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Dur parfois de protéger l’environnement

Chère lectrice, cher lecteur,

Quand on cherche à manger sain et vivre bio, c’est pour respecter notre corps et la nature. L’un ne va pas sans l’autre.

D’où mon message d’aujourd’hui qui sera écologique. Dans ce domaine, il peut nous arriver de faire de mauvais choix sans le savoir. Voici quelques points utiles à connaître, pour mettre nos connaissances à jour :

Méfiance avec le lait d’amande

Certaines personnes se tournent vers le lait d’amande, pensant limiter leur impact écologique.

12 % du lait vendu en supermarché est désormais issu de « laits végétaux » que l’on suppose meilleurs pour l’environnement.

Les vaches, c’est bien connu, produisent du méthane. Elles broutent de l’herbe, du tourteau de soja (souvent transgénique), elles polluent les cours d’eau par leurs déjections…

C’est vrai.

Mais pour produire un seul litre de lait d’amande, il faut 6098 litres d’eau !! [1]

L’impact sur les nappes phréatiques est colossal. Il faut savoir que 80 % de la production d’amandes vient de Californie, qui est frappée par la sécheresse depuis dix ans. Face à la hausse de la demande liée à la mode du lait d’amande, les agriculteurs déracinent les traditionnels orangers et transforment des zones immenses en monocultures d’amandiers, nécessitant d’accroître encore les tensions sur les systèmes d’irrigation.

Le lait de vache produit plus d’émission de dioxyde de carbone que le lait d’amande. Selon les experts de l’Université de Californie, « choisir entre le lait d’amande et le lait de vache revient à choisir entre les problèmes d’eau et le réchauffement climatique ». [2]

C’est donc une alternative intéressante pour les personnes allergiques au lait de vache, mais ce n’est pas un produit spécialement bio.

Le point sur la crise du cabillaud

Dans les années 1980 s’est produit une catastrophe écologique dans les eaux de Terre-Neuve, parmi les plus poissonneuses du monde : l’effondrement de la population de cabillaud.

Les chalutiers ont été équipés de filets permettant d’attraper les gros cabillauds mâles nageant dans les grandes profondeurs, qui étaient jusque-là épargnés.

Pendant plusieurs années, les pêcheurs se sont réjouis de ces belles prises. Mais soudain, patatras : les cabillauds ont pratiquement disparu.

C’est que, chez les cabillauds, la fertilité augmente avec le temps. Les vieux mâles étaient ceux qui assuraient la plus grande partie de la fécondation. Une fois disparus, s’est produit un effondrement de toute la population de cabillauds, qui a ruiné l’économie de la région et privé le monde entier d’une source de poisson qui avait été jusque-là abondante, bon marché, et de très bonne qualité.

La pêche au cabillaud fut interdite par les Autorités. Le traumatisme fut tel que notre génération a cru ne plus jamais pouvoir manger de cabillaud.

En réalité, les stocks de cabillaud ont été mieux gérés dans d’autres zones. Actuellement, 91 % du cabillaud pêché en Norvège bénéficie du label MSC (Marine Stewardship Council), ce qui veut dire qu’il est issu de la pêche durable. [3]

Concernant le cabillaud de Terre-Neuve, les stocks ont beaucoup augmenté ces dernières années. Un intense débat a lieu actuellement entre les différents groupes de protection de l’environnement dans la mesure où existe une concurrence entre les cabillauds et les phoques.

Les phoques gris (grey seals) seraient responsables de 50 % de la mortalité des gros cabillauds, ce qui représenterait un « facteur majeur limitant la reconstitution des stocks de cabillauds », selon l’Agence environnementale canadienne. [4] Le problème serait le même sur les côtes écossaises, où les phoques (protégés) mangeraient 40 % du stock de cabillaud, empêchant la reconstitution de la population. [5] Les défenseurs des phoques contestent bien sûr ce diagnostic : aucune preuve n’existe qu’éliminer une partie des phoques ne permettrait d’augmenter la quantité de poissons. [6]

Mettez du film plastique sur vos restes de nourriture

Une campagne contre le film plastique alimentaire a convaincu de nombreuses personnes qu’il était mauvais pour l’environnement et libérait des perturbateurs endocriniens dans la nourriture.

Il est vrai, évidemment, que nous consommons trop de plastique.

Cependant, la priorité aujourd’hui est de lutter contre le gâchis de nourriture.

Le film plastique permet de limiter le gaspillage. C’est autant de polluants économisés à chaque fois en termes de trajet en voiture pour le supermarché, production de nourriture, emballages. Réfléchissez avant d’utiliser du film plastique, mais l’exclure systématiquement n’est probablement pas une bonne idée.

Attention au tofu d’Amérique du sud

La culture de soja en Amérique du Sud est un facteur majeur de déforestation et un désastre pour la biodiversité.

Le tofu qui provient de cette zone a une empreinte carbone deux fois plus élevée que le poulet ! [7]

Parfois, la nourriture toute prête est meilleure pour l’environnement

La cuisson industrielle est plus efficiente que la cuisson à la maison. Plutôt que des milliers de petites casseroles individuelles, c’est une grosse cuve qui produit beaucoup moins de déperdition de chaleur.

Ainsi, acheter des pois chiches ou des haricots rouges ou blanc en conserve est meilleur pour l’environnement que de les acheter secs et de les faire cuire soi-même longuement sur le feu.

La cuisson sera, en outre, mieux réussie car les professionnels connaissent exactement les conditions les meilleures. Ne vous inquiétez pas pour l’emballage : les conserves en métal sont aujourd’hui très bien recyclées. Pratiquement aucun gramme de métal n’est perdu.

Mangez de l’agneau de Nouvelle-Zélande

Cela peut paraître absurde de manger de l’agneau venant de l’autre bout du monde, alors qu’il pourrait brouter dans les prés à côté de chez nous.

Sauf que la Nouvelle-Zélande possède des pâturages naturels immenses parfaitement adaptés aux moutons, qui réclament beaucoup moins de soin et de nourriture industrielle que chez nous. Même en tenant compte du transport, l’agneau de Nouvelle-Zélande a une empreinte carbone inférieure à l’agneau européen. [8]

Bien entendu, il y a d’autres enjeux et vous pouvez souhaiter soutenir les éleveurs français pour des raisons économiques et culturelles.

Le thon rouge revient en Méditerranée

Grâce aux quotas sur la pêche, le nombre de thons rouges de Méditerranée a quasiment quadruplé entre 2008 et 2013. Le stock de reproducteurs est, quant à lui, passé de 150.000 tonnes à 585.000 tonnes. [9]

« Le thon rouge n’a plus de sushi à se faire », annonçait un journaliste farceur sur RFI. [10]

Si bien sûr le risque de surpêche reste réel en cas de relâchement des quotas, il n’en reste pas moins que, si vous avez le choix entre de la lotte et du thon rouge, sachez que le second est moins menacé que la première, contrairement à ce qu’on pense en général. Ce qui ne veut pas dire qu’il est meilleur pour la santé.

Vous pouvez relire ma lettre sur la pollution des poissons à ce sujet.

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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