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Face à la maladie, l’attitude qui apaise les souffrances

 

En cas de maladie, accident, agression, il y a deux façons de réagir :

  1. J’ai fait l’expérience de la souffrance, et cela m’a fait réaliser l’urgence de lutter contre la souffrance dans le monde.
  2. J’ai fait l’expérience de la souffrance, c’est injuste, tout le monde devrait souffrir comme moi.

La première réaction mène à ces personnes âgées aux yeux pétillants et dont les lèvres ne demandent qu’à sourire.

Elles en ont vu de toutes les couleurs, et pourtant : elles voient passer un enfant, vous leur proposez de l’aide au supermarché, et déjà elles s’émerveillent, se confondent en remerciements, leurs yeux se mouillent et vous êtes gêné que votre geste, au fond dérisoire, déclenche tant de gratitude.

La seconde réaction (« c’est injuste que tout le monde ne souffre pas comme moi« ) façonne un autre type de personnalité.

Ce sont ces personnes traumatisées par la souffrance, que rien ne peut plus réjouir. Leur visage est marqué par l’amertume, leur bouche retournée, leurs yeux infiniment tristes.

C’est le personnage décrit dans l’horrible film “Joker”, sorti cet automne.

Avez-vous vu l’horrible film « Joker » ?

“Joker” raconte l’histoire d’un homme qui aime faire rire les gens et qui devient clown.

Mais un jour il se fait attaquer dans la rue par des voyous qui lui volent son matériel et lui cassent la figure.

Joker décide de se venger en faisant souffrir un maximum de personnes, gratuitement, comme lui-même a été attaqué gratuitement.

Comment savoir comment nous allons réagir face à la maladie ?

Comment faire pour réagir de la première façon, plutôt que de la seconde, pour éviter de devenir une personne aigrie, à l’amertume recuite, défigurée par les malheurs qu’elle a subis ?

C’est un sujet que, malheureusement, je connais un peu, ayant été beaucoup confronté à la maladie pendant ma vie. C’est pourquoi je me permets de partager avec vous ces réflexions :

1. On ne décide pas de sa façon de réagir

La première chose que j’ai apprise, c’est qu’on ne choisit pas sa réaction.

Nous ne sommes pas des robots qui obéissent à une télécommande comme une télé. Vous ne pouvez pas décider de ressentir des émotions positives ou négatives, en poussant sur un bouton (sinon, qui choisirait le désespoir ?).

Les personnes qui ont la chance d’être nées avec un caractère optimiste, qui voient toujours le verre “à moitié plein”, ont tendance à penser que les autres devraient simplement faire “un petit effort” pour être comme elles.

C’est naïf.

Face aux épreuves, vous n’êtes pas maître de vos réactions émotionnelles. Vous pouvez être envahi d’une tristesse, d’une rancœur, d’une rage, immenses, sans rien pouvoir y faire. Vous étouffez de colère. Vos nuits sont traversées d’images de cauchemars où vous courrez pour fuir jusqu’à l’extrémité de la terre pour échapper à des monstres, et ça ne suffit pas…

Les personnes qui réagissent bien n’ont pas forcément du mérite. Elles ont la chance de ne pas se sentir profondément affectées, de savoir oublier, pardonner, passer à autre chose, s’accommoder de leur nouvelle situation facilement. Mais elles n’ont pas forcément fait quelque chose pour cela.

Les émotions nous “arrivent”, comme un accident, ou un coup de chance.

2. Après le premier choc, il est possible de faire un choix

Dans un second temps cependant, une fois que nous avons eu le temps d’encaisser le premier choc, il est possible de faire des choix, sur ce que nous souhaitons vivre.

En gros, nous avons le choix entre nous dire :

– “Ce cancer, ou cette sclérose en plaque qui m’arrive est la confirmation ultime que la vie est stupidement, absurdement cruelle. Elle ne conduit qu’à la douleur et à la mort. Celui qui a créé l’humanité, s’il existe, est le dernier des salauds. L’humanité est trop moche, mieux vaudrait qu’elle disparaisse.

Cette vision des choses se retrouve très souvent dans la littérature, le théâtre, les films modernes. Mais il y a 150 ans déjà, l’écrivain russe Dostoïevski a écrit des romans (“Crime et châtiments”, “Les carnets du sous-sol”) où les “héros” pensent et vivent précisément cela. On retrouve des personnages identiques dans les pièces de théâtre de Tchekhov, et les romans de Tolstoï. (Ce dernier, malgré sa fortune et sa renommée, trouvait la vie si cruelle qu’il redoutait de sortir dans son jardin seul avec un fusil ou une corde, tant il était certain alors de se suicider…)

Dans la vraie vie, il y a les auteurs de tueries de masse, ou le cas récent de Raphaël Samuel. Ce jeune de 27 ans a annoncé à la presse britannique porter plainte contre ses parents pour lui avoir donné naissance sans son consentement. “Il est mal de mettre au monde des enfants parce qu’ils doivent ensuite assumer une vie entière de souffrance.”, a-t-il expliqué. [1]

L’autre vision du monde est la suivante :

Depuis mon enfance j’ai appris que le malheur frappe de façon aveugle. Cette maladie ne prouve donc rien de nouveau. Aujourd’hui comme hier, malade ou non, je garde ma liberté d’action. Même si je suis très affaibli, je garde toujours la possibilité de refuser d’empirer encore la situation, par des attitudes destructrices pour les autres et pour moi-même. Je peux encore contribuer à améliorer les choses, ne serait-ce qu’en me mettant à disposition des autres pour les écouter.

Dans ce second cas, la vie garde son sens et son intérêt. Même si c’est très dur, elle reste une aventure. Celui qui la vit souffre, mais il participe encore à l’aventure humaine de façon positive.

3. Le combat se joue sur plusieurs fronts, et il n’est jamais gagné définitivement

Le monde ne se sépare pas en deux camps, les “mauvais” qui adoptent la première attitude, contre les “bons” qui adoptent la seconde.

Chacun de nous doit mener le combat en permanence en lui-même, entre ces deux tendances qui s’affrontent.

Plus profondément encore, nous avons en fait en permanence de multiples combats à mener, sur de multiples fronts. Car nos vies comportent de très nombreuses dimensions différentes (santé, famille, profession, sports, loisirs, amitiés, responsabilités sociales…). Dans chaque domaine, nous pouvons adopter tantôt l’une, tantôt l’autre de ces deux attitudes.

Ce combat ressemble donc à celui d’Hercule, qui affrontait l’hydre de Lerne.

Comme vous le savez, cette hydre était un monstre à plusieurs têtes, et chaque fois qu’il en coupait une, sept autres apparaissaient. Mais l’épreuve pour lui consistait précisément à ne pas se décourager, malgré un combat apparemment désespéré.

4. L’importance de se battre

La vie consiste donc à mener des combats sur tous les fronts. Plus vous menez de combats, mieux vous vous sentez.

La question de savoir si l’on perd ou si l’on gagne ces combats n’est pas du tout aussi importante qu’on ne le croit quand on est jeune. C’est le combat qui est important, pas son issue. De toutes façons, cette issue dépend souvent de bien autres choses que notre volonté ou nos capacités.

Le fait de soutenir tous les combats possibles fait une immense différence sur le long terme.

Différence sur le monde autour de nous, mais surtout différence dans notre propre vie.

Si nous nous laissons envahir par le doute, la conviction qu’il ne sert à rien de se battre, nous en payons le prix dans notre propre personnalité.

Empoisonné de l’intérieur par les haines, les rancœurs, l’aigreur, nous devenons un épouvantail qui fait fuir les autres, et qui fait un fort désagréable compagnon de vie pour nous-même.

A l’inverse, celui qui se charge les épaules au maximum de ce qu’il peut porter, même s’il ploie sous la charge au point de devoir mettre un genou à terre, même s’il est cerné par les menaces, deviendra l’incarnation de la force tranquille :

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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