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« Les Romains avaient les dents parfaites et aucun besoin visible de dentiste », estiment les scientifiques après avoir passé au scanner les corps fossilisés de Pompéi.

Ils ont étudié les dents de 30 Romains et annoncé leurs conclusions lors d’une conférence de presse, le 29 septembre 2015, transmise par l’Agenzia Giornalistica Italia [1].

La ville de Pompéi avait été ensevelie sous les cendres du volcan Vésuve en 79 après JC. L’éruption avait provoqué une fossilisation accélérée de la ville et de ses habitants. Préservés des intempéries, ils ont été retrouvés dans un état remarquable de conservation.

C’est ainsi que l’on sait que les habitants de Pompéi n’utilisaient ni brosse à dents, ni dentifrice. Leurs dents étaient pourtant excellentes. Ils souffraient rarement de caries.

Leur secret ?

L’absence de sucre dans leur régime alimentaire.

Pas de sucre à Pompéi

« Les habitants de Pompéi mangeaient beaucoup de légumes et de fruits, mais très peu de sucre », explique l’orthodontiste Elisa Vanacore qui a supervisé les examens dentaires. « Ils mangeaient mieux que nous et avaient vraiment de très bonnes dents ».

Selon Massimo Osanna, directeur du site de Pompéi, leur régime alimentaire était sain, équilibré et semblable à ce que l’on appelle aujourd’hui la diète méditerranéenne [2].

Les secrets de la diète méditerranéenne

Dans son livre Cholestérol, mensonge et propagande [3], le Dr Michel de Lorgeril consacre 12 chapitres à la diète méditerranéenne. Je vous recommande absolument la lecture de ce livre.

Toutefois, voici en quelques mots très simplifiés les bases de ce régime si excellent pour la santé et pour les dents :

« La diète méditerranéenne est une diète riche en céréales peu raffinées, surtout le blé consommé sous forme de pain, de pâtes, de couscous, etc.

Elle est riche en fruits et en légumes frais consommés de façon saisonnière. Les légumes feuilles, en particulier, sont proposés à tous les repas.

Elle est également riche en légumes secs : haricots, fèves, pois (chiches et autres), lentilles.

Les Méditerranéens consomment des fruits à coque (amandes, noix, noisettes) et, pendant l’hiver, des fruits séchés, comme les fameux raisins de Corinthe, mais aussi des figues et des abricots.

Ils consomment les œufs, les poissons et les viandes (plutôt volailles et lapins, dans certaines zones) de façon modérée en général.

Ils consomment des produits laitiers mais seulement fermentés (fromage et yogourts) en quantités faibles à modérées, et surtout ceux faits à partir de lait de brebis et de chèvre.

L’huile d’olive est l’huile exclusivement utilisée pour la cuisine et, évidemment, on ignore le beurre ainsi que les huiles polyinsaturées (tournesol, maïs, etc.).

Les herbes aromatiques (romarin, thym et origan), l’ail et l’oignon sont largement utilisés pour la préparation des repas, de même que les jus de citron et autres agrumes. » (p.227)

Ajoutons à ce résumé que cette diète est riche en acides gras oméga-3, présents dans les sardines, anchois. L’huile d’olive peut être complétée par de l’huile de colza riche en oméga-3.

Lors de la Lyon Diet Heart Study, la grande étude qui a validé dans les années 90 l’efficacité de la diète méditerranéenne contre les maladies cardiaques, les participants recevaient gratuitement une margarine spéciale faite à base d’huile de colza riche en oméga-3.

Rappelez-vous bien que ne pas avoir de caries n’est qu’un avantage de ce régime parmi d’autres.

La diète méditerranéenne protège contre les maladies du cœur, le syndrome métabolique (gros ventre), le diabète et même certains cancers.

Bien sûr, elle doit être adaptée à chacun (par exemple les personnes sensibles au gluten peuvent remplacer les produits à base de blé complet par ceux à base de riz complet et de légumes secs).

L’homme préhistorique avait d’excellentes dents

Les Romains ne sont pas, de loin, la seule civilisation ancienne à avoir eu de bonnes dents.

L’étude de squelettes d’hommes préhistoriques remontant à l’époque où l’homme était chasseur-cueilleur indique également qu’ils n’avaient pas de caries [4].

Ils se préoccupaient toutefois de leur hygiène buccale :

Des dents d’hommes de Neandertal (vieilles de 42 000 ans) portent des traces démontrant qu’ils utilisaient un ustensile pointu d’os ou de bois pour se nettoyer les dents [5]. Il s’agit de l’ancêtre du cure-dents.

Selon une étude menée il y a une centaine d’années par des pharmaciens de Dresde, le dentifrice existait déjà en ancienne Egypte, en Grèce antique, et à l’époque romaine.

En Egypte ancienne, le dentifrice était fait d’un mélange de vinaigre et de pierre ponce concassée.

Les Romains, eux, utilisaient de l’urine humaine comme bain de bouche et pour se frotter les dents [6].

Les dents au Moyen Âge : ne croyez pas Les Visiteurs

Plus surprenant, il en était sans doute de même des hommes du Moyen Âge.

Le film populaire « Les Visiteurs » a largement répandu l’idée que Jacquouille la Fripouille et ses semblables avaient les dents pourries et l’haleine fétide (« Dites Jacquouille, vous avez mangé des croutes de fromage ce matin ? »).

Mais des études ont montré au contraire que la population anglaise sous le règne des Tudors (XVIe siècle) avait d’excellentes dents [7].

Il est vrai que la Reine Elizabeth Ire, la plus connue de la Maison Tudor, avait les dents pourries. Mais ce n’est pas un hasard.

Contrairement au reste de la population qui se nourrissait de racines, de tubercules, de chou, et autres légumes, la reine Elizabeth était très gourmande. Elle ne résistait pas devant les tables royales qui étaient chargées de confiseries, gâteaux au miel, caramels et autres sucreries, signe de prospérité et d’abondance.

On le sait grâce au témoignage d’un voyageur allemand qui racontait, cinq années avant sa mort :

« La Reine est dans sa soixante-cinquième année et semble très digne. Son visage est allongé, sa peau pâle mais fripée et ses dents sont noires : c’est une carence, dont les Anglais paraissent trop malades, parce qu’ils consomment trop de sucre » [8].

Déjà à l’époque, donc, les bonbons et desserts anglais étaient réputés pour leur douceur.

Quand les dents des Européens ont commencé à pourrir

Les dents des Européens ont commencé à pourrir quand ils ont découvert la canne à sucre rapportée d’Orient par les chevaliers partis en croisade. Ils avaient découvert les baclavas, les loukoums, le malban libanais et tous les autres bonbons à base de canne à sucre et de miel que mangeaient les habitants des pays des Mille et Une Nuit.

Ceux-ci connaissaient déjà bien les problèmes d’obésité et de maladies cardiovasculaires.

Le génie de la lampe d’Aladin n’était-il pas gros, et probablement diabétique ? On peut supposer aussi qu’il avait de très mauvaises dents.

Les Orientaux avaient découvert la canne à sucre au contact des marchands des Indes, qui eux-mêmes l’avaient découverte dans son pays d’origine, l’Indonésie.

Longtemps les Européens ont eu des difficultés à faire pousser la canne à sucre car le climat ne s’y prêtait pas et qu’elle épuisait les sols. Puis à la découverte des Amériques, les Européens l’implantèrent avec succès aux Barbades, dans les Caraïbes puis sur le continent américain.

Cette abondance nouvelle du sucre entraîna un effondrement de son prix. Le sucre devint beaucoup plus commun [9]. La denrée devint accessible à toute la population pour le meilleur et pour le pire.

Le sucre, pour le meilleur et pour le pire

L’abondance de sucre eut d’abord des effets bénéfiques.

D’abord, le sucre est bon au goût. Tout le monde aime ça, surtout les enfants. Il procure des bonds de dopamine dans le cerveau, l’hormone de la récompense et du plaisir.

Il est de plus extrêmement énergétique et permet d’affronter hivers, famines et disettes.

Mais le sucre a aussi sa face sombre : en excès, il provoque toutes sortes de problèmes de santé. Aujourd’hui, les coûts cachés du sucre sur notre système de santé sont devenus colossaux.

À l’échelle collective, c’est une ruine.

Des coûts gigantesques

Une mauvaise dentition n’est pas seulement un lourd handicap pour la séduction. Elle vous oblige à subir toutes sortes de souffrances comme de vous faire fraiser les dents, arracher les dents pourries et subir des rages de dents et des abcès à la gencive.

Mais c’est aussi un coût énorme sur le plan financier.

Notre société investit des fortunes dans le matériel sophistiqué de dentisterie, de rayons X, d’anesthésiants, prothèses et autres implants.

Les dépenses dentaires des Français s’élèvent à plus de 3,5 milliards d’euros par an, selon les chiffres de l’IRDES (Institut de recherche et documentation en recherche de la santé) [10].

Ces données budgétaires n’incluent évidemment pas les milliards dépensés par les consommateurs en produits Signal, Colgate, Tonigencil, Aquafresh, Sensodyne, Fluoracil, Elmex et tous les autres géants mondiaux du dentifrice, des brosses à dents, lotions, bains de bouche et chewing-gums (pour les dents).

Mais le sucre entraîne également de multiples autres problèmes de santé. Au delà de l’obésité, du diabète, des maladies cardiaques et du cancer, il est même soupçonné de provoquer une addiction [11] et des problèmes mentaux [12], comme l’hyperactivité [13].

En Allemagne, la patrie de Haribo, un actuel best-seller de librairie dénonce les méfaits de « La mafia du sucre » (Wie uns die Zucker-Mafia krank macht/ Comment l’industrie du sucre nous rend malades) [14].

À quand un éditeur courageux pour traduire ce livre en français ??

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis



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