Comment la maman et l’amie de Bambi ont fait de lui un mâle Alpha
Ayant reçu beaucoup de questions suite à ma lettre sur les mâles alpha, je dois préciser aujourd’hui un élément crucial, sur le rôle des femmes pour permettre aux hommes de devenir des Alphas.
Les femmes, qu’elles le veuillent ou non, jouent en effet un rôle décisif.
Ce sont elles qui, bien souvent, obligent les hommes à sortir de l’immaturité, l’irresponsabilité, à se développer et donner le meilleur d’eux-mêmes.
Nous allons en parler à partir du film… Bambi, de Walt Disney.
Comment Bambi se transforme en mâle alpha
Bambi est bien plus qu’un dessin-animé pour les enfants.
Les adultes doivent regarder Bambi. Ce film est bourré d’histoires où les femmes éduquent les hommes, et les aident à grandir. Bambi, jeune faon sans expérience au début du film (à gauche sur l’image) se transforme en mâle alpha à la fin du film (à droite sur l’image).
Cette transformation, il la fait d’abord grâce à sa maman, qui lui apprend à manger, survivre à l’hiver, échapper aux chasseurs.
Mais c’est ensuite une petite femelle de son âge nommée Faline, qui prend le relais. C’est elle qui obligera Bambi à devenir adulte courageux, sage et responsable.
Le parallèle est clair avec ce qui se passe chez les humains.
Nous allons décomposer, étape par étape, la scène du film où Bambi rencontre Faline.
C’est pour moi la plus belle scène du film : touchante, tordante par moments, et psychologiquement très profonde :
1ère étape : Bambi découvre son image et son double féminin (anima)
Cela commence par une scène où Bambi boit dans une mare. Il contemple son reflet, et soudain apparaît le reflet d’une adorable petite faonne, nommée Faline.
Le fait pour Bambi de s’observer dans la mare symbolise la première prise de conscience de son identité, ou plus exactement de son “moi”. Le « moi » est l’image que nous nous faisons spontanément de nous-même, quand par exemple nous nous regardons dans le miroir.
Mais si le garçon continue son introspection, c’est-à-dire l’exploration de son inconscient, il ne s’arrête pas à son moi. Il peut découvrir l’existence en lui de son double féminin, que le psychologue Carl Jung a appelé l’anima. [1]
C’est ce qui arrive à Bambi. Il croit ne voir que son image mais, soudain, il découvre l’image de son double-féminin dans la mare.
L’anima est la sous-personnalité féminine qui existe en chaque homme. Elle explique leur propension à tomber amoureux, ce qu’ils font en « projetant » leur anima sur une femme qu’ils rencontrent et qui devient, pour eux « la plus belle femme du monde », « la seule, l’unique », leur « moitié » dont ils se persuadent qu’ils l’avaient recherchée toute leur vie et qu’ils n’attendaient qu’elle pour être heureux (même si, en fait, ils pensaient à tout autre chose avant de la rencontrer et qu’ils n’avaient jamais imaginé cela possible, comme les Sept Nains qui vivaient paisiblement avant que Blanche-Neige ne débarque dans leur vie…) . Les femmes ont, elles aussi, une sous-personnalité masculine que Jung appelle animus et qui fonctionne à l’inverse.
L’existence de l’anima explique comment tous les hommes qui tombent amoureux éprouvent au fond les mêmes sentiments, tout en étant persuadés de vivre une chose totalement exceptionnelle, une histoire à part.
Le fait que Bambi ne voie pas directement Faline, mais voie son image reflétée comme dans un miroir est aussi une allusion au mythe de “La Dame de Shalott”, dans les Chevaliers de la Table Ronde. La Dame de Shalott est condamnée à voir le monde à travers un miroir. Elle meurt le jour où elle se retourne brutalement pour voir revenir l’élu de son cœur, le chevalier Lancelot.
Cette histoire signifie qu’il est plus facile de se nourrir d’illusion, du reflet des choses, plutôt que de regarder les choses en face.
Regarder le monde en face, sans filtre, est dangereux. Cela peut tuer.
C’est ce qui se passe pour Bambi.
Bien sûr, Bambi ne meurt pas à ce moment-là. Mais il meurt symboliquement, dans le sens où le “Bambi petit bébé à sa Maman”, fusionnel, naïf et inoffensif, disparaît pour laisser place à un nouveau Bambi, plus fort et courageux.
Mais nous n’en sommes pas encore là. Pour l’instant, Bambi a découvert son anima, redresse la tête, voit Faline en vrai, et… se fige.
2ème étape : Bambi est pétrifié de peur
Devant un danger, nous avons trois façons de réagir. C’est la règle des “3 F” : Freeze, Fight, Flight, que l’on peut traduire par se figer, combattre, ou fuir.
En l’occurrence, Bambi se fige.
C’est la réaction de “pétrification”, donc la transformation en statue de pierre, ou de sel, que l’on retrouve dans de nombreux mythes anciens (Persée et la Méduse, Orphée et Eurydice, Lot et sa famille fuyant Sodome et Gomorrhe).
La pétrification indique que l’homme est menacé par un danger mortel immédiat.
Sur le plan nerveux, c’est un réflexe archaïque remontant à nos plus lointains ancêtres, les primates vivant dans les arbres qui se figeaient face au danger mortel du serpent. En effet, le serpent est plus rapide que le primate et la meilleure stratégie pour lui échapper est de ne plus bouger d’un poil, car il repère ses proies à leurs mouvements. D’où la légende du serpent qui « hypnotise », comme Ka le fait avec Mowgli, ou Japhar avec le Caliphe dans Alladin.
Mais pourquoi Bambi se sent-il autant en danger face à “l’innocente” Faline, toute douce et charmante ? Faline n’a rien d’un serpent !
Eh bien si, justement.
Faline représente un danger terrible pour Bambi. Pour la première fois, il est confronté à une potentielle conjointe, et se pose à lui la question cruciale de savoir s’il va être accepté ou rejeté par la femme.
En effet, notre survie ne se joue pas seulement à l’échelle individuelle. Elle dépend aussi de notre capacité à perpétuer l’espèce, donc à engendrer.
La femme qui refuse “d’aller plus loin” avec un homme lui envoie très concrètement le message suivant : “Je veux bien être amie avec toi, mais, franchement, tes gènes ne méritent pas de passer à la génération suivante”.
C’est donc une forme de condamnation à mort pour l’homme. Sa personne est jugée non-intéressante, ou en tout cas non-optimale, pour la survie de l’espèce. La femme décrète à l’homme que ses gènes peuvent disparaître. Selon elle, ils n’ont pas besoin d’aller plus loin dans l’histoire de l’Evolution.
D’où la terreur que tant d’hommes éprouvent face aux femmes, qu’ils préfèrent éviter, fuir, ou au contraire humilier, agresser. Mais dans tous les cas, c’est la peur qui les domine ; la peur d’engager une relation honnête, normale, bienveillante, réciproque, basée sur le respect mutuel et la bonne foi, mais qui risquerait pour eux de déboucher sur un « non » prononcé en toute connaissance de cause et donc particulièrement désagréable pour eux.
Il est donc logique que Bambi soit terrorisé en rencontrant Faline. C’est pour lui un moment de vérité, moment on ne peut plus dramatique pour lui.
3e étape : Bambi se ridiculise
Dès que Bambi parvient à se ressaisir, à sortir de la pétrification, il choisit de chercher à s’échapper.
C’est la fuite, donc la seconde réaction face à la peur. Fuir le verdict, fuir le jugement. Il est trop faible et immature pour faire face.
Bambi recule, mais bien sûr, il est tellement effrayé par Faline qu’il la surveille du regard et ne regarde pas où il met ses pieds. Il trébuche, tombe par-terre, se ridiculise.
Faline éclate d’un rire cristallin.
Elle n’est pas méchante. Elle ne s’est tout simplement pas rendu compte de son pouvoir sur Bambi. Elle ne se rend pas compte qu’il est terrorisé par son regard.
Bambi, en recherche de sécurité coûte que coûte, va se réfugier derrière les pattes de sa maman, assumant de passer pour ridicule.
4e étape : La maman de Bambi le force à aller vers Faline
Mais la maman de Bambi ne le laisse pas se cacher derrière elle.
Autrement dit, elle ne lui permet pas de renoncer à son destin, de rester le “petit bébé à sa maman”.
Avec son museau, elle pousse le jeune faon en avant, pour l’obliger à se présenter à Faline.
De son côté, la maman de Faline explique à celle-ci qu’elle devrait être un peu plus douce avec Bambi, se présenter, lui dire bonjour. Faline ne comprend pas, et elle est déçue de la réaction de fuite de Bambi. Elle l’interprète comme de l’hostilité, du rejet, alors que c’est de la peur !
Bambi, lui, est pris entre sa peur et l’autorité de sa mère. Il finit par accepter de dire bonjour à Faline, qui continue à rire de Bambi, preuve qu’elle n’a toujours pas pris conscience de son pouvoir.
Elle va continuer à se moquer de lui quelques temps. Bambi ronchonne, regarde ailleurs. Il ne comprend pas ce qui se passe en lui. Il est tout surpris de ne pas savoir ce qu’il doit faire.
Il est en terrain inconnu, tandis que la petite Faline, de façon très caractéristique, s’amuse comme une petite folle et ne ressent manifestement rien de la gêne de Bambi, allant jusqu’à lui lécher le museau, “en toute innocence” !!!
Ce qui est absolument classique :
Les femmes croient être du côté de la timidité, de la retenue. Et il est vrai bien sûr qu’il peut y avoir énormément de timidité, de complexes, de problèmes, chez la femme.
Mais il n’empêche que, ultimement, pour la femme, la question n’est pas de trouver un homme, mais de trouver un homme qui corresponde à ses critères, ce qui est totalement différent.
Si elle était prête à prendre absolument n’importe quel homme, elle finirait par trouver, dans au moins 98 % des cas. L’inverse n’est pas tout à fait vrai, car il existe une forte minorité d’hommes dont aucune femme ne voudra, quoi qu’il arrive.
La preuve en est que, si vous demandez à un homme de se mettre dans une rue très passante et d’arrêter les femmes au hasard pour leur proposer de monter avec lui gratuitement dans une chambre d’hôtel, il faudra probablement qu’il en arrête des centaines avant que l’une n’accepte. Certains hommes problématiques, par leur apparence physique ou leur comportement, ne trouveront jamais une seule femme qui acceptera. Toutes les femmes les repousseront. Ils représentent probablement 5 à 10 % de la population masculine, ce qui est important (1,5 à 3 millions d’hommes en France).
En revanche, si c’est une femme qui propose à tous les hommes la même chose, il s’écoulera moins de temps avant qu’elle ne trouve un volontaire. Il se peut que ce soit fait… en quelques minutes (secondes ?).
Ceci est logique, biologiquement : chez les êtres humains les risques associés à la sexualité sont beaucoup plus grands pour la femme que pour l’homme. Il est normal qu’elles soient plus prudentes, donc plus sélectives.
Ce sont donc les femmes, dans les sociétés humaines, qui, en dernière analyse, décident de qui a le “droit” de se reproduire. C’est différent chez la plupart des singes où le mâle dominant empêche physiquement les autres mâles de s’approcher des femelles en chaleur, mais ces dernières seraient prêtes à s’accoupler avec tous les mâles.
L’enjeu de la rencontre entre Bambi et Faline est donc beaucoup moins grand pour cette dernière, qui sait que, en tout état de cause, elle pourra trouver un autre candidat si par extraordinaire Bambi ne voulait pas d’elle.
Il est donc logique qu’elle soit plus détendue, qu’elle puisse se permettre de rire et de taquiner Bambi, qui lui est tout emprunté.
5e étape : Bambi prend conscience de son potentiel
Mais Faline fait tant et si bien qu’à force d’agacer Bambi, de lui lécher le museau, de lui tourner autour, de se moquer de lui… Bambi passe à l’action !
C’est la troisième réaction face à la peur : le combat !
Bambi, enfin, surmonte son angoisse, sa timidité, ses complexes, il se redresse et se met à poursuivre Faline (pour jouer, bien sûr…).
Miracle, il s’aperçoit qu’il court en fait plus vite que Faline. Qu’il est parfaitement capable de faire un « trape-trape » endiablé.
Bambi se “libère”. Il reprend la main. Et c’est une immense joie pour le spectateur de le voir se mettre à bondir et à poursuivre Faline dans tous les sens. Celle-ci a “réveillé la bête”, Bambi montre ce qu’il sait faire, et Faline en est ravie !
C’est exactement ce qui se passe quand, enfin, l’adolescent boutonneux quitte sa bande de copains, ses jeux et blagues stupides, pour répondre à l’appel d’une femme.
Il semblerait aussi que les bandes de délinquants juvéniles soient souvent brisées, non par la Police, mais par le fait qu’un ou plusieurs d’entre eux sont attirés par une femme, qui les remet dans le droit chemin. C’est pour cela qu’on voit beaucoup moins de bandes de criminels adultes, que des bandes de jeunes garçons (et heureusement !).
Dès que Bambi a découvert, grâce à Faline, qu’il était en fait capable de courir vite, comme par hasard arrivent de grands cerfs qui bondissent à travers la prairie.
Bambi se met à les imiter, et il y parvient très bien (malgré quelques ratés qui sont à se tordre de rire notamment quand il renonce au dernier moment à faire le “saut de l’ange” du haut d’un rocher). Il réalise qu’il peut faire beaucoup mieux que la démarche de bébé qu’il avait jusque là.
Une scène à pleurer d’émotion
Cette scène est à pleurer d’émotion, tant nous aimons voir le petit garçon sortir de sa coquille, et découvrir ce dont il est capable.
Dans la suite du film, Bambi adolescent retrouvera Faline, qui cette fois lui donnera l’occasion d’aller beaucoup plus loin dans son évolution vers le “mâle alpha”.
Pour elle, il devra affronter un rival, et donc découvrir sa propre force, l’usage de ses bois pour se battre. Bambi découvrira à cette occasion sa capacité à être dangereux pour ses congénères, ce qui est une condition essentielle pour pouvoir défendre la justice, la « veuve et l’orphelin », contre les méchants :
Au début du combat, Bambi (à droite) ouvre une nouvelle fois des yeux ronds, qui montrent qu’il n’a pas encore tout-à-fait compris que, dans la vie, il faut parfois combattre.
Mais il apprend vite et enverra son adversaire valdinguer dans la rivière.
Puis, c’est encore aux cris “Au secours, Bambiiiiiii !!!!” de Faline assaillie par des chiens que Bambi réalisera d’autres actes d’héroïsme, confirmant sa stature de chef.
Car quoi de plus efficace qu’une femme qui appelle à l’aide pour qu’un homme parvienne à surmonter ses craintes et révéler tout ce dont il est capable ?
Mais évidemment, une fois qu’il sera devenu le Grand Prince de la Forêt, Bambi connaîtra, en même temps que le prestige et la gloire, la solitude, perché en haut de son rocher… La solitude des cimes, que connaissent inévitablement les personnes qui ont surmonté des épreuves exceptionnelles, et qui est leur rançon :
Je crois qu’on n’a jamais fait mieux que ce film pour décrire ce qui se passe dans le coeur de l’homme qui rencontre une femme, et qui donnera le meilleur de lui-même pour lui plaire, et par là s’accomplir.
Si cette description vous a intéressé, je vous invite à regarder l’extrait sur Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=PvoXX74Przc) de Bambi rencontrant Faline pour la première fois. Mais le mieux est encore de vous procurer le film si vous ne l’avez pas encore.
Vous y découvrirez des milliers de choses dont je n’ai pas pu parler ici, notamment d’autres drôles d’animaux (le lapin Panpan et le sconse Fleur) qui, eux aussi, apprennent à devenir des mâles alpha grâce aux femelles qui les provoquent !
Il paraît que c’était d’ailleurs le film préféré de Walt Disney.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
The post Le pouvoir des femmes sur les hommes appeared first on Santé Nature Innovation.
from Santé Nature Innovation https://ift.tt/2QJL1wc