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Carencé en iode ? Attention au crétinisme

Chère lectrice, cher lecteur,

À force de dénoncer les dangers du sel, les autorités de santé ont fait revenir une maladie qu’on croyait disparue : la déficience en iodine, anciennement nommée « crétinisme » !!

Des millions d’Européens n’ont plus assez d’iode. Avec la hausse du prix du poisson et des fruits de mer, et le recul du sel enrichi en iode, ils souffrent, sans le savoir, d’un déficit de ce minéral essentiel.

Mêmes symptômes que l’hypothyroïdie

Fatigue, prise de poids inexpliquée, perte de cheveux, peau sèche et en écailles, frilosité : tous ces symptômes peuvent indiquer un manque d’iode.

En effet, ce sont les symptômes de l’hypothyroïdie (manque d’hormones thyroïdiennes).

L’iode est indispensable à la fabrication des hormones thyroïdiennes. Sans iode, la thyroïde « tourne à vide ». Elle grossit et, dans les cas extrêmes, fait apparaître un goitre. C’est une boule dans le cou, qui peut grossir au point de provoquer une difformité.

« Crétin des Alpes ! »

Le manque d’iode diminue l’énergie, mais fait aussi perdre des points de QI (quotient intellectuel).

On appelait autrefois cette maladie le « crétinisme », ce qui a donné l’injure « crétin » parce que les personnes qui en étaient touchées paraissaient stupides.

L’expression « crétin des Alpes » vient du fait que c’était surtout dans les montagnes que l’on trouvaient ses victimes. N’ayant pas accès au sel, au poisson, aux algues et aux fruits de mer, les gens manquaient d’iode.

Les problèmes commencent dès le fœtus, car les hormones thyroïdiennes contrôlent la croissance, réparent les cellules et aident à produire de l’énergie.

À la fin du 19e siècle, le goitre était encore très fréquent. « Le médecin de campagne » de Balzac soignait un village entier de personnes atteintes de « crétinisme ». Les études sur les écoliers suisses montrent que, selon les endroits, entre 20 % et 100 % de la population était touchée [1].

Une des grandes insultes du capitaine Haddock est « crétin des Alpes ». En tant que marin, il est bien éloigné de cette maladie.

Vive le sel enrichi en iode

Ce n’est que dans les années 1920 qu’on s’est aperçu que la maladie pouvait être combattue tout simplement avec du sel enrichi en iode. Le problème a alors immédiatement disparu. Mais aujourd’hui, dans les zones de l’Europe éloignées de la mer, la baisse de la consommation de poisson et de sel iodé entraîne à nouveau des problèmes.

En France, les experts relèvent une « carence modérée en iode ». Mais la situation est plus particulièrement grave chez les femmes enceintes, dont les « apports moyens en iode correspondent à moins de 50 % des apports nutritionnels conseillés [2] ».

On relève les mêmes problèmes en Suisse, en Allemagne et en Angleterre. Une femme sur six manque d’iode en Suisse [3]. En Allemagne, on estime à 1 milliard d’euros le coût annuel pour le système de santé [4]. Une étude montre qu’une simple supplémentation en iode permettrait d’économiser 5 800 euros par femme enceinte en Angleterre [5].

Alors, que fait-on ?

D’abord, diagnostiquer le problème.

Repérer les signes d’un manque d’iode

Les 9 signes d’un manque d’iode sont :

1. une boule qui grossit dans le cou ;
2. une prise de poids soudaine, alors que vous n’avez rien changé dans votre mode de vie ;
3. de la fatigue, de la faiblesse, un manque d’énergie, surtout le matin ;
4. une perte de cheveux ;
5. une peau sèche, formant des écailles, peu de transpiration ;
6. une frilosité, surtout le matin au réveil ;
7. un rythme cardiaque ralenti, une tendance à s’évanouir ;
8. des problèmes d’apprentissage et de mémoire ;
9. des règles abondantes et irrégulières.

Sources d’iode

L’iode est naturellement très abondant dans l’eau de mer.

La conséquence est que le poisson (de mer), les algues, les fruits de mer et le sel de mer sont très riches en iode, et que leur consommation régulière vous protège des carences.

Inversement, l’iode est très rare – voire introuvable – ailleurs. Cela explique qu’un tiers de la population mondiale souffre d’un manque d’iode, soit une grande partie des populations vivant loin de la mer [6].

Si vous ne mangez jamais de produits de la mer, alors il est très important de consommer du sel à teneur garantie en iode.

Quelle quantité viser ?

Les apports recommandés sont de 100 à 150 microgrammes par jour pour les adolescents et adultes, de 100 mcg pour les enfants.

Une demi-cuillère par jour (3 grammes) devrait suffire à vous éviter la carence. Attention, toutefois : l’iode du sel n’est absorbé qu’à hauteur de 47 %, selon le Comité des salines de France [7].

En cas de carence constatée par une prise de sang (moins de 10 microgrammes/décilitre de sang), il faut envisager la prise d’un complément d’iodure de potassium, ou de compléments nutritionnels ou vitaminiques contenant de l’iode.

C’est très important pour votre équilibre, et c’est même une obligation que de veiller à ce que vos enfants aient assez d’iode.

En effet, figurez-vous que ce point a été inscrit à la Convention des droits de l’enfant de 1989 (Organisation mondiale de la santé) :

« Tout enfant a le droit à un apport iodé adéquat pour assurer son développement normal. Toute mère a le droit à un apport iodé adéquat pour assurer que son enfant à naître aura un développement mental normal. »

Je sais bien que personne ou presque n’en parle. Mais ce n’est pas une raison pour l’ignorer.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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