Transformer un accident en chance de grandir
Chère lectrice, cher lecteur,
À mon âge, j’ai compris que la vie était comparable à une personne qui patine sur une fine couche de glace.
Tant que la glace tient, on file et on ne se rend pas forcément compte de la chance qu’on a. Mais un jour la glace cède, et c’est le bain glacé.
Cette glace qui se rompt soudainement sous nos pieds, c’est une inquiétante boule qui apparaît un matin dans notre cou. C’est une échographie qui révèle une maladie grave.
Mais cela peut aussi être :
- un échec à un examen décisif pour notre avenir ;
- un licenciement brutal ;
- le décès d’une personne qui nous était indispensable ;
- une conversation surprise d’un ami qui révèle tout le mal qu’il pense de vous ;
- un texto compromettant trouvé sur le téléphone de son conjoint que l’on croyait fidèle ;
- un accident de la circulation ;
- une agression ;
- etc.
Les repères qui donnaient à notre vie un cadre rassurant volent en éclat. Car nous ne savons plus qui nous sommes.
Nous ne savons plus « qui » nous sommes !!
Il y a un instant, vous étiez une personne en bonne santé avec des décennies devant vous ; maintenant, vous êtes malade et devez envisager la possibilité d’un décès.
Ou alors :
- Vous étiez un employé travailleur, compétent et respecté ; vous êtes maintenant un chômeur, et bientôt chômeur longue durée.
- Vous étiez un conjoint épanoui et confiant ; vous allez peut-être maintenant divorcer.
Que faire, où courir, à qui s’adresser ??
Il faut revêtir un nouveau costume, celui de votre nouveau personnage, et apprendre à jouer votre nouveau rôle. Mais nous ne savons pas comment nous y prendre. Cela demande un temps d’apprentissage.
Notre passé doit changer lui aussi
Le présent et l’avenir prennent une allure nouvelle, marquée par l’incertitude.
Mais nous devons faire un autre travail sur nous-même, encore plus violent : relire notre passé à la lumière du nouvel événement qui nous est tombé dessus.
C’est un effort psychique énorme. Car dans votre passé aussi, vous n’étiez pas la personne que vous pensiez être.
Vous vous pensiez en bonne santé et vous avez pris toutes sortes de décisions en tenant compte de cela : acheter une maison ou une voiture à crédit ; planifier des vacances ; acheter un nouvel équipement sportif ; vous inscrire à un cours de chinois… Toutes ces décisions qui vous paraissaient bonnes à l’époque se révèlent n’avoir plus de sens.
Vous vous en voulez de ne vous être aperçu de rien, de ne pas avoir anticipé. Vous voyez votre image dans le passé comme celle d’une personne naïve, imprudente, qui s’est « stupidement » réjouie de faire des choses qui allaient se révéler être de très mauvaises décisions…
Bref, vous ne vous reconnaissez plus.
C’est le chaos.
L’impression que nous détestons le plus
Le chaos est ce que l’être humain déteste le plus.
Nous sommes paralysés par l’incertitude. Si nous ne retrouvons pas rapidement des repères, c’est l’anxiété, la dépression et même la maladie.
Car notre corps réagit mal à tout ça. Par exemple, le chômage entraîne une surmortalité de 300 % par rapport au reste de la population, selon une nouvelle étude de l’Inserm. [1]
Sortir du trou et remonter sur ses patins
La souffrance psychique dure jusqu’à avoir déterminé quelle est notre nouvelle position, et quelles sont nos perspectives.
Ce travail se réussit rarement seul. Il faut en parler avec des amis, et éventuellement consulter un professionnel. Grâce à un dialogue respectueux, bienveillant et honnête, le bon psychothérapeute aide à faire le tri dans les angoisses qui nous accablent, pour distinguer les problèmes réels des problèmes imaginaires, et repérer des dangers et les possibilités que nous n’avions pas vues.
Cela peut prendre beaucoup de temps mais c’est une étape indispensable.
Vous êtes comme un promeneur qui s’est perdu. Tant qu’il n’a pas trouvé un point de repère à partir duquel repartir, il est condamné à tourner en rond.
Si le chaos est total, alors tout point d’appui, aussi faible soit-il, constitue un progrès. C’est pourquoi chez les personnes en grande souffrance, toutes les psychothérapies marchent, qu’elles soient basées sur Freud, Jung, Lacan, ou autre.
Même si les patins sont montés à l’envers, mal patiner est préférable à ne pas patiner du tout.
Reprendre la promenade
Le patineur parvient à se sortir de l’eau. Il est tout tremblant, et tout trempé. Il n’a plus du tout envie de continuer sa promenade. Mais au moins il est à nouveau sur ses jambes. Il peut, progressivement, reprendre de l’assurance.
Il peut reprendre sa course, jusqu’au moment où la chute ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
Dans un second temps, le patineur pourra même réaliser que cette chute lui a appris quelque chose de très important sur sa vie.
Elle l’a obligé à mieux prendre en compte la réalité ; elle lui a enseigné la prudence ; elle a augmenté son expérience et son courage, car il se sait maintenant capable de sortir des situations difficiles.
Il a aussi une meilleure compréhension des autres patineurs, qui eux aussi sont parfois tombés dans l’eau. Il sait ce que c’est. Il a donc plus d’empathie pour eux, il comprend mieux leurs réactions.
Il est devenu meilleur et plus… humain.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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