Maintenir nos bonnes résolutions pour 2022
Le mois de janvier touche à sa fin et je voulais savoir si, de votre côté, vous aviez réussi à tenir vos bonnes résolutions.
Je me permets de vous poser la question car la durée moyenne est, paraît-il, de huit jours.
C’est tellement dommage car suivre les bonnes règles de vie permet de gagner facilement dix ans de vie en bonne santé.
10 ans !!
C’est énorme.
Alors pourquoi n’y arrivons-nous pas ??
Le truc pour tenir ses bonnes résolutions
Je vais peut-être en énerver certains mais, bien que je sois nul pour tenir les bonnes résolutions, j’ai un truc pour y arriver quand même.
C’est un truc spécial, que je vais vous indiquer.
Mais pour que vous puissiez bien comprendre, je dois d’abord vous expliquer comment je l’ai découvert.
C’était il y a quarante ans, et c’était avec mon grand-père.
Cela remonte donc à mon adolescence.
J’étais nul en maths, je ne travaillais pas assez au lycée et j’avais décidé de “m’y mettre, enfin”.
Après un énième zéro qui m’avait vexé comme un pou, j’avais décidé de me donner à fond. J’allais travailler mes maths deux heures tous les soirs, jusqu’à ce que mes notes atteignent la moyenne de la classe – ou mieux.
Ma décision était prise, et rien ni personne ne pourrait entraver mes plans.
Seulement…
Seulement, je n’avais pas prévu que…
Le premier soir, ça n’a pas été possible. J’avais entraînement d’athlétisme et une rédaction pour le lendemain. En comptant le dîner, la douche, et une courte révision pour un devoir de sciences physiques, je n’avais aucune chance de faire mes deux heures de maths, ni même une heure, ni même une demi-heure. Je décidais de remettre mon projet au lendemain.
Mais le second soir, ça n’a pas été possible non plus : nous avions la visite de mon parrain, que j’adorais. Je ne voulais pour rien au monde manquer une soirée avec lui. Homme cultivé, je savais qu’il m’apprendrait des tas de choses intéressantes et je décidais, une seconde fois, de repousser mes deux heures de maths au lendemain.
Le troisième soir, je n’ai pas pu non plus car nous avions prévu de longue date une soirée théâtre ; j’avais cassé ma tirelire pour mon billet d’entrée, hors de question de tout gâcher. Peu importe, je reportais mes bonnes résolutions au lendemain:
Le quatrième soir, j’ai eu mal à la tête et je devais de toutes façons préparer un exposé en technologie et réviser une leçon d’allemand, plus un test de géographie. Impossible encore une fois…
Mais j’étais envahi par un immense sentiment de culpabilité.
Un immense sentiment de culpabilité
Décidément, j’étais vraiment trop nul. J’étais incapable de tenir mes engagements. Je manquais de volonté. Mon sentiment de paralysie débouchait sur une pénible sensation d’inadéquation, de dévalorisation de moi-même, presque une haine de ce que j’étais.
C’est alors que mon grand-père, comprenant ma détresse, est intervenu.
Il m’a expliqué avec un bon sourire que ce que je ressentais était tout-à-fait normal.
Mon erreur, m’a-t-il expliqué, est que je me comportais vis-à-vis de moi-même comme un tyran avec son esclave.
Je faisais comme s’il y avait un “bon” Jean-Marc, volontaire, puissant, fort, qui allait imposer sa volonté au mauvais Jean-Marc, le paresseux, le capricieux, le velléitaire, infatigable quand il s’agit de rire et de s’amuser, mais qui s’endort lamentablement dès qu’il ouvre ses manuels scolaires.
Ce n’est pas comme ça que ça marche, m’a-t-il dit.
Le secret de mon grand-père
En fait, il n’existe pas un bon et un mauvais Jean-Marc, m’a expliqué mon grand-père.
Il y a un seul Jean-Marc, qui est en gros toujours le même d’une semaine sur l’autre. Je n’avais pas la liberté de devenir, soudain, quelqu’un d’autre, et certainement pas un élève studieux faisant deux heures de maths tous les soirs.
Si je voulais changer, c’est de la réalité que je devais partir. Oublier mes rêves. Oublier la vie que j’aurais aimé avoir et ne regarder que l’existant.
Je devais tenir un carnet durant une semaine et calculer le temps précis que je consacrais véritablement aux mathématiques.
Le point crucial était de regarder en face, avec courage, la vérité de ma vie. C’est à partir de là que j’allais pouvoir me fixer des objectifs réalistes, sachant que l’être humain est réglé par ses habitudes et n’en change que tout doucement.
Après examen scientifique de mon emploi du temps, je ne pouvais espérer qu’augmenter ma cadence de travail de 25 %. Autrement dit, si je travaillais deux heures par semaine, je pourrais travailler trente minutes de plus, soit 2h30 par semaine, soit 21 mn par jour, et non 2 heures !
Minable, comme objectif ? Oui, minable, ou modeste si vous préférez.
Un objectif minable
Mais, aussi humiliant et douloureux à reconnaître pour moi, cela correspondait à mes forces de travail réelles, qui étaient effectivement très faibles à l’époque.
Car en réalité, mon calcul me révéla l’horrible vérité qui était que je ne travaillais même pas deux heures mais une heure par semaine.
Je me fixais donc de passer ä 1h15 par semaine, ce qui me paraissait vraiment minable.
Mais vu le peu d’efforts que j’étais habitué à fournir, travailler un quart d’heure de plus par semaine était déjà pour moi ambitieux, me dit mon grand-père.
Si j’y parvenais, il fallait que je prévoie une récompense pour continuer à me motiver, insista-t-il.
Mon grand-père me proposa le contrat suivant : pour un quart d’heures de maths supplémentaires, j’aurais le droit de faire une heure de mon activité préférée (à l’époque, c’était le vélo-cross).
Il fallait aussi étudier à l’avance ce que j’allais sacrifier dans ma vie pour faire de la place à ce quart d’heure supplémentaire de travail, qui ne pouvait pas uniquement empiéter sur mon temps libre, mon temps de repos, ni mes loisirs. Il fut décidé que j’aurais le droit de faire 5 minutes de Français en moins, sachant que j’étais bon dans cette matière.
Le changement, pour de vrai
Voilà, donc, comment je m’y suis pris. Et la bonne nouvelle est que cela a… marché.
Oui, j’ai vraiment réussi à faire ce quart d’heures de maths en plus. Avec la récompense, et la baisse de mon temps d’étude du Français, j’ai même trouvé ça avantageux. Et rapidement, j’ai décidé spontanément de passer à 1h30 de maths par semaine, selon le même principe.
Je n’ai pas trouvé ça si difficile, et j’ai pu encore augmenter d’un quart d’heures la semaine suivante. Je me suis aperçu que je n’avais pas besoin d’une si grosse “récompense” car j’ai commencé à trouver du plaisir à étudier. Au bout de six mois, je suis passé progressivement à 5 heures effectives de maths par semaine, ce qui me plaçait parmi les plus gros travailleurs de ma classe. J’ai rattrapé la moyenne, puis les rangs des meilleurs.
J’étais vraiment heureux et fier de moi. Mon grand-père me paraissait être un héros, un bienfaiteur de l’humanité.
Avoir le courage de regarder les choses en face
Mais lui ne voyait pas les choses ainsi. Il fallait au départ, m’expliqua-t-il, un courage énorme pour regarder ce que je faisais vraiment de ma vie.
Le simple fait d’oser faire un bilan sans concession de ce qu’on fait vraiment de son temps, de son énergie, est un obstacle presque insurmontable. C’est cela qui nous empêche de changer.
On a trop peur de ce qu’on va découvrir. On ne veut pas renoncer aux mensonges qu’on se fait sur soi-même, au mythe qu’on se raconte sur notre propre vie, à nos renoncements et à nos petites techniques d’évitement qui nous permettent de conserver une bonne image de soi.
Il me parla des Grecs de l’Antiquité qui rendaient un culte à Athéna, déesse de la Sagesse, qui est symbolisée par une chouette.
Pourquoi une chouette ?
Parce qu’elle a les yeux grand ouverts. Son regard n’est influencé ni par ses peurs ni par ses désirs. C’est ainsi qu’elle parvient à voir même dans les coins les plus sombres, dans les ténèbres…
Il m’expliqua que je devais essayer de regarder ma vie comme si j’étais une chouette. Regarder les choses en face froidement, sans émotions, sans détourner mon regard, même, et surtout, lorsque j’avais le plus peur de ce que j’allais découvrir.
Je pense que ce conseil est le meilleur que j’aie jamais reçu de ma vie.
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