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Bonjour, ce sont vos glandes sudoripares qui vous parlent aujourd’hui… Le Pr Henri Joyeux nous a laissé nous présenter car nous sommes méconnues, moquées même parfois, quand nous fonctionnons trop.

Il est donc important que nous nous présentions, car vous le verrez et pourrez le vérifier vous même, nous vous sommes très utiles.

Qui sommes-nous ?

On nous appelle aussi glandes sudorales, ce qui fait référence à la sueur. C’est bien vrai, nous sommes faites pour éliminer des produits inutiles ou dangereux dont votre corps n’a pas besoin.

Nous existons pour vous aider à transpirer.

Nous sommes le cinquième « émonctoire » capable de vous aider à éliminer ce dont vous n’avez pas besoin (les autres émonctoires sont les reins qui filtrent les urines, l’intestin et le côlon pour les matières, le foie avec la bile et les poumons avec le gaz carbonique).

En plus de la sueur dont je vous dirai la compostion, nous sommes aussi capables d’éliminer des hormones ou phéromones.

Où sommes-nous situées dans votre corps ?

Nous sommes très proches de la surface de la peau, en très grand nombre immédiatement sous et dans la peau.

Les spécialistes distinguent deux types de glandes sudoripares et leur ont donné des noms complexes.

Il y a les glandes non liées à des poils, dites « eccrines » [1]

Ce sont les plus nombreuses, 3 à 5 millions, avec une densité de 200 par centimètre carré de peau. Nous sommes plus dans la paume de mains que sur leur dos, plus dans la plante des pieds que sur le dessus et à ce niveau elles peuvent être très concentrées : 600 par centimètre carré, comme sur le visage au niveau du front.

Remarquons que nous sommes absentes au niveau des zones intimes (petites lèvres et clitoris chez les femmes et gland chez les hommes).

Nous, les glandes sudorales, nous avons un très petit canal excréteur, vertical, qui débouche sur un pore en forme d’entonnoir à la surface de la peau. C’est par là que nous éliminons un type particulier de sueur.

Ce que nous fabriquons et pourquoi ?

La sueur que nous fabriquons est un liquide hypotonique, qui dérive de la partie liquide du sang (le plasma) par un phénomène de filtration passive.

Il y a donc 99 % d’eau et des sels de chlorure de sodium – d’où l’odeur et le goût salé de cette sueur –, et en moindre quantité du potassium, du calcium et du magnésium. C’est cette eau que vous transpirez quand vous avez des bouffées de chaleur nocturne. C’est aussi vrai chez les hommes que chez les femmes, mais les raisons en sont différentes.

Nous participons à la régulation thermique de votre corps et jouons en plus notre rôle de défense immunitaire de votre peau.

Quand vous avez de la fièvre, quand vous faites des efforts intenses, ou quand il fait très chaud, nous humidifions la surface de votre peau et des poils. L‘eau va alors s’évaporer et ainsi abaisser la température de votre corps.

L’épiderme est ainsi hydraté, ce qui est important pour participer à la barrière de défense immunitaire de votre peau grâce à d’autres molécules.

En effet, le 1 % restant de ce que nous fabriquons, ce sont des composés dits organiques, en particulier de l’acide lactique. Cet acide, vous le savez bien, est un déchet qui se forme dans les muscles après l’activité sportive. Il peut créer des douleurs musculaires et des crampes elles aussi douloureuses. Cette élimination est nécessaire et, le savez vous, l’alcool consommé en excès empêche cet acide de sortir. Il risque alors de rester dans le sang et d’augmenter son acidité, d’où ce que vous appelez, vous les humains, l’acidose. C’est votre sang qui a tendance à s’acidifier, en baissant très légèrement son pH, normalement compris entre 7,38 et 7,42.

Sachez aussi que la formation de l’acide lactique s’accompagne d’une formation d’hormone de croissance par votre corps, au niveau de la glande spécialisée (hypophyse à la base du cerveau). D’où l’importance de l’activité sportive durant l’enfance pour favoriser la croissance, sans excès cependant.

Méfiez-vous :

  • De l’alcool après le sport si vous voulez arroser votre victoire. En effet, celui-ci peut nuire à l’élimination de l’acide lactique.
  • Des produits laitiers qui apportent 4 fois trop de calcium, car cet excès neutralise l’assimilation du magnésium par les cellules musculaires.

Si vous avez de fortes crampes, étirez-vous, buvez de l’eau minéralisée, consommez des fruits frais de saison, de proximité et si possible bio, ou l’excellent mélange citron miel avec beaucoup d’eau.

Pour le magnésium choisissez amandes, sésame, chocolat noir (2 à 4 carrés). Pour le potassium choisissez les bananes, les noix et noisettes, avocats et abricots secs.

En plus de cet acide lactique, nous fabriquons d’autres petits acides (petits parce qu’ils sont à chaîne courte) : les acides acétique, propionique, butyrique et même l’acide urique, qui n’est autre que l’urée que vous éliminez aussi par les urines. Une des raisons de votre forte odeur quand vous transpirez.

Ainsi le pH de votre sueur est plutôt acide, variant entre 3,8 quand vous transpirez grâce à une bonne activité physique et 6,5 quand vous transpirez sans rien faire, l’été par exemple au soleil. Cette acidité de la peau vous est bénéfique car elle empêche la multiplication des bactéries sur la peau.

Une particularité : nous, les glandes sudoripares, jouons un rôle particulier au niveau des bourses ou scrotum chez l’homme. En effet, les testicules doivent rester à une température constante inférieure (33 à 34°C) à celle de l’intérieur du corps, pour les laisser fabriquer régulièrement des millions de spermatozoïdes. C’est une des raisons pour lesquelles ils sont suspendus en dehors du corps.

Il y a aussi les glandes liées à des poils, dites les glandes mérocrines [2] ou apocrines [3]

Nous sommes cachées sous vos aisselles et au niveau des zones intimes du pubis et des parties génitales où la pilosité est abondante, mais aussi autour de la zone intime des mamelons et de l’anus. Nous sommes fortement stimulées par vos émotions, de quelque nature qu’elles soient.

Nous sommes plus grosses que nos cousines eccrines, car notre canal excréteur est au niveau d’un poil que les spécialistes appellent follicule pileux.

Nous fabriquons de la sueur comme les cousines, mais aussi des molécules faites de lipides et protéines telles qu’hormones et phéromones.

Voilà pourquoi vous parlez, vous les humains, des « odeurs de transpiration ». Nous fabriquons tout cela surtout à partir de la puberté, donc sous l’influence du fonctionnement hormonal des ovaires et des testicules.

Cette sueur peut être épaisse, un peu laiteuse, alcaline et riche en corps gras, cholestérol (en excès) et acides gras. Elle peut donc être malodorante, car elle favorise en plus la sortie de bactéries enchâssées dans la peau, ainsi que les pesticides de notre environnement et autres toxiques comme les métaux lourds, que nous respirons, mangeons, ou que notre peau absorbe.

Ces produits toxiques pour l’humain sont stockés dans le tissu gras (lipophile), sous la peau. Nous sommes capables de les éliminer, mais pour cela, vous avez intérêt à vous bouger, à avoir une bonne activité physique et sportive pour nous faire fonctionner à votre service.

C’est aussi ce que vous appelez « l’odeur sui generis », « odeur si particulière qu’on ne peut la définir simplement ni la confondre avec une autre ».

Chez les animaux, ces odeurs permettent la reconnaissance mutuelle, le territoire, l’attraction sexuelle, et il est très probable que cela soit vrai aussi entre vous les humains.

Eccrines et mérocrines, nous sommes donc les glandes transpirantes par excellence

La transpiration est sous la dépendance de cellules nerveuses très spéciales, les neurones thermorégulateurs présents au niveau d’un noyau spécial au centre du cerveau, l’hypothalamus.

Ce noyau central du cerveau active le système nerveux dit autonome ou végétatif dès que la température du corps augmente.

Cela explique les sueurs émotionnelles, telles les sueurs froides lors d’une peur intense, d’une gêne ou d’un état nerveux [4].

Au total, nous délivrons votre sueur en quantité différente sur votre corps, approximativement 50 % au niveau du torse, 25 % au niveau de la tête et des bras et 25 % au niveau des membres inférieurs, surtout des pieds.

Une forte émotion crée très vite une forte transpiration de vos aisselles où nous sommes très actives, plus rapidement que lors d’une forte chaleur. C’est une des raisons qui vous fait transpirer quand arrive la ménopause. Vos ovaires répondent alors de moins en moins aux stimulations hormonales venues de la petite glande hypophyse à la base du cerveau. L’hypothalamus essaye de prendre le relais, mais agit alors surtout sur le système émotionnel.

Jour ou nuit, la moindre émotion peut vous donner des bouffées de chaleur et donc une transpiration gênante.

Nous pouvons fabriquer jusqu’à 1 litre de sueur par jour, et cela peut aller jusqu’à 5 à 10 litres par jour quand vous nous faites travailler dur ou quand vous êtes malade, en particulier avec beaucoup de fièvre.

Ainsi nous jouons un triple rôle, que vous devez bien connaître si vous voulez rester en bonne santé :

  • Nous régulons la température du corps qui ne doit pas monter au delà de 40°C. L’objectif qui nous a été fixé par la nature est de maintenir la température constante moyenne autour de 37°C. Le risque mortel est au delà de 41.6°C. Le maximum connu est 42.7°C, mais il faut tout faire pour l’éviter en utilisant des antipyrétiques.
  • Nous éliminons des toxines et des déchets métaboliques stockés trop souvent sous ou même dans votre peau, que vous ne devez pas garder dans votre corps.
  • Nous protégeons votre peau des agressions extérieures grâce au mince film hydrolipidique [5] que nous sommes capables de fabriquer pour augmenter vos défenses immunitaires.

Quand votre transpiration se dérègle…

En pathologie il peut y avoir des excès ou des insuffisances de transpiration.

Les excès sont nommés par les spécialistes hyperhydrose [6], ce qui peut être fort gênant au niveau des mains et même handicapant quand on serre la main trempée de sueur, quand on tient le volant, quand on prend son enfant dans les bras…

Si vous avez ce handicap, surtout présent au niveau des mains, nous vous conseillons une petite opération qui va régler le problème de manière définitive. Le chirurgien réalise par endoscopie une section de tel ou tel nerf sympathique. Ces nerfs appartiennent au système nerveux végétatif, celui qui ne dépend pas de notre volonté, mais des réactions involontaires que nous pouvons avoir face à tel ou tel événement.

  • C’est la sympathectomie thoracique qui désactive notre fonctionnement excessif au niveau des mains, donc s’il s’agit d’une hyperhydrose des mains.
  • C’est la sympathectomie lombaire s’il s’agit d’une hyperhydrose des pieds.

Il est vrai que le problème peut être réglé au niveau des mains ou des pieds, mais nous ne nous laissons pas faire complètement, car vous avez besoin de nous. Nous compensons alors par ce que les spécialistes appellent une hyperhydrose compensatrice. Donc nous fabriquons plus de sueur au niveau du dos, de la poitrine, de l’abdomen, sur les jambes, la face et aussi les fesses.

Il est des situations où vous nous stimulez, où vous nous forcez à fabriquer de la sueur en excès. On compte en France de 650 000 à 2 millions de personnes qui souffrent d’hyperhydrose, pour différentes raisons :

  • En cas d’obésité
  • Quand votre thyroïde est déréglée (cette glande joue un rôle essentiel dans la thermorégulation). Quand elle fabrique trop d’hormones thyroïdiennes, la température du corps augmente, créant une hypersudation
  • À la ménopause, lorsque la femme développe de fortes « bouffées de chaleur »
  • Chez les diabétiques dont le taux du sucre dans le sang se dérègle
  • Au décours de maladies créant de fortes hyperthermies, le paludisme, des maladies cancéreuses telles que les lymphomes, ou d’autres pathologies cancéreuses à un stade avancé.

À l’inverse, l’anhidrose est une insuffisance de formation de la sueur, car nous sommes « à sec ». Ce peut être dans une zone limitée du corps ou même sur l’ensemble du corps, d’où des troubles de la thermorégulation et une forte intolérance à la chaleur.

Vous l’avez compris, nous, les glandes sudoripares, avons un rôle non négligeable pour éliminer des produits toxiques qui vous atteignent et en plus jouer un rôle de protecteur immunologique.

Faites-nous donc travailler au moins deux fois par semaine en ayant une activité physique qui vous oblige à transpirer et votre santé n’en sera que plus améliorée !

Très prochainement nous envisagerons les autres zones du corps chargées de rejeter tout ce qui ne vous convient pas.

De belles semaines sportives en perspective, où nous vous aiderons à éliminer vos éventuels excès.


Très bonne fin de semaine à tous

Professeur Henri Joyeux

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