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Nous n’aurons bientôt plus les moyens de payer les légumes et fruits frais

Le prix des carottes a augmenté de 43 % cette année. Celui des salades de 12 %, celui des courgettes de 13 %. [1]

Les salaires : 2 %. [2]

Manger bio (fruits et légumes) revient à 255 euros par mois pour une famille de quatre.

Conclusion logique :

Nous n’aurons bientôt plus les moyens de manger des fruits et légumes frais en France.

Les prix ne montent pas assez vite, selon les économistes !

Et pourtant, l’inflation en Europe serait trop faible. Nos doctes économistes estiment que les prix ne montent pas assez vite. [3]

Personnellement, je n’ai jamais compris l’avantage de la hausse des prix.

J’ai pourtant étudié (longuement !) l’économie financière à l’Université de Berlin.

Depuis mon diplôme, je suis l’actualité économique de près. Et je vois des journalistes qui déplorent que les prix soient trop bas.

Cela n’a aucun sens.

La bonne chose, c’est d’augmenter les revenus des gens, et de diminuer le prix des choses.

Nous faisons l’inverse : nous augmentons le prix des choses, en diminuant les revenus des gens (par des charges toujours plus élevées).

L’augmentation des salaires de 2 %, constatée en 2017, a été la première depuis 7 ans. [4]

C’était mieux avant !!

Dans ma jeunesse, on vivait bien avec un seul salaire.

Je sais qu’une telle déclaration me vaudra d’être accusé de « nostalgique », voire de « vieux chnoque ».

C’est pourtant un fait.

Les jeunes ne me croiront pas quand je leur dirai que, dans l’épicerie de ma rue, les pommes de terre étaient vendues 50 centimes le kilo en 1980.

Pour 1 franc (15 centimes d’euros) vous aviez 3 salades.

Actuellement, les pommes de terre coûtent 1,30 euros le kilo (8,50 francs), soit 17 fois plus qu’en 1980.

« Oui mais les salaires ont aussi augmenté, entre temps », nous dit-on. « Il faut raisonner en euros constants. »

C’est n’importe quoi.

Les salaires n’ont pas du tout été multipliés par 17 depuis 1980. Le SMIC horaire était à 13 francs en 1980 (2,09 euros exactement). Il est désormais à 9,88 euros.

Cela ne représente qu’une multiplication par 4,7. [5]

La hausse des salaires a été beaucoup plus faible que la hausse des prix.

2012 : le prix des pommes de terre explose de 81,3 %

L’érosion du pouvoir d’achat a été tantôt lente, tantôt rapide.

En une seule année (2012), le prix des pommes de terre a explosé de 81,3 %. [6] On n’a bien entendu jamais vu une telle hausse générale des salaires.

Le phénomène est pire avec le logement.

Vous aviez, dans ma jeunesse, des maisons pour 30 000 francs (4500 euros). Oui, des maisons. Si l’un des parents travaillait (généralement le père), il n’y avait aucun problème pour se loger à peu près correctement.

La notion de « F1, F2, F3 » n’existait pas. C’est aussi simple que cela.

Tout le monde trouvait normal, même dans les classes populaires, d’avoir au moins un salon, deux chambres, un jardinet, y compris dans les grandes villes de province.

Progressivement, les charges ont augmenté, le prix des choses a monté. On a commencé à trouver normal de travailler à deux, d’abord pour le confort (avoir un « double salaire » était un peu un luxe), mais c’est vite devenu une nécessité.

Jusqu’au milieu des années 90 toutefois, le double salaire permettait normalement de faire vivre une famille avec plusieurs enfants. Vacances, études, hospitalisation, retraite, il n’y avait pas d’angoisses à ce sujet. Avoir deux salaires était une sorte de luxe, qui garantissait de pouvoir s’offrir des extras.

Mais même cela a commencé à ne plus être évident. Aujourd’hui, on compte beaucoup de couples qui peinent à joindre les deux bouts avec un seul enfant, ou même parfois pas d’enfants du tout. Depuis peu, la presse-magazine pousse l’idée qu’il serait normal, et même « fun » d’être en colocation à l’âge de 40 ans :


Signe des temps, je suis tombé récemment sur un magazine féminin qui pousse l’idée qu’il serait normal
, voire « fun », de vivre en colocation après 40 ans.

Quelle solution ?

Faut-il attendre que nos gouvernants nous trouvent une solution ?

Si vous êtes optimiste, vous pouvez essayer.

Personnellement, je suis sur ce sujet plutôt pessimiste. Et comme dit un de mes amis, « le pessimiste, c’est un optimiste qui a de l’expérience ».

Je ne crois pas que la hausse du prix des légumes et des fruits frais va cesser. Je ne crois pas que les revenus vont brutalement se mettre à monter, et rattraper le temps perdu depuis 40 ans.

Je pense qu’il est plus qu’utile de songer à reprendre le contrôle de nos propres vies. En apprenant comment se soigner avec des produits naturels, bien sûr, mais aussi en trouvant des sources de nourriture accessibles, fiables, et durables.

Car il faut bien voir une chose : le commerce des fruits et légumes est tout de même devenu une vaste arnaque.

Autrefois, vous aviez des maraîchers qui cultivaient des produits aux portes du village, ou de la ville, et qui vendaient leur production directement. Le prix des fruits et légumes, c’était le prix de leur travail.

Aujourd’hui, vous achetez vos courgettes 1,73 euros le kilo. Mais que payez-vous réellement ?

Vous payez les grossistes, les intermédiaires, les transporteurs, la marge du supermarché et les impôts locaux du centre commercial, le carburant des camions frigorifiques, la caissière et les systèmes informatiques, la banque et les sociétés de carte de crédit.

La courgette, elle, ne représente quasiment rien dans le prix final. Son prix d’origine, dérisoire, est surgonflé par tous les coûts qui s’y ajoutent, et qu’on vous fait payer.

Ceux qui, comme moi, cultivent leurs légumes, le savent bien. Un seul plant de courgettes fournit assez de courgettes pour toute une famille.

Voici un des plants de courgettes qui est dans mon potager. Depuis fin juin, il produit sans cesse. Chaque cran que vous voyez sur la tige représente la cicatrice laissée par une courgette que nous avons cueillie :

À vue de nez, nous en avons récolté une vingtaine de kilos, avec un seul plant acheté au printemps !

À ceux qui ont la chance d’avoir un petit lopin bien exposé, mettez un plan de courgettes, et économisez autant l’année prochaine !

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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