Ce serait une sinistre farce si les conséquences ne commençaient pas à être très concrètes dans nos assiettes.
L’association Familles Rurales calcule une hausse de 10 % du prix des légumes cette année, et de 18 % pour les fruits.
Cette hausse vertigineuse reflète bien l’impression de panique, de boule dans la gorge, d’incrédulité, de révolte, que l’on éprouve de plus en plus souvent au rayon fruits et légumes dans les supermarchés (mais aussi dans les marchés et les hard-discounts : la hausse y est encore plus forte).
Des patates au prix des cerises (d’autrefois)
Les plus fortes hausses : la pomme de terre (+ 36,9 % ; à 1,78 euro/kg), la fraise (+ 36,6 % ; à 7,72 euros/kg).
Et bizarrement, alors qu’il faudrait sonner le tocsin, l’association Familles Rurales s’empresse d’ajouter :
« Certaines hausses sont à relativiser, dans la mesure où elles font suite à des baisses les années précédentes, comme par exemple pour la pomme de terre. »
Cela m’a fait bien rire.
Je me souviens très nettement que les pommes de terre (je reviens à mon sujet préféré !) ne coûtaient que quelques centimes (de francs !) par kilo, encore dans les années 1990.
On ne donnait d’ailleurs jamais leur prix au kilo. On calculait par 10, 25, 50 kg, même quand on était à la campagne !
La pomme de terre était l’assurance tous risques absolue anti-famine.
Vous saviez que, quoi qu’il arrive, vous alliez toujours pouvoir vous nourrir pour rien, ou presque rien, avec la pomme de terre. Et les oignons, les carottes, les poireaux, sans parler des choux, des haricots ! C’était la nourriture du pauvre ! La soupe au chou, la « fin des haricots ». Les poireaux ne se vendaient pas à l’unité ! Ils se vendaient par botte : « Donnez-moi une botte de poireaux », disions-nous chez l’épicier. L’idée ne serait venue à personne de demander un poireau. Cela aurait fait rire tout le monde, à cause du sous-entendu.
Pour revenir aux pommes de terre, je me souviens d’avoir trouvé comiques les petits sacs de 5 kg quand ils sont apparus au début des années 1990.
Mais bientôt, ce furent les sacs de 2,5 kg, et aujourd’hui, les pommes de terre sont vendues au kilo ; bientôt on nous donnera le prix aux 100 grammes pour ne pas nous effrayer !!
De la filouterie
Famille Rurale affirme que « En 10 ans, les tarifs des fruits ont ainsi grimpé de 24,9 % et ceux des légumes de 15 %, alors que dans le même temps, l’inflation (c’est-à-dire la hausse générale des prix, toutes catégories confondues) n’était que de 11,5 % ».
C’est une filouterie.
Les prix ont évidemment augmenté beaucoup plus que ça. Ils ont été multipliés par 4, 6, par 10, parfois.
Cette année, les fraises et les cerises dépassent 7 euros le kilo en conventionnel et 11 euros en bio.
11 euros, nous parlons bien de 72 francs le kilo de fraise ; on est évidemment dans l’hyper-inflation.
Les prix des fruits et légumes ont tellement augmenté que, riches ou pauvres, nos habitudes d’achat ont évolué, vont évoluer, dans le mauvais sens.
Vous le sentez, cela m’énerve. Cela m’inquiète.
Faire soi-même ses légumes
Je reviens constamment dans SNI sur le plaisir, mais aussi l’intérêt – je dirais même désormais la nécessité – d’envisager de faire soi-même ses légumes.
Les gens imaginent que c’est une mode. Certains même se moquent en prétendant que c’est « bobo » de vouloir avoir un potager bio.
Erreur.
Je prédis que cette « mode » est en fait le début d’un vaste mouvement de retour à la normale.
Un retour à la normale peu réjouissant, où la question de la nourriture va redevenir un problème, y compris pour les citoyens des pays « riches », « avancés », « développés », et qui ne le sont plus tant que ça, qui le sont de moins en moins.
La pénurie alimentaire est l’état naturel de l’homme
On ne veut pas y croire. On ne peut pas y croire.
Mais la pénurie alimentaire est l’état naturel de l’homme. C’est celui qui a prévalu depuis les origines de l’humanité, notre époque n’étant qu’une simple exception, et probablement une courte parenthèse.
Sur le long terme, seuls les plus prudents, les plus actifs, les plus chanceux aussi auront dans leur assiette des légumes et des fruits de bonne qualité, en bonne quantité.
Ce discours va mal passer, je le sais. Très peu de personnes acceptent aujourd’hui de reconnaître la réalité de la situation. Nous sommes toujours biberonnés au mythe selon lequel une « croissance » plus ou moins magique ferait que tout irait forcément de mieux en mieux, d’année en année, au moins sur le plan matériel.
Dire le contraire, c’est s’exposer à la moquerie, au dénigrement.
Mais moi, je dis, je pense, que des décennies de gaspillages, de mauvaises décisions économiques, écologiques, financières, vont avoir des conséquences catastrophiques.
Trop longtemps dans le déni
Depuis trop longtemps nous sommes dans le déni, dans la gabegie. La nature ne va pas continuer automatiquement, indéfiniment, à nous assurer une abondance qui n’a pas de fondement solide.
Après nos rayons poissonnerie, où les prix ont explosé au point de ne plus faire partie de l’itinéraire de la majorité des pousseurs de caddies dans nos supermarchés, ce sont nos rayons fruits et légumes qui sont en train de devenir zones interdites.
Autant à cause des prix que de la qualité : je n’ai pas touché une pêche ni un brugnon mangeables cette année. Des cerises, une fois. Des abricots, aucun. Des fraises, quelques-unes. Et je ne suis pourtant pas défavorisé, loin de là.
Créer un potager bio
Alors une nouvelle fois, à l’approche du mois de septembre, considérez toutes les options pour disposer d’un petit jardin potager l’année prochaine.
Même à petite échelle, dans des pots, sur votre balcon. L’année d’après, vous ferez mieux et l’année suivante, encore mieux.
Faire pousser des légumes n’est pas si simple. Il y a les mauvaises herbes, les maladies, les insectes, le manque ou l’excès d’eau, de lumière, de chaleur. Il faut en général s’y reprendre plusieurs fois pour trouver le truc.
Plus vous commencerez tôt, mieux vous serez préparé.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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