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Dans mon bureau, ça jeûne

Nous sommes une vingtaine dans mon bureau, moyenne d’âge 30 ans (je suis un des plus vieux).

Beaucoup de diplômés, ingénieurs, spécialistes d’Internet, rédacteurs, maquettistes…

La plupart sont en bonne santé, sportifs, aucun n’est obèse ou diabétique. Mais, de plus en plus, ils jeûnent !

La mode dans la Silicon Valley

Jusqu’à il y a quelques années, le jeûne n’était qu’une pratique religieuse en voie de marginalisation.

Aujourd’hui, on ne parle plus que de ça.

Comme la « méditation en pleine conscience », la mode du jeûne a débarqué du jour au lendemain de Californie.

« Cela provoque une légère euphorie, je suis de bien meilleure humeur, ma concentration s’améliore, et j’ai un flux d’énergie constant. Je me sens en bien meilleure santé. Cela m’aide à être un meilleur chef d’entreprise », explique Phil Libin, PDG d’une start-up d’intelligence artificielle dans le journal britannique The Guardian. [1]

« Me mettre au jeûne est certainement une des deux ou trois choses les plus importantes que j’aie faite dans ma vie. »

Il anime un groupe WhatsApp appelé le « Fast Club » (Club du jeûne), réunissant une vingtaine d’autres PDG des alentours de San Francisco.

« Le premier jour, vous avez tellement faim que vous craignez pour votre santé. Vous avez l’impression de perdre des forces, certaines personnes redoutent déjà de mourir de faim. Le second jour, vous souffrez de la famine. Mais je me suis réveillez le troisième jour en me sentant mieux que jamais depuis 20 ans. »

Gagner en productivité

Geoffrey Woo a créé une communauté appelée WeFast (Nous Jeûnons, en anglais). Elle rassemble plus d’une centaine de dirigeants et investisseurs de start-ups Internet qui pratiquent le jeûne intermittent.

« Dans la Silicon Valley et les autres marchés où règne une grande compétition, les gens sont à la recherche de n’importe quelle technique pour améliorer leur productivité », explique-t-il. [2]

Du super-carburant pour les neurones

Le but du jeûne est de faire entrer le corps en état de « cétose ».

La cétose se produit lorsque les stocks de glucose, qui servent normalement de carburant aux cellules, sont épuisés. Le corps se met alors à utiliser ses graisses, qu’il transforme en « cétones ».

Lorsque vous entrez en cétose, vous avez une mauvaise haleine, fruité et douceâtre, évoquant l’acétone. Vous êtes faible, fatigué, vous avez mal à la tête.

On dit que ces désagréments sont le signe que le corps se débarrasse des poisons accumulés durant des années dans nos tissus graisseux. Ils s’effacent pour laisser place à une sensation de régénération et d’euphorie.

Car les cétones sont un super-carburant pour le cerveau. La hausse du niveau de cétone dans le sang explique l’impression de « clarté mentale » ou hyper-lucidité que l’on ressent quand on jeûne, et qui est recherché dans le jeûne religieux.

Jeuner pour éviter le coup de barre et le surpoids

De plus, jeûner évite le coup de barre du milieu de matinée ou du milieu d’après-midi provoqué par l’insuline suite à un petit-déjeuner ou déjeuner trop riche en glucides.

Enfin, bien sûr, le jeûne est une arme très intéressante contre le surpoids, qui menace beaucoup d’employés de bureau.

Le problème du travail dans les bureaux

Si l’image des jeunes professionnels de start-ups est souvent associée au sport, aux salles de musculation, et aux parties de babyfoot endiablées, la réalité est que ces professions consistent à accumuler des journées interminables derrière des écrans.

Cela explique à mon avis cet intérêt, bien justifié, que ces jeunes ont pour leur santé, bien avant de tomber malades. Ils se rendent compte que ce mode de vie est impossible et finira mal !

En ce qui me concerne, je passe malgré moi des heures chaque jour devant mon ordinateur, non seulement pour écrire, mais plus encore pour lire des articles scientifiques ou des revues de presse sur la nutrition, la médecine, l’art de vivre sain, et la recherche en général.

Je réponds de plus à des dizaines (des centaines ?) de courriels et dois relire et corriger de nombreux textes rédigés par mes collègues ou des experts extérieurs.

Une solution pour moi a été d’acheter un bureau électrique chez Ikéa. Il me permet de travailler debout, ce qui est déjà moins mauvais.

De retour à la maison, je jardine, ce qui me permet de m’aérer et de manger de bons produits. Mais ce n’est pas le meilleur « sport ».

En revanche, dès que je peux m’absenter un ou deux jours, je fais de longues courses d’alpinisme. Parti du refuge à 4 heures du matin, vous arrivez au sommet vers 11 heures, et redescendez dans la vallée vers 17 heures. Ce sont des efforts longs et incroyablement régénérant, physiquement comme spirituellement.

Vous évacuez des tonnes de toxines et de mauvaises pensées. Vos oreilles font le plein de silence, vos yeux se remplissent de paysages fabuleux.

J’en ressens les effets bénéfiques pendant quinze jours facilement. Ci-dessous, une photo de la montée vers le dernier refuge où je me suis rendu, il y a dix jours, dans une vallée des Alpes appelée Baltschiedertal :

La montée vers le Baltschiederklause, un refuge situé à plus de six heures de marche du parking. Au fond, le Stockhorn (3211 m).

6 heures de montée jusqu’au refuge. Puis, le lendemain, un sommet à près de 4000 mètres, où nous étions absolument seuls (le Bietschhorn), à la montée comme à la descente.

C’est mon jeûne à moi : jeûne d’ordinateur, jeûne de bruit et de pollution, jeûne de travail, jeûne de téléphone portable, jeûne d’énervement et de mauvaises ondes…

A votre santé !

JM Dupuis

 

Sources :

[1] http://ift.tt/2ex2CmB

[2] Idem

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