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Si je ne devais emporter qu’une plante sur une île déserte…

Ce serait la bardane.

Vous connaissez cette plante qui fabrique des boules qui s’accrochent aux cheveux, aux poils des animaux, aux vêtements. Les enfants aiment jouer à se les lancer.

Bardane
En 1941, le Suisse George de Mestral eut l’idée du velcro, après avoir passé une soirée entière à retirer les têtes de bardane qui s’accrochaient à son chien et à son pull-over suite à une partie de chasse. « Vel » pour velours et « cro » pour « crochet », le velcro étant constitué d’une partie de petits crochets et d’une autre faite d’une substance douce [1].

En général, la bardane est considérée comme une mauvaise herbe, tout juste bonne à être passée au Round-Up, ou à subir le sacrifice du feu pour les plus écologistes.

Mais c’est encore une de ces (innombrables) victimes d’injustice. Car la bardane est le cas typique de la plante médicament et aliment, qui certes pousse comme une mauvaise herbe, mais n’en est pas une.

La plante idéale sur une île déserte

J’emporterais la bardane sur une île déserte car c’est une plante peu exigeante.

Elle s’implante toute seule sur les terrains vagues. Pour cette raison, on la désigne comme plante « pionnière ». Il suffit de la semer à tout vent, elle trouve le moyen de croître.

Elle est médicinale et peut se manger. J’y reviens bien sûr plus loin.

Mais avant cela, j’insiste sur le fait qu’elle a d’autres usages. Ses feuilles immenses peuvent servir de chapeau pour se protéger du soleil, ou de parapluie.

Bardane
Ses feuilles peuvent aussi être séchées et fumées, ce qui est toujours appréciable quand on est sur une île déserte et qu’on n’a pas souvent l’occasion de se distraire.

 

La plante – trousse à pharmacie

La bardane est surtout mise en avant dans le commerce pour la beauté et la pureté de la peau, donc en fait principalement contre l’acné et les boutons.

Mais elle est aussi délicieuse sur les articulations douloureuses : ses feuilles fraîches s’appliquent broyées, en cataplasme, sur les gonflements articulaires et l’arthrite aigüe [2].

Elle est employée en médecine orientale contre l’appendicite : boire ½ verre de jus de bardane. Contre les anémies : on prépare des kinpira (littéralement « morceaux précieux aplatis ») de bardane. Cela consiste à faire cuire dans une poêle des allumettes de racine fraîche de bardane. On fait sauter les morceaux 2 ou 3 minutes dans l’huile, on ajoute de l’eau et on laisse mijoter jusqu’à ce qu’ils soient tendres. Assaisonner de sauce tamari puis laisser sur le feu doux jusqu’à évaporation complète.

La décoction de semences de bardane (10 à 20 g par tasse d’eau) soulage les crampes d’estomac.

Appliquer la pulpe sur la peau pour soigner les piqûres d’insecte et les morsures de vipère.

La bardane est souveraine contre les furoncles, eczémas, teignes, les croûtes et gales du lait : il faut alors appliquer sa pulpe directement sur la zone à traiter.

Macérées dans l’huile d’olive, ses feuilles fraîches hâteraient la cicatrisation des ulcères aux jambes et des plaies en général.

Son action externe peut être doublée par l’absorption d’une tisane concentrée qui nettoie l’organisme.

La bardane est en effet diurétique (fait faire pipi) et aide donc à éliminer les toxines. C’est une plante dite « dépurative ».

De nombreux autres usages médicinaux de la bardane sont cités sur la fiche donnée en référence [3].

Combien de personnes la bardane a-t-elle sauvées de la famine ??

Combien de personnes la bardane a-t-elle sauvées de la famine ?? Même si on l’a oublié, la bardane fut énormément consommée dans nos campagnes.

Les jeunes pousses se mangent crues, tout juste sorties de terre. Il faut simplement les peler pour enlever la partie amère.

De même les très jeunes feuilles, qu’on peut aussi faire cuire ou fermenter comme de la choucroute pour les conserver.

La moelle de ses grosses tiges se mange cuite, mais aussi les côtes de ses feuilles.

Elle est dotée d’une grosse racine charnue qui pouvait être consommée en tant que légume, mais aussi être torréfiée (brûlée) pou remplacer le café.

Au Japon, des variétés de bardane moins amères et plus tendres ont été mises au point : elles sont apprêtées en légume, comme la carotte, le panais ou le salsifis.

Il me semble difficile ou impossible de trouver une plante qui ait plus d’usages pratiques, médicinaux ou alimentaires.

Quand je vois de la bardane au cours de mes promenades, je pense toujours à l’ingéniosité étonnante qu’il a fallu pour créer cette plante multi-usages. On nous dit que cela s’est fait tout seul, c’est « l’évolution » naturelle des espèces.

Si je comprends bien, c’est le hasard ; aussi bien la bardane aurait-elle pu ne servir à rien pour l’homme… Oui, mais justement, elle sert pratiquement à tout. Quel mystère donc, et quel émerveillement !

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

PS : cela n’a rien à voir mais, en parlant d’île déserte, je viens de revoir l’extraordinaire film « Seul au monde » (Cast away) avec Tom Hanks, qui date de 1999. Si vous ne l’avez pas vu, je vous encourage à vous jeter dessus. C’est un film incroyable, l’histoire d’un employé de Fedex (transport de colis) qui se retrouve seul pendant 5 ans sur une île du Pacifique après un accident d’avion. Miraculeusement, il en réchappe mais, quand il retourne chez lui, le choc est pire encore. Il a vécu des événements si intenses et dramatiques qu’il ne peut pas les partager. Sa solitude reste donc aussi intense maintenant qu’il a retrouvé la civilisation et ses amis. Il se résigne à reconstruire sa vie à zéro, sans compter sur aucune des personnes qu’il avait connues avant, et qui ne peuvent plus le comprendre. C’est une méditation d’une insondable profondeur sur la destinée humaine, où l’homme est condamné à la solitude au milieu de ses semblables. Et le jeu d’acteur de Tom Hanks est fascinant. Le film a été tourné en deux fois, à une année d’intervalle, pour lui laisser le temps de maigrir, bronzer et de se laisser pousser la barbe et les cheveux, de manière à prendre l’allure d’un Robinson Crusoë qui a dû s’acclimater à la vie sauvage. Et de fait il est méconnaissable. J’avais de la peine à croire que c’était toujours lui, et ce n’est qu’en scrutant ses yeux bleus que je l’ai reconnu. Absolument fascinant. Du très grand art. Je me réjouis pour vous de découvrir ce film si vous ne l’avez pas encore vu.



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