Le psyllium s’achète sous forme de poudre ou de flocons en magasin bio ou en pharmacie sous le nom de Métamucil, Regulan, Serutan.
Vous en prenez 5 g avec un grand verre d’eau, trois fois par jour, et au bout de deux ou trois jours, vos problèmes de constipation sont résolus : les selles dures deviennent souples, les blocages se dissolvent.
Fini le désespoir sur la cuvette, et immense soulagement quand on souffre d’hémorroïdes et de fissures anales qui redoublent le supplice de l’expulsion des morceaux gros et durs !
Le secret derrière le psyllium
Le psyllium n’est pas un médicament, ni même un complément alimentaire.
C’est une plante (que l’on appelle aussi « plantain des Indes »). Plus exactement, ce sont les graines de cette plante, qui ne se digèrent pas.
Mais ces graines ont dans leur enveloppe une substance végétale extraordinaire appelée « mucilage ».
Le mucilage est une sorte de fibre qui se gonfle au contact de l’eau, formant un gel. Ce gel va se mêler aux aliments en digestion et les rendre plus souples, et aussi les pousser dans les intestins.
Il existe du psyllium noir et du psyllium blond, mais ils ont les mêmes effets puisque tous deux doivent leur vertu au mucilage qui est dans leur enveloppe et qui est le même.
Que des effets secondaires positifs
Le mucilage du psyllium forme un gel protecteur sur la paroi de l’estomac et des intestins : il n’est donc pas irritant, bien au contraire. Il soigne les maladies inflammatoires de l’intestin : syndrome du côlon irritable, diverticulite, ulcère duodénal.
Il ne provoque pas de ballonnements ni de flatulences, contrairement aux fibres, comme le son, recommandées contre la constipation, et il est plus efficace.
Il n’a aucun effet stimulant sur l’intestin, ce qui évite les ennuyeux phénomènes d’accoutumance des laxatifs pharmaceutiques ou des tisanes de séné et de bourdaine qui, absorbées trop souvent, désactivent les mécanismes naturels de mouvements intestinaux (appelés « péristaltisme » en langage médical) et donc aggravent la constipation à long terme. Le mucilage de psyllium est cependant moins puissant à court terme, en cas de constipation extrême.
Il n’y a pas de risque de surdosage. Contre la constipation, on peut aller jusqu’à trois cuillères à soupe par jour, à condition de boire beaucoup d’eau en même temps. Au pire, si vous avalez une énorme quantité de psyllium, puis que vous buvez ensuite des litres d’eau, cela va gonfler et vous faire mal au ventre. Mais il n’y a pas de danger d’intoxication.
Il a aussi de nombreux autres avantages pour la santé : il réduit l’appétit, aidant les personnes en surpoids à maigrir. Il soigne la diarrhée : cela peut paraître contre-intuitif pour un laxatif, mais c’est qu’il absorbe les excès de liquide dans les intestins. Il est donc plutôt « régulateur du transit » que véritable laxatif.
De plus, il diminue l’index glycémique des repas, c’est-à-dire qu’il ralentit la vitesse à laquelle le glucose passe dans le sang, ce qui est intéressant pour les personnes diabétiques. Au bout de six mois de consommation, il fait baisser la pression sanguine des personnes hypertendues.
Pourquoi on n’en parle pas plus ?
Eh bien si, justement, on en parle beaucoup ! Si vous cherchez sur Internet des solutions naturelles à la constipation, le psyllium est la première solution qui sort. Et si vous faites une recherche en anglais à partir du terme « psyllium husk » (« tégument de psyllium », la partie riche en mucilage), ce sont des dizaines de milliers d’articles que vous obtiendrez.
La revue Nature [1], l’American Journal of Clinical Nutrition [2], l’American Journal of Gastroenterology [3] et tant d’autres revues scientifiques publient régulièrement des articles sur le psyllium.
Et ce n’est pas nouveau : le psyllium est connu pour être la solution contre la constipation depuis le Xe siècle avant Jésus-Christ, chez les Égyptiens, et depuis lors il n’a jamais cessé d’être employé dans les civilisations méditerranéennes.
Ce qui est étonnant, c’est qu’il y ait encore des personnes qui, après tout ce temps, continuent à souffrir sur la cuvette de leurs toilettes sans avoir préalablement pris du psyllium.
Le coût
Le kilogramme de psyllium se monnaye 40 euros le kilo. Un peu plus, un peu moins, selon les endroits.
Si, après avoir essayé, vous devenez fou de psyllium, le site psyllium.fr propose de vous en envoyer par sacs de 25 kg !
J’ai bien ri en imaginant l’énorme sac éventré dans un coin de la cuisine… J’imagine la famille nombreuse de constipés se bourrant de psyllium à chaque repas, finissant par ne plus manger que ça…
Origine botanique du psyllium
Pour mes lecteurs – que j’espère nombreux – qui s’intéressent à la botanique, il est intéressant de savoir que le psyllium est une sorte de plantain originaire d’Inde et d’Iran.
Si vous connaissez le plantain qui pousse sur nos pelouses, vous avez déjà remarqué les graines minuscules accrochées à sa fleur. Eh bien, c’est cela : il faut cinq cents de ces graines pour faire un gramme. Comme elles sont noires, elles ressemblent de loin à des puces, d’où le nom de psyllium, issu du grec psyllia qui signifie « puce ».
Anecdote sur la constipation
Les psychologues auront certainement une explication plus ou moins culpabilisante pour moi, mais il se trouve que tous mes enfants ont eu, autour de leurs trois ans, d’inquiétants problèmes de constipation, restant bloqués jusqu’à sept jours de suite.
On pourrait croire que c’est un problème secondaire : détrompez-vous.
C’est eux qui ont mal au ventre et au derrière. Mais c’est vous, les parents, qui souffrez !
Pour les premiers, nous n’utilisions pas encore le psyllium, et je me souviens en frémissant de ces moments d’attente insoutenable.
Rien n’est plus contagieux que les angoisses liées à la constipation. L’enfant gémit, il se couche en disant : « Caca sort pas », « Caca bloqué », et en prenant une mine déconfite. Mais en tant que parents, cela vous provoque un malaise bien pire que si c’était vous-même qui étiez concerné.
Vous lui donnez du jus d’orange, de pomme, de poire, de pruneau. Vous essayez la salade, les épinards, le son. Vous le gavez d’eau d’Hépar, supposée faciliter le transit grâce à sa richesse en magnésium : rien.
Vous vous impatientez, vous implorez le Ciel pour que, enfin, ça sorte. Vous essayez les massages, vous commencez à envisager les lavements à l’eau bouillie, à l’huile d’olive, à la glycérine. Cela devient une obsession. Tant que l’enfant ne s’est pas soulagé, vous devenez incapable de profiter de la vie, de vous réjouir du soleil qui brille et des oiseaux qui chantent. Vous vous rendez compte que ce n’est pas raisonnable, que le petit, au fond, ne se porte pas si mal, mais vous n’y pouvez rien ! La tension, l’agressivité, montent. Chaque fois que vous croisez votre conjoint, vous lui posez la question, plein d’espoir : « Alors ? C’est sorti ? Toujours pas ??! »
J’ai d’ailleurs lu cet éloquent témoignage de boubou3724 sur le forum Auféminin, intitulé « Constipation grave, urgence ! ». Je confirme, c’est exactement ça :
« Salut, j’allais commencer à demander à ma fille de 25 mois de devenir petit à petit propre et je n’en ai pas eu besoin. Je n’ose même plus lui parler de ça, car elle est constipée grave. Elle l’a toujours été depuis sa naissance, mais là, on bat tous les records.
Elle passe 4 ou 5 jours sans faire et là, brutalement, elle hurle pour sortir pas grand-chose.
Alors, j’ai essayé plein de choses qui marchaient avant mais là plus rien. Hépar, suppo à la glycérine mais qu’elle ne veut plus du tout que je mette.
Un lavement prescrit par le médecin qu’elle m’interdit de mettre, sinon je me prends coups de pied, etc.
Duphalac, ça marche le 1er jour et c’est tout.
Sachet Forlax sans résultat.
Gulmik pour épaissir les biberons même si je ne comprends pas pourquoi.
Sirop Débridat.
Jus de pruneaux, mais je pense que ça lui donne des gaz c’est tout mais pour elle, c’est pire, elle pleure.
Madame ne veut pas de pruneaux en morceaux ni en compote.
Partout où on va, j’ai honte. Elle s’arrête, elle ne veut pas qu’on la regarde et là dit « caca, bobo caca ».
J’ai tout essayé et mon mari est en déplacement en ce moment pendant 1 mois alors je vis jour et nuit avec ses cris, caca, bobo… J’EN PEUX PLUS ! Eh oui, elle se réveille la nuit de douleur… Si vous avez des astuces, je veux bien ………………. »
Eh bien oui, le psyllium ! C’est ce que nous avons pratiqué avec nos enfants, qui s’en sont portés comme des charmes.
Précautions avec le psyllium
Sur la boîte de Métamucil, il est indiqué que le produit est réservé aux enfants à partir de six ans. En réalité, il n’y a pas de danger à le donner à des bébés dans leur biberon, en petite quantité (moins d’une demi-cuillère à café) mais jusqu’à trois fois par jour.
Le seul danger du psyllium pour les enfants serait qu’ils s’étouffent avec la poudre. Ne pas laisser, donc, la boîte à leur portée. Il faut aussi veiller à leur donner le psyllium déjà mélangé dans un liquide et à les faire beaucoup boire car, sinon, l’effet sera inverse : le psyllium absorbera l’eau dans le bol alimentaire et le rendra plus dur.
Enfin, ne pas oublier que la constipation n’est tout de même pas un état normal : l’enfant peut avoir une maladie plus grave. Consulter absolument un médecin en cas de sang dans les selles, de fièvre, de nausée ou de vomissement, ou de selles très noires – signe possible d’un saignement intestinal. L’enfant peut aussi avoir un fécalome, c’est-à-dire un gros bouchon d’excréments qui ne peut sortir et bloque le transit. Il faut là aussi vérifier avec un médecin pour l’extraire, et ne surtout pas prendre de psyllium qui ferait gonfler l’estomac et l’intestin et donc accroître la douleur.
Ces précautions valent aussi pour l’adulte.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Sources :
[1] http://ift.tt/2nyXMKU
[2] An unfermented gel component of psyllium seed husk promotes laxation as a lubricant in humans
[3] Efficacy and safety of traditional medical therapies for chronic constipation: systematic review
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