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Chère lectrice, cher lecteur,

J’ai traduit pour vous une passionnante interview du Dr Ludwig, de l’Université de Harvard, qui vient de paraître dans le New York Times [1].

Le Dr Ludwig est un des meilleurs spécialistes mondiaux des régimes amincissants.

Selon lui, le mythe le plus tenace est qu’il n’existe pas qu’une seule catégorie de calories : sous-entendu 1 calorie de protéine = 1 calorie de glucide.

Selon le Dr Ludwig, compter les calories n’est pas la meilleure méthode pour maigrir.

Il précise que si les gens ne parviennent pas à perdre du poids, c’est qu’ils connaissent mal les différentes catégories d’aliments qu’ils mangent (glucides, graisses, protéines). Il explique que certaines nourritures font proliférer nos cellules de graisse.

Quel est le message de votre livre ?

L’idée nouvelle c’est que manger trop ne rend pas gros. C’est le fait d’avoir de la graisse corporelle qui vous fait manger trop. C’est une idée radicale, mais elle a été démontrée par des siècles de recherche. Tenter de manger moins de calories, comme on le conseille souvent, a pour effet d’aggraver la situation.

Si vous réduisez simplement votre apport calorique, vous allez augmenter votre appétit et votre corps va se mettre en « mode famine » où il va ralentir votre métabolisme pour consommer moins de calories.

Un régime pauvre en calories rend la perte de poids de plus en plus difficile lorsque s’engage alors le combat entre votre métabolisme et votre volonté, car à coup sûr vous allez craquer.

Mais on a toujours entendu que l’obésité touche ceux qui mangent trop. N’est-ce pas le cas ?

On voit l’obésité comme un état d’excès, alors cela ressemble plus à un état de famine.

Si les cellules de graisse stockent trop de calories, le cerveau vient à manquer de calories pour faire fonctionner le métabolisme correctement. Le cerveau va signaler sa faim pour tenter de régler ce problème. C’est alors qu’on se goinfre pour résoudre ce problème temporairement.

Mais si ce sont les cellules de graisse qui continuent à prendre trop de calories, alors on s’enfonce dans ce cycle sans fin de suralimentation et de prise de poids.

Le problème n’est pas qu’il y a trop de calories dans les cellules de graisse. Le problème est qu’il y a trop peu de calories dans le sang. Réduire son apport en calories ne peut pas résoudre ce problème.

Cette vision est très différente de l’opinion commune qui résume la perte de poids au calcul : calories apportées moins calories brûlées…

Oui. L’analogie serait de vouloir guérir la fièvre en plongeant le patient dans un bain d’eau glacée. Imaginez aller à l’hôpital avec une fièvre sévère et voir le docteur vous répondre : « c’est juste un problème d’équilibre de température – trop de chaleur se concentre dans le corps, pas assez de chaleur sort du corps ». D’un point de vue physique, c’est vrai. Alors le docteur décide de vous mettre dans un bain glacé. Ça va marcher temporairement : votre fièvre va tomber. Mais imaginez la suite : votre corps va contre-attaquer violemment avec des frissons puissants et une contraction des vaisseaux sanguins. Vous vous sentirez encore plus mal qu’avant d’entrer dans le bain glacé. Voilà pourquoi on ne traite pas la fièvre avec des bains glacés.

Pour poursuivre l’analogie, comment traitez-vous le problème sous-jacent ?

Il est bien plus efficace de réduire la température que le corps essaie de maintenir. C’est comme ça qu’agit l’aspirine. Mettez la biologie de votre côté en mangeant sainement et vous allez perdre naturellement du poids, tout comme la fièvre disparaît si vous traitez la cause sous-jacente.

Si manger trop n’est pas la cause de l’obésité, quelle en est la cause ?

La cause, ce sont les régimes pauvres en graisses et riches en glucides (féculents comme les pâtes, le pain et les pommes de terre) que l’on pratique depuis 40 ans. Ils augmentent les niveaux d’hormones insuline et ordonnent aux cellules de graisse d’accélérer le stockage de calories. Je considère l’insuline comme le meilleur des engrais pour faire croître les cellules de graisse.

Lorsqu’on dépiste des diabétiques de type 1, leur taux de sucre sanguin est élevé parce qu’ils ne produisent pas assez d’insuline. On observe toujours qu’ils ont perdu du poids. Ils peuvent manger 5000 calories par jour, ils continuent à perdre du poids. Vous ne pouvez pas prendre de poids sans insuline.

L’inverse est vrai également. Si vous donnez trop d’insuline à un diabétique, il va forcément prendre du poids. L’insuline ordonne au corps de stocker des calories, et la plupart de ces calories sont stockées dans les cellules de graisse (adipeuses). Si vous avez trop d’insuline, vous allez stocker trop de calories. C’est un mécanisme bien connu des chercheurs.

Comment faites-vous pour que les patients obèses réduisent leur insuline ?

Le moyen le plus rapide est de réduire sa consommation de glucides raffinés et d’avoir un apport équilibré en protéines et en graisses dans votre régime. Un régime riche en graisses est le moyen le plus rapide de corriger votre métabolisme. Cela réduit l’insuline, met les cellules de graisse au repos, et fait sortir les gens du cycle faim – envie de nourriture – excès de nourriture.

On a l’impression que vous recommandez le régime Atkins…

Non, c’est différent. Le régime Atkins est très pauvre en glucides (féculents), ce qui dans son interprétation classique implique de ne pas manger de fruits. La plupart des gens n’ont pas besoin d’un régime très pauvre en glucides. D’autant qu’ils n’auront sûrement pas la volonté de respecter un régime aussi strict.

Ces régimes ne sont utiles que pour certaines personnes qui ont déjà des problèmes sérieux de métabolisme, par exemple les diabétiques de type 2 (qui souffrent d’une résistance à l’insuline).

Comment fonctionne votre programme ?

Notre programme est en trois étapes. Première étape, nous disons aux gens d’arrêter les glucides raffinés, les sucres ajoutés et toutes les céréales pendant deux semaines. Les glucides que vous pouvez manger sont les fruits, les haricots, légumineuses, et tous les légumes non-féculents.

Après deux semaines, nous réintroduisons les céréales entières (non concassées), certaines pommes de terre, et un peu de sucre ajouté.

Vous faites cela jusqu’à ce que votre poids diminue et se stabilise à un niveau plus bas. Cela peut prendre quelques semaines ou quelques mois pour une personne qui a un problème de surpoids important.

À retenir

Les propos du Dr Ludwig sont intéressants car il prend au sérieux la difficulté de résister à la faim sans craquer.

Il est plus important de maîtriser son appétit que de compter les calories.

Si vous choisissez des aliments très rassasiants (protéines et graisses plutôt que glucides), vous allez manger moins de calories [2] sans y penser !

Bien à vous,

Eric Müller



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