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santé nature innovation

Chère lectrice, cher lecteur,
Mardi 31 mars, panne de batterie.
J’ouvre la portière de ma voiture pour la pousser de quelques mètres et paf, elle heurte un réverbère.
La tôle est défoncée sur quelques centimètres. Cela se voit à peine, mais c’est assez pour gêner la fermeture de la porte.
J’appelle mon fidèle garagiste. Il me promet une réparation rapide pour 470 euros, changement de batterie inclus. J’accepte le devis, et le voilà qui arrive avec sa dépanneuse.
Une heure plus tard, coup de téléphone :
« Monsieur Dupuis, je vous assure, en 30 ans, cela ne m’était jamais arrivé… »
Mal arrimée, ma voiture était tombée de la dépanneuse. Le capot, le radiateur, les deux ailes avant sont écrabouillés. L’expert en assurance déclarera une perte totale, pour une voiture qui était presque neuve (enfin, elle avait 5 ans mais je l’avais peu utilisée).
Vous allez me dire : « Jean-Marc, tout ça est dommage, mais quel rapport avec la santé ? » Vous allez voir…

Moins de médecine, plus de santé

Selon le professeur de médecine H. Gilbert Welch, auteur de « Moins de médecine, plus de santé » [1], les médecins se sentent souvent obligés de faire quelque chose, prescrire des médicaments, des analyses, des radios, pour satisfaire leurs patients.
Ils se sentent obligés, simplement parfois pour leur donner l’impression de les avoir compris. Ils savent en effet que, pour nombre de patients, un bon médecin est un médecin qui prescrit beaucoup de médicaments, qui n’hésite pas à leur donner un arrêt maladie ou à les envoyer chez un spécialiste.
S’ils résistent, ils courent le risque de voir leurs patients partir chez un autre médecin, plus « compréhensif ».
C’est un des effets pervers les plus graves de notre système de santé.
Car, comme dans le cas de ma voiture, totalement détruite alors qu’elle n’avait à la base qu’un « petit bobo », de nombreux patients sous-estiment gravement le risque de se faire traiter médicalement.

Pourquoi les meilleurs médecins, souvent, ne font rien

Non seulement, ce système entraîne une hausse catastrophique des dépenses de santé, avec pour conséquence inévitable que des soins par ailleurs indispensables commencent à être rationnés ou déremboursés (par exemple, le dosage de vitamine D).
Mais cette surmédicalisation a bien d’autres inconvénients cachés.
C’est pourquoi le Dr H. Gilbert Welch explique que « les meilleurs médecins, souvent, ne font rien » [2].
« Un médicament qui fait baisser la glycémie (taux de sucre sanguin) peut réduire excessivement le taux de sucre. Cela n’est pas bon pour le cœur ni pour le cerveau. Un scanner de la colonne vertébrale permettra presque toujours de trouver quelque chose d’anormal dans votre dos, comme cela arrive même chez les personnes qui n’ont pas mal au dos. Cette anomalie n’aura presque certainement aucun lien avec votre mal de dos, mais elle procurera néanmoins une raison de vous opérer du dos (ce qui peut entraîner de graves conséquences, comme changer une douleur temporaire en un mal de dos chronique). Si vous avez mal à la tête et qu’un scanner du cerveau ne révèle rien d’anormal, votre neurologue peut vous prescrire un examen du cou par ultrasons. Tandis qu’il vérifie l’irrigation sanguine de votre cerveau, votre radiologue peut tomber sur un petit cancer de la thyroïde. Et maintenant, vous avez vraiment un gros problème. Parce que vous subirez une intense pression pour « faire quelque chose » (bien que, en cherchant bien, on trouvera de petits cancers de la thyroïde chez de nombreux adultes). »
Le cancer de la thyroïde, comme celui de la prostate chez les hommes de plus de 75 ans, est en effet très courant et, la plupart du temps, ne tue pas. S’il n’avait pas été diagnostiqué, la plupart des patients ne se seraient jamais aperçus de rien, et seraient morts d’une autre cause.
Par contre, l’opération du cancer de la prostate provoque des problèmes d’incontinence et d’impuissance. En cas d’ablation totale de la prostate, ceux-ci apparaissent dans 93 % des cas, selon une toute récente étude danoise [3].
L’ablation partielle ou totale de la thyroïde, elle, entraîne en cascade des problèmes de déséquilibres hormonaux, avec des effets potentiels à tous les niveaux de l’organisme, y compris le moral et la joie de vivre. En effet, les hormones thyroïdiennes régulent le fonctionnement de chacune des cellules de votre corps [4].

Une bonne relation avec votre médecin

Que diriez-vous d’un conseiller financier qui vous dirait à chaque rencontre de faire de nouveaux placements ? D’un agent d’assurance qui vous conseillerait constamment d’augmenter votre couverture ? Ou d’un dentiste qui voudrait à chaque fois vous passer aux rayons X ?
Le fait est que les vrais professionnels n’ont pas besoin d’intervenir en permanence. De la même façon que vous pouvez vous réjouir si votre dentiste, après vous avoir inspecté la bouche, vous déclare qu’il n’y a rien à faire, ne soyez pas déçu si votre médecin ne vous fait pas d’ordonnance à la fin de votre consultation.
Ce n’est pas de l’incompétence. Bien au contraire, ce sont les meilleurs médecins, les plus sages, les plus expérimentés qui osent dire à leurs patients que le mieux est de ne pas toucher à leur problème de santé, de laisser agir les forces d’autoguérison de votre corps.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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