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Une histoire qui fait du bien, et qui nous indique comment réagir face aux épreuves

Le Roi Lion est un des plus grands succès de l’histoire du cinéma et c’est mérité.

C’est un film plein d’enseignements précieux pour la vie. Je vous invite à le voir d’urgence, si ce n’est déjà fait.

Vous savez sans doute que le scénario est calqué sur Hamlet, de William Shakespeare. C’est donc tout sauf une histoire niaise. Chaque scène mérite d’être commentée.

Mais ma scène préférée est celle où Simba, le jeune lion qui s’est fait chasser du Royaume de son père, retourne prendre possession de ses terres.

C’est, me semble-t-il, une belle évocation de ce qui nous arrive quand, blessés, malades, nous décidons de faire face malgré tout et de nous remettre en route.

Simba victime de « syndrome de stress post-traumatique »

Simba s’est fait chasser du Royaume dont il était héritier.

Son père, Muphasa, est mort, et son terrible oncle Scar l’a persuadé que c’était de sa faute.

Il fuit, accablé par le sentiment de culpabilité. Il déserte son Royaume, et celui-ci est désormais livré aux hyènes, qui dévorent tout et sèment la misère.

Nous sommes tous dans la situation de Simba, à certains moments de notre existence, quand nous sommes abattus par la maladie, l’angoisse, le désespoir.

C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le « syndrome de stress post-traumatique ». Paralysé par un malheur qui nous est arrivé, nous renonçons à nos rêves, nos projets, nous nous recroquevillons sur nous-même.

Des « amis » pas tout à fait à la hauteur

Dans son exil, Simba est devenu « ami » avec le gros Pumba, un phacochère, et Timon, un suricate.

Ces deux amis ne payent pas de mine. Pumba n’est qu’un tube digestif sur pattes. Timon est un nabot disgracieux. Mais Simba les a rencontrés à un moment où il était si mal en point qu’ils ont malgré tout représenté pour lui une planche de salut.

Ils sont drôles, et offrent à Simba une « philosophie » simpliste, mais qui lui permet de survivre malgré son traumatisme :

« Ne cherche pas à comprendre, la vie n’a pas de sens, le mieux est d’oublier tes malheurs. Surtout, ne pas réfléchir, ne pas s’en faire. »

Leur règle de vie : « Akuna Matata », ce qui veut dire « ne te soucie pas du lendemain ».

Avec eux, Simba se délecte de larves et de chenilles : il oublie ses malheurs, son passé, moyennant quoi il oublie aussi son identité.

Il ne sait même plus qu’il est un lion, qu’il a un royaume qui l’attend et qui a besoin de lui.

Autrement dit, Simba survit, mais il est à la dérive. Il est déprimé et vulnérable. Il répond à l’angoisse du moment en jouant ou en se gavant de nourriture, mais il est malheureux.

Il est comme nous, dans les moments où nous laissons la vie nous mener au hasard des événements et des rencontres, mais où nous errons sans but précis. La vie est supportable, mais nous nous sentons vide.

L’arrivé de sa future épouse, Nala

Nala est une jeune lionne, amie d’enfance de Simba.

C’est elle qu’il devait épouser, avant qu’il ne se fasse chasser par Scar.

Elle est restée au Royaume et a vu la situation se dégrader. Lorsque cela devient insupportable, elle s’échappe pour retrouver Simba et le supplier de revenir chasser Scar et les hyènes.

Elle lui indique qu’il doit s’occuper de son Royaume, mais il refuse. « Cela ne me concerne pas ! Je suis bien comme je suis ! »

En fait, Simba est en pleine crise d’adolescence, qui est une crise identitaire. Il a la crinière dans les yeux, le regard triste, la bouche à l’envers, la voix éraillée d’un adolescent en souffrance.

On mesure en le voyant toute l’influence de l’esprit sur le corps : parce que c’est le chaos dans sa tête, son corps exprime l’abattement, la faiblesse, la douleur.

Nala comprend et repart. Mais quelque chose a bougé dans la tête de Simba.

Simba s’aperçoit que son père vit en lui, et qu’il est roi

C’est alors qu’arrive le vieux singe-chaman Rafiki. Ce singe l’avait baptisé quand il était petit, et avait tracé sur son front le signe de la royauté.

Il lui demande en riant : « Qui es-tu ?  Moi, je sais qui tu es. Mais toi, qui es-tu ? »

Ce sont les mots les plus importants du film.

Simba ne comprend pas la question. Ou, du moins, il croit connaître la réponse : « Je suis un raté. ».

Mais le vieux singe lui rappelle que non : il est le fils du Roi, ce qui veut dire qu’il a, quelque part, un royaume qui lui appartient.

Le message caché est que le malheur de Simba vient du fait qu’il ne se reconnaît pas comme héritier de ce royaume.

Rafiki taquine Simba et lui dit d’aller voir dans une mare, pour comprendre qui est son père. Simba se penche, et voit son propre reflet : « Ce n’est pas mon père ! ».

Il est furieux mais, sur les conseils de Rafiki, il revient, regarde mieux. Et il se rend compte soudain que oui, une partie de son père vit en lui : il reconnaît dans son visage des traits qui appartiennent à son père.

Il entend alors la voix de Muphasa qui lui parle, et lui rappelle qui il est : son fils, l’héritier du royaume.

Il prend conscience qu’une force qui le dépasse habite en lui. Il se reconnaît comme le fils de Muphasa, et décide enfin de vivre sa vie, en reprenant possession de son royaume.

Cela symbolise le fait que, tant que nous n’avons pas compris qui nous sommes, ni la place qui est la nôtre dans le monde, nous sommes forcément perdus, déprimés, errant sans objectif et sans joie.

Mais lorsque nous découvrons que nous avons un royaume à nous, c’est-à-dire une vie, un temps qui nous est accordé, un corps pour travailler, un esprit pour réfléchir, des talents à utiliser et à développer, alors notre vie reprend du sens.

Lorsque Simba le comprend, plus rien ne peut l’arrêter. Sur une musique grandiose, il part en courant prendre possession de ce qui lui appartient.

Le jour où nous découvrons que, malgré nos malheurs, nous avons un Royaume qui nous appartient

C’est le grand message du film. Ce message, c’est que malgré nos blessures, nos maladies, notre passé douloureux, notre présent peu reluisant, nous avons tous un Royaume qui nous appartient.

Le sens de la vie est de cultiver ce royaume, mais pour le cultiver nous devons commencer par le découvrir, en découvrant qui nous sommes, quels sont nos talents, ce que nous pouvons faire de notre vie malgré nos maladies et nos blessures.

Mais attention, ce Royaume n’est pas forcément beau ni prospère quand on le découvre, au contraire.

Quand Simba arrive dans son Royaume, tout est gris, dévasté, recouvert de cadavres. C’est normal : il ne s’en est pas occupé pendant très longtemps. Il a tout laissé en friche.

Pire, il l’a laissé à un usurpateur, Scar, et à des hyènes.

Après un court moment de découragement, Simba relève la tête : « Oui, tout est en ruine, mais je suis chez moi, et donc je vais pouvoir faire refleurir la terre et faire revenir les animaux de la savane, qui pourront à nouveau prospérer ici et être heureux. »

C’est alors qu’il change d’apparence. Ses épaules se redressent. Sa crinière, il la rejette fièrement en arrière et elle se met à flotter au vent, comme celle de son père. Elle le fait paraître plus grand, plus fort.

Enfin, Simba ressemble à Muphasa.

Il n’est plus le petit lionceau joyeux mais faible et naïf, avec de grands yeux éplorés, ni l’adolescent paumé. Son regard se durcit et se porte vers l’horizon, ses dents étincellent, son œil brille de fureur sacrée.

C’est ce qui nous arrive lorsque nous prenons nos responsabilités, que nous décidons de reconquérir notre royaume. Nous sommes aidés par une force intérieure qui renaît en nous, de façon mystérieuse, et qui nous donne la force de relever les défis.

Prendre nos responsabilités nous donne la force et la santé

Ce changement n’est pas seulement métaphorique, psychologique.

On sait que, lorsque nous reprenons courage, nous produisons de la sérotonine, une hormone qui nous fait nous redresser et qui active la synthèse de certaines protéines, jusque-là endormies.

Certains gènes se « rallument » et notre corps se transforme : notre système immunitaire marche mieux, nos muscles prennent du volume, nos os se renforcent.

Prendre nos responsabilités attire la sympathie et le respect

C’est au moment où Simba connaît cette transformation que, comme par miracle, réapparaissent ses amis, Pumba le phacochère et Timon le suricate.

Simba réalise que, pour sympathiques qu’ils soient, ils ont plus vocation à l’aider, le servir, qu’à se comporter en alter ego.

Pumba et Timon comprennent la même chose et sont tout heureux que leur « ami » prenne l’étoffe d’un chef.

Gracieusement, ils lui font une révérence et lui promettent fidélité pour reconquérir son royaume. De même, son amie d’enfance Nala lui explique qu’elle va l’aider, et qu’elle ne le laissera pas retourner en arrière. On sent que naît en elle le véritable amour pour Simba.

Cela symbolise le fait que, lorsque nous prenons nos responsabilités et attaquons une tâche ambitieuse et difficile, ce mouvement suscite l’attirance et le respect. Ce n’est pas tant le fait de réussir qui attire la sympathie des autres, mais le fait de se montrer courageux dans l’adversité.

Ces animaux représentent des Hommes, comme nous

Toutes ces images sont accompagnées de nombreux autres détails évocateurs que je ne peux détailler ici. Mais les enfants eux-mêmes s’aperçoivent qu’il s’agit d’autre chose que d’un simple dessin animé.

Dans le cœur s’installe le silence intérieur qui indique qu’il se passe quelque chose d’important. Ils ressortent de ce film bouleversés.

On peut se sentir ridicule de pleurer pour des animaux qui parlent, qui plus est des animaux imaginaires de dessin animé.

Mais c’est une erreur.

Ces sentiments intenses sont normaux, car l’histoire du Roi Lion est en fait notre histoire à chacun.

Elle ne peut que nous rappeler, consciemment ou inconsciemment, toutes les fois dans notre vie où nous avons été découragés, et où nous avons décidé d’affronter le destin.

Face à la maladie, face aux déceptions, face aux trahisons, nous parcourons le même itinéraire que Simba.

Nous pouvons, comme lui, nous montrer naïfs, inexpérimentés, nous « faire avoir », nous faire punir, être chassés, puis désespérer.

L’important est qu’un jour, nous nous souvenions que nous n’avons qu’une vie.

Aussi blessés et malades que nous soyons, notre seule voie est de nous occuper de notre royaume. C’est ainsi que nous guérissons, que notre vie reprend un sens, que nos forces reviennent, que la vraie guérison, intérieure, se produit.

Voici les vidéos gratuites, sur YouTube, des passages décrits ci-dessus. Il faut les voir dans le bon ordre.

https://www.youtube.com/watch?v=13L8hrIIFDI

https://www.youtube.com/watch?v=y_ufl5NxYZA

https://www.youtube.com/watch?v=pZw2nRg1a-s

https://www.youtube.com/watch?v=9UVPNSmPoE8

https://www.youtube.com/watch?v=cnlD5aJmCB4

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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