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Chère lectrice, cher lecteur,
Un homme blanc debout au tableau, faisant la classe à des Africains assis sur des chaises en PVC.
D’un air docte, l’homme présente à ses « élèves » des dessins montrant comment ils doivent tendre le bras quand un homme en blouse blanche s’approche avec une seringue.
Nous ne sommes pas dans « Tintin au Congo », mais au Libéria, en mai 2015.
L’homme blanc n’est pas un petit reporter belge, mais H. Clifford Lane, directeur d’une agence de santé américaine chargée d’Ebola.
En toute bonne conscience, il participe à la promotion d’un prétendu « vaccin contre Ebola », qui n’a pas été testé correctement et dont personne ne peut affirmer qu’il est efficace, ni qu’il est inoffensif.
Il le sait. Il l’a lui-même reconnu le 13 mai 2015 dans un grand journal américain :
« Jusqu’à présent, il n’a pas été possible de démontrer l’efficacité d’aucune intervention expérimentale » contre Ebola [1].
Le titre et le sous-titre de l’article font froid dans le dos :
« Des conflits émergent autour des essais sur les médicaments contre Ebola en Afrique :
Tandis que l’épidémie recule, les chercheurs débattent de l’éthique de traiter des patients avec des médicaments n’ayant pas fait l’objet de contrôles rigoureux ».
Tous les ingrédients semblent réunis pour qu’éclate un nouveau scandale sur la diffusion de médicaments non testés en Afrique.

Des chercheurs se révoltent

« Nous ne pourrions pas faire ça aux Etats-Unis, et vous ne pourriez pas le faire au Royaume Uni, alors pourquoi pensez-vous que vous pouvez le faire en Afrique ? »
C’est la question qu’a posée André Kalil, médecin faisant partie des plus grands spécialistes d’Ebola, aux chercheurs ayant organisé les essais de médicaments au Libéria et au Sierra Leone, lors d’un sommet de l’Organisation mondiale de la santé,(OMS) au mois d’avril 2015.
La question est en train de devenir si brûlante qu’une conférence a été organisée à Genève au sujet de la façon dont l’association Médecins sans frontières et d’autres organisations humanitaires européennes ont mené des tests de vaccins sur des populations africaines, cela sans faire de comparaison avec des groupes placebo (une mesure indispensable pour connaître l’efficacité et les dangers réels d’un traitement).
La conséquence est que de nombreux Africains ont reçu des vaccins ou des médicaments sans que personne ne puisse garantir leur utilité, ni leurs effets et éventuels risques d’accidents.

Des « médicaments » qui entraînent 93 % de décès ou plus

Pour rappel, Ebola est une maladie pour laquelle n’existe aucun traitement spécifique en dehors des soins médicaux de routine administrés à une personne qui souffre de diarrhée, fièvre, vomissements et hémorragie (les symptômes d’Ebola).
Toutefois, à partir du moment où la personne est convenablement hydratée, nourrie par perfusion, transfusée et éventuellement dialysée (nettoyage artificiel du sang), il existe de grandes chances de guérison, comme ce fut le cas de la quasi-totalité des personnes traitées dans les hôpitaux européens ou américains.
Globalement, si on inclut tous les villages africains n’ayant pas eu accès à ces soins de base, la mortalité par Ebola est de 41 %, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé.
Qu’en est-il des médicaments expérimentaux ?
Une étude sur le médicament expérimental brincidofovir, développé par la firme Chimerix, a été stoppée au mois de janvier après le décès des quatre premiers patients traités.
C’est un taux de mortalité de 100 %, mais il est vrai qu’il s’agit d’un petit nombre, non significatif.
Une autre étude, menée par l’Inserm et Médecins sans frontières sur le médicament favipiravir a été interrompue après avoir constaté une « absence d’efficacité » sur les patients les plus malades, dont 93 % sont décédés.
Selon Martin Friede de l’OMS, le favipiravir « ne devrait pas être le traitement de référence » car « les données que nous avons vues ne montrent pas d’efficacité de ce médicament. »
Malheureusement, en Guinée le ministère de la Santé a décidé d’imposer le favipiravir, comme traitement de référence, bien qu’un médecin ayant lui-même participé à l’étude ait déclaré que les tests menés sont au mieux « insuffisants pour tirer la moindre conclusion ».
À part ça, aucun vaccin ou médicament contre Ebola, tous développés dans la précipitation, n’a fait l’objet de la moindre étude concluante.
Dans ces conditions, les médicaments diffusés par les Européens en Afrique ne peuvent être décrits autrement que comme ne faisant aucun bien et causant potentiellement beaucoup de mal.
C’est l’avis des autorités de santé américaines qui, contrairement aux agences humanitaires européennes, se battent aujourd’hui pour que soient interrompues toutes les campagnes de vaccination ou de médicaments non testés (autrement dit la totalité).

Pourquoi cet acharnement à vouloir traiter ?

Derrière cet acharnement à vouloir utiliser des médicaments, même quand rien ne montre qu’ils sont efficaces ou inoffensifs, on peut bien sûr voir la main de l’industrie pharmaceutique.
Les agences gouvernementales, internationales, et les organisations humanitaires disposent de budgets considérables pour acheter des médicaments. Pour Ebola, le budget par malade est de 100 000 dollars [2], et il est évident que ces sommes mirobolantes ne peuvent qu’attiser les intérêts mercantiles.
Toutefois, il serait injuste pour ne pas dire ridicule d’imaginer que tous les médecins partis lutter contre Ebola en Afrique se comporteraient en pantins de l’industrie pharmaceutique.
Derrière leur volonté de traiter à tout prix, il y a plutôt à mon avis un bon sentiment : celui de se sentir responsable pour les autres et, en tant que médecin, d’avoir le devoir de « faire quelque chose ».
Imaginez-vous avoir fait dix ans de médecine ou plus. Vous sacrifiez votre clientèle ou votre poste en France pour partir en Afrique, à vos risques et périls. Vous débarquez sur place, après un vol de 9 heures pour Monrovia, la capitale du Libéria.
On vous attend avec toutes sortes d’équipements, des radios, des Land-Rover reliées par satellite. Partout, vous voyez des journalistes, des soldats américains, des experts du monde entier arrivés comme vous en urgence pour lutter contre « le pire fléau de l’humanité ».
Et malgré tout cela, tout ce que vous pouvez faire réellement, c’est d’isoler les malades tandis que des infirmiers leur donnent à boire, leur posent des perfusions, les lavent régulièrement, puis attendent que la nature fasse les choses.
Autrement dit, vous avez l’impression de ne servir à rien.
Trois fois sur cinq, le malade guérit ; mais deux fois sur cinq, ce qui reste énorme, il meurt. Ce n’est pas vous qui décidez. C’est la Fatalité.
Imaginez la frustration, le sentiment d’impuissance, la rage même !
« Quoi, avec toute notre technique, nos études, notre Savoir, notre Progrès, notre argent, nous qui sommes capables  de modifier des gènes, changer des cœurs et opérer des cerveaux, nous n’aurions aucune piqûre ni aucune molécule contre une maladie qui tue des innocents ? »
Eh oui ! parfois, le mystère de la vie continue à nous résister. Peut-être même restera-t-il toujours une part d’inconnu. On ne sait pas. Personne n’en sait rien, je suppose…
En attendant, même si c’est dur pour notre fierté, il vaut mieux parfois s’abstenir que de faire des bêtises.
Mais ce n’est pas évident.
Et nul besoin d’aller jusqu’en Afrique pour se confronter à pareil problème. Avez-vous entendu le cri d’alarme du professeur Henri Joyeux pour dénoncer l’odieux scandale du vaccin DT-Polio en France.
Regardez cette vidéo du Pr Joyeux, signez et partagez comme je l’ai fait moi-même ainsi 100 000 personnes qui se sont déjà mobilisés en moins de 24 heures !
Bien à vous,
Jean-Marc Dupuis
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