Danger à l’hôpital
Selon l’étude “Amadeus” réalisée dans les hôpitaux français, qui vient de paraître :
- Entre 45 et 60 % des soignants dans nos hôpitaux sont en burn-out
- Entre 31 et 49 % ont des troubles du sommeil
- Entre 16 et 21 % abusent des somnifères
- 32 % des médecins sont en dépression
- Un médecin sur quatre a des problèmes d’alcool
- Un tiers des aide-soignants sont accros au tabac, soit trois fois plus que les médecins.
Cette étude a été publiée dans une revue mondiale de management paramédical : Journal of nursing management, par G. Lucas et Guillaume Fond. [1]
Bref, c’est la Bérézina.
Des opérations qui tournent mal
Cette situation a des conséquences très concrètes sur tout le pays et ses habitants : 20 % des lits d’hôpitaux publics sont fermés en raison du manque de personnel. [2]
Cela entraîne une situation catastrophique dans tous les services, même en pédiatrie (soins aux enfants). Au mois d’octobre dernier, en pleine épidémie de bronchiolite, cinq enfants en situation d’urgence vitale ont dû être refusés au Centre hospitalier Bicêtre à Paris, et 25 opérations programmées depuis plusieurs mois ont dû être annulées. [3]
Au CHU de Poitiers, un médecin a témoigné sur France-Bleu : “Il y a tellement de choses à faire seule que j’ai parfois peur de me tromper dans mes diagnostics“. Dans cet hôpital, trois médecins sur quatre devaient s’en aller à partir de janvier 2022.
Si nous avons des hôpitaux, c’est parce que de nombreux soins nécessitent des produits dangereux à manipuler, des procédures médicales sophistiquées.
Les opérations à cœur ouvert, les prothèses de la hanche, les radiothérapies, les transplantations, ne souffrent pas les approximations.
Une rigueur sans faille, une compétence et une concentration absolue du chirurgien sont nécessaires pour mettre toutes les chances de réussite du côté du patient.
Du personnel hospitalier dépressif, alcoolique et en manque chronique de sommeil, c’est la garantie que continuent la litanie des histoires d’horreurs liées à des erreurs médicales ces vingt dernières années en France :
- ainsi cet homme de 57 ans, conducteur de travaux à Nice, venu pour un simple contrôle de la prostate et infecté par une bactérie, la klebsiella pneumoniae, qui le conduira à être amputé des deux jambes et de tous ses doigts ; [4]
- ainsi cet enfant de 3 ans mort parce que l’infirmière lui avait administré le mauvais produit en perfusion ; [5]
- ainsi à Bordeaux, ce patient d’un centre anticancer qui était décédé après avoir reçu une injection d’un médicament qui ne lui était pas destiné; [6]
- ou encore à l’hôpital Gabriel Martin, dans le Val-de-Marne, le chirurgien a oublié un morceau de textile médical de 50 cm sur 50 cm dans le ventre d’une patiente, entraînant son décès dans d’atroces souffrances. [7]
Ce ne sont bien sûr que des exemples épars, très loin de la liste publiée dans le “Livre Noir des hôpitaux” en 2009, sur les bavures médicales et l’incroyable inégalité de mortalité (variant de un à dix) entre des établissements distants pourtant de quelques kilomètres seulement.
Des solutions sans espoir
Les chercheurs qui ont réalisé cette étude sur l’effondrement du moral des médecins hospitaliers s’inquiètent des conséquences dramatiques de ces problèmes pour le bien-être des malades comme pour les personnes touchées.
Ils préconisent des solutions, qui me paraissent, personnellement, sans aucun espoir de pouvoir fonctionner à grande échelle :
“ Il faut développer des interventions visant à augmenter le sens de son travail, par l’identification correcte des valeurs et du Moi. Des thérapies cognitives et comportementales de troisième génération pourraient être déployées à grande échelle parmi les soignants (thérapie d’acceptation et d’engagement, pleine conscience, thérapie de gratitude, thérapie d’identification correcte du Moi).”, écrivent-ils.
Ce langage pseudo-scientifique dissimule mal l’absence totale de vision sur ce qu’il convient de faire.
Quand les médecins eux-mêmes sont malades, qui va les soigner ? Où sont les centaines de milliers de psychiatres qui seraient disponibles pour s’investir massivement auprès de leurs confrères dans les hôpitaux ??
On sait qu’il faut des semaines ou des mois pour obtenir un rendez-vous auprès d’un spécialiste, car tous sont débordés. Qui va nous faire croire que des psychologues compétents vont tomber du ciel pour résoudre cette catastrophe ?
Et qui va les payer ??
D’ailleurs, à supposer même qu’ils existent, pourraient-ils faire quoi que ce soit contre le désespoir qui s’est emparé de tant de médecins ?
Je trouve pour ma part grotesque de considérer cet effondrement collectif comme une épidémie d’une prétendue “maladie mentale” qui se transmettrait comme le Covid. Il est évident que ces problèmes ont des causes très réelles, dans un présent insupportable et absurde, qui ne fait qu’empirer avec les années, où notre système s’ingénie à tout contrôler, tout réglementer pour finalement, tout interdire.
Les professions médicales ne sont pas, de très loin, les seules touchées par cette maladie qui affecte toute la société.
Mais qui aura la volonté, le courage, et surtout la capacité, d’abolir des centaines de milliers de pages dans nos codes de loi, qui nous étouffent et nous désespèrent ?
Pas notre nouveau Président, j’imagine, mais peut-être un autre, un jour ?
A votre santé,
Jean-Marc Dupuis
Sources:
[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35332585/
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