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Bouddha a eu de la chance d’avoir un père bienveillant qui a su lui laisser le temps de grandir

Me voici en vacances dans le sud. C’est une maison avec un jardin très petit mais joliment planté et fleuri, derrière un mur en pierre sèche et une haie de cyprès et de lauriers roses.

Un vieil olivier, un figuier, un platane s’entraident pour nous protéger du soleil. Au milieu du jardin, un carré de pelouse bien irrigué, agrémenté d’une minuscule fontaine, fait la joie des enfants – et de leurs parents et grands-parents qui les regardent jouer.

Ce spectacle me rappelle… l’enfance de Bouddha.

L’enfance de Bouddha, dans un belle ville protégée par une muraille

On se souvient en effet que Bouddha était le fils d’un roi.

Averti par un ange avant la naissance de Bouddha que cet enfant connaîtrait un destin exceptionnel, ce roi avait fait construire pour lui une ville splendide, agrémentée de jardins, entourée de hautes murailles.

Son but était de protéger Bouddha de toute peine.

A l’intérieur des murailles, le roi ne permettait d’entrer qu’à des personnes, animaux ou choses capables de réjouir le petit Bouddha.

Toutes les choses qui risquaient de l’inquiéter, et de lui causer de la peine, seraient rejetées à l’extérieur, en particulier les animaux dangereux et les personnes méchantes, vieilles ou malades.

Le but du père de Bouddha, qui était un très bon père, très aimant, était de donner à Bouddha l’amour de la vie.

Ce n’est qu’une fois que Bouddha aura appris à apprécier les joies de l’existence qu’il franchira les murailles et ira se confronter avec le mal, la maladie, la vieillesse et la mort.

Le jardin, un endroit protégé où l’on peut grandir, se reposer, se régénérer, pour mieux affronter les difficultés du monde extérieur

Cette histoire est pleine de symboles très intéressants sur la façon de préparer des enfants à la vie, en espérant qu’ils atteignent le même degré de sagesse que Bouddha.

On en retrouve des traces dans notre culture. Le mot “paradis” est issu d’une langue très ancienne, l’iranien avestique, dans laquelle pairidaēza, signifie “jardin royal entouré de murs”.

Dans la mythologie grecque, on connaît aussi le “jardin des Hespérides” où est planté un pommier produisant des pommes d’or, arbre malheureusement habité par un terrible serpent.

Pour nous, le jardin est un symbole du monde idéal : la Nature s’y exprime, elle donne des fruits délicieux, mais elle est domestiquée, canalisée, et ses aspects menaçants et dangereux pour l’homme sont réduits au minimum.

On favorise les aspects nourriciers et esthétiques de la Nature. Les murs empêchent les menaces d’y pénétrer. De taille toujours limitée, puisque clos, le jardin est une petite parcelle du monde que nous pouvons cultiver à la mesure de nos forces. On y élève des animaux en les protégeant des prédateurs, on sélectionne les plus belles fleurs, fruits, arbres, plantes, légumes. On tient en respect les espèces invasives.

Le jardin est un symbole de la vie : il n’est jamais parfait. Aussi propre et bien léché qu’il soit, il réclame des soins constants, sans quoi rapidement le chaos s’installe. A tout moment menacent les maladies, les pestes, la sécheresse ou l’inondation. Toujours un serpent s’y cache, et il faut donc veiller à ne pas se laisser piquer.

Le beau jardin est le lieu de l’équilibre : il faut ni trop ni trop peu de soleil, d’humidité, d’animaux et même de plantes, sans quoi on se sent envahi. Des espaces de respiration sont nécessaires, tout comme des endroits cachés, secrets.

Le jardin est le lieu où on apprend à aimer la vie

Le père de Bouddha ne s’y était pas trompé : le jardin est le lieu où on apprend à vivre et à aimer la vie. C’est l’endroit idéal pour les enfants, qui n’ont pas encore la force physique et psychique pour affronter les dangers déchaînés du monde extérieur.

En jouant dans le jardin, ils se forgent les armes pour affronter le chaos de la vraie vie, et éventuellement le pacifier, l’ordonner.

Dans son jardin, l’enfant est sorti de la maison paternelle, mais pas encore livré à lui-même dans le vaste monde. C’est un lieu intermédiaire.

Un enfant qui serait précipité, tout petit, sans protection et sans force, face aux défis accablants du monde des adultes, ne pourra pas se développer. Il se sentira, à juste titre, écrasé par des forces qui le dépassent, et deviendra anxieux, dépressif et passif.

Il faut d’abord avoir appris à aimer la vie pour ensuite avoir une bonne raison de vouloir se battre contre les dangers.

D’abord protéger les enfants, leur donner le temps de grandir pour pouvoir, ensuite, affronter le monde

C’est pourquoi on faisait attention autrefois de ne pas parler aux enfants de tous les malheurs, tous les dangers qui les attendaient, plus tard.

“Ce n’est pas de ton âge” n’était pas une remarque sadique, d’adultes profitant de l’ignorance des enfants pour se réserver égoïstement des connaissances intéressantes, mais au contraire un moyen de les protéger contre des choses trop dangereuses pour eux.

Aujourd’hui nous n’hésitons pas, au nom des nécessaires “prises de conscience” écologiques, sociétales et autres, à expliquer à des jeunes que des menaces dramatiques, existentielles, pèsent sur leur tête. On leur expose, sans précautions, toutes les horreurs dont l’humanité est capable, et bien souvent avec des images crues.

Nous espérons ainsi les “conscientiser” et leur donner l’énergie et la force de s’engager, le plus tôt possible, à la façon de Greta Thunberg. Nous espérons en faire ainsi des activistes, mobilisés pour résoudre les problèmes de la société et de la planète.

Mais est-ce raisonnable et prudent ? N’y a-t-il pas un risque d’y aller trop fort et de fabriquer, plutôt que des bâtisseurs, des générations désespérées, convaincues qu’il est désormais “trop tard”, et qu’il est donc inutile d’agir, à part pour “détruire le système” ?

Le père de Bouddha, lui, voyait les choses autrement et, me semble-t-il, plus sagement.

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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