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Chère lectrice, cher lecteur,

Un potager, c’est utile et merveilleux. Mais gare à ceux qui se lancent dans l’aventure sans expérience !

Cela commence par des mauvaises herbes qui envahissent tout. Chardons, pissenlits, prêles, pourpier, liseron, chiendent, racines plongeant à 40, 50 cm ou plus encore, il faut se battre sans relâche pour les arracher et elles reprennent le dessus dès que vous tournez la tête.

Viennent ensuite la pluie, le vent, le soleil. La pluie transforme votre potager en mare de boue. Le vent apporte les graines des alentours et recouvre vos semis. Le soleil change la terre en brique et forme des mottes incassables si votre terrain est argileux.

Vous êtes ensuite attaqué par les pigeons qui viennent picorer vos salades dès qu’émergent les feuilles tendres, puis les limaces. Les limaces sont des animaux incroyables. On dit « se reproduire comme des lapins », mais à mon avis, il faudrait dire « se reproduire comme des limaces ».

Fin avril ou début mai, vous avez besoin d’un grand pot à confiture pour retirer toutes les limaces de vos salades. Vous remplissez le pot, vous rentrez chez vous, vous attendez quelques heures… et vous pouvez recommencer à zéro. C’est la « génération spontanée ».

Viennent ensuite les pucerons, les chenilles et cochenilles, les larves, les doryphores, puis les lapins, les mulots, enfin les chevreuils et les sangliers si vous habitez en lisière de forêt. Vos choux sont ravagés par des milliers de petits papillons blancs qui nichent dans leur cœur et n’y laissent qu’une bouillie verdâtre. Vos navets et radis ont des centaines de microtrous sur les feuilles, sans même que vous ayez vu apparaître ni disparaître le mystérieux coupable. Tous se font concurrence pour dévorer vos légumes avant même qu’ils n’aient passé le stade de la petite enfance.

Si vous parvenez malgré tout à les protéger, vous aurez la joie de voir apparaître des bébés tomates, aubergines, poivrons… qui attraperont des traces brunes sur les feuilles, puis sur les fruits. Beaucoup tomberont par terre avant d’avoir mûri, dessécheront sur pied sans que vous ayez pu y faire quoi que ce soit.

Si malgré tout vous persistez et tenez bon jusqu’au début du mois de juillet, préparez-vous alors… à annuler vos vacances.

En effet, on oublie souvent qu’un potager familial, c’est sympathique, mais 70 % de la récolte annuelle se fait entre le 1er juillet et le 31 août. Si vous décidez de partir à ce moment là, vous compromettez l’essentiel de vos efforts et vous ne trouverez à votre retour qu’une forêt vierge de plants de tomates transformés en buissons, de courgettes grosses comme des bûches, des haricots verts filandreux, de radis énormes et creux. Le reste de vos légumes aura disparu sous une forêt de mauvaises herbes dont vous peinerez à croire qu’elles aient pu devenir si grandes en si peu de temps, alors que les plantes que vous aviez installées, arrosées, bichonnées, sont restées faméliques ou ont disparu. Tout cela bien sûr si tant est que vous ne viviez pas dans une région chaude où la sécheresse aura tout transformé en paille jaune.

Mais c’est au moment de la récolte que les choses se compliquent vraiment. Depuis des semaines, des mois, vous guettiez la timide apparition de vos blettes, navets et salades. Voilà qu’ils mûrissent tous d’un coup. À la disette succède un excédent ingérable de légumes dont vous ne savez plus que faire. Vous cherchez bien sûr à en distribuer à vos amis, collègues, vous forcez vos enfants à se resservir à table, vous surgelez, vous déshydratez, vous faites conserves et coulis, rien n’y fait, vous réalisez bientôt avec consternation qu’il va falloir jeter sur votre tas de compost la majeure partie de ces légumes qui vous ont donné tant de mal.

Refusant d’abdiquer, vous décidez de construire des claies dans votre garage, votre cave, votre véranda pour stocker un maximum. Et vous faites bien, car aussi vite les excédents étaient-ils apparus que voici la récolte qui se termine. Il n’y a maintenant plus rien à récolter sur vos plates-bandes devenues stériles.

Mais malheureusement, voici que les légumes que vous aviez entreposés pour l’hiver ramollissent, se fripent, des moisissures apparaissent, et bientôt des champignons. Nous ne sommes pourtant qu’au mois d’octobre ! Une nouvelle fois, il vous faut convoquer des sacs poubelles pour évacuer vers la déchetterie les restes de votre trésor.

Et c’est alors qu’un pénible sentiment de trahison vous envahit…

De passage au supermarché, vous ne voyez plus du même œil ces légumes calibrés, brillants, impassibles, qu’il suffit d’empoigner et de mettre dans son caddie pour les avoir un peu plus tard dans son assiette. « C’est pas du jeu ; de toute façon, ils sortent d’une serre, de camions frigorifiques et sont bourrés de produits chimiques », marmonnez-vous. Mais au fond de votre conscience, vous ne pouvez faire taire cette petite voix qui vous dit que, tout de même, serre ou pas, produits chimiques ou pas, camions frigorifiques ou pas, les types qui parviennent à produire des légumes pareils sont quand même drôlement forts…

Nous sommes au mois de novembre et cela fait des semaines maintenant que vous avez mangé vos derniers légumes. Mais ceux du supermarché sont toujours là, insolents, dans leur cagette. L’hiver avance et ils réapparaissent chaque jour comme par enchantement, toujours les mêmes, il n’y a que le prix qui change un peu ! Vous vous demandez par quel miracle, au magasin, les salades ne flétrissent pas. Comment les carottes sont-elle si propres, si lisses, si cylindriques, alors que les vôtres étaient courtes, poilues, énormes, biscornues, à tel point que plus personne chez vous n’acceptait la corvée de les laver, les éplucher et surtout les manger alors qu’il restait toujours un peu de terre et de petits cailloux coincés dans les fentes.

Quant aux éternels paquets de trois poivrons rouge-jaune-vert sous cellophane, vous réalisez que cela tient du prodige que des ingénieurs agronomes, quelque part, on ne sait où d’ailleurs, réussissent ainsi à en produire avec la régularité d’un métronome, toujours de la même taille, du même goût, et sans jamais la moindre tache ni la moindre irrégularité, du 1er janvier au 31 décembre…

La voie de la permaculture agrobiologique

Je vous rassure, ces vicissitudes ne sont pas une fatalité. Si vous faites la guerre aux mauvaises herbes et aux animaux, ils se vengent, c’est normal.

Bien souvent, on imagine que jardiner bio consiste simplement à éviter les engrais chimiques, les désherbants et pesticides.

En réalité, le simple fait de retourner la terre à l’automne, mettre des engrais naturels, semer en ligne, faire des planches, désherber, arroser même, et arracher les plants au moment de la récolte vous condamne à vous battre sans cesse contre la nature qui essayera de reprendre ses droits – généralement avec succès. Jusqu’au moment où vous abdiquez pour utiliser, à l’encontre de tous vos grands principes, « un peu » de granules bleues antilimace par-ci, un peu de Round up par-là.

Il faut comprendre qu’il n’y a pas de « mauvaises » herbes, pas d’insectes « nuisibles », les uns comme les autres ont leur utilité dans le jardin. Tout se passera bien si vous favorisez la biodiversité : animaux et plantes s’équilibreront, chaque espèce nourrissant, fécondant les autres. Vos rendements s’accroîtront. Légumes et fruits seront plus savoureux. Les maladies reculeront. Vous régénérerez la terre au lieu de la détruire.

Vous n’aurez pratiquement plus qu’à observer votre jardin s’épanouir sous vos yeux émerveillés et à récolter, et ce d’autant plus que votre jardin produira toute l’année.

Il ne faut surtout pas retourner la terre car vous enfouissez les insectes de la surface qui ont besoin d’air, et vous exposez à l’air les bactéries qui n’en ont pas besoin (anaérobies). Résultat : toute la vie de votre terre est perturbée, tout meurt ! De même, il faut laisser un maximum de racines dans la terre pour créer des voies d’irrigation.

Il faut poser un épais paillage (de paille, de copeaux ou de Bois Raméal Fragmenté, BRF) qui servira à la fois à la protéger, à retenir l’eau, et à la nourrir en se décomposant.

Ce sont les premières bases de la « permaculture agrobiologique ». Vous pouvez voir ici une excellente vidéo d’introduction à ce sujet :

La culture sur buttes 1 : permaculture et agroécologie

Mais il s’agit d’une démarche très impliquante, de long terme, qui vous conduira à trouver votre propre voie selon votre terre, votre climat, vos goûts et vos contraintes.

En ce qui me concerne, j’ai décidé de créer une zone expérimentale de permaculture dans mon jardin. J’y installe des buttes faites en superposant des couches de matière carbonée, de matière azotée, avec dessus une épaisse couche de terreau puis 20 cm de paillage. Je ne désherbe plus, au contraire, j’accueille les bras ouvert la consoude, le chiendent, et même la prêle et le liseron, mes ennemis d’autrefois.

Le jardinage est une addiction

Il m’est arrivé de ne plus avoir de potager. J’ai toujours très mal vécu de ne plus pouvoir contrôler (un minimum) ce que j’allais manger, et surtout de manger des légumes insipides.

Car, tous les jardiniers le savent : quelle que soit leur forme, leur taille, les vers que l’on y trouve… les légumes du potager ont toujours une saveur et une texture incomparables. C’est vrai pour les tomates, les épinards, les salades… mais c’est vrai aussi pour les pommes de terre, les betteraves rouges, les choux et les navets, des légumes injustement méprisés par ceux qui n’y connaissent rien.

Les légumes que vous faites pousser dans votre jardin n’ont rien à voir avec ce que vous pouvez trouver dans le commerce. La différence n’est pas importante : elle est énorme.

Vous vous apercevez que vous ne saviez plus ce qu’était le goût et l’odeur de la carotte, la première fois que vous récoltez les vôtres. Et c’est pareil pour tous les autres légumes.

Alors même si la récolte est parfois incertaine, jamais on n’éprouve de regrets.

Il y a aussi les bons nutriments, les vitamines. Il y a le jardin des plantes médicinales, les simples. Il y a les pommes acides, râpeuses, mais tellement succulentes, au parfum si subtil… Il y a tant de choses. Jamais, vous ne me ferez abandonner mon potager.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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