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Ueli Steck est un alpiniste suisse.

Il s’est rendu célèbre en 2004 en escaladant l’Excalibur en Suisse sans assurance.

Ueli Steck, ici en pleine action, est champion du monde d’escalade sans assurance.

Son secret ? Un énorme entraînement bien sûr, mais aussi un terrible manque de confiance en lui-même.

En 2014, il a d’ailleurs dû tout arrêter, victime d’une dépression.

Il est habité par une telle crainte d’échouer que cela le pousse à s’entraîner encore et encore. C’est ainsi qu’il arrive toujours surpréparé aux épreuves !

Il transforme ses doutes en énergie positive.

Au point que, le jour du défi, il est tellement prêt qu’il éprouve – enfin ! – un sentiment de calme et d’assurance qui lui permet de réussir les plus grands exploits.

« Je suis une personne qui manque beaucoup de confiance en soi » (Ueli Steck).

L’immense pouvoir de l’esprit

Votre plus grand ennemi quand vous êtes seul sur un tel mur de pierre, avec 400 mètres de vide sous les pieds, c’est la peur.

Vous ne pouvez pas vous permettre d’avoir peur.

Si à un moment donné, même une fraction de seconde, vous commencez à douter de vous-même, c’est la chute… et la mort.

Si vous vous dites soudain : « Aïe, aïe, aïe, que va-t-il m’arriver, je risque de glisser », c’est déjà trop tard.

Il faut donc un calme intérieur, une concentration et une assurance absolues, durant toute l’ascension.

Une assurance que beaucoup d’entre nous aimeraient avoir dans leur vie, alors que les défis que nous affrontons sont loin d’être aussi dangereux…

« Je me vois grimper sur la paroi comme si j’étais dans un hélicoptère »

Ueli Steck raconte qu’il est tellement concentré pendant ses ascensions en solitaire que sa conscience sort de lui-même.

Il se voit sur la paroi comme s’il s’observait d’un hélicoptère, à plusieurs mètres de distance.

Cela rappelle de façon troublante les « expériences de mort imminente », où des personnes observent les chirurgiens qui s’activent autour de leur propre corps en état de mort cérébrale.

« Cela me donne un très fort sentiment de sécurité », explique Ueli Steck. « Mon “moi” qui grimpe est moins sous pression, car il doit uniquement suivre les indications que je lui donne de l’extérieur. »

Le jour de l’ascension, il explique être comme dans un autre monde, dans un état d’hyperacuité mentale où plus rien n’existe autour de lui, sauf le prochain pas, la prochaine prise.

Cet état d’hyperconcentration lui permet de franchir des difficultés extraordinaires.

Une fois l’escalade terminée, ce n’est que peu à peu qu’il abandonne son état d’hyperconcentration. Il reste plusieurs jours incapable de parler à qui que ce soit, y compris aux membres de sa famille.

Sa préparation

Avant de grimper sans assurance, il escalade cinq fois la paroi avec une corde.

Cela lui permet d’apprendre par cœur toutes les prises, tous les enchaînements délicats.

Le but est de parvenir à grimper avec la certitude absolue de passer sans glisser, y compris là où les prises sont si petites qu’on ne peut que gratter le pied contre le rocher pour se pousser vers le haut.

Photo réalisée pendant l’ascension d’Excalibur. Les prises sont parfois si petites qu’il faut gratter des pieds contre la paroi pour parvenir à monter, sans certitude qu’ils adhèrent. Sans assurance, il faut se sentir absolument sûr de ne pas tomber…

Pour cela, il se concentre pendant plusieurs semaines avant l’ascension pour visualiser mentalement le moindre de ses gestes. Il ne parle plus à personne, ne lit plus rien, n’écoute plus rien.

Résistance à la douleur

Ce qui est intéressant aussi, c’est que cette force mentale hors du commun lui permet de résister à la douleur, ce qui lui a sauvé la vie.

En mai 2007, il escalade seul la face sud de l’Annapurna (Himalaya), à 6 000 mètres d’altitude, lorsqu’une pierre heurte son casque.

Il lâche prise et fait une chute de 400 mètres dans le vide (plus que la hauteur de la tour Eiffel) !

Lorsqu’il se réveille, sa tête est enfoncée dans la neige. Son corps tremble comme une feuille, et il éprouve une peur épouvantable. Il est désorienté et se sent incapable même de se relever.

Au prix d’un effort surhumain, il parvient à allumer sa radio de secours et à lancer un SOS. Mais la brume s’est abattue et il réalise qu’on ne le retrouvera pas.

La douleur est telle qu’il pense que son corps ne va pas résister, qu’il va s’évanouir à nouveau et mourir de froid. Il a l’impression d’avoir beaucoup d’os fracturés, mais sans pouvoir identifier si c’est le dos, le cou ou le crâne.

Dans un effort suprême, il parvient à se redresser et à prendre la direction du camp où sont ses compagnons. Mais en franchissant un pont de neige au-dessus d’une crevasse, il sent qu’il passe à travers. Une seconde plus tard, ses deux jambes pendent dans le vide. « Ça y est, je suis mort », pense-t-il. Mais il parvient au dernier moment à s’accrocher à l’autre bord de la crevasse et à se hisser, jusqu’à se retrouver couché dans la neige, tout tremblant, désespéré, convaincu qu’il va mourir.

Mais une nouvelle fois, il se remet debout. Il s’aperçoit alors que son cerveau doit être touché, car il ne parvient plus à se maintenir en équilibre. Comme ivre, il avance en titubant, ou à quatre pattes, pendant cinq heures.

Lorsqu’il arrive finalement au camp, ses compagnons le récupèrent et constatent qu’il est couvert de contusions, avec une grave commotion cérébrale.

Mais il est sauvé.

Moralité

Évidemment, Ueli Steck est un sportif d’une trempe exceptionnelle.

On ne peut raisonnablement espérer lui arriver à la cheville, que ce soit pour ses performances sportives ou pour sa résistance psychologique.

Néanmoins, son exemple peut nous aider à :

  • transformer nos faiblesses en avantages. Si nous doutons de nous, au travail, dans nos études, le sport ou ailleurs, cela peut devenir un moteur formidable pour nous motiver et réussir. Bien des personnes très douées mais trop sûres d’elles-mêmes ont échoué parce que, précisément, elles n’avaient pas assez ressenti l’urgence de se préparer ;
  • trouver l’énergie pour accomplir l’impossible. Face à un défi, on se sent facilement faible et désarmé. Mais notre corps et notre esprit ont des capacités que nous ne soupçonnons pas, et qui vont bien au-delà de ce qu’on imagine. Une capacité à se redresser, repartir et, éventuellement, réussir. C’est ainsi qu’un an après son accident, Ueli Steck était de retour et a réussi, cette fois, l’ascension de la face sud de l’Annapurna. Il se croyait mort, eh bien non ;
  • mobiliser la force de notre esprit. Nous, Occidentaux, avons perdu l’habitude de nous concentrer. Nous ne savons plus méditer. Nous ignorons, pour la plupart d’entre nous, les expériences incroyables que vivent les yogi et autres grands mystiques capables de voyager spirituellement et de résister à la douleur, à la soif, à la faim, par la force de notre esprit. Ueli Steck se sert de cette force pour se voir lui-même sur la paroi, pour pouvoir se donner des instructions et ainsi franchir des difficultés supplémentaires. Sans aller jusqu’à ce niveau de maîtrise, redécouvrons, par des exercices de méditation, la force incroyable de notre esprit pour prendre le contrôle de nos émotions et de nos vies.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

P.-S. : Voici un reportage intéressant de 50 min réalisé par la télévision suisse : Ueli Steck, le coureur des sommets. Il est en accès libre ici : http://ift.tt/2ewzgHt



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