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Selon une étude publiée dans Plos One, il existe un lien extrêmement fort entre la présence de maladies infectieuses dans une population et sa sympathie pour les régimes autoritaires

Adolf Hitler était obsédé par les virus.

Après la Grippe espagnole, qui ravagea l’Europe en 1918-1919, l’Allemagne fut en effet touchée par une pandémie de choléra (1923) tandis que la tuberculose et la polio continuaient à se répandre.

En 1924, le grand romancier allemand Thomas Mann publia “La Montagne magique” (Der Zauberberg). Ce roman, qui est “considéré comme l’une des œuvres les plus plus influentes de la littérature allemande au XXe siècle” [1] relate la vie dans un terrible sanatorium de tuberculeux à Davos, en Suisse.

Cette histoire traumatisa les Allemands au point qu’une des premières mesures prises par Hitler après son arrivée au pouvoir en 1933 fut un grand programme de lutte contre la tuberculose. Il mobilisa une flotte de camions équipés d’appareils aux rayons X pour dépister la maladie par radiographie des poumons et isoler les malades.

Vous n’aviez pas le choix de vous faire dépister ou pas. La devise des Nazis, rappelons-le, était “l’intérêt commun devant l’intérêt individuel” (“Gemeinnutz vor Eigennutz”). Elle fut gravée sur les pièces de monnaie de 1 Mark à partir de 1933 :

Après la tuberculose, Hitler lança un grand programme pour désinfecter les usines et éliminer les poux et les rongeurs, vecteurs d’épidémies.

Le gaz Zyklon B, utilisé plus tard dans les chambres à gaz, fut utilisé à cet effet.

Il lança aussi un grand plan pour les espaces verts autour des usines, avec des arbres et des fleurs pour créer un environnement plus “sain”. La jeunesse était embrigadée dans des colonies appelées “Jeunesses Hitlériennes” pour des activités dans les campagnes, les forêts, loins de l’air vicié des grandes villes, pour ainsi “fortifier la race” et contribuer à faire “reverdir” l’Allemagne.

Mais la lutte contre les “infections” en tout genre ne devait pas s’arrêter là. Les Nazis l’étendirent aux hôpitaux psychiatriques, les handicapés mentaux étant considérés comme des faibles et des indésirables, consommant des ressources nécessaires aux “travailleurs allemands”. Ce fut ensuite le tour des Tziganes, des Juifs, des Slaves, considérés comme inférieurs et porteurs de maladies, et enfin à toutes sortes d’autres groupes sociaux désignés comme inutiles ou nuisibles.

Le feu, symbole de la purification

Ce dégoût et cette peur des infections explique aussi pourquoi Hitler adorait le feu. Les Nazis utilisaient le feu comme symbole de leur mouvement.

Le feu est, par excellence, l’élément purificateur.

Il permet de détruire toute vie, et donc toute maladie.

Les Nazis organisaient des marches au flambeau nocturnes dans les rues de Berlin, ainsi que d’immenses cérémonies la nuit où 150 000 hommes étaient alignés en carré parfait, ou en croix gammée, tandis que d’immenses torches illuminaient la scène et de puissants projecteurs balayaient le ciel.

On sait également l’usage du feu dans les fours crématoires, destinés à faire disparaître toute trace de personnes humaines et donc tout microbe.

Un lien étroit entre régimes autoritaires et présence de maladies infectieuses

Selon une grande étude publiée dans Plos One en 2013, il existe un lien direct et très étroit (corrélation de 0,7) entre la prévalence des maladies infectieuses dans une population, et la sympathie de celle-ci pour les régimes autoritaires. [2]

Autrement dit, plus le risque (réel ou imaginaire) d’infection est élevé, plus la population approuve, voire demande, des mesures autoritaires, restreignant ses libertés.

Plus il y a de risque de maladies infectieuses, plus une société devient même sexiste, xénophobe, ethnocentriste, ont expliqué Randy Thornhill, Corey L. Fincher et Devaraj Aran en 2008 dans un célèbre article intitulé “Parasites, démocratisation et libéralisation des valeurs parmi les pays contemporains”, publié dans Biological Reviews (Cambridge Philosophical Society), et qui aurait pu leur valoir le prix Nobel. [3]

Ces auteurs ont identifié un système “d’adaptation de l’homo sapiens pour gérer le problème des maladies infectieuses.” Dès que nous sentons augmenter le risque d’infection, nous acceptons (nous demandons !) aux Autorités de restreindre nos libertés pour nous protéger.

Or, l’être humain étant le principal vecteur des maladies infectieuses, la meilleure façon de nous protéger est alors d’interdire aux autres êtres humains de nous approcher, en fermant les lieux publics, en interdisant les rassemblements, les fêtes, en fermant les frontières, ou limitant les déplacements sur le territoire, voire en imposant des mesures de distanciation sociale permanentes.

La liberté et la promiscuité sexuelles, en particulier, sont ardemment combattues, ainsi qu’on le voit avec les consignes de distanciation actuelles au nom du Covid-19, décrite dans une toute récente étude chinoise comme “maladie sexuellement transmissible” [4] et donc une justification supplémentaire d’éviter les rapports.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous avons considéré comme un phénomène “naturel” la marche des pays vers l’ouverture, la démocratie, la libéralisation des mœurs, le mélange des cultures. Se pourrait-il que ce phénomène ait en fait été largement provoqué par les antibiotiques, les vaccins et le progrès médical ? Et que, privés de cette sécurité nouvellement acquise, nous renoncions à tous les progrès et droits dont nous prétendions être si fiers ?

Emprisonnements, violences et déportations en cas d’épidémie

Au Koweit, au Qatar, sortir sans masque est déjà passible de prison ferme. [5] En Chine, les personnes qui présentent de la fièvre sont parfois murées chez elles ou déportées, et la presse chinoise signale par ailleurs que des Chinois présents en Russie sont capturés et déportés également à cause de la crainte du coronavirus. [6]

Toujours au nom du coronavirus, de nombreux Africains en Chine sont passés à tabac, expulsés de leurs appartements, doivent dormir dans les rues, sont interdits de faire des courses ou d’aller chez le médecin.[7]

En Afrique du Sud, des malades de coronavirus sont poursuivis par les Autorités pour “tentative de meurtre” pour avoir risqué d’infecter d’autres personnes en se déplaçant. [8]

En France, la Police a pu déployer pour la première fois des drones pour surveiller les habitants, la Justice ayant rejeté les recours des associations de défense des libertés qui dénonçaient cette pratique. [9]

Plus d’un million de citoyens ont reçu des contraventions pour avoir manqué aux règles du confinement. Des centaines de milliers d’entreprises sont interdites de fonctionnement, déclenchant des faillites en chaîne et de nombreuses pertes d’emploi (pour ne parler que des grandes chaînes de magasins, la Halle aux chaussures, la Halle aux vêtements, Naf Naf, le chausseur André vieux de plus de cent ans, les meubles Alinéa (2000 salariés) et Prémaman sont en redressement judiciaire). [10]
Airbus parle de licencier 10 000 personnes. [11]

Les vacances d’été semblent compromises pour des millions d’Européens, mettant en péril des millions d’emplois dans l’hôtellerie, les restaurants, les gîtes, les campings, l’artisanat, et parmi les guides, moniteurs et accompagnateurs aux quatre coins du pays.

Où faut-il mettre le curseur ?

Pour l’être humain, il est extrêmement difficile de savoir où mettre le curseur, concernant l’hygiène et la protection contre les maladies infectieuses.

Nous avons un instinct de dégoût très fort qui nous incite, voire nous oblige, à nous tenir à distances des vecteurs potentiels de maladies, que ce soient des personnes ou des choses.

Ainsi notre instinct nous empêche de manger les choses gluantes, pourries, malodorantes, qui en effet sont les plus susceptibles de nous donner des maladies, en déclenchant un réflexe de régurgitation (recracher) si on nous force à avaler, ou de vomissement.

Mais nous devons apprendre aussi à surmonter ces instincts car de nombreux aliments, tout en ayant une allure et une odeur a-priori repoussantes, sont en réalité bons pour la santé, ou nécessaires à la survie, comme les aliments fermentés.

De même, nous apprenons à garder nos distances vis-à-vis des autres. Nous nous méfions naturellement des personnes qui ont des problèmes de peau ou d’autres signes extérieurs qui évoquent la présence éventuelle de germes dangereux. La méfiance vis-à-vis des étrangers est un réflexe archaïque de protection contre les épidémies, et nous pouvons même nous servir inconsciemment de notre odorat pour être attirés, ou repoussés, par des personnes selon leur flore bactérienne et donc leur système immunitaire.

Mais nous sommes aussi des créatures sociales qui avons absolument besoin d’échanges et de contacts humains pour nous sentir bien. Nous avons besoin de coopérer, d’échanger des informations, ou même de nous réconforter en nous touchant : poignée de main, main sur l’épaule, voire main sur la nuque, tape sur la joue, baiser, câlin…

Il est bon également de pratiquer une certaines exogamie (chercher son conjoint en dehors de son village, de sa tribu) afin de diversifier le pool génétique et éviter les problèmes de consanguinité.

Notre instinct peut donc nous jouer des tours et nous inciter à fuir des personnes qui, en réalité, ne posent aucun danger pour nous, et ont au contraire quelque chose d’important à apporter à notre communauté.

Nous avons beaucoup de mal à calculer les statistiques, surtout pour les grands nombres. Ainsi, si l’on vous dit que vous avez un risque sur 500, sur 5000 ou sur 50 000 d’attraper un virus mortel, vous ne savez pas que faire de cette information. Faut-il s’inquiéter ? Changer ses plans, ses comportements ? A partir de quel niveau peut-on se permettre d’ignorer totalement la menace ?

Nous n’en savons rien mais notre angoisse peut nous pousser à faire de mauvais choix dans la panique.

Prenons conscience que nous sommes aujourd’hui confrontés collectivement à un tel problème. La présence du coronavirus déstabilise nos repères, et nous pousse à la méfiance, au repli, à l’isolement. C’est sans doute une nécessité, le temps de comprendre ce qui nous arrive, quel est le danger réel pour notre civilisation, quel est le risque effectif de « seconde vague » massive qui emporterait d’autres personnes.

Pour autant, n’oublions pas que notre santé dépend de bien plus de facteurs qu’un simple virus. Nous avons tout un édifice social, économique, humain, indispensable pour gérer bien d’autres problèmes que le coronavirus, dont notre système de santé qui lutte contre bien d’autres maladies. Cet édifice est fragile. Il est attaqué de toutes parts. Pour exister, il a absolument besoin que l’on puisse continuer à travailler, circuler, entreprendre, se réunir, communiquer, financer. Si, au nom de la lutte contre le coronavirus, nous détruisons tout cela, nous ne savons pas où cela s’arrêtera.

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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