Chère lectrice, cher lecteur,
En vacances en Sicile depuis une semaine, je peux vous dire qu’il est impossible de trouver ici des tomates mangeables.
Elles sont aussi dures, insipides, aqueuses que celles des hypermarchés de nos banlieues. Pareil pour les courgettes, les aubergines…
« À quoi bon voyager, si c’est pour trouver partout la même malbouffe ? », se lamentaient hier soir des amis rencontrés à l’auberge de jeunesse.
À quoi bon ?
Eh bien, peut-être pour reprendre contact avec la réalité, et se souvenir du fonctionnement de base de la nature !
Nous sommes en Sicile, c’est vrai. Mais il n’empêche qu’il fait froid l’hiver. La semaine dernière, il faisait 6°C à Palerme ! Dans les rues, seuls les touristes étaient en bermuda. Les Siciliens, eux, avaient leurs doudounes et leurs bonnets, et ils avaient bien raison, vu le vent.
La tomate, comme l’aubergine, fait partie de la famille des solanacées. Elle provient d’Amérique du Sud. Elle était faite, à l’origine, uniquement pour les climats chauds et humides toute l’année. Pour bien pousser, elle a besoin d’une température de 15°C la nuit et 25°C le jour. La tomate meurt en dessous de 2°C. L’aubergine, elle, arrête sa croissance en dessous de 12°C.
Et ce n’est pas tout : la tomate a besoin d’un très long temps d’ensoleillement : 17 à 18 heures par jour si possible, ce qui ne se produit qu’au mois de juillet sous nos latitudes.
Dans ces conditions, vous aurez de bonnes tomates. Mais de toutes façons, il faudra être patient : cinq à six mois sont nécessaires entre le semis et la première récolte.
Mais la saison, alors, était courte. On se régalait pendant quelques semaines, les tomates étaient sucrées, juteuses, fondantes, mais alors il y en avait trop. Pour ne pas les gaspiller, il fallait les faire sécher et, plus récemment, on en faisait des conserves.
Les variétés succulentes d’autrefois pourrissaient si vite qu’il fallait les manger pratiquement dans la journée. Elles n’auraient jamais pu être transportées par camion et distribuées dans les supermarchés.
Personne ne se serait attendu à trouver de bonnes tomates sur les marchés au mois d’avril (ni en mai), même en Sicile.
Aujourd’hui, les serres chauffées permettent de hâter la saison. Il y a même les serres éclairées, qui permettent de faire pousser des tomates en plein hiver.
Mais à partir du moment où vous forcez la nature, où vous faites pousser vos tomates dans des serres chauffées et éclairées à l’électricité, peu importe que vous soyez en Hollande ou en Sicile : elles n’auront pas le goût ni la texture délicieuse de celles qui poussaient au mois de juillet et d’août, contre le mur exposé au sud du potager de votre grand-père.
Il ne faut donc pas en vouloir aux Siciliens de ne pas produire de bonnes tomates en avril. Par contre, il faut revenir en juillet ou en août, mais alors l’île sera envahie de touristes et chaude comme un four, ce qui pose d’autres problèmes.
C’est pourquoi je recommande fortement à toutes les personnes qui le peuvent de faire un potager, et de faire pousser elles-mêmes leurs tomates. C’est au fond le seul moyen garanti d’avoir de bonnes tomates (à partir du moment où vous échappez au mildiou).
Les ingénieurs agronomes qui ont développé les cultures de tomates en serres, et en particulier les cultures hors-sol, se sont aperçus que le rendement des cultures dépend de la bonne « nouaison » des tomates, c’est-à-dire de la bonne formation des petits fruits juste après la fleur.
Plus vous avez de petits fruits qui se forment au départ, plus il y a de tomates à l’arrivée. Jusque là, cela paraît logique.
Mais de quoi dépend la « nouaison » ? De la pollinisation : mieux les tomates sont fécondées, plus se forment de petits fruits. Ce qui semble assez évident aussi.
Mais c’est là qu’on tombe dans la science-fiction :
Pour favoriser la pollinisation dans les serres, les ingénieurs ont mis en place des méthodes sophistiquées, permettant de faire vibrer les fleurs pour favoriser la dispersion du pollen. Ils ont inventé des vibreurs électriques et des systèmes de ventilation forcée. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux, tout récemment, découvre une méthode nouvelle, qui supplanta toutes les autres : le bourdon !
Selon Wikipédia, ce fut une révolution. En effet, « les bourdons butinant les fleurs se sont révélés plus efficaces que les méthodes mécaniques » [1] !
Problème, toujours selon Wikipédia :
La tomate est une immigrée.
Elle n’est arrivée en Europe qu’au XVIe siècle, grâce aux courageux navigateurs qui ont osé traverser l’Atlantique et s’aventurer sur les côtes hostiles de l’Amérique.
D’autant que la tomate poussait de l’autre côté du continent (côté Pacifique) et qu’il a fallu un demi-siècle pour la découvrir, puis la rapporter en Espagne, puis en Italie.
Ainsi les Romains ne connaissaient pas la tomate !
Mais la tomate ne s’est pas contentée de favoriser la dolce vita.
Elle contient en effet un précieux composé qui protège la prostate.
Vous l’assimilez beaucoup mieux quand vous faites cuire vos tomates, la cuisson libérant les nutriments en faisant éclater les cellules végétales.
Le lycopène est un pigment rouge. Vous le trouvez aussi dans la pastèque et le pamplemousse rose, mais en bien moindre quantité. C’est un puissant antioxydant.
L’année dernière (2014), des chercheurs américains ont découvert que le lycopène permettrait d’améliorer considérablement la quantité et la qualité de la semence masculine.
C’est peut-être la raison pour laquelle la tomate s’est longtemps appelée « pomme d’amour ». Ce n’est que dans les années 1830 que ce nom plein de poésie a été remplacé par tomate. C’est bien dommage, mais son utilité reste la même [2] !
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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En vacances en Sicile depuis une semaine, je peux vous dire qu’il est impossible de trouver ici des tomates mangeables.
Elles sont aussi dures, insipides, aqueuses que celles des hypermarchés de nos banlieues. Pareil pour les courgettes, les aubergines…
« À quoi bon voyager, si c’est pour trouver partout la même malbouffe ? », se lamentaient hier soir des amis rencontrés à l’auberge de jeunesse.
À quoi bon ?
Eh bien, peut-être pour reprendre contact avec la réalité, et se souvenir du fonctionnement de base de la nature !
Il n’y a jamais eu de bonnes tomates au mois d’avril
La tomate n’a jamais mûri au mois d’avril, même en Méditerranée, même au temps soi-disant béni de nos grands-parents.Nous sommes en Sicile, c’est vrai. Mais il n’empêche qu’il fait froid l’hiver. La semaine dernière, il faisait 6°C à Palerme ! Dans les rues, seuls les touristes étaient en bermuda. Les Siciliens, eux, avaient leurs doudounes et leurs bonnets, et ils avaient bien raison, vu le vent.
La tomate, comme l’aubergine, fait partie de la famille des solanacées. Elle provient d’Amérique du Sud. Elle était faite, à l’origine, uniquement pour les climats chauds et humides toute l’année. Pour bien pousser, elle a besoin d’une température de 15°C la nuit et 25°C le jour. La tomate meurt en dessous de 2°C. L’aubergine, elle, arrête sa croissance en dessous de 12°C.
Et ce n’est pas tout : la tomate a besoin d’un très long temps d’ensoleillement : 17 à 18 heures par jour si possible, ce qui ne se produit qu’au mois de juillet sous nos latitudes.
Dans ces conditions, vous aurez de bonnes tomates. Mais de toutes façons, il faudra être patient : cinq à six mois sont nécessaires entre le semis et la première récolte.
Les tomates de nos grands-parents
Il faut donc être lucide : il est vrai que les tomates d’autrefois étaient bien meilleures qu’aujourd’hui quand il y en avait.Mais la saison, alors, était courte. On se régalait pendant quelques semaines, les tomates étaient sucrées, juteuses, fondantes, mais alors il y en avait trop. Pour ne pas les gaspiller, il fallait les faire sécher et, plus récemment, on en faisait des conserves.
Les variétés succulentes d’autrefois pourrissaient si vite qu’il fallait les manger pratiquement dans la journée. Elles n’auraient jamais pu être transportées par camion et distribuées dans les supermarchés.
Personne ne se serait attendu à trouver de bonnes tomates sur les marchés au mois d’avril (ni en mai), même en Sicile.
Aujourd’hui, les serres chauffées permettent de hâter la saison. Il y a même les serres éclairées, qui permettent de faire pousser des tomates en plein hiver.
Mais à partir du moment où vous forcez la nature, où vous faites pousser vos tomates dans des serres chauffées et éclairées à l’électricité, peu importe que vous soyez en Hollande ou en Sicile : elles n’auront pas le goût ni la texture délicieuse de celles qui poussaient au mois de juillet et d’août, contre le mur exposé au sud du potager de votre grand-père.
Il ne faut donc pas en vouloir aux Siciliens de ne pas produire de bonnes tomates en avril. Par contre, il faut revenir en juillet ou en août, mais alors l’île sera envahie de touristes et chaude comme un four, ce qui pose d’autres problèmes.
C’est pourquoi je recommande fortement à toutes les personnes qui le peuvent de faire un potager, et de faire pousser elles-mêmes leurs tomates. C’est au fond le seul moyen garanti d’avoir de bonnes tomates (à partir du moment où vous échappez au mildiou).
Une anecdote extraordinaire au sujet des tomates en serre
À propos de tomates cultivées en serre, permettez-moi de raconter une petite anecdote.Les ingénieurs agronomes qui ont développé les cultures de tomates en serres, et en particulier les cultures hors-sol, se sont aperçus que le rendement des cultures dépend de la bonne « nouaison » des tomates, c’est-à-dire de la bonne formation des petits fruits juste après la fleur.
Plus vous avez de petits fruits qui se forment au départ, plus il y a de tomates à l’arrivée. Jusque là, cela paraît logique.
Mais de quoi dépend la « nouaison » ? De la pollinisation : mieux les tomates sont fécondées, plus se forment de petits fruits. Ce qui semble assez évident aussi.
Mais c’est là qu’on tombe dans la science-fiction :
Pour favoriser la pollinisation dans les serres, les ingénieurs ont mis en place des méthodes sophistiquées, permettant de faire vibrer les fleurs pour favoriser la dispersion du pollen. Ils ont inventé des vibreurs électriques et des systèmes de ventilation forcée. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux, tout récemment, découvre une méthode nouvelle, qui supplanta toutes les autres : le bourdon !
Selon Wikipédia, ce fut une révolution. En effet, « les bourdons butinant les fleurs se sont révélés plus efficaces que les méthodes mécaniques » [1] !
Problème, toujours selon Wikipédia :
« Cette méthode oblige à réduire l’usage des insecticides. À défaut de fécondation, la nouaison peut aussi être améliorée par des traitements des fleurs à l’aide d’hormones (auxines). »Après le poulet aux hormones, donc, la tomate aux hormones… Nous vivons une époque formidable.
La tomate, immigrée en Italie
Aujourd’hui, nous considérons comme une évidence de trouver de bonnes tomates en Italie, mais c’est un fait nouveau à l’échelle de l’histoire.La tomate est une immigrée.
Elle n’est arrivée en Europe qu’au XVIe siècle, grâce aux courageux navigateurs qui ont osé traverser l’Atlantique et s’aventurer sur les côtes hostiles de l’Amérique.
D’autant que la tomate poussait de l’autre côté du continent (côté Pacifique) et qu’il a fallu un demi-siècle pour la découvrir, puis la rapporter en Espagne, puis en Italie.
Ainsi les Romains ne connaissaient pas la tomate !
Mais la tomate ne s’est pas contentée de favoriser la dolce vita.
Elle contient en effet un précieux composé qui protège la prostate.
La tomate est bonne pour la prostate
La tomate contient un pigment qui diminuerait le risque de cancer de la prostate, le lycopène.Vous l’assimilez beaucoup mieux quand vous faites cuire vos tomates, la cuisson libérant les nutriments en faisant éclater les cellules végétales.
Le lycopène est un pigment rouge. Vous le trouvez aussi dans la pastèque et le pamplemousse rose, mais en bien moindre quantité. C’est un puissant antioxydant.
L’année dernière (2014), des chercheurs américains ont découvert que le lycopène permettrait d’améliorer considérablement la quantité et la qualité de la semence masculine.
C’est peut-être la raison pour laquelle la tomate s’est longtemps appelée « pomme d’amour ». Ce n’est que dans les années 1830 que ce nom plein de poésie a été remplacé par tomate. C’est bien dommage, mais son utilité reste la même [2] !
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
PS : Si vous n’êtes pas abonné à La Lettre Santé nature Innovation, je vous invite à faire l’essai ci-dessous en inscrivant votre adresse de messagerie électronique dans la case prévue à cet effet.
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