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Aujourd’hui, je vais dire du mal de la santé naturelle, et du bien de la médecine conventionnelle !

Enfin, pas trop de mal de la santé naturelle, je vous rassure. Mais enfin il faut quand même mettre quelques points sur les i.

Et je vais partir des travaux de Walter Sneader, professeur de pharmacologie à l’université de Strathclyde, à Glasgow (Écosse), spécialiste international des substances médicinales.

Peu connu et peu cité en France, il a pourtant à son actif une œuvre colossale, ayant répertorié l’ensemble des substances naturelles et artificielles rigoureusement testées sur l’être humain [1].

Comparer objectivement produits naturels et médicaments chimiques

Il est vrai que ses travaux ne sont publiés qu’en anglais, dans un langage assez scientifique.

Mais tout de même.

Son travail est d’une importance primordiale. Il a répertorié les substances utilisées en médecine à travers les âges et dans toutes les civilisations, qu’elles soient issues

  • des plantes et des substances actives extraites des plantes : les alcaloïdes, les non-alcaloïdes (glycosides, guaiacol, podophyllotoxine, paclitaxel, salicyline…), ainsi que toutes les molécules analogues et dérivées, les alcools, le cannabis, l’opium, etc. ;
  • d’organismes animaux (ou de l’être humain) : les hormones sexuelles, surrénales, thyroïdiennes, les neurohormones, les peptides, les prostaglandines, les vitamines, le sang et tous les produits biologiques qu’il contient, les antimétabolites (les purines, les pyrimidines, les nucléosides, les inhibiteurs de la protéase et de la neuramidase) ;
  • des micro-organismes : antibiotiques, analogues d’antibiotiques, et tous les autres produits issus des levures, champignons, bactéries ;
  • des métaux et minéraux : fer, mercure, arsenic, antimoine, bismuth, or, argent, lithium, zinc, platine, tous les sels qui en sont issus, les sels minéraux (potassium, magnésium, calcium, sodium) ;
  • des nutriments : acides gras, protéines, acides aminés, les différents sucres, etc. ;
  • et même des produits chimiques : les teintures, les sulfamidés, les molécules de synthèse en tout genre, y compris issues du génie génétique comme les anticorps monoclonaux.

Nul ne peut donc accuser le Pr Walter Sneader d’être « fermé », « borné », « vendu à l’industrie pharmaceutique », de « tout savoir sur les médicaments chimiques » et « rien sur les substances naturelles ».

Le Pr Walter Sneader a au contraire cette vue d’ensemble si rare, qui permet de comparer objectivement l’efficacité de tous les produits de santé, des plus naturels jusqu’aux plus chimiques.

Cette vue d’ensemble est indispensable pour faire les meilleurs choix thérapeutiques.

Pourquoi on a créé des médicaments chimiques

Ce qu’oublient souvent de dire les partisans de la santé naturelle, c’est que les hommes n’ont pas eu le choix quand ils ont cherché à créer des médicaments « artificiels », en recourant à la chimie.

La « nature » ne leur offrait pas de remède clé en main pour soigner la lèpre, la peste, la tuberculose, les cancers, la syphilis, la schizophrénie, et tant d’autres maladies terribles.

Il faut se mettre à leur place : ils étaient horrifiés de n’avoir pas plus à offrir pour soulager les malades.

Mal soignées, pas soignées du tout, ces maladies étaient si horribles que le médecin lui-même (ne parlons même pas du malade !) devait faire preuve d’héroïsme pour laver les plaies purulentes, soigner les ulcères malodorants, couper des jambes, des bras, des tumeurs énormes, avec un taux d’échec catastrophique.

Rendez-vous compte que, jusqu’à Ambroise Paré (le grand chirurgien de la Renaissance), les médecins « soignaient » les plaies sur les champs de bataille en y versant de l’huile bouillante.

Cette technique de cautérisation avait été enseignée par la médecine arabe, très prestigieuse à l’époque. Le blessé subissait des souffrances qui n’ont pas de nom. Mais le médecin lui-même, Ambroise Paré le raconte très bien, devait faire preuve d’un grand courage pour ne pas s’évanouir pendant l’opération.

Rien n’est plus absurde que d’aller aujourd’hui reprocher aux médecins de l’époque d’avoir cherché des moyens de faire mieux que les quelques tisanes et moyens « naturels » mais largement inefficaces, et plus souvent nuisibles, qu’ils avaient à leur disposition.

Augmenter l’efficacité des produits naturels

Si, par exemple, nous n’utilisons plus l’écorce de saule contre les fièvres et le mal de tête, mais l’acide acétylsalicylique (aspirine), c’est parce que c’est beaucoup plus efficace.

L’acide acétylsalicylique est-il « chimique », « artificiel » ? Oui, dans la mesure où elle ne peut être fabriquée que par l’industrie chimique (Bayer). Mais non, dans la mesure où il s’agit à l’origine d’une molécule tout ce qu’il y a de plus naturel, présente dans l’écorce de saule (et la reine-des-prés, le castoréum ). Simplement, elle a été purifiée, puis a subi une modification chimique (ajout d’un groupe acétyl, c’est-à-dire un groupe COCH3) tout à fait classique, pour en augmenter l’efficacité antidouleur et anti-inflammatoire et diminuer les effets indésirables !! L’acide acétylsalicylique est en effet mieux toléré par notre organisme.

Si certaines personnes préfèrent un produit moins efficace, avec plus d’effets indésirables, libre à elles de rejeter l’aspirine.

Mais franchement, cela n’a pas beaucoup de sens.

C’est la même chose pour la morphine. Depuis la nuit des temps, les hommes mangent ou fument du pavot, dont est issue une pâte brune appelée « opium ». Mais l’opium est peu efficace. Lorsqu’on a su purifier l’opium au début du XIXe siècle, on en a extrait un alcaloïde qui fut baptisé « morphium », en l’honneur de la déesse grecque du sommeil Morphée, puis morphine. C’est alors qu’on a (enfin !) disposé d’un antidouleur vraiment puissant pour épargner des souffrances aux mourants, aux accidentés, aux grands brûlés.

Purifiée « en laboratoire », la morphine est plus efficace et plus sûre que l’opium « naturel », car on sait exactement quelle dose on donne au malade, contrairement à l’opium dont la teneur en morphine est variable.

Ce fut la même chose avec le paludisme, ou malaria, qui a accablé l’Europe jusqu’au début du XXe siècle. Les Jésuites avaient certes rapporté au XVIIe siècle l’écorce du quinquina, un arbre d’Amérique du Sud, pour soigner la malaria. Mais le remède était plus qu’incertain, débattu, voire rejeté (par l’Académie de médecine d’Angleterre), car on ne parvenait pas à déterminer précisément s’il était efficace (il l’était, mais pas assez pour que cela apparaisse clairement aux médecins et aux malades).

Il fallut attendre d’être capable d’extraire chimiquement la quinine, un autre alcaloïde, pour que le remède devienne vraiment efficient. Cela ne fut possible qu’à la fin du XVIIIe siècle.

Fabriquer des grandes quantités de produits rares

Un autre apport du progrès industriel et technique fut de produire en grande quantité des substances médicinales trop rares dans la nature.

Prenez le célèbre agent anti-cancéreux paclitaxel issu de l’if (l’arbre). Pour traiter tous les cancers du monde au paclitaxel, il faudrait abattre des forêts de cet if. Or, justement, la variété qui produit le paclitaxel est une variété très rare, qu’on trouve autour de l’océan Indien, et chaque arbre n’en contient que des quantités infimes.

Heureusement, les chercheurs ont fini par parvenir à reproduire le paclitaxel en laboratoire, et ainsi soigner les malades, tout en épargnant les ifs rares.

Ce fut le même problème avec la cortisone. Substance extraordinaire pour réguler l’inflammation, elle ne se trouve qu’en quantité infime dans les glandes surrénales des mammifères. Il est donc tout à fait méritoire et fantastique pour l’humanité que des chercheurs aient réussi à fabriquer en 1947 de la cortisone de synthèse, ce qui d’ailleurs faillit ne pas arriver tant ce fut compliqué (je vous raconterai l’histoire une autre fois).

C’est le cas encore de la plupart des antibiotiques, qui sont des substances fabriquées en toute petite quantité par des moisissures. En aucun cas les quantités fabriquées naturellement n’auraient suffi à soigner des gens. Rappelons que le premier homme traité à la pénicilline décéda, car les médecins n’avaient tout simplement pas assez de pénicilline pour une seule personne. Ils furent obligés de récupérer ses urines pour les filtrer et récupérer la pénicilline excrétée pour la lui ré-injecter, mais cela ne suffit pas pour le sauver !!

Les industriels qui mirent en place les usines nécessaires pour fabriquer la pénicilline à grande échelle et ainsi sauver des dizaines de milliers de soldats blessés pendant la Seconde Guerre mondiale rendirent un fier service à l’humanité. Il faut avoir le courage de le dire, même au risque de se faire critiquer.

Merci à eux pour la pénicilline qui a sauvé des millions de vies par la suite. N’oublions pas non plus que la plupart des grosses opérations chirurgicales, opérations à cœur ouvert, transplantations, ne pourraient avoir lieu sans les antibiotiques et la cortisone. En effet, ces produits sont indispensables pour empêcher les inflammations et les infections mortelles consécutives aux opérations.

Pour des médecines complémentaires

Cela ne remet pas en cause la supériorité des approches naturelles, par le mode de vie, l’alimentation, la complémentation nutritionnelle, les plantes, pour toutes sortes de maladies très répandues, dont je parle constamment dans SNI.

Mais ce n’est pas parce qu’on privilégie la nature qu’il faut être naïf. La médecine naturelle est le plus souvent complémentaire de la médecine conventionnelle, c’est la raison pour laquelle tant d’experts de SNI sont médecins.

Ce message, je l’espère, aura permis de clarifier les choses.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis



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