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Des choix de plus en plus compliqués pour le climat (Sommes-nous absolument
certains que nous avons le problème bien en main ??)

 

Pour ralentir le réchauffement, il faut mieux isoler nos maisons, circuler en véhicule électrique, ne plus manger de viande.

Mais cela va-t-il suffire ?

Je suis prêt à faire tous les efforts nécessaires, et beaucoup partagent ma motivation en Europe, aux Etats-Unis, en Australie…

Mais n’oublions pas que ces pays ne comptent plus, aujourd’hui, que 15 % de la population mondiale.

Ils ne sont, en outre, plus du tout aussi « riches » par rapport aux autres : les pays occidentaux représentent une part constamment décroissante de l’économie, avec des populations vieillissantes et de plus en plus marginalisées financièrement.

Plus de 85 % de la population mondiale se trouve dans le reste du monde (Chine, Inde, Afrique, Brésil, Mexique…) qui connaissent une explosion de leur consommation en énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), de très forts taux de croissance et de plus en plus… de multimillionnaires qui ne paraissent pas concernés outre-mesure par ces problèmes dont on nous dit pourtant que leurs concitoyens sont les premières victimes (voir ci-dessous).

Tandis que nous nous équipons de voitures électriques, où vont nos vieilles voitures polluantes ?

Des centaines de millions de vieilles voitures, qui ne répondaient plus aux critères de propreté toujours plus drastiques de l’Union européenne, ont quitté nos routes.

On les remplace, à grands frais, par des véhicules propres, hybrides, voire tout électriques.

Mais où sont-elles, maintenant ?

Elles sont parties, dans leur immense majorité, en Afrique, en Europe de l’Est, en Asie, où elles roulent toujours !!

Les autobus et les camions de notre enfance, qui lâchaient une épaisse fumée noire toxique, ont eux aussi été exportés.

Ils sont rafistolés, remis en route, par des prodiges de bricolage, dans les grandes villes africaines, en Asie centrale, en Russie, en Inde, au Pakistan et ailleurs, où ils continuent d’émettre des gaz nocifs à grande échelle.

De même pour les rafiots qui ne répondaient plus aux normes de la marine moderne dans nos pays. Ils ont été vendus à ces pays et restent en circulation pour polluer allègrement les océans.

Ce phénomène se produit aussi aux Etats-Unis et au Canada, qui envoient leurs vieux véhicules en Amérique latine.

Nous partageons tous la même atmosphère !

Nous avons bonne conscience parce que nous démantelons nos industries polluantes qui partent sur les autres continents.

Mais nous oublions un peu vite que nous partageons tous la même atmosphère. Le CO2 émis en Chine, en Inde et en Afrique contribue tout autant que le nôtre à l’effet de serre.

Ce n’est pas parce que les autres ne font rien que nous devons rester inactifs. C’est vrai !

Mais il est un peu prétentieux aussi d’agir sans tenir compte du contexte global.

Que font les multimillionnaires des pays « pauvres » ?

Alors que le Français moyen va au camping sur les bords de la Loire (ou reste chez lui), les milliardaires russes, saoudiens, indiens et chinois naviguent sur des yachts pharaoniques en Méditerranée.

On peut les voir dans les hôtels cinq-étoiles de nos capitales, où plus un Français ne loge. Ils rachètent les plus beaux châteaux d’Europe, volent en jet privé, etc.

Ils viennent de pays qui représentent, je le répète, 85 % de la population mondiale.

Peut-on attendre d’eux qu’ils fassent, eux aussi, quelques sacrifices pour le climat ? Se sentent-ils concernés autant que nous ?

A Bombay, le milliardaire indien Mukesh Ambani a dépensé 23,9 milliards de dollars pour se faire construire cette « maison », pour sa femme et ses deux enfants. Les six premiers étages sont un « parking » pour ses centaines de voitures. 600 personnes à temps plein sont nécessaires pour l’entretenir, selon le journal India Today. [1]

Non à la vision néocolonialiste de l’environnement !

Ceci dit, j’en appelle aussi à la méfiance, vis-à-vis d’une forme de pensée « néocolonialiste » nous conduisant à imposer notre mode de pensée et nos « solutions » à tous les peuples, alors que leurs problématiques sont différentes, voire opposées.

N’oublions pas que le réchauffement climatique ne fait pas que des malheureux.

Un exemple tout simple : nous voudrions protéger les habitants des pays chauds. Mais pour cela nous risquons d’oublier les pays froids, qui gagnent des terres cultivables.

Augmentation phénoménale de l’étendue des terres arables

En effet, le réchauffement climatique entraîne une augmentation phénoménale des surfaces cultivables.

Une équipe internationale de scientifiques a estimé que les terres arables vont progresser de 44 % d’ici la fin du siècleC’est comme si deux nouveaux continents habitables et cultivables étaient ajoutés à la Terre [2].

Si vous regardez un globe terrestre, vous constaterez que les terres émergées sont mal réparties. La plupart se trouvent dans l’hémisphère Nord et dans le Grand Nord, aujourd’hui trop froid pour l’agriculture : Sibérie, Canada, Alaska, Groenland, Scandinavie.

Avec le réchauffement climatique, les déserts glacés, qui sont immenses, reculent.

D’un côté cela provoque des perturbations. De l’autre, cela augmente la végétation.

Il est difficile de savoir quel côté va l’emporter, si tant est que nous ayons les moyens véritables de changer les tendances.

Augmentation des précipitations

Cela est d’autant plus vrai que le réchauffement climatique entraîne aussi une augmentation des précipitations.

Un climat plus chaud provoque, en effet, une évaporation plus forte des océans et donc une atmosphère plus humide.

Dans une étude publiée dans Nature, des scientifiques ont établi que les changements climatiques se traduiront par une hausse des pluies au niveau mondial [3].

Si le centre des continents connaîtra également une plus forte évaporation et donc plus de sécheresse, l’ensemble des zones côtières, qui représentent l’essentiel des surfaces habitées et cultivables, seront mieux arrosées, donc plus fertiles [4].

Cet élément là vient compliquer la donne.

Depuis 1982, les zones couvertes d’arbres ont progressé d’une surface équivalente à cinq fois la France

Ces changements ont déjà une conséquence visible, qui est l’augmentation des zones couvertes d’arbres.

Malgré la forêt qui brûle en Amazonie, la surface globale d’arbres a progressé de 7 % depuis 1982, ce qui est énorme puisque cela représente 2,4 millions de kilomètres carrés, soit cinq fois la France [5] !!

Même si ces zones arborées, qui peuvent êtres des plantations, n’ont pas la biodiversité de la forêt tropicale, elles contribuent néanmoins à l’absorption de CO2, la production d’oxygène et la formation de matière organique.

En d’autres termes, les ours polaires et les pingouins souffrent, mais les insectes, les oiseaux, les petits mammifères, les sangliers, les cervidés et les grizzlis qui mouraient de faim et de froid autrefois dans les zones boréales (au nord du cercle polaire) trouvent aujourd’hui de la nourriture et peuvent survivre…

Comment savoir quel sera le résultat final ??

Aujourd’hui, par un curieux phénomène d’inversion, le moral de la population occidentale baisse lorsque le soleil se met à briller. Les adultes dépriment, les enfants des écoles se font un sang d’encre.

C’est le soulagement quand le thermomètre plonge ; on se réjouit presque de la pluie, de la grisaille – sans s’inquiéter de la hausse de consommation d’énergie et donc d’émissions de CO2 pour alimenter les chaudières.

A force de sacrifices financiers colossaux, les pays européens, l’Amérique du Nord et le Japon pourraient parvenir à réduire à presque zéro leur bilan carbone. La prise de conscience est désormais bien avancée.

Mais comment savoir, pourtant, quel sera le résultat de tout cela ? Les autres pays vont-ils suivre ? Et s’il y a des arbitrages à faire, qui doit décider de favoriser les uns au détriment des autres ?

Est-ce forcément les Européens (ou les Américains) qui doivent montrer le chemin ? Et, si oui, qui nous dit que les autres n’iront pas dans le sens opposé si, par exemple, les Russes décident qu’ils ont intérêt à ce qu’il fasse un peu moins froid en Sibérie ?

Qui sait si, à la suite d’une baisse inopinée de l’activité solaire entraînant une brutale baisse des températures, nous ne serons pas sauvés par les 7°C en plus qu’on nous promet d’ici la fin du siècle ?

Je caricature un peu. Je prends des exemples extrêmes, qui ont peu de chance de se produire. Mais c’est juste pour rappeler que le monde est vaste. Compliqué.

Souvenons-nous des cuisantes erreurs que nous avons faites, parfois ou souvent, dans le passé pour imposer notre vision du « progrès » ou des « bienfaits de la civilisation occidentale ».

Les meilleures intentions, les projets les plus louables donnent parfois, sur le long terme, des résultats inverses aux bienfaits escomptés.

Car l’Homme est épouvantablement mauvais pour faire des prévisions sur les phénomènes complexes.

Souvenons-nous qu’en 1920-1930, les grands scientifiques et les politiques ont imaginé des « mesures fortes » pour éviter les différentes catastrophes qui, pensaient-ils, menaçaient l’humanité.

La foule enthousiaste les a écoutés. La suite, nous la connaissons…

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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