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La majorité de la population et des parlementaires est d’accord sur le principe, mais pas sur la façon de faire

 

Depuis des mois, les gens s’énervent autour de la « Procréation Médicalement Assistée », ou PMA, pour les femmes célibataires et les couples de femmes mariées.

Sur le principe, la majorité des gens sont d’accord : ils trouvent normal que les couples de femmes mariées puissent recourir à la procréation médicalement assistée pour avoir des enfants.

De même, à l’Assemblée, la majorité des députés sont d’accord.

Où est le problème, alors ? Pourquoi ne pas voter la loi, puis passer au problème suivant ?

D’accord sur le principe, mais pas sur la façon de faire

On peut être d’accord sur le principe, mais pas sur la façon de faire.

Par exemple :

  • Sur les papiers, l’enfant aura deux mamans. Mais il faut bien que l’ovule vienne de l’une des deux (on ne peut pas encore concevoir un enfant à partir de deux ovules de femmes).
  • Dans ce cas, faut-il donner une reconnaissance particulière à la mère qui aura donné l’ovule ? Ou bien faut-il qu’elles soient mères à égalité ?

Chacun peut se triturer les méninges pour trouver des arguments pour ou contre les deux positions.

Le problème est qu’il est impossible de trancher. Les deux positions peuvent se défendre, suivant les options philosophiques de chacun.

Forcément, certains vont se sentir gravement lésés

Comme les députés seront obligés de se prononcer pour l’une des deux options, il y aura forcément un des camps qui se sentira gravement lésé sur cette question.

Mais la PMA pour les couples de femmes pose bien d’autres problèmes du même type.

Par exemple :

  • La même question se pose pour le spermatozoïde.
  • En effet, pour l’instant, il est toujours nécessaire de recourir au spermatozoïde d’un homme pour former un embryon humain.
  • En revanche, sur les papiers, il y aura deux mères et pas de père.

Question : l’enfant peut-il avoir le droit de savoir qui est l’homme qui a donné son spermatozoïde pour le concevoir ?

Si oui, quel sera alors le statut de cet homme, puisqu’il est censé n’y avoir que deux parents, les deux mères ? Faut-il le protéger par l’anonymat, afin de lui éviter le risque de se faire un jour « ennuyer » par l’enfant, qui viendrait par exemple réclamer des droits sur son héritage ? Ou, au contraire, faut-il donner à l’enfant le droit un jour de demander à le connaître ?

Comme pour la question précédente, chacun peut se faire son idée.

Il ne s’agit pas d’être de droite ou de gauche, progressiste ou réactionnaire, féministe ou non féministe.

Aucun moyen de dire si une position est plus juste que les autres

Il n’y a aucun moyen de dire si une position est plus juste que les autres.

Les uns invoqueront le fait que « depuis toujours, les enfants ont un père et une mère, et que cela reste incontournable sur le plan biologique ».

Les autres diront que c’est là une conception dépassée et qu’un enfant n’est pas défini par les gamètes qui l’ont constitué, mais par la volonté et le projet parental des personnes qui ont souhaité l’avoir.

Je ne sais pas ce que les députés vont décider. Mais ce dont je suis sûr, c’est qu’ils devront trancher au hasard, faire des mécontents et créer de nombreux problèmes douloureux, où des personnes (parents ou enfants) se sentiront meurtries dans leur chair.

Des larmes et des cris en perspective

Ce qui est certain également, c’est que la loi sera contestée, non pas tout de suite, mais dans deux ou trois ans au plus tard.

Imaginez, par exemple, deux femmes mariées. L’une se fait féconder par le spermatozoïde d’un ami proche qui a accepté de se dévouer.

L’enfant naît.

Par la loi, sa femme est reconnue mère au même titre qu’elle-même.

L’ami ne figure nulle part sur les papiers ni même dans l’acte de naissance, où il n’est pas précisé que l’enfant est né par PMA (c’est l’option qui semble être en passe d’être adoptée au moment où je vous écris).

Mais l’expérience a rapproché la femme et son ami. Celui-ci se sent un peu le « père » de l’enfant, même si, selon la loi, il ne l’est pas. Il est, malgré lui, impatient de le voir et de le connaître. Et la femme ne peut s’empêcher de voir en lui un peu le père de son enfant.

Or, trois mois après la naissance, voici que les deux femmes se disputent et divorcent [1].

Celle qui s’était fait féconder part avec l’enfant sous le bras et va rejoindre… le père biologique de l’enfant, avec qui elle se marie.

La femme du premier mariage reste maman au même titre qu’elle-même.

Elle dispose d’un droit de garde, devra payer une pension alimentaire, donner à l’enfant tout ou partie de son héritage, etc.

Cela va-t-il, cela peut-il « arranger » tout le monde ?

Les gens vont-ils se montrer « raisonnables » ?

On peut penser que les adultes impliqués vont être raisonnables, « jouer fair play », etc.

Mais le problème, dans ces cas-là, est qu’on ne sait plus où se trouve le « raisonnable » et le « fair-play ».

Selon les options philosophiques de chacun, on pourra estimer qu’il est « parfaitement normal que » le père et la mère biologiques, désormais mariés, puissent reconnaître leur enfant et s’en occuper comme n’importe quel autre couple.

Mais on peut tout aussi bien estimer qu’il est « parfaitement normal que » l’ex-épouse de la femme, qui avait été partie prenante du projet parental, soit intégralement maintenue dans ses droits et qu’elle obtienne la garde de l’enfant à mi-temps.

Encore une fois, ce n’est pas une question d’être « pour ou contre » l’égalité des droits entre les couples de même sexe et les autres.

C’est un problème insoluble créé par l’évolution des mentalités, les innovations médicales et les changements législatifs.

Beaucoup de travail en perspective pour les juges et les psys

Bien entendu, tout projet, et a fortiori toute nouveauté, entraîne toujours son lot de problèmes, et ce n’est pas pour cela qu’il faut ne rien faire.

La particularité de cette nouveauté-là est que les problèmes ne retomberont pas seulement sur les personnes qui auront décidé de s’engager, en toute connaissance de cause, mais aussi sur les enfants, qui seront déchirés entre les adultes qui se disputeront et qui, tous, auront de bons arguments à faire valoir.

Entre les enfants qui demanderont laquelle des deux mamans a apporté son ovule, où est le monsieur qui a donné son spermatozoïde, pourquoi l’une de leurs mamans a accouché d’eux, les ont allaités, leur ressemble beaucoup et l’autre pas du tout mais qui pourtant sont toutes deux leur mère, les hommes pris de remords qui voudront connaître leur enfant mais qui ne figureront nulle part dans les papiers, les mères qui devront payer des pensions alimentaires et donner une part d’héritage à des enfants qu’elles n’auront jamais portés, et les enfants qui seront frères et sœurs à part entière avec les deux mêmes mères, mais qui n’auront aucun trait commun, il risque d’y avoir bien des incompréhensions, des angoisses, des sentiments d’injustice.

Il est vrai que la situation actuelle est déjà terriblement compliquée et qu’un nombre important d’enfants vivent des drames familiaux.

La question est de savoir si cette réforme va vraiment améliorer cette situation.

À moins que ça n’en soit pas le but…

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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