Comment le gras est devenu bon pour la santé
Rappelez-vous les années 80…
Le fin du fin, quand on voulait être en bonne santé, c’était les biscottes, les cracottes, les triscottes !
– Les œufs ? « Bourrés de cholestérol !! » ;
– L’huile d’olive ? « Si vous voulez vraiment ressembler à une Mamma italienne… » ;
– Les avocats ? « Très mauvais pour le cœur ! » ;
– Les noix ? « La route directe vers l’obésité ! ».
Nous n’avions plus non plus le droit de manger du beurre, le gras du jambon, les olives, pour les mêmes raisons.
Le triomphe du riz complet
En revanche, aucune limite sur le riz complet, les pommes de terre, les pâtes, et tous les « féculents » présentés comme excellents pour la santé…
Et puis dans les années 90… patatras.
Un étrange docteur venu des Etats-Unis, le Dr Atkins, déclara que c’était de la foutaise.
« – L’ennemi, c’est le sucre ! »
Pour être en bonne santé, pour maigrir, il fallait manger des protéines. Oui, de la viande, rouge si possible, et sans limite !!
Dukan et Montignac montent sur scène
En France, le régime Atkins fut introduit sous le nom de régime « Dukan » qui, quoiqu’il ait prétendu par la suite, ressemblait à s’y méprendre au régime Atkins.
Puis vinrent les années 2000 et le régime « Montignac », orienté vers les aliments à faible index glycémique.
Avec Montignac, vous ne deviez plus vous soucier si ce sont des glucides, des protéines, des lipides, ou même de la quantité dans votre assiette.
Le but, c’est de choisir des aliments qui ne se transforment pas trop vite en sucre, lors de la digestion.
Vous évitez ainsi les « pics de glucose » sanguin, favorisant le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires…
Puis ce fut la mode du régime « paléo », ou préhistorique : manger comme nos ancêtres chasseurs-cueilleurs…
Une logique derrière tout cela : toujours moins de glucides
Derrière ces apparents mouvements de balancier, on décèle une logique :
La méfiance grandissante face au glucose. Les prémices de la guerre totale contre le sucre.
En effet, à chaque étape, y compris celle du régime méditerranéen et du régime paléo, on consomme de moins en moins de produits sucrés et glucidiques.
Il était donc logique que, un jour où l’autre, on en arrive à éliminer tout sucre, quel qu’il soit : rapide, lent, complexe, à index glycémique élevé ou faible…
Aujourd’hui, même les sucres artificiels sont dénoncés (pour d’autres raisons : trop chimiques).
Il était logique que l’on en vienne à promouvoir un régime exclusivement à base de graisses et de viande.
Ce régime, qui aurait fait hurler de terreur les cardiologues d’autrefois, est aujourd’hui l’objet de tous les désirs, les espoirs, les fantasmes.
On l’appelle le régime cétogène, un mot dérivé de « cétone » un terme de chimie qui désigne certaines molécules à base de carbone.
L’origine du régime cétogène
Le régime cétogène est aujourd’hui utilisé en vue d’une vie saine. Mais il est bien connu des médecins depuis un siècle, puisqu’il fut longtemps le seul traitement efficace contre l’épilepsie.
Pratiqué à l’hôpital, sous surveillance médicale constante, et ce pendant trois semaines, il guérit environ un tiers des patients épileptiques.
Il est dérivé des cures de jeûne, que les médecins pratiquaient au 19e siècle pour traiter le diabète. En effet, quand nous jeûnons, notre corps fabrique des « corps cétoniques ».
Ces corps cétoniques peuvent servir de carburant alternatif aux cellules, pour remplacer le glucose quand celui-ci vient à manquer.
On dit que le corps entre en état de « cétose », ce qui produit des bienfaits contre le diabète et l’épilepsie.
Toutefois, cet état de cétose peut aussi être provoqué en mangeant uniquement des graisses, ce qui est évidemment moins éprouvant que de ne rien manger du tout.
Les principes du régime cétogène
Le régime cétogène, donc, consiste à manger principalement des graisses : huiles, gras et aliments à forte teneur en gras.
Les protéines sont considérées comme un moindre mal. En revanche, les glucides sont rigoureusement proscrits. Ils ne doivent pas dépasser 5 % de l’alimentation totale.
L’essentiel des repas repose donc sur :
– De la viande : poulet, canard, veau, porc, viande rouge et charcuteries ;
– Des poissons gras : saumon, truite, thon, maquereaux ;
– Des œufs ;
– Du beurre, de la crème ;
– Des fromages, en privilégiant les fromages de chèvre et de brebis ;
– Des noix et des graines ;
– Des huiles, qui peuvent être bues telles quelles (ou mangées à la cuillère à soupe) ;
– Des avocats ;
– Des légumes-feuille verts, des oignons, ail, des poivrons (pas de petits pois, ni de haricots, y compris haricots verts) ;
– Des condiments : moutarde, sel, poivre, vinaigre, épices en tout genre, herbes aromatiques.
Les bienfaits du régime cétogène
Utilisé à l’origine contre l’épilepsie, le régime cétogène est parfois conseillé aujourd’hui pour les autres maladies neurologiques,[1] et également les maladies du métabolisme grâce à son effet similaire à celui du jeûne.
Des études sur de nombreuses maladies ont été menées, mais gardez à l’esprit que l’intérêt pour la diète cétogène est récent, et que les recherches n’ont pas encore abouti à des données très concluantes.
Néanmoins, il existe des études indiquant des bienfaits pour :
– Les maladies artérielles et cardiaques : le régime cétogène réduit les facteurs de risque comme la graisse corporelle,[2] la pression artérielle, le sucre sanguin. On observe une baisse du taux de cholestérol HDL, indiquant une amélioration de la condition générale.[3]
– Le cancer : la diète cétogène est étudiée dans le cadre du cancer, pour ralentir la croissance des tumeurs ; ces recherches s’appuient sur les théories du cancer comme maladie métabolique, où les tumeurs se nourriraient de glucose, par fermentation, processus théoriquement impossible si le corps est en cétose.[4] Des travaux sont menés sur les tumeurs du cerveau ;[5]
– Acné : une baisse des niveaux d’insuline et de la consommation d’aliments sucrés et hautement transformés pourrait aider à réduire les symptômes de l’acné ;[6]
– Syndrome des ovaires polykystiques : selon la même logique, la baisse des niveaux d’insuline est favorable, car l’insuline joue un rôle clé dans cette maladie.[7]
Les effets secondaires du régime cétogène, et comment les minimiser
Le régime cétogène ne présente pas de danger pour les personnes en bonne santé. Mais il peut provoquer des réactions un peu surprenantes dans un premier temps, pendant que le corps s’adapte.
Les Américains appellent cela la « grippe céto » (Keto Flu).
Elle dure quelques jours au début du régime. Vous manquez d’énergie, votre cerveau tourne au ralenti. Vous avez faim, vous avez du mal à dormir, des nausées, des problèmes digestifs et, si vous faites du sport, de mauvaises performances.
L’haleine sent l’ammoniac, et l’équilibre hydrique du corps se modifie. Pour aider à l’adaptation, il peut être nécessaire d’ajouter du sel à l’alimentation, et prendre des sels minéraux comme du potassium (1000 mg), du magnésium (300 mg).
Au début, il est important de manger à sa faim, sans crainte de grossir. En effet, le régime cétogène fait partie de ces régimes qui permettent de perdre du poids sans restriction calorique, c’est-à-dire sans rationner le nombre de calories absorbées.
Aliments spéciaux et compléments nutritionnels pour le régime cétogène
Il existe en pharmacie une huile alimentaire spéciale pour le régime cétogène, appelée huile « TCM ». C’est une huile composée de triglycérides à chaînes moyennes. Les triglycérides sont des molécules de graisses à trois brins, dont la longueur peut varier.
C’est une huile qui peut être ajoutée dans les boissons, le yaourt, les potages, et qui augmente le niveau de corps cétoniques.
Les compléments alimentaires pour sportifs, créatine et petit-lait (souvent rencontré sous son appellation anglophone « whey ») aideront les personnes qui pratiquent le régime cétogène tout en faisant du sport.
Comme les autres régimes, le régime cétogène n’est évidemment pas miraculeux. Mais il a l’avantage énorme de permettre de maigrir sans donner cette horrible sensation de faim que l’on éprouve avec les autres régimes. Rien ne coupe plus l’appétit que le gras, parce que la graisse reste très longtemps dans l’estomac avant d’être digérée.
Le problème est que vous ne ressentez pas l’effet “coup de fouet” que donne le sucre. Avec le régime cétogène, on sent moins vite l’énergie revenir. C’est logique : cette énergie qui monte vient du niveau de glucose qui monte dans le sang. Sans glucides dans l’alimentation, le corps doit fabriquer du glucose à partir des débris de protéines (proétolyse) et des stocks de graisse, mais c’est plus long.
Avec le régime cétogène, le glucose remonte donc très lentement. Les personnes qui suivent un régime cétogène compensent souvent ce phénomène en buvant du café, du thé matcha, en prenant du ginseng, du gingembre ou de la maca, au moins jusqu’au moment où leur corps s’habitue.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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