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Je suis allé hier au cimetière avec un oncle médecin. Nous voulions nous recueillir sur la tombe d’un ami décédé il y a sept ans.

Cet ami est mort d’un cancer. Il a enduré toutes les étapes du martyre : depuis la tumeur, les brûlures de la radiothérapie, les épouvantables métastases jusqu’au cortège des nausées, des vomissements, un zona et des infections consécutivement à la chimio.

Tandis que je me remémorais son courage (il ne s’était jamais plaint de ses douleurs), mon oncle me rappela combien nous avions vu se perfectionner les radios, les scanners, les IRM, les méthodes de diagnostic ces dernières décennies.

Et combien cela avait permis de mieux rassurer – et de soulager – les malades.

En effet, il y a là un phénomène positif et mystérieux :

Le simple fait de connaître l’origine de vos douleurs physiques permet de mieux les supporter. À l’inverse, quand on ignore leur cause, c’est très angoissant et cela redouble le supplice.

C’est là un des immenses bienfaits du progrès médical récent. Mieux savoir d’où vient notre douleur et pourquoi nous avons mal. Sans doute cela avait-il beaucoup aidé notre ami dans sa lutte contre le cancer.

Pensons-y chaque fois que nous souffrons. Nous avons une chance énorme par rapport à toutes les générations qui nous ont précédées : même si la médecine échoue et continuera d’échouer face à d’innombrables maladies, nous pouvons aujourd’hui, bien souvent, connaître la cause de nos douleurs et cela les rend moins inquiétantes.

Le besoin de comprendre nos douleurs

Ce qui nous caractérise en tant qu’êtres humains, c’est notre besoin de comprendre.

Dès que les choses prennent du sens, nous allons mieux. Parce que nous savons où nous allons.

Souvent, nous nous comparons à des singes qui se sont perfectionnés et devenus plus adaptables à leur environnement, pour coloniser de nouvelles régions du globe.

Mais le philosophe Fabrice Hadjadj répond à ce sujet :

« La chose est douteuse. Car le comble de la perfection pour le primate serait dans l’agilité suprême à se déplacer de branche en branche ou dans l’aisance absolue pour se procurer des bananes… Par contraste, l’homme fait figure de grand inadapté : au lieu de vivre paisiblement selon son instinct, il cherche un sens, il déchiffre le monde comme une forêt de symboles, il cherche à pénétrer dans le secret de ce monde, l’étreindre dans son mystère et le boire à sa source [1]. »

Eh oui ! Comme ce serait plus facile si nous n’avions pas cette « faim » de savoir, de comprendre.

Mais voilà. Nous sommes des « inadaptés ». Nous n’arrivons pas à nous contenter de vivre comme des animaux. Il nous est impossible de profiter de la vie comme un cochon qui aurait « tout pour être heureux ».

Imaginez…

Le cochon qui aurait tout pour être heureux

Ce cochon serait bien nourri.

Il vivrait dans une porcherie propre et bien chauffée, avec de nombreuses truies pour satisfaire ses instincts.

Il aurait la promesse de ne jamais souffrir : avant d’être transformé en charcuterie, on lui ferait une piqûre anesthésiante pour l’endormir afin qu’il ne sente rien au moment d’être égorgé.

Ce serait le plus heureux des cochons.

Mais nous, êtres humains, ne sommes pas comme ça ! Pour nous, une telle vie apparemment « confortable » représente le pire des cauchemars. Nous préférons à la limite ne pas vivre du tout plutôt que de vivre comme ça.

Ce qui prouve que, quelque soit notre « matérialisme » apparent, nous sommes en fait tous à la recherche de quelque chose d’autre pour être heureux.

Mais sans doute n’y a-t-il pas de réponse simple, toute faite, définitive.

Réflexion d’un vieux

Les gens qui m’entourent me disent que je suis « encore jeune » mais je n’ai pas honte de dire que je me sens vieux.

Vieux comme quelqu’un qui a une longue vie derrière lui, qui a connu beaucoup de défis, de déceptions et de joies.

Et après toutes ces années, ma conclusion est que chacun vit avec ses désirs, et imagine que cela ira mieux pour lui lorsque que ses désirs seront satisfaits.

Mais en fait, c’est le combat qui importe, pas le résultat.

Il est plus stimulant de voyager que d’arriver. Plus excitant de se battre que de vaincre. La satisfaction est toujours décevante : post coïtum omne animal triste, « tout être vivant est triste après le coït »…

N’imaginons pas trop vite que nous pourrions nous débarrasser de nos souffrances, ni faire advenir le paradis ici-bas… Ce sont peut-être ces pensées qui ont aidé notre ami à mieux accepter et à supporter les douleurs de son cancer. Car après tout, un peu plus ou un peu moins de douleur, nous sommes tous dans le même bateau, et nous avons tous la possibilité de voir les vraies joies où elles se trouvent.

Je ne vous en dis pas plus. A chacun de trouver en lui-même quelles sont, en vérité, ses vraies sources de joie. A l’approche de Noël, c’est le bon moment.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis



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