« Vous chantiez ? J’en suis fort aise. Eh bien, dansez, maintenant ! »
Rien de plus facile que de décréter un confinement, quand on est Président.
Une apparition à la télévision, un ordre donné à la Police, et tous les citoyens restent chez eux.
Vous pouvez faire ça par sens des responsabilités, par courage, par anticipation…
Personne ne pourra le contester.
Plus difficile, quand on est Président, de résoudre les problèmes causés par le confinement.
–> Quand tous les travailleurs, tous les transporteurs, toutes les douanes sont fermées pendant plusieurs semaines…
–> Quand les entreprises ne fonctionnent plus et que la production, les commandes, les projets s’arrêtent…
–> Quand les travailleurs ne travaillent plus, ne produisent plus de richesse et ne paient plus d’impôts…
–> Quand il faut, au même moment, subvenir aux besoins de millions de personnes venant réclamer de l’aide…
Vient un moment où les choses les plus évidentes ne le sont plus.
Pas de famine en France, mais…
En 1950, quand la moitié des Français étaient cultivaient la terre pour produire de la nourriture, interdire aux gens d’aller au travail aurait signifié la famine à court terme.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Avec l’agriculture industrielle, personne dans les pays occidentaux n’est menacé de la famine à cause du Covid.
Mais les dégâts affectent malgré tout l’économie en profondeur, et les gens commencent à s’en rendre compte dans les pharmacies.
34 fois plus de pénuries de médicaments qu’en 2008 !
Les pénuries de médicaments, qui étaient déjà fréquentes avant le Covid, se sont durement aggravées.
Selon l’Agence du médicament ANSM, » l’année 2019 atteint un record avec 34 fois plus de pénuries signalées qu’en 2008 « .
Pour ceux d’entre nous qui n’ont plus 20 ans, et qui se souviennent des années 1990 et 2000, les pénuries de médicaments n’existaient pas.
On n’imaginait pas qu’un jour, en France, dans ce pays qui avait la « meilleure médecine du monde« , des cancéreux, des enfants cancéreux, seraient privés de traitements.
Nous regardions à l’époque, avec effroi, les pays d’Afrique où des enfants mouraient sous les yeux de leurs parents impuissants, à cause d’un simple manque de médicaments de base. Nous trouvions cela scandaleux, inhumain. Nous nous hâtions de donner à Médecins Sans Frontières, à l’UNICEF. Et nous croyions dur comme fer que, tôt ou tard, tout cela ne serait plus qu’un mauvais souvenir.
Si quelqu’un, en France, nous avait annoncé qu’en 2020, des centaines seraient en pénurie, nous l’aurions pris pour un guignol, un paranoïaque, un complotiste.
Mais voilà.
Les années ont passé et l’impensable s’est produit.
L’impensable s’est produit
Sur le site de l’Agence du Médicament existe désormais une triste page, permanente, où figure la liste des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur qui sont en rupture de stock.[1]
Actuellement (j’écris mardi 29 septembre 2020 au matin), sont signalés des rutpures ou des tensions d’approvisionnement sur des médicaments aussi classiques que l’amoxicilline, l’augmentin, le bactrim, le clamoxyl, le célèstène (des antibiotiques), l’euthyral (médicament pour la thyroïde), le levodopa (pour la maladie de Parkinson), ainsi qu’une liste interminable de médicaments contre le cancer.
Pour les patients qui ont besoin de ces médicaments immédiatement (c’est toujours une question d’heures, pour ce type de médicaments), c’est une tragédie.
Les oncologues (médecins du cancer) constatent massivement une détérioration de la survie à 5 ans de leurs patients à cause de cette pénurie.[2]
Un avant-goût de ce qui nous attend
Et pourtant ceci n’est peut-être qu’un avant-goût de ce qui nous attend le jour où nous aurons vraiment des problèmes.
Le Président, le Ministre de la Santé peuvent s’agiter autant qu’ils veulent : ils n’ont aucune prise sur les événements puisque :
- la plupart des médicaments ne sont plus fabriqués en France
- ceux qui le sont ont besoin de matières premières importées de l’étranger (et souvent de très loin, les principaux pays fournisseurs étant la Chine, l’Inde et les Etats-Unis)
Et la mauvaise nouvelle est que le Président ne peut rien y faire.
Fabriquer des médicaments est compliqué, coûteux. Cela réclame un savoir-faire et des moyens que nous n’avons plus en France.
Ces deux dernières décennies, nous ne nous sommes pas aperçus que de nombreux pays sortaient de la pauvreté et sont désormais capables de payer leurs médicaments plus cher que nous. En France, les prix de vente sont moins élevés et les coûts de production plus élevés qu’ailleurs.[3]
Comme pour tant d’autres secteurs, les industriels ferment les usines chez nous. Il est impossible d’aller les chercher à l’étranger avec des baïonnettes pour les obliger à rouvrir des unités de production sur notre sol. La main-d’œuvre qualifiée, les financements, les connaissances ne sont tout simplement plus là.
Les médicaments ne sont pas un « acquis social »
C’est ainsi qu’on découvre, un peu tard, que la production de médicaments n’est pas de « droit divin ».
Ce n’est pas un « acquis social » pour les Européens, ni un « droit inaliénable ».
Il faut des hommes, pour le faire, qui se lèvent le matin, embauchent du personnel, le gèrent, investissent de l’argent et parviennent à retirer assez de bénéfices pour maintenir leur activité sur le long terme. Il faut de la chance aussi, pour faire les découvertes et trouver des moyens réalistes de produire les médicaments, avec les matériaux dont on dispose.
Il faut du temps, aussi. « Rome ne s’est pas faite en un jour« . Les processus industriels mettent des dizaines d’années à se perfectionner. Lorsqu’une usine est démantelée, il faut des années ensuite pour la remettre en route, le temps de former le personnel et de réaliser les millions d’essais et d’erreurs nécessaires pour arriver à un bon résultat.
Jusqu’à il y a peu (disons, avant le confinement), nous avions encore l’illusion de la sécurité parce que les rayons de nos pharmacies débordaient de boîtes chatoyantes. Seuls quelques « malchanceux », touchés par des pénuries de médicaments rares, savaient que quelque chose clochait.
Aujourd’hui, on sait avec le Covid que la France peut se retrouver à cours de produits essentiels en quelques jours, si le commerce est interrompu avec l’Asie. Comme nous avons manqué de masques et de gel hydro-alcoolique, nous pourrions manquer de pratiquement tous les médicaments, en quelques jours, s’il se produisait un événement géopolitique majeur (guerre, embargo, retour d’une pandémie).
Se former, d’urgence, aux médecines naturelles
Les personnes qui, entre temps, se seront formées aux médecines douces ; qui connaîtront les gestes qui sauvent, les aliments qui soignent, les plantes qui guérissent, les nutriments qui préviennent les maladies chroniques, les huiles essentielles de secours, et qui surtout auront préservé leur santé par un mode de vie sain, se diront alors « merci ! ».
Je prêche pour ma paroisse ? Sans doute.
Personne n’est obligé de me lire, et encore moins de me croire, et encore moins de suivre mes conseils…
Mais je vois beaucoup de signes autour de moi qui confirment que nous sommes en train de changer d’époque. Et comme toujours, dans l’histoire, le retour de balancier pourrait nous emmener loin, fort loin, de l’hyper-abondance et de l’hyper-consommation à laquelle nous avons été habitués jusqu’ici.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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