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L’industrie du médicament attaque

Des études médicales paraissent tous les jours dans les revues scientifiques, mais peu d’entre elles font les gros titres des journaux.

C’est pourquoi je cherche toujours “la petite bête” quand je vois soudain les gros titres se multiplier pour relayer une nouvelle information médicale présentée comme fracassante.

Cette semaine, il s’agit d’une étude sur les médicaments anti-cholestérol (statines).

La grande presse nous annonce que ces médicaments sont bénéfiques à tout le monde, y compris les personnes de moins de 40 ans.

La presse anglo-saxonne se montre, comme souvent, la plus audacieuse.

Elle annonce que les statines sont encore meilleures si vous les prenez “dès 25 ans” selon la BBC (ratio et télévision publique britannique) ou même “dès la vingtaine”.

Des millions de personnes devraient se voir offrir des statines dès leurs 20 ou 30 ans pour réduire les maladies cardiaques, affirme une étude majeure”, titre le journal anglais The Telegraph.

La presse française n’est pas en reste, puisque c’est chez nous l’Agence France-Presse (AFP), qui s’est chargée de battre le tambour.

La formulation est un tantinet plus prudente puisque l’information reste au conditionnel et on parle des personnes “de moins de 45 ans” :

Néanmoins, dans la suite de l’article, il est clairement expliqué que la solution miracle serait de donner des statines à un nombre beaucoup plus grand de patients qu’actuellement.

Je vous rassure tout de suite :

C’est un nouveau coup monté. De la pure “Fake News” (fausse nouvelle) comme on en voit de plus en plus souvent dans les grands médias.

Contrairement à ce que les journaux racontent imprudemment, il ne s’agit pas d’une “grande étude” (“major study”) et les chercheurs n’ont absolument rien “montré” qui permette de conclure que les statines, distribuées à grande échelle aux jeunes adultes, feraient baisser le risque cardiovasculaire.

En effet, il s’agit d’une étude d’observation, non une étude clinique randomisée et contrôlée.

Elle a porté de plus sur un nombre restreint de personnes (un peu plus de mille), et sur une période bien trop courte (6 ans) pour pouvoir tirer de telles conclusions.

Le résultat obtenu (4 % ou 6 % de réduction du risque cardiovasculaire) est bien trop faible pour justifier qu’on se mette à distribuer des médicaments à des personnes en chair et en os, surtout qu’il s’agit d’une “modélisation statistique”, donc un calcul sur un ordinateur, non d’une expérience faite sur de vraies personnes.

Enfin, et surtout, personne ne rappelle que

1. le cholestérol n’est pas un poison. Dans son livre “Prévenir l’infarctus et l’AVC”, le Dr Michel de Lorgeril rappelle que : « Le cholestérol est une molécule précieuse dans notre organisme, tellement précieuse que nous ne savons pas le détruire, seulement le transformer, par exemple en hormones stéroïdes ou en vitamine D. En conséquence, si le cholestérol se retrouve dans des conditions où il n’y a pas de cellules capables de le métaboliser, il s’accumule et constitue un résidu indestructible (…). L’accumulation de cholestérol n’est donc pas la cause de la lésion – comme le croient certains – mais la conséquence du vieillissement des lésions. »

2. un cholestérol élevé est donc un marqueur, non une cause, de risque cardiovasculaire. Le problème pour le patient n’est pas tant de faire baisser en soi son taux de cholestérol, que d’adopter un mode de vie plus sain, qui fera que son taux de cholestérol diminuera, et qu’il aura moins de lésions dans les artères.

Donner des médicaments qui font baisser artificiellement le taux de cholestérol n’est donc pas la solution. Pour donner une comparaison un peu caricaturale mais néanmoins parlante, c’est un peu comme donner des pastilles contre la toux à un fumeur qui crache ses poumons. Oui, vous allez peut-être réduire la toux, mais, non, vous n’allez pas résoudre la cause de son problème, à savoir le tabagisme. En tout état de cause, vos pastilles à la menthe ne feront pas baisser son risque de cancer du poumon.

3. on ne rappelle pas non plus que les médicaments, qui agissent en perturbant le métabolisme, ont toujours des effets secondaires. Sur les statines, la liste est longue, très longue. Elle va des douleurs musculaires aux pertes de mémoire en passant par l’impuissance. C’est que les statines provoquent des problèmes musculaires chez 5 à 10 % des personnes traitées, qui peuvent déboucher sur la myopathie ou même une maladie des muscles mortelle, la rhabdomyolyse.

Il y a en enfin le coût financier, évidemment, de mettre une grande partie de la population sous statines. Coût qui implique des prélèvements supplémentaires, ou les rationnements de soins dans d’autres domaines, alors que les maladies cardiovasculaires sont largement provoquées par le stress et l’excès de pression dans la vie de tous les jours, qui débouche sur le tabagisme, l’alcoolisme, la malbouffe, les addictions en tout genre.

Evaluer votre risque cardiaque : les vrais analyses

Votre taux de cholestérol total n’est donc pas un bon moyen de prévoir votre risque cardiovasculaire.

En revanche, il peut être utile pour vous de faire les analyses suivantes :

–      Ratio HDL/cholestérol : le niveau de HDL (dit « bon » cholestérol), est un facteur prédictif important du risque cardiaque. Divisez simplement votre taux de HDL par votre taux de cholestérol total. Le pourcentage doit idéalement être supérieur à 24 % ;

–      Ratio Triglycérides/HDL : vous pouvez faire la même chose avec votre ratio de triglycérides par rapport à votre HDL. Le ratio doit être inférieur à 2 ;

–      Taux d’insuline à jeun : tout repas ou snack riche en glucides comme du sucre ou des céréales raffinées (farine blanche, pain blanc, pâtes blanches…) provoque une hausse rapide du taux de sucre sanguin et de l’insuline pour compenser cette hausse. L’insuline secrétée par une consommation excessive de glucides provoque l’accumulation de graisse, particulièrement de graisse abdominale, facteur majeur de maladie cardiovasculaire.

–      Votre taux de sucre sanguin à jeun (glycémie à jeun) : les études montrent que les personnes qui ont une glycémie à jeun de 100-125 mg/dl ont presque 300 % de risque en plus de maladie cardiaque coronaire (artères qui irriguent le cœur) que les personnes qui ont moins de 79 mg/dl ;[1]

–      Taux de fer : le fer en excès dans le corps est une source majeure de stress oxydatif. Si vous avez trop de fer (taux de ferritine supérieur à 80 ng/ml), cela peut abîmer la paroi de vos artères et augmenter votre risque d’accident cardiovasculaire. Le moyen le plus simple de réduire votre taux de fer est alors de pratiquer le don du sang.

Les moyens naturels de réduire votre risque cardiovasculaire

Mais attention : si vous constatez que vous avez de mauvais taux ci-dessus, la solution la meilleure n’est pas d’avaler des pilules chimiques pour les corriger.

Cela ne servira à rien. Si vos taux sont mauvais, c’est un problème de mode de vie, qui se corrige en adaptant votre mode de vie et votre alimentation.

Voici la liste des mesures naturelles à prendre :

–      remplacer la nourriture industrielle, transformée, artificielle, par des aliments entiers, frais, cuisinés au minimum et si possible bio et cultivés localement ;

–      évitez la viande et les autres produits animaux (produits laitiers, œufs) issus d’élevages en batterie. Choisissez de la viande et des produits laitiers issus d’animaux de pâturage, des œufs de poules élevées en plein air et ayant pu gratter la terre, si possible biologique également ;

–      évitez les produits allégés et augmentez votre consommation de graisses bonnes pour la santé : avocats, poissons gras, œufs bios, beurre de vaches de pâturage, graisse de noix de coco, huiles de noix extraite à froid, fruits à coque (noix, amandes, noisettes…) non grillées et non salées, huile de colza bio ; veillez en particulier à votre ratio oméga-3/oméga-6, qui doit être entre un pour un et un pour cinq, mais certainement pas un pour vingt ou un pour trente comme c’est en général le cas dans l’alimentation occidentale actuelle ;

–      optimisez vos apports de calcium, magnésium, sodium et potassium ; si vous mangez beaucoup de légumes bio, vous aurez les apports nécessaires. Faites des jus de légume avec un extracteur pour augmenter votre consommation plus facilement ;

–      surveillez votre taux de vitamine D. Préférez si possible l’exposition au soleil. Vous atteindrez votre niveau optimal de vitamine D en vous exposant chaque jour 15 à 20 minutes sur au moins les trois-quart de votre corps ; si vous prenez un complément alimentaire, prenez en même temps de la vitamine K2 : elles agissent ensemble pour ralentir la calcification des artères (artériosclérose) ;[2]

–      arrêtez à tout prix de fumer mais buvez un verre de vin rouge par jour ; évitez les liqueurs et alcools forts ;

–      mangez des aliments fermentés pour apporter des probiotiques à votre colon (gros intestin), pour ré-équilibrer votre flore intestinale ;

–      faites de l’exercice physique régulièrement : il s’agit là de la façon la plus sûre et la plus efficace de prévenir et traiter les maladies cardiaques ;

–      veillez à votre hygiène dentaire et buccale : une dent morte (dévitalisée), de la plaque dentaire (bactéries autour des dents et sur la gencive), des gencives enflammées (rouges) sont associées à un grand nombre de maladies, dont les maladies cardiaques. Dans une étude de 2010, les personnes qui avaient une mauvaise hygiène de la bouche avaient 70 % de risque de développer une maladie cardiaque par rapport aux personnes qui se brossaient les dents deux fois par jour ;[3]

–      évitez les statines, qui font baisser votre taux de cholestérol artificiellement, sans effort, mais avec des risques de nombreux effets indésirables. Les seules personnes qui peuvent tirer un avantage pour leur santé des statines sont celles qui souffrent d’une hypercholestérolémie familiale, une maladie qui donne un taux très élevé de cholestérol quelle que soit l’alimentation et le mode de vie. Si vous devez prendre des statines, prenez absolument aussi du CoQ10, un co-enzyme très important pour l’énergie cellulaire, et dont la fabrication est également bloquée par les statines, qui ne font pas qu’empêcher la fabrication de cholestérol.

Pour réduire votre niveau d’insuline, et améliorer votre sensibilité à l’insuline, choisissez un régime à index glycémique bas, c’est-à-dire des aliments qui ne font pas trop rapidement monter votre taux de sucre sanguin.

Les compléments alimentaires qui aident à brûler des graisses (plutôt que du glucose) et améliorent la sensibilité à l’insuline sont la L-carnitine (2000 mg par jour) l’acide alpha-lipoïque (400 mg), le CoQ10 (100 mg), le magnésium (300 mg), la vitamine C (1000 mg), la vitamine E (800 mg), les multivitamines incluant toutes les vitamines B essentielles et des minéraux.

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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