec un ami ou une personne bienveillante. L’analyser, l’apprivoiser. Sans chercher à l’éliminer forcément de notre vie. Mais faire en sorte de la connaître pour pouvoir vivre avec elle. Et ainsi lui faire perdre son caractère menaçant et oppressant.

L’empêcher de nous pousser dans les extrêmes. De nous pousser au désespoir. L’empêcher de faire de nous son esclave.

Et ainsi redevenir maître chez soi. Reprendre les commandes de notre propre vie. Pour aller où nous avons décidé d’aller, et non plus là où elle a décidé de nous pousser.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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