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N’attendez pas Alzheimer pour chouchouter votre cerveau

Chère lectrice, cher lecteur,

Les souvenirs accumulés pendant votre vie constituent votre trésor.

Mais n’oubliez jamais que l’essentiel se trouve uniquement dans votre tête.

Les joies de votre enfance, les goûts et les odeurs de la maison de vos grands-parents, vos amis de jeunesse, les moments les plus fous de vos amours, votre service militaire (pour ceux qui l’ont fait), tout cela vous paraît gravé pour toujours dans votre conscience.

Nous avons l’habitude de convoquer ces souvenirs à tout moment, à la demande. Nous avons l’impression de compagnons fidèles.

Mais c’est faux.

Vos souvenirs peuvent disparaître comme des mots sur le sable

Viendra un jour où, peut-être, vos souvenirs disparaîtront de votre mémoire comme des mots tracés sur le sable et que la mer efface, ou comme de l’eau qui s’écoule par le trou du lavabo, si vous ne prenez pas soin de votre cerveau.

Ce sera alors une catastrophe. Comme si votre vie elle-même avait été passée au Round-Up.

La fresque de votre vie, naguère riche de centaines de personnages colorés, d’événements spectaculaires, de musiques, de bruits, de saveurs et de sensations, d’expériences douces ou amères, se changera peu à peu en une terre stérile, nue, désertique.

Votre vie vous paraîtra comme un trou noir. Comme si vous n’aviez jamais vécu.

Notre époque malmène nos cerveaux

Car nos cerveaux souffrent, en cette époque.

Ils sont soumis à la pollution, aux ondes électromagnétiques, à l’aluminium.

Ils subissent le bruit (40 % des personnes habitant des villes de plus de 50 000 habitants souffrent du bruit) et le manque de sommeil (chaque nuit, nous dormons une heure de moins en moyenne que nos grands-parents : cela fait 3 650 HEURES DE SOMMEIL EN MOINS par décennie).

Ils vivent dans un bain permanent d’hormones du stress, ce qui les fait vieillir prématurément.

D’où l’épidémie de démences séniles et de maladies d’Alzheimer.

Prenez soin sans tarder de votre cerveau

Ne sous-estimez pas ce qui arrivera si un jour vous perdez la tête.

Oubliées, vos expériences fascinantes, vos connaissances si difficilement acquises à l’école, pendant vos études, puis tout au long de votre carrière. Comme si vous aviez enduré tout ça pour rien.

Disparus, vos souvenirs de voyages, de vacances, de fêtes et autres bons moments, qui illuminent votre imagination quand vous êtes seul.

Dans la maladie d’Alzheimer, c’est vos rencontres, vos amitiés et même votre conjoint, vos enfants, vos parents, vos frères et sœurs, que vous oubliez.

C’est pourquoi je vous invite à prendre soin dès aujourd’hui de votre cerveau. Nourrissez-le, irriguez-le, exercez-le pour le maintenir en forme.

Mesures diététiques pour le cerveau

Les premières mesures à mettre en place pour préserver votre cerveau sont d’ordre alimentaire.

Le nutriment le plus efficace pour le cerveau, c’est l’acide docosahexaénoïque (DHA), un type d’oméga-3 à longue chaîne.

Vous en trouvez dans les poissons gras. Mais je vous recommande vivement d’en prendre quotidiennement sous forme de gélules, au moins 1 à 2 grammes par jour. Sinon, le risque est trop grand de rester sous la dose minimale.

Les études scientifiques ont prouvé encore et encore l’importance cruciale du DHA pour les fonctions cognitives et la structure du cerveau [1].

Le second nutriment le plus nécessaire pour le cerveau,c’est la vitamine B9, ou folate.

Une étude norvégienne a montré qu’un apport suffisant de folate (vitamine B9), combiné avec d’autres vitamines du groupe B (en particulier, la cobalamine ou vitamine B12) augmentait les capacités cognitives chez les personnes âgées souffrant d’une tendance à la démence [2].

On sait de longue date que les folates sont indispensables également à la formation du cerveau du nourrisson. Cela figure même dans les recommandations officielles faites aux femmes enceintes : les futures mamans sont invitées à en prendre en compléments alimentaires dans les quatre mois qui précèdent la grossesse, puis pendant toute la grossesse (400 mcg par jour) [3].

Vous pouvez, par ailleurs, protéger votre cerveau par une alimentation riche en flavonoïdes, ces composés chimiques dits « aromatiques » qui donnent leur couleur et leur odeur aux plantes.

Dans le cerveau, les flavonoïdes ont des effets « neuroprotecteurs » (c’est-à-dire protecteurs pour les neurones, les cellules du cerveau), qui mènent à la neurogenèse, ou « naissance » de nouveaux neurones, et améliorent l’irrigation sanguine du cerveau.

Mieux irrigué, le cerveau est mieux nourri et mieux oxygéné : les neurones fonctionnent plus vite, vivent plus longtemps.

À noter que les flavonoïdes ont aussi des effets anti-inflammatoires, anticancer, et protecteurs pour le cœur.

Le resvératrol du raisin, les procyanidines oligomères de l’écorce de pin (vendues sous l’appellation « pycnogénol » dans les compléments nutritionnels) sont des flavonoïdes bien connus en santé naturelle.

Mais vous en trouvez partout dans les légumes, les fruits et les fleurs, en particulier les plus colorés, les plus odorants, comme les petits fruits rouges et noirs (myrtille, cassis, groseille…).

Mangez des noix

Vous savez déjà que les noix sont un bon aliment pour le cerveau.

En naturopathie, on fait remarquer la troublante ressemblance entre la forme de la noix et celle du cerveau pour souligner que ce dernier ne peut fonctionner sans la première.

La noix et le cerveau présentent une similitude de forme étonnante, souvent soulignée par les naturopathes. 

Une nouvelle étude américaine, parue le 15 novembre 2017, a montré que les noix renforçaient les ondes du cerveau, accroissaient la capacité d’apprendre, de se souvenir, de résoudre des problèmes, de percevoir [4].

À noter que ce que les Américains appellent « noix » (nuts) ne se limite pas à nos noix. Ils parlent en fait de tous les oléagineux, en l’occurrence dans cette étude la noix de cajou, la noix de Grenoble, la noix de pécan, la pistache, la cacahuète, l’amande.

Toutes ces noix ont de fortes concentrations en flavonoïdes capables dentrer dans les zones de lhippocampe responsables de lapprentissage et de la mémoire (l’hippocampe est une zone du cerveau).

Bien entendu, certaines noix stimulent plus certaines fréquences dans le cerveau. Par exemple, les pistaches produisent l’effet le plus fort sur les ondes gamma, qui sont déterminantes pour l’apprentissage, les mouvements rapides des yeux pendant le sommeil (qui aident à fixer les souvenirs), les perceptions.

Les cacahuètes, qui sont en fait des légumineuses (comme les haricots), mais qui faisaient partie de l’étude, produisent le plus d’effet sur les ondes delta, qui sont associées à l’immunité (défenses naturelles), au sommeil profond et aux processus d’auto-guérison.

Exercice physique

L’exercice physique améliore l’irrigation sanguine du cerveau et à son oxygénation.

De plus, il développe les neurones grâce aux mouvements complexes et aux efforts de coordination entrant dans de nombreux sports d’adresse.

Si vous avez l’occasion de pratiquer la danse, allez-y ! C’est excellent pour les fonctions cérébrales, en plus du fait d’apporter du plaisir et d’établir des relations sociales qui, elles aussi, favorisent la santé du cerveau.

À noter qu’il a été prouvé que la consommation d’oméga-3 de type DHA accroissait les bienfaits de l’exercice physique sur le cerveau [5].

Mots croisés

Selon les experts de l’école de médecine de l’université d’Exeter et du King’s College de Londres au Royaume-Uni, les énigmes verbales permettent d’abaisser l’âge du cerveau de dix ans [6].

Mais toutes les activités cérébrales (mots croisés, échecs, lectures, visites, conférences…) sont bénéfiques. Le cerveau est un muscle : il se renforce lorsque vous le faites travailler.

Dormez

Enfin, et surtout, veillez à bien dormir.

Les souvenirs se fixent dans le cerveau durant les périodes de sommeil paradoxal la nuit.

Dès que vous passez une mauvaise nuit, vos neurones ralentissent, vous perdez le fil de vos idées, vous commencez à oublier des choses.

L’accumulation de mauvaises nuits de sommeil pendant des mois, voire des années, représente une catastrophe pour le cerveau.

Si vous avez du mal à dormir, prenez de la mélatonine et des plantes qui font dormir (houblon, tilleul, verveine, passiflore), changez de volets et de rideau pour que votre chambre soit bien obscure : idéalement, vous ne devez même pas voir votre main lorsque vous la mettez à 30 cm de votre visage.

Si possible, votre chambre doit être dans un calme absolu, avec une température fraîche (16 à 17 °C).

Si nous devions recevoir une « note de santé », nous Occidentaux du 21e siècle, ce serait celle des pires cancres en matière de sommeil.

Nous dormons de moins en moins, et cela a évidemment un triste effet sur notre moral et notre mémoire. C’est LE domaine sur lequel je vous invite à agir au plus vite, si vous avez en moyenne moins de sept heures de bon sommeil par nuit.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

Sources de cette lettre :

[1] McCann J.C., Ames B.N. « Is docosahexaenoic acid, an n-3 long-chain polyunsaturated fatty acid, required for development of normal brain function ? An overview of evidence from cognitive and behavioral tests in humans and animals ». Am. J. Clin. Nutr., 2005, 82 : 281-295.

[2] Nilsson K., Gustafson L., Hultberg B. « Improvement of cognitive functions after cobalamin/folate supplementation in elderly patients with dementia and elevated plasma homocysteine ». Int. J. Geriatr. Psychiatry, 2001, 16 : 609-614.

[3] http://ift.tt/2BOuvQI

[4] http://ift.tt/2zIdDgX

[5] Wu A., Ying Z., Gomez-Pinilla F. « DHA dietary supplementation enhances the effects of exercise on synaptic plasticity and cognition ». Neuroscience.

[6] http://ift.tt/2BOuyvS

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