L’erreur fatale qu’a évité Sœur Emmanuelle en arrivant à l’âge de la retraite
À 63 ans, sœur Emmanuelle était une religieuse comme tant d’autres, ayant passé sa vie comme enseignante.
Mais plutôt que de s’estimer en fin de parcours, elle décida de partir… en Égypte, vivre dans les bidonvilles du Caire parmi les chiffonniers !!!
La suite, vous la connaissez.
Sœur Emmanuelle entreprit une œuvre immense et changea la vie de milliers d’enfants.
À l’âge de 74 ans, elle fonda l’association ASMAE pour aider les enfants du monde entier.
Pendant 25 ans encore, elle se dévoua pour les enfants les plus pauvres.
J’ai eu la chance de la rencontrer longuement chez elle en 2004. Jamais je n’oublierai son énergie, sa générosité, sa joie. Elle mourut en 2008 à l’âge de 99 ans.
Marcel Proust : inconnu jusqu’à l’âge de 48 ans
Le cas de sœur Emmanuel est le plus beau que je connaisse. Mais, bien souvent, les gens donnent le meilleur d’eux-mêmes à partir d’un certain âge.
C’est logique. Il faut de l’expérience. Avoir vécu, avoir mûri.
À 36 ans, Marcel Proust n’était qu’un quidam qui avait passé sa vie à vagabonder dans les soirées mondaines.
Il décida enfin d’écrire sa première ligne.
Sans le moindre succès.
Il continua cependant, pendant quinze ans, à écrire sa longue saga en forme de tableau de son époque : « À la recherche du temps perdu ».
Finalement, à 48 ans, il connaît son premier succès avec « À l’ombre des jeunes filles en fleurs », Goncourt 1919.
Marc Lévy
Après avoir monté une société informatique, puis une autre d’imagerie de synthèse, Marc Lévy démissionne à 29 ans.
Il repart de zéro en ouvrant son cabinet d’architecture avec deux copains, avant de tout plaquer une nouvelle fois pour se consacrer à l’écriture.
Son premier roman, « Et si c’était vrai », publié juste avant ses 40 ans, se vendra à plus de deux millions d’exemplaires et sera traduit en 40 langues !!
Aujourd’hui, Marc Lévy a 57 ans et ses livres se trouvent constamment en tête des ventes de tous les kiosques de France.
« J’ai 18 ans déjà. Et qu’ai-je fait de ma vie ? Rien ! »
« J’ai 18 ans. Et qu’ai-je fait de ma vie ? Rien ! », s’exclamait, scandalisé, le héros « tête-à-claque » d’une bande-dessinée comique[1].
Nos adolescents sont souvent comme ça. Ils se croient nuls parce qu’ils n’ont pas encore d’« expérience ».
Il y a toujours « un copain qui », ou un élève de la classe « bien plus avancé » qu’eux.
Cela les rend malheureux, alors qu’ils ont la vie devant eux pour se rendre utiles.
Mais devenons-nous plus sages avec le temps ?
Un tribunal dans notre tête
Souvent, nous nous reprochons d’avoir raté notre vie. Nous oublions que le meilleur est devant nous, si nous le décidons.
En effet, jamais nous n’avons eu autant d’expérience et de sagesse à mettre à profit qu’aujourd’hui.
Pourtant, notre énergie mentale n’est pas facilement exploitée pour des projets constructifs.
À la place, nous l’utilisons pour animer dans notre tête un tribunal qui nous juge et nous condamne en permanence :
– « Tu n’as toujours pas réussi à te mettre à la gym/aux remèdes naturels/au régime sans lait et sans gluten/à la méditation, etc. »
– « Quel bon à rien ! »
Moyennant quoi, c’est la paralysie.
Et les années s’écoulent.
Deux personnes en nous : un esclave et un tyran
C’est comme s’il y avait deux personnes en nous : l’une, esclave passif et soumis ; l’autre, maître exigeant et tyrannique.
Nous pouvons passer toute notre vie à nous maltraiter intérieurement.
Mais, par chance, nous pouvons aussi, à chaque instant, décider d’arrêter ce jeu du sadique et du masochiste.
Renverser notre tyran et libérer notre esclave intérieur
Il s’agit de renverser notre tyran intérieur, de libérer notre esclave intérieur, et de les réconcilier. En faire de bons amis, tous les deux orientés vers notre bien, et le bien des autres autour de nous.
Comment faire ?
Je vous propose ma méthode. Elle ne marchera pas forcément pour tout le monde. Mais elle a marché pour moi.
D’abord, commencer par avoir, enfin, une bonne explication avec eux.
Que votre esclave explique à votre tyran qu’il voit clair dans son jeu, et qu’il va donc désormais cesser de l’écouter :
« Cher Tyran,
Cela fait maintenant des années que tu me dis que je suis nul, moche, raté, trop gros, trop faible, paresseux, incompétent, etc., etc.
Je ne sais pas comment tu te sens, mais de mon côté j’en ai assez. C’est vrai, j’ai fait l’erreur de t’écouter et de te croire tout ce temps. Mais maintenant, c’est fini et nous allons écrire une nouvelle page de notre vie.
En effet, j’ai compris ta stratégie. Je t’ai percé à jour. Je me suis rendu compte à quel point tu étais vicieux et malintentionné.
Ce que tu as fait toutes ces années était trop facile. C’était une grossière manipulation. J’ai d’ailleurs un peu honte de m’y être laissé prendre. Mais c’est terminé, ton petit jeu ne fonctionnera plus avec moi.
Chaque fois, tu prenais chez moi arbitrairement une chose, par exemple, ma dentition, mes cheveux, mon nez, ma voix, ma poitrine, mes fesses, ou autre, un examen, une promotion, un projet raté, un échec que j’avais subi dans l’existence.
Et puis tu m’agitais la « vie des autres » devant les yeux en me montrant que tout le monde, ou du moins la plupart des gens, était « mieux que moi » dans ce domaine.
Que donc tous les autres étaient chanceux, ne pouvaient qu’être heureux, satisfaits, puisqu’ils avaient cette chose que je n’avais pas, et que moi seul j’étais condamné au malheur.
C’était un jeu redoutable, auquel je me laissais prendre à chaque fois. Jusqu’au jour, tout récent, où j’ai compris le piège.
Le piège, c’est que oui, évidemment, si tu prends une chose chez moi que je n’aime pas, tu pourras facilement me montrer que les autres se portent mieux, réussissent mieux.
Sauf que les êtres humains n’ont pas qu’une dimension. Ils ont d’innombrables dimensions. Cette femme qui a de plus belles dents que les miennes, peut-être souffre-t-elle d’autre chose, sûrement souffre-t-elle d’autres choses, que je ne vois pas.
Peut-être a-t-elle perdu un enfant, alors que cela ne m’est pas arrivé. Peut-être vit-elle dans l’enfer d’Alzheimer, avec sa maman, alors que la mienne est en bonne santé. Peut-être a-t-elle raté des examens que j’ai réussis. Peut-être se fait-elle tromper par son mari, alors que le mien est aimant et fidèle. Peut-être s’est-elle fait agresser, licencier injustement. Ou autre chose. Il y a forcément autre chose. Car la vie des autres n’est jamais vraiment meilleure. Parce qu’elle est remarquablement jolie, elle a peut-être, plus qu’une autre, la terreur de vieillir. Il me suffirait de parler 5 minutes avec elle pour me rendre compte qu’elle est, elle aussi, complexée par toutes sortes de choses.
Si je suis honnête, si je cherche bien, je me rends compte que nous sommes tous dans le même bateau. Les vrais problèmes que sont la maladie, la souffrance, la mort, le manque d’amour, le désespoir, nous y sommes tous confrontés, à un moment ou un autre.
Personne n’a réellement une vie tellement enviable par rapport aux autres. Ceux qui se présentent comme ayant une vie parfaite, réussie sur tous les plans, sont souvent les pires des imposteurs.
Les acteurs de cinéma sont emblématiques. Leur métier, c’est de jouer. Jouer un personnage qu’ils ne sont pas. Mieux que personne, ils savent « mimer » le bonheur, l’amour fou. C’est pourquoi ils sont si crédibles derrière les caméras, et sur les photos des magazines. Quand on les voit, on les croit. Mais peu de personnes sont aussi malheureuses que les plus grands, les plus beaux, les plus riches acteurs. Il suffit de lever un coin du voile et cela saute à la figure. Ce n’est pas pour rien qu’ils donnent tous dans la chirurgie esthétique : ils ne s’aiment pas comme ils sont. Tous souffrent de ne pas correspondre pour de vrai à l’image fantasmée que le public se fait d’eux. En permanence, ils sont confrontés à leurs limites, à leur vide, et c’est pourquoi l’alcool, la drogue, la violence sont si courants dans leur vie.
Alors donc je vais cesser de t’écouter, toi mon tyran. Je vais me faire ma propre opinion sur moi-même, calmement, sans paniquer chaque fois que je découvre une chose dans ma vie que je pourrais améliorer, qui devrait être améliorée.
Au contraire : je vais comprendre que, finalement, le seul objectif valable dans la vie est d’améliorer ce que je peux, à mon rythme, avec mes moyens. Je chante faux ? Oui, mais peut-être pourrais-je trouver un moyen de chanter un peu moins faux, et pour moi, ce sera déjà un progrès. Je ne sais pas dessiner ? Oui, mais si j’achetais un bon livre, je pourrais quand même en apprendre les rudiments, et devenir un peu moins mauvais que je ne suis.
Je suis endetté ? D’accord, je vais calculer combien je dois, à qui, et faire en sorte de ralentir la spirale de l’endettement, l’arrêter si possible, puis commencer à rembourser, un euro après l’autre, selon mes forces.
Je mange trop de sucre ? J’oublie toujours mes compléments de vitamine D ? Eh bien, fixons comme objectif d’améliorer ça un petit peu par rapport à hier, et essayons de refaire l’effort demain pour progresser sur ce tableau.
Et ainsi je me remets en route. À chaque petite victoire, j’éprouve un petit plaisir, une petite satisfaction, parfois un gros soulagement.
Et je m’aperçois que, au fond, c’est cela le bonheur. Non pas d’être arrivé quelque part, à un point idéal où tout irait bien dans ma vie, mais être en route, m’apercevoir que je marche dans la bonne direction. Comme un funambule sur sa corde, je tombe si je m’arrête. Mais si je parviens à faire chaque jour un pas en avant, alors soudain la crainte du vide, l’inéluctabilité de la chute, disparaissent. Je me sens léger, j’avance, je vis, et je sens un sourire se dessiner sur mes lèvres. Ma vie s’améliore peu à peu. Et, après quelques années, je me retourne et suis ébahi du trajet parcouru.
Mon esclave et mon tyran se transforment en joyeux compagnons qui s’entraident, s’encouragent mutuellement, se réjouissent ensemble.
Ma vie intérieure, qui était une lutte, se change en un lieu harmonieux, chaleureux, où il fait bon vivre. Règnent la paix, la joie, malgré toutes les vicissitudes du monde, malgré la souffrance, les imperfections de mon être et de ma vie.
Et même je m’aperçois que ce sont les épreuves qui deviennent pour moi une occasion de grandir ; mes ennemis qui me donnent l’occasion de devenir meilleur. »
Vous êtes unique, ne laissez pas votre vie se perdre. Le monde a besoin de vous !
Chacun de nous est unique.
Notre vitalité, notre force de vie, notre énergie s’expriment d’une façon unique, car nous sommes la seule personne à être comme nous sommes, là où nous sommes, au moment où nous sommes.
Si nous bloquons cette énergie, si nous ne passons pas à l’action, elle est définitivement perdue, pour l’éternité.
Nous avons raté le train et il ne passera plus jamais.
Le monde n’aura pas ce que nous aurions pu lui apporter à ce moment-là.
Ce n’est pas à nous de juger si ce que nous pouvons apporter au monde a de la valeur. Laissons les autres apprécier, ou non. Il nous appartient seulement de nous efforcer de ne pas gaspiller notre énergie et notre temps, surtout que nous le faisons en général pour de mauvaises raisons.
Comment j’ai repris le piano
Jeune enfant, je prenais des cours de piano et je détestais ça. Cent fois, je devais recommencer de petits morceaux, pourtant simples. Et cent fois, mes doigts tapaient à côté des touches, blessant mes oreilles, exaspérant mon professeur.
Quel soulagement le jour où, enfin, j’eus le droit d’arrêter !
Pendant trente ans, je n’ai plus touché un clavier. Si on me posait la question, je répondais que j’étais « nul en piano ». Mais j’encourageais mes enfants à jouer, et j’étais ravi de les voir progresser. J’écoutais aussi beaucoup de musique, surtout du piano, joué par les autres !!
Pourquoi pas moi, alors que j’avais (très bien) appris quand j’étais petit le solfège, le rythme, les techniques qui me permettaient de reprendre quand je voulais, avec des bases solides ?
J’ai fini par comprendre.
En fait, j’avais tellement peur de ne pas être bon, de mal jouer, que je préférais ne pas jouer du tout.
Ma réaction venait d’une trop haute opinion que je me faisais de moi-même. De mon incapacité à comprendre que les autres, aussi, souffraient comme moi de devoir d’abord échouer avant de devenir bons pianistes.
Mon tyran intérieur me disait : « Jean-Marc, quelqu’un comme toi devrait logiquement jouer des morceaux difficiles, comme du Chopin, du Beethoven. Si tu n’y arrives pas, c’est que tu as un grave problème ! Que tu es nul ! » Et cela me paralysait.
Un jour, j’ai compris que personne n’était virtuose avant même d’avoir commencé à s’exercer. Que je devais arrêter de m’imaginer Mozart ou Rubinstein, et me contenter d’être Jean-Marc, débutant.
Que le bon point de comparaison pour moi n’était pas les grands pianistes, ni même les simples pianistes, mais moi-même, aujourd’hui.
Quel est mon niveau, aujourd’hui ? Que dois-je faire pour être un peu moins mauvais, demain ?
C’est l’unique question qui devrait nous préoccuper. Elle est valable dans tous les domaines, pour toutes les personnes du monde, les champions comme les débutants.
Et, de toute façon, qu’est-ce qu’un « champion », ou un « débutant » ? Dans tous les domaines, nous sommes champions par rapport à certains, et débutants par rapport à d’autres. Tout dépend du cadre de référence. En course à pied, je suis champion par rapport à mon fils de 5 ans !
Alors, enfin, j’ai osé m’asseoir devant le clavier et toucher le do. Do, ré, mi.
J’ai réussi à oublier complètement le niveau des autres.
Je n’ai regardé que les petits progrès que je faisais jour après jour. Très vite, je me suis aperçu que cela me procurait du bonheur.
Et devinez quoi ?
Aujourd’hui, j’ai réussi à jouer… un peu mieux qu’hier matin.
Et ce miracle se reproduit tous les jours, depuis que j’ai repris. Je suis en route. J’avance. Je suis bientôt champion par rapport au Jean-Marc d’autrefois !
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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