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Présente dans toutes les armoires à pharmacie, elle ne fait plus peur à personne

 

L’aspirine empêche le sang de coaguler. Elle empêche en effet les plaquettes sanguines de se coller entre elles, ce qui est le mécanisme qui permet la formation des croûtes de sang.

L’aspirine réduit donc le risque de caillots sanguins, c’est-à-dire des boules dures de sang qui se forment dans les veines.

Les caillots peuvent provoquer des infarctus quand ils bouchent les petites artères qui irriguent le cœur.

Beaucoup de personnes prennent donc une petite dose d’aspirine tous les jours (50 ou 80 mg), “au cas où”.

Nous allons voir que ce n’est pas une bonne idée.

A la découverte des artères coronaires

La prise quotidienne d’aspirine vise à empêcher la formation de caillots venant boucher les artères du cœur.

Ces artères, appelées “coronaires” car elles font comme une couronne autour du cœur, ne sont pas à confondre avec l’aorte et l’artère pulmonaire. Ces dernières sont les énormes artères qui sortent du cœur pour envoyer le sang, respectivement dans tout le corps ou dans les poumons. Ce sont les gros tuyaux que vous voyez en haut de l’image ci-dessous.

Les artères coronaires n’ont rien à voir avec cela. Ce sont les petites artères rouges que vous voyez sur l’image. Elles alimentent le muscle du cœur (myocarde) en sang pour permettre au cœur de battre.

Ces artères ne sont pas plus sensibles que les autres au risque d’embolie (bouchage) provoqué par un caillot.

Mais les conséquences sont beaucoup plus graves qu’ailleurs. Si un caillot vient boucher l’une d’elle, le muscle du cœur (myocarde) n’est plus irrigué. Les cellules musculaires du cœur meurent. Le myocarde s’abîme et peut arrêter de fonctionner.

Le cœur, donc, cesse de pomper le sang, et c’est l’infarctus qui entraîne la mort, sauf réanimation en urgence, ou disparition spontanée du caillot permettant de relancer le myocarde, ce qui arrive régulièrement.

Des produits pour fluidifier le sang

Pour réduire le risque de caillot, les médecins prescrivent des médicaments qui fluidifient le sang. Très souvent, c’est l’héparine ou la warfarine.

Problème, un sang qui ne coagule plus, c’est un risque plus grand de conséquences graves en cas de blessure ou d’hémorragie.

Les dernières études scientifiques déconseillent la prise d’aspirine contre les accidents cardiovasculaires

Une étude parue l’année dernière (2018) dans le JAMA (Journal of the American Medical Association) a montré que sur 265 personnes en bonne santé traitées avec de l’aspirine pendant cinq ans, un problème cardiovasculaire sera évité, mais un patient sur 210 traité souffrira d’une hémorragie grave…

Cela confirme l’opinion des experts selon laquelle la prise d’aspirine doit plutôt être évitée. En effet, chez les personnes en bonne santé, la baisse du risque d’infarctus en prenant de l’aspirine ne compense pas la hausse d’accident hémorragique.

Mieux vaut, donc, ne rien faire dans ce groupe de personnes.

Mais l’aspirine est souvent prescrite chez les personnes de plus de 75 ans qui “caillotent”, c’est-à-dire qui ont tendance à faire des caillots (cela se produit en particulier parce que les caillots se forment dans les veines profondes des jambes, chez les personnes très sédentaires).

Cette prescription peut se justifier chez les personnes qui viennent de subir une opération (pontage, stent).

Pour autant, les autres personnes doivent avoir conscience des risques :

Selon le Dr Christopher Cannon, professeur de médecine à l’Ecole de Médecine de Harvard, “lorsque les gens prennent de l’âge, leurs vaisseaux sanguins deviennent progressivement plus fragiles, et ont par conséquent plus tendance à laisser du sang s’échapper. Ils sont aussi plus susceptibles de tomber, ce qui peut provoquer des saignements.

Ces saignements peuvent provoquer des paralysies ou la mort lorsqu’ils se produisent dans le cerveau (AVC). C’est pourquoi les recommandations officielles sur l’aspirine ont été modifiées au début de l’année 2019 par l’Association américaine de cardiologie (American Heart Association), contre la prescription d’aspirine aux personnes de plus de 70 ans.

L’aspirine, un produit naturel mais pas inoffensif

L’aspirine, ou acide acétyl-salycilique est à l’origine une molécule naturelle, la salyciline, que l’on trouve dans l’écorce de saule blanc et la reine-des-prés.

Depuis deux siècles, elle nous rend de nombreux services pour nous aider à lutter contre les douleurs (antalgique), faire baisser la fièvre (ce qui n’est pas toujours recommandé, mais passons), et comme anti-inflammatoire.

Présente dans toutes les armoires à pharmacie, elle ne fait plus peur à personne, et seules les personnes qui en consomment beaucoup tous les jours, contre les douleurs d’arthrose par exemple, s’aperçoivent qu’elle fait des trous dans l’estomac.

Toutefois, et malgré toute la sympathie qu’on a pour elle, ce n’est pas une raison pour en prendre une petite dose tous les jours comme s’il s’agissait d’un produit qui ne peut que faire du bien.

Notre sang est un liquide extrêmement spécial, finement dosé pour n’être ni trop liquide (pour éviter les hémorragies) ni trop épais (pour ne pas boucher les artères).

Intervenir dans ce subtil équilibre pour le rendre plus liquide, en empêchant les plaquettes de coaguler (ce que fait l’aspirine), est beaucoup plus dangereux qu’on ne le pense.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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