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Les malades d’Alzheimer sont livrés en pâture aux lobbys.

La Haute Autorité de santé (HAS) a appelé, le 21 octobre, au déremboursement des médicaments contre l’Alzheimer [1].

Selon les experts, aucune étude fiable ne montre que ces médicaments soient efficaces. Par contre, ils ont une kyrielle d’effets indésirables parfois très graves : troubles digestifs, cardio-vasculaires, cauchemars, crises d’angoisse, crampes et rhinites pour les plus notables [2].

Mais la ministre de la Santé, Marisol Touraine, ne veut rien entendre : « Je ne suivrai pas lavis de la Haute Autorité de santé », a-t-elle déclaré sur RTL [3].

Marisol Touraine défend-elle les patients… ou Big Pharma ?

À première vue, Marisol Touraine semble défendre l’intérêt des patients. Elle sait que toute mesure de déremboursement est impopulaire.

Mais elle n’est pas dans son rôle quand elle incite les malades à prendre des médicaments qui ne marchent pas et qui risquent de leur donner des ennuis de santé supplémentaires.

Selon une vaste étude menée à Montpellier, Bordeaux et Dijon, qui a suivi plus de 10 000 personnes en France, celles qui ont reçu des médicaments contre l’Alzheimer ont un plus mauvais pronostic et terminent plus souvent que les autres en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) [4].

Une maltraitance envers des patients vulnérables

Selon le Dr Philippe Nicat, médecin enseignant à l’université de Limoges :

« Maintenir le remboursement de ces traitements, donc leur prescription par les médecins, c’est en réalité exposer les patients à des effets secondaires parfois très graves.

Ces médicaments peuvent en effet susciter des troubles du rythme cardiaque et rendre nécessaire, par la suite, la pose d’un pacemaker. Ils peuvent provoquer des chutes, donc des fractures du col du fémur, qui se termineront par la pose d’une prothèse totale de hanche.

Tolérer de tels effets secondaires en l’absence de bénéfice constitue une maltraitance envers des patients particulièrement vulnérables [5]. »

Big Pharma se frotte les mains

Il y a, bien sûr, un grand gagnant dans l’affaire : le lobby pharmaceutique (Big Pharma).

Tant que les médicaments contre l’Alzheimer continuent à être remboursés, les laboratoires pharmaceutiques ont la garantie de continuer à faire des ventes.

Or l’Alzheimer est pour eux une manne financière fabuleuse.

Selon le journal Libération (19 octobre 2016), « depuis près de vingt-cinq ans, ce sont plusieurs milliards d’euros dépensés en pure perte pour le remboursement » des médicaments contre l’Alzheimer [6].

Marisol Touraine n’en est pas à son premier coup

Marisol Touraine n’en est pas à son premier coup. Elle a fait la même chose il y a peu avec les olmésartans, les médicaments les plus courants contre l’hypertension artérielle.

En avril 2015, la Haute Autorité de santé avait jugé que ces médicaments étaient inefficaces contre l’hypertension, et pouvaient provoquer une très grave maladie, l’entéropathie, une affection du tube digestif qui entraîne de fortes diarrhées et la perte de plusieurs dizaines de kilos.

Le verdict était clair : médicaments dangereux (et coûteux), à dérembourser au plus vite.

La décision de la ministre : maintenir la prescription et le remboursement.

Après des mois d’inaction, et donc de mise en danger des patients, un déremboursement a été prévu pour le 3 juillet 2016.

Puis la date a été repoussée au 2 janvier 2017.

« Six mois de risque en plus pour les patients, mais six mois de bénéfices gagnés pour les fabricants », explique le Dr Philippe Nicot.

Même chose qu’avec le Médiator

Rappelons que c’est le même mécanisme absurde qui a conduit à la tragédie des 1 500 victimes du Médiator.

Les médicaments de la classe du Médiator (fenfluramines) ont été définitivement interdits aux États-Unis dès 1997, pour cause de valvulopathies cardiaques et d’hypertension artérielle pulmonaire.

Pourtant, dès 1999, la Commission de la transparence avait proposé le déremboursement du Médiator au vu de son peu d’intérêt thérapeutique. En vain [7]. Vous connaissez la suite…

Lettre aux personnes qui accompagnent des malades d’Alzheimer

Dans son livre Les Médicaments en 100 questions, le Pr François Chast, professeur de pharmacie, explique lui aussi que les médicaments anti-Alzheimer font plus de mal que de bien. Il appelle les médecins à arrêter de les prescrire.

Il attaque aussi les produits naturels :

« Gingko biloba, rauwolfia, dérivés de l’ergot de seigle, sont vendus et même, pour certains, remboursés, leur seul intérêt étant de laisser un peu d’espérance. Les vitamines, antioxydants et autres supplémentations sont une autre forme d’accompagnement. Mais d’efficacité thérapeutique, il n’y en a pas [8]. »

Je ne suis pas aussi catégorique que lui.

J’ai écrit, l’année dernière, un texte intitulé : « Lettre aux personnes qui accompagnent des malades d’Alzheimer ».

L’Alzheimer est une maladie vraiment terrible et particulière. Ce n’est pas seulement le malade qui souffre, c’est tout l’entourage, et en réalité l’entourage peut-être plus encore que le patient.

C’est une maladie qui implique donc énormément de personnes, qui peuvent avoir des choses à dire, proposer des approches prometteuses.

Plus de cinq cents lecteurs de Santé Nature Innovation ont ajouté leurs témoignages personnels sur l’accompagnement des malades. Beaucoup ont su redonner de l’espoir, contrairement aux propos définitifs du Pr Chast (« mais d’efficacité thérapeutique, il n’y en a pas »).

Si vous êtes confronté personnellement à la maladie d’Alzheimer dans votre entourage, je vous invite à prendre le temps de lire ces témoignages. Ils se trouvent à la suite de mon texte. Je vous assure que cela pourrait vous aider à trouver des forces et, si nécessaire, à reprendre espoir face à cette terrible épreuve.

Avec toutes mes bonnes pensées,

Jean-Marc Dupuis



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